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ment, etc. Dans l'impossibilité de détailler toutes les parties d'un compte extrêmement étendu, nous les réservons pour la discussion qui aura lieu. Le projet de loi porte en outre que le domaine extraordinaire est réuni au domaine de l'Etat, et que les donataires qui ont perdu leur dotation, et qui n'ont ni pension, ni traitement supérieur à 1000 fr. jouiront sur les revenus de ce domaine d'une indemnité viagère égale à la moitié de leurs dotations, et qui n'excédera pas 3000 fr. Le ministre des finances reparoît à la tribune, et lit un projet de loi pour autoriser, pour 1818, la perception pro visoire de six douzièmes sur les rôles de 1817, afin que le service n'éprouve aucun retard. Ce projet de loi sera discuté le premier.

On reprend la discussion sur la liberté de la presse. M Bignon parle contre le projet de loi, qu'il caractérise d'une manière très-forte. Il attaque presque toutes les parties de l'administration, et demande une liberté entière des journaux, comme un moyen d'éclairer le Roi et l'opinion. Il se plaint d'exclusions, de destitutions, d'épurations contre ceux qui servent depuis vingt ans. Il blâme des changemens perpétuels qui suppriment une place sous un nom pour la rétablir sous un autre. La liberté des journaux remédieroit, se, lon lui, à tous ces abus. M. le ministre de la police, dans un discours de deux heures, a réfuté les objections portées contre le projet. Il ne fait point un reproche à ses honorables amis qui se sont élevés contre une des dispositions de la loi; mais il croit que la loi est ce qu'elle doit être, puisqu'elle choque également toutes les opinions extrêmes. On a beaucoup parlé, dit-il, de l'opinion publique; mais les gouverne mens doivent-ils marcher après elle, ou plutôt n'est-ce pas à eux à l'éclairer et à la guider? N'a-t-on pas allégué aussi l'opinion publique dans toutes les révolutions que nous avons eues? Le ministre, par rapport aux jurés, dit que la loi doit être la même pour tous, et qu'elle attribue la connoissance des délits aux tribunaux correctionnels. M. le ministre de l'intérieur l'a remplacé à la tribune. Après quelques observations sur le fond de la question, il s'étonne surtout de la forme de quelques discours, de l'aigreur, de l'ironie, de l'amertume de quelques opinans, des réflexions imprudentes sur les étrangers, et regrette ces sorties publiques et déplacées qui vont retentir au loin, et amuser la malveillance.

(Samedi 20 décembre 1817.)

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(No. 351).

Convention du 11 juin 1817, entre S. M. T. C. et S. S. Pie VII, développée, ou Introduction à l'His toire projetée de l'église concordataire continuée; avec des notices sur les nouveaux amalgamés (1).

Nous avons vu dernièrement des politiques mécontens et des jansénistes opiniâtres attaquer la convention du 14 juin; il étoit aisé de prévoir qu'elle auroit encore d'autres ennemis, et que ceux qui depuis quinze ans font une guerre assidue au Pape et à ses actes relatifs à l'église de France, ne se tiendroient pas endormis, et ne poseroient pas les armes qu'ils se sont fait une douce habitude de manier. Et en effet, voilà qu'ils viennent de lancer un manifeste sanglant, et de dénoncer la reprise des hostilités. Au ton qu'ils prennent, il est visible que leur zèle s'est encore échauffé, et que leurs attaques vont être encore plus violentes que par le passé. Il importe de signaler leurs embûches, et de dénoncer leurs artifices et leur malignité. Nous entrons de suite en matière, saus nous amuser à critiquer un titre qui est pourtant passablement ridicule. Ce n'est pas le style qui doit nous occuper ici, et nous avons à relever des fautes bien autrement graves.

L'auteur de ce nouveau, pamphlet dit, pag. 11, que, par le Concordat de 1801, l'Eglise universelle fut détruite en France, et que c'est un fait connu de tout le monde. Les fastes de l'histoire, depuis la naissance du christianisme, ne nous offrent rien de si monstrueux que la composition de l'Eglise au Concordat. Un Pape qui abandonnoit ouvertement les traces de son prédéces

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(1) In-8°. de 198 pages, 1817. A Londres, chez Schulze et Dean, imprimeurs.

Tome XIV. L'Ami de la Religion et du Roi. M

seur, fut célébré comme un Pontife vénérable; et an clergé, visiblement déserteur des décisions de l'église catholique, prit le nom de catholique. L'auteur venoit de dire que c'étoit un fait connu de tout le monde, que PEglise universelle avoit été détruite en France par le Concordat; à la pag. 12, ce n'est plus la même chose, et il avoue qu'il ne se trouva qu'un petit nombre de prétres et de fidèles dociles, soit en France, soit dans les pays étrangers. Du reste, la défection fut générale. Seize ans durant, on a vu une église fondée sur le renversement, et par le mépris de ce qui existe de plus sacré, foulant aux pieds les règles les plus saintes...... Elle étoit arrivée au dernier période de la dégradation par l'indifférentisme qu'elle avoit produit. Le comble du malheur est qu'un Roi de France ait été forcé d'entamer des négociations avec Rome, qui étoit complice des nouveautés introduites en France. Libère, Honorius, Zozime, Jean XXII, Pascal II, et tant d'autres papes favorisèrent les novateurs, et quelquefois se réunirent à eux. Pour arrêter la contagion de ces exemples, l'Eglise, par une supposition funeste de leur innocence, ne recourut pas à ces pontifes. Elle les ATTAQUA eux-mêmes 3 c'étoit aller à la source. On ne se plaindra pas que l'au teur parle à mots couverts.

Il entre ensuite dans la discussion de chaque article, et les commente avec la plus minutieuse perfidie, y cherchant toujours quelque sens caché. Ainsi, dire que le Concordat de Léon X est rétabli, c'est une insulte faite au Roi; il falloit s'exprimer ainsi : Le Concordat de Léon X est remis en action. L'auteur blâme ici fortement M. de Blacas pour avoir si mal défendu les droits du Ror. Il fait un singulier reproche au second article; c'est qu'il y est dit, selon lui, que le Concordat du 29 novembre 1801 cesse d'avoir son effet, et il raisonne à sa manière sur cette date. Mais il s'est fatigué en pure perte; car le texte du Concordat ne porte point le 29 novembre 1801, mais le 15 juillet 1801. Nous l'avons vérifié sur les exemplaires

venus de Rome, comme sur ceux imprimés en France. Nulle part nous n'avons trouvé le 29 novembre. Est-ce une imposture du critique pour chercher de nouveaux prétextes? Elle seroit bien grossière. Le grand vice de ce même article, suivant lui, c'est que le Pape ne dit point qu'il se repent, et ne demande point grâce à l'Eglise. Pie VII n'a pas moins de tort dans le troisième article de la convention, qui regarde les lois organiques; car il les avoit autorisées dans le principe, au dire de son impitoyable censeur; il avoit donné la permission de les faire; il savoit qu'on devoit les faire; il les a vu exécuter dans toutes leurs parties, et il s'est tú! Autant de mensonges, comme nous l'avons remarqué dans un de nos derniers numéros. Le Pape ne s'est point tû, il a réclamé de Rome, il a réclamé à Paris. Nous lisons dans l'Examen des articles organiques, que nous avons fait connoître dermièrement Le Pape profita de son séjour à Paris pour demander de nouvelles modifications. C'est un écrivain favorable aux articles organiques, et alors attaché au ministère des cultes qui le dit; mais des gens qui étoient à cette époque en Angleterre prétendent savoir mieux que lui ce qui se passoit à Paris; ils répéteront toujours que le Pape s'est tû, quoiqu'il soit notoire qu'il a parlé.

L'auteur veut prouver que l'Eglise n'existoit plus sous l'usurpateur, parce qu'elle étoit asservie, et il s'épuise en argumens pour nous prouver que la liberté est son apanage inséparable. Mais des violences extérieures détruisent-elles sa liberté essentielle? L'Eglise n'existuitelle donc plus sous les empereurs païens qui la persécutoient, ou sous les empereurs ariens qui y causèrent tant de désordres? L'Eglise n'existoit-elle plus, en 1795, sous le règne de la terreur et de l'impiété? Il lui a été dit qu'elle seroit opprimée et persécutée; elle remplit sa destinée en souffrant. Le consentement qu'elle a donné au joug qui lui étoit imposé, l'a anéantie, dit l'écrivain anti-concordataire. Toujours alléguer des faits faux pour appuyer des principes outrés. L'église de France

n'a jamais consenti au jong; nous avons aussi donné dernièrement des exemples de ses réclamations. Tout ce qui suit sur les articles organiques, dans la brochure que 'nous examinons, étant fondé sur cette fausse allégation, doit crouler avec elle, et le pathos de l'auteur, et ses apostrophes au Pape et à l'église concordataire, respirent à la fois l'orgueil et la haine.

Le quatrième article de la convention ne fournit pas moins de sujets de déclamation à l'auteur. Tout lui sert de prétexte. Pie VII n'avoit laissé en France, en 1801, que cinquante siéges; c'étoit donc qu'il jugeoit que ce nombre étoit suffisant; non, mais ce qu'il n'avoit pu en obtenir davantage. Le souverain Pontife ne se contredit nullemeut en en établissant aujourd'hui quarante-deux de plus, et en annonçant cette augmentation comme avantageuse au bien de la religion. Il avoit fait, il y a seize ans, un sacrifice, il se hâte de profiter de circons tances plus favorables. Il n'y a rien là que de naturel, que de légitime, que d'honorable pour le souverain Pontife, et c'est, au contraire, de la que part l'inflexible contradicteur pour blâmer et pour dénoncer le Pape. Les écrivains anti-concordataires avoient eu la générosité de se borner jusqu'ici à accuser le Pape de foiblesse; il n'ose pas les blâmer; mais il faut de toute nécessité, selon lui, qu'ils changent de langage, parce que le Pontife ne fait pas amende honorable. Orgueil de secte! A qui, du Pape ou de ces censeurs téméraires, conviendroit-il plutôt de se rétracter?

Une remarque qui ne doit pas nous échapper, c'est que le champion de la petite église s'unit à l'écrivain profane et politique, et au canoniste enfant de Jansé-, nius pour crier contre l'ultramontanisme. C'est leur bête noire à tous; c'est le but commun des traits des ennemis de l'Eglise. Cependant le dernier auteur ajoute encore à ses diatribes quelque chose de plus absurde et plus emporté à la fois. Deux fléaux, dit-il, menacent léglise catholique par leur réunion et par une action

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