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(Samedi 29 novembre 1817.)

(N. 345).

BULLES DU CONCORDAT,

Lettres apostoliques qui confirment la convention faite avec le Roi très-chrétien.

Pie évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, pour en conserver le perpétuel souvenir. Aussitôt que, par un bienfait signalé du Dieu tout-puissant, nous avons été rendus à notre siége, dont une violente tempête nous avoit éloignés, en nous précipitant dans les profondeurs de la mer; nous avons porté notre esprit vers cette multitude épouvantable de maux qui affligeoient d'une manière si déplorable la très-sainte épouse de Jésus-Christ, et cette considération a répandu l'amertume au milieu de la joie que nous faisoit éprouver notre retour. Mais placé en un lieu où il ne suffit pas de déplorer des calamités auxquelles il est de notre devoir de remédier, selon nos forces, nous avons employé toute notre sollicitude à éloi ́gner une si grande désolation du troupeau du Seigneur, et à nous efforcer de raffermir le temple et de consoler les ruines d'Israël.

Mais quoique, de ce lieu élevé de l'apostolat suprême, l'église catholique toute entière fût l'objet de notre plus vive attention, nous avons cru cependant devoir surtout porter nos soins et nos pensées sur le royaume de France, afin d'appliquer notre sollicitude apostolique à réparer plus efficacement le mal dans les mêmes lieux d'où il étoit parti avec tant de violence. Non-seulement les nombreuses calamités qui avoient affligé les églises de France, mais encore notre gratitude envers la nation entière, qui a si bien mérité de nous, lui don-noient des droits particuliers à notre bienveillance. Nous ne pouvions nous rappeler, sans éprouver une vive satisfaction, avec quel empressement, quel concours, et quel sentiment de dévouement nous avions été reçus dans ce royaume, malgré les conjonctures les plus difficiles; tellement que, par un conseil divin du Dieu tout-puissant, ni l'indignité du sucTome XIV. L'Ami de la Religion et du Roi. F

cesseur de Pierre, ni la crainte des périls, n'ont pu empêcher de rendre l'honneur qui est dû au prince des apôtres.

Pour accomplir une œuvre aussi importante, nous avons été secondé par la religion et par la piété de notre très-cher fils en Jésus-Christ, Louis, Roi de France. Après lui avoir manifesté notre désir de guérir de si grandes plaies faites à l'église catholique dans son royaume, il nous a déclaré que c'étoit le plus cher de ses vœux, et que, par une disposition de la divine Providence, qui n'abandonne point son Eglise, ainsi qu'autrefois saint Léon-le-Grand en félicitoit l'impératrice Pulchérie, l'esprit de Dieu avoit, par une méme action, une méme pensée, et dans le même temps, excité sa royale sollicitude, et nos soins paternels à partager l'un et l'autre les mêmes sentimens sur les remèdes qui devoient étre employés.

Mais à peine avions-nous entrepris une affaire aussi grave, que de nouveau retentit le bruit des roues impétueuses, des chevaux frémissans, et des glaives étincelans, et nous avons été forcés de nous retirer une seconde fois de notre siége pontifical, avec nos vénérables frères les cardinaux de la sainte église romaine, pour nous soustraire aux périls qui nous menaçoient, et aux obstacles qui pouvoient arrêter l'administra tion de l'Eglise; alors la guerre éclatant de nouveau, toutes les affaires en Italie et en France furent suspendues, et nous eûmes à gémir de voir échouer à leur naissance les projets qui annonçoient les plus heureux succès. Mais Dieu donnant la paix du plus haut des cieux, bientôt brilla ce jour si désiré où nous pumes, de concert avec le Roi très-chrétien, nous occuper avec fruit des affaires de l'Eglise dans la vaste étendue du royaume de France. Notre cher fils en Jésus-Christ, le Roi Louis, pénétré de cette pensée qu'il doit principalement donner ses soins à tout ce qui concerne le culte de Dieu, nous a invité, par des lettres pleines d'affection, de dévouement et de piété, d'employer au plutôt l'autorité apostolique pour rétablir dans son royaume les affaires de la religion.

Nous avons accédé de tout notre cœur, à ces vœux du trèspieux Monarque, qui étoient aussi nos vœux les plus empressés et les plus continuels; et aussitôt nous nous sommes occupés à mettre en délibération, et à examiner mûrement devant une congrégation choisie de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte église romaine, tout ce qui tendoit à

cette fin. Mais les affaires qui devoient être traitées étoient si compliquées et si importantes, que ce n'est qu'après une longue et difficile délibération, et avec l'aide de celui qui est le Père des lumières, que nous les avons heureusement terminées par une convention que nous ne doutons pas devoir être extrêmement avantageuse pour les ames, et le remède le plus convenable à tant de maux.

Voici la teneur de cette convention:

Convention entre le souverain Pontife Pie VII, et S. M. Louis XVIII, Roi de France et de Navarre. (Voyez notre dernier numéro).

Ces conventions, traités et Concordats ayant été approuvés, confirmés et ratifiés en tous et chacun de leurs points, articles et conditions, tant par nous que par notre très-cher fils en Jésus-Christ, Louis, Roi très-chrétien, et le Roi nous ayant demandé, avec instance, d'y ajouter, pour leur donner plus de force et de stabilité, l'appui du pouvoir apostolique, et d'y interposer notre autorité et un décret plus solennel; nous, d'après le conseil et l'assentiment de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte église romaine, de notre certaine science et mûre délibération, par la plénitude de la puissance apostolique, nous approuvons, ratifions et acceptons, par la teneur des présentes, les conventions, chapitres, traités et Concordats, rapportés ci-dessus, et nous les revêtons de toute la force et de toute l'efficace de l'autorité apostolique, promettant et nous engageant, tant en notre nom, qu'au nom de nos successeurs, d'observer et d'accomplir sincèrement et inviolablement, tant en notre part, que de celle du siége apostolique, tout ce qui y est contenu et promis.

En outre, nous avertissons et nous exhortons dans le Seigneur, tous et chacun des archevêques et évêques, tant ceux qui existent actuellement, que ceux qui doivent être institués canoniquement, d'après la nouvelle circonscription des diocèses, ainsi que leurs successeurs, d'observer et de garder exactement et avec soin, en ce qui les concerne, le contenu de ladite convention.

(Cette bulle est terminée par différentes clauses et formules, qui sont de style dans ces actes du saini Siége).

Donné à Rome, à Sainte-Marie-Majeure, l'an de l'Incar

nation de N. S. mil huit cent dix-sept, le dix-neuf juillet, la dix-huitième année de notre pontificat.

A. card. pro-dataire.

H. card. CONSALVI. Bulle pour la nouvelle circonscription des diocèses de France.

Pie évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, pour en conserver le perpétuel souvenir. Le soin de toutes les églises que la divine Providence a confié à notre foiblesse, demande de nous que, veillant avec zèle et affection sur le troupeau du Seigneur, nous soutenions de notre autorité apostolique tout ce que nous jugerons devoir procurer la plus grande gloire de Dieu, et l'accroissement de la religion catholique; et c'est dans ce dessein que nous avons fait, avec notre très-cher fils en notre Seigneur, Louis, Roi très-chrétien, une convention que nous avons confirmée de notre autorité pontificale par lettres apostoliques scellées en plomb, en date du 19 juillet ⚫dernier.

Nous y avons statué entre autres choses, que le nombre des archevêchés et évêchés de France sera augmenté, et que par conséquent il sera fait une nouvelle circonscription des diocèses. C'est pourquoi, afin que nos vœux et ceux de ce trèspieux Monarque sortissent un prompt effet, nous avons fait examiner avec soin l'état des diocèses actuels, la grandeur, Ja nature, la population des provinces où ils sont situés, afin de placer de nouveaux ouvriers dans ceux où l'abondance de la inoisson et la distance des lieux en fait sentir le besoin; et, suivant l'expression du Prophète, pour augmenter la garde et poser de nouvelles sentinelles. Après nous être concertés avec sa Majesté très-chrétienne, et avoir pris l'avis d'une congrégation de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte église romaine, nous avons examiné avec soin et maturité toute la suite de cette affaire; et ayant écrit aux archevêques et évêques, et aux chapitres des siéges vacans, nous leur avons témoigné qu'il nous seroit agréable qu'ils donnassent leur assentiment à la nouvelle circonscription proposée.

Tout ayant été heureusement terminé à la gloire du Dieu tout-puissant, à l'honneur de la Vierge mère de Dieu, que l'illustre nation des François honore d'un culte spécial, et des autres saints patrons des différens diocèses, et pour l'avantage spirituel des fidèles; de notre science certaine, après une mûre délibération, de la plénitude de l'autorité apostolique, outre

les archevêchés et évêchés actuellement existans en France, nous établissons de nouveau et érigeons sept autres archevêchés, savoir: Sens, sous l'invocation de saint Etienne, premier martyr; Reims, sous l'invocation de la sainte Vierge; Albi, sous l'invocation de saint Jean-Baptiste; Auch, sous l'invocation de la sainte Vierge; Narbonne, sous l'invocation des saints Just et Pasteur; Arles, sous l'invocation des saints Trophime et Etienne; et Vienne en Dauphiné, sous l'invocation de saint Maurice. Nous érigeons aussi trente-cinq autres églises épiscopales, savoir: Chartres, sous l'invocation de saint Etienne, premier martyr; Blois, sous l'invocation de saint Louis, Roi de France; Langres, sous l'invocation de saint Mamès, martyr; Châlons-sur-Saône, sous l'invocation de saint Vincent; Saint-Claude, sous l'invocation de saint Pierre; Auxerre, sous l'invocation de saint Etienne; Nevers, sous l'invocation de saint Cyr; Moulins, sous l'invocation de la bienheureuse Vierge Marie; Châlons-sur-Marne, sous l'invocation de saint Etienne; Laon, sous l'invocation de la sainte Vierge; Beauvais, sous l'invocation de saint Pierre; Noyon, sous l'invocation de la sainte Vierge; Saint-Malo, sous l'invocation de saint Vincent; le Puy, sous l'invocation de saint Laurent; Tulle, sous l'invocation de saint Martin; Rodez, sous l'invocation de la sainte Vierge; Castres, sous l'invocation de saint Benoît; Périgueux, sous l'invocation des saints Etienne et Front; Luçon, sous l'invocation de la saime Vierge; Aire, sous l'invocation de saint Jean-Baptiste; Tarbes, sous l'invocation de Notre-Dame dite de la Sede; Nîmes, sous l'invocation de la sainte Vierge; Perpignan, sous l'invocation de saint Jean-Baptiste; Beziers, sous l'invocation des saints Nazaire et Celse, martyrs; Montauban, sous l'invocation de la sainte Vierge; Pamiers, sous l'invocation de saint Antonin'; Marseille, sous l'invocation de la sainte Vierge; Fréjus, sous l'invocation de la sainte Vierge; Gap, sous l'invocation de la sainte Vierge et de saint Arnold; Viviers, sous l'invocation de saint Vincent; Verdun, sous / l'invocation de la sainte Vierge; Belley, sous l'invocation de saint Jean-Baptiste; Saint-Diez, sous l'invocation du même saint; Boulogne, sous l'invocation de la sainte Vierge; Orange, sous l'invocation de Notre-Dame de Nazareth.

Et comme par nos lettres apostoliques du 29 novembre 1801, commençant par ces mots : Qui Christi Domini vices,

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