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(Samedi 7 février 1818.)

(No. 365).

MANDEMENS POUR CAREME.

C'est une ancienne et louable coutume que les évêques, à l'entrée de ce temps destiné à la pénitence, adressent quelques instructions aux fidèles confiés à leur vigilance, et leur rappellent, ou les grandes vérités de la religion, ou les principaux devoirs qu'elle impose. Et quand ce soin fut-il plus nécessaire qu'aujourd'hui, où les dogmes de la foi sont oubliés, ses pratiques négligées, et où l'indifférence sur le salut a fait tant de ravages? Quand fut-il plus à propos d'exhorter, de presser, de toucher cette foule de pécheurs qui courent aveuglément à leur perte? Aussi la sollicitude des pasteurs n'a point négligé de leur mettre devant les yeux les grandes pensées et les préceptes les plus importans du christianisme; et les Mandemens qui nous sont parvenus, retracent, sous diverses formes, les conseils même de l'Ecriture sur la nécessité de se donner à Dieu, et de quitter les voies du monde.

M. le cardinal de Périgord, premier pair et grandaumônier de France, dans le Mandement (1) qu'il a donné, en cette dernière qualité, pour les personnes soumises à sa juridiction, leur adresse ces paroles paternelles :

« Gardons-nous, N. T. C. F., de repousser cette miséricorde qui ne se contente pas de nous plaindre, mais qui veut nous secourir; qui ne nous attend pas seulement, mais qui nous prévient par ses aimables recherches; ne nous dérobons pas à cette indulgente bonté qui se propose de renouveler nos voies, et de guérir nos profondes blessures; ne fuyons pas ce père tendre qui revient lui-même vers nous.

» O vous qui avez eu le bonheur de sauver le trésor de vo~

(1) 8 pages in-40.; prix, 75 c. franc de port. Au bureau du Journal. Tome XIV. L'Ami de la Religion et du Ror. Cc

tre foi du naufrage universel, qui n'avez pas été séduits par le langage décevant de l'impiété et du mensonge; mais qui peut-être trop préoccupés des soins de la vie, en avez jusqu'ici néglige l'affaire importante et décisive; vous qui êtes toujours les enfans de l'Eglise, mais qui affligez son cœur par des moeurs coupables et par le mépris de ses lois, que cette lumière qui vous éclaire encore pénètre jusqu'à vos consciences, et détermine votre conversion: Ambulate dụm lucem habetis; n'éprouvez-vous pas enfin le besoin de calmer les terreurs de votre ame, et d'établir une sainte harmonie entre' votre conduite et votre croyance? Attendrez-vous des années tardives et incertaines pour opérer votre sanctification, et n'e Graignez-vous donc pas de ne plus trouver le Seigneur quand vous le chercherez, après l'avoir fui long-temps lorsqu'il vousappeloit avec une si grande douceur?

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» Et vous qui avez ouvert vos ames à l'erreur, qui avez été égarés par les raisonnemens captieux d'une philosophie, mensongere, qui avez cessé d'être les disciples de cette religion sainte, qui fit la gloire et la consolation de vos pères,, ses jours de salut ne deviendront-ils pas aussi l'époque de votre retour vers Dieu? Il appartient à celui qui voit dans les ténèbres de déchirer ce bandean qui vous cache la vérité; il y a dans vos pensées une incertitude et une agitation qui déjà sont d'un heureux et favorable augure; hâtez-vous de vous réconcilier avec ces vertus qui font l'homme raisonnable aux yeux de nos semblables, et demandez à Dieu de vous récon cilier avec la religion, qui seule fait le véritable juste devant lui; renoncez à des passions qui mettent obstacle aux grâces dont le ciel daigneroit vous combler; préparez vos ames par l'innocence, les niceurs pures, les bonnes œuvres, et surtout par cette simplicité d'esprit et de cœur qui empêche qu'on ne se confie en sa propre sagesse, mais qui fait qu'on se repose sur cette sagesse véritable qui a sa source dans la crainte de Dieus conjurez le Seigneur de dissiper vos ténèbres, et de se révéler à vous, et nous osons vous le promettre, appuyés sur la parole même de notre Dieu, vous trouverez celui que vous aurez cherché dans le secret de votre cœur: Cum quæsieritis me in toto corde vestro, et inveniar à vobis, ait Dominus ».

MM. les vieaires généraux du diocèse de Paris rap

pellent, au commencement de leur Mandement (1), les; espérances qu'ils avoient conçues, eux et tous les fidèles đu diocèse, de voir cesser enfin le veuvage d'une église privée, depuis dix ans, du premier pasteur, et de pou voir remettre la conduite du troupeau aux mains du prélat qu'y appellent le choix du Ror et l'autorité du saint Siege, et que sa piété, sa douceur et ses vertus aimables rendent digne de succéder, dans la même chaire anx vénérables pontifes qui l'ont occupée en dernier lieu. Mais puisque des obstacles imprévus out retardé cet heureux moment, MM. les grands-vicaires remplissent encore, en leur propre nom, le devoir d'instruire le froupeau, et de le nourrir du pain de la parole divine:

Un vaste piége, disent-ils, est tenda à la jeunesse; l'affluence toujours croissante des écrits contre la religion, contre les mœurs, contre l'autorité légitime. Les éditions récentes des œuvres des deux patriarches de l'incrédulité sont, jugées insuffisantes par leurs disciples du dix-neuvième siècle. Leurs anciens auxiliaires, plus médiocres en talens, et d'un caractère souvent plus odieux, sont exhumés aussi.

Toute cette antiquité ne suffit pas encore. Des plumes modernes ont abrégé les enseignemens de l'impiété, pour les mettre plus à la portée de tous, principalement des jeunes gens. En quelques pages, les dogmes, la discipline, la hierarchie, les cérémonies de l'Eglise, objets de la croyance et de la vé nération de tant de siècles, et des hommes les plus graves, sont discutés, censurés, voués au mépris et au blasphême; et, comme si l'on avoit réduit au néant toute la science des siecles précédens, on annonce que la durée de l'Eglise catholique touche à sa fin.

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Par quelle main sera-t-elle donc renversée cette Eglise, dans le cours de plus de dix huit siècles, a survécu à tant d'hérésies, à tant de schismes, cette Eglise, illustrée par tant de milliers de martyrs, par tant de savans et judicieux défenseurs, tous hommes d'une foi vive, d'un amour pour la vérité, d'une sainteté de mœurs universellement reconnues; et qui, de siècle en siècle, lui ont légué, dans leurs écrits, un

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(1) 16 pages in-4o. ; prix, 1 fr. franc de port. Au bureau du Journal

immense monument de talens et de connoissances, auquel tous les autres livres du monde réunis ne peuvent être comparés; cette Eglise, qui, dans ce moment même, éprouve sensiblement la vérité des promesses évangéliques, sort triomphante de l'une des plus grandes tribulations qu'elle ait essuyées; cette Eglise, qui naguères a vu son saint et auguste chef chargé de chaînes, illustrant sa captivité par sa patience et son courage, et qui le voit reconduit, par la main de Dieu, dans la ville sainte, et révéré plus que jamais par les souverains et par les pations; cette Eglise, dont la doctrine et les établissemens se propagent rapidement aujourd'hui dans des contrées nouvelles, qui reçoit, au milieu de la France même, la consolation de voir les peuples accourir pour entendre la sainte parole, et donner, sans distinction de rangs, le spectacle des conversions les plus frappantes, et la preuve évidente de la disposition universelle du peuple françois pour la foi et la piété de nos pères.......?

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Qui pourra le croire, N. T. C. F., lorsqu'au flambeau de l'Evangile, nous démasquons ces faux prophetes, ils réclament de nous avec vélémence les règles de la charité? Notre charité. N. T. C. F., doit être la même, nous aimons à le dire, que celle de Jésus-Christ pardonnant à la pécheresse publique, à la femme adultère, publiant les paraboles du bon pasteur et de l'enfant prodigue; la même charité que celle de saint Paul, qui absout l'incestueux de Corinthe devenu pénitent. Que les incrédules ouvrent les yeux à la vérité, qu'ils rendent gloire à Dien et à son Eglise; ils savent assez avec quelles entrailles maternelles l'Eglise a reçu des hommes qui eurent une célébrité dans leur école, mais quí, éclairés par nos malheurs, suite des principes de l'incrédulité, ont sincèrement abjuré ces principes, et depuis, ont vécu et sont morts en chrétiens. Mais la charité de Jésus-Christ l'a-t-elle empêché de reprocher publiquement aux Pharisiens et aux faux docteurs leur hypocrisie et leur mauvaise foi.....?

Quoi, lorsque les loups ravisseurs accourent de toutes parts, nous devrions ressembler, selon l'énergique expression de l'Ecriture, à des chiens muets qui n'ont pas la force d'aboyer, et livrer le troupeau ? Canes muti non valentes la

trare.

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Depuis Jésus-Christ jusqu'à nous, les Apôtres, les conailes, les saints docteurs de l'Eglise, l'Église toute entière, ont

regardé les auteurs et les apologistes des fausses doctrines comme des séducteurs publics, cherchant à renverser le règne de Dieu et à perdre les ames, et ils ont sonné, sans ménagement, l'alarme contre eux. Voilà les modèles et les règles de notre charité ».

On voit que MM. les grands-vicaires répondent ici au vain reproche que leur avoient fait, l'année dernière, des sophistes subtils, qui se permettent tout contre la religion, et qui ne lui permettent rien pour elle même; qui trouvent tout simple qu'on la calomuie et l'insulte, et qui l'accusent d'intolérance lorsqu'elle réclame contre ces outrages. Nous parlâmes, il y a un an, de ce scan daleux éclat, et des painplilets par lesquels l'incrédulité soulagea son orgueil et sa rancune, et on remarquera sans doute l'extrême modération avec laquelle MM. les grands-vicaires justifient leur conduite en cette occasion. Dans le reste de leur Mandement, ils recommandent l'observance des règles de l'Eglise pour la saintelé de l'union conjugale, et s'elèvent contre les abus introduits à cet égard par la licence des derniers temps,

M. de Boulogne, évêque de Troyes, et nommé à l'archevêché de Vienne, fait entendre encore sa voix à sou premier diocèse, et son Mandement (1) est une espèce do tableau de son administration. Ce qu'il dit de l'instruc tion chrétienne des Frères des Ecoles et des Filles de saint Vincent de Paul, nous a paru particulièrement digne d'être mis sous les yeux du lecteur:

«Tout en regrettant de n'avoir pu nous livrer à tous les inouvemens de notre bonne volonté, nous emportons du moins la consolation de penser que tous nos efforts n'ont pas été vains, et que si nous n'avons pas pu réaliser tous les plans que nous avions formé pour le bonheur de cette Eglise, nous avons du moins fait pour elle tout ce que nous ont permis de faire les jours mauvais où nous avons vécu, et le feu des tribulations par lequel nous avons passé. Nous y laissons le plus grand nombre

(1) Prix, 1 fr. franc de port. Au bureau du Journal,

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