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La conservation des étangs tient surtout à la disette d'eau et à l'absence de prairies dans la plaine du Forez. Le système actuel d'exploitation, si contraire à la salubrité, ne sera modifié que lorsqu'on y trouvera un avantage réel; or, cet avantage est dans la faculté d'arroser. C'était pour arriver à ce résultat si désirable, que M. Fleury-Robert, ancien député de la Loire, et moi, nous proposâmes, en 1830, la création d'un canal d'irrigation entre St-Rambert et la rivière du Lignon. M. Gasparin, qui venait d'être nommé préfet du département, voulut bien nous encourager à poursuivre cette entreprise; si elle a été différée jusqu'à présent, e'est qu'un canal non navigable n'était qu'une des données du problème à résoudre et précisément celle dont les produits sont les moins prompts et les moins assurés. Quoique très-avantageux, l'arrosage se propage lentement et ne s'étend jamais que sur une partie du territoire irrigable.

Après la traversée de la Loire à la Roche-Morpiaure, le canal passerait derrière St-Rambert et se dirigerait en ligne droite sur la petite ville de Sury, en aval de laquelle il franchirait le ruisseau de la Mare sur un pont-aqueduc. Le tracé conti

par hectare; au canal de Boisgelin ou des Alpines, elle a été fixée à 1 1/2 litre ou 36 fr. En réduisant à 25 fr. le tarif des droits d'arrosage dans la plaine du Forez, on a eu égard à l'intermittence présumée de l'irrigation (cette intermittence a lieu également dans les canaux dont je parle) et à la nécessité, pour les propriétaires isolés ou réunis en associations, de construire à leurs frais les dérivations du canal principal.

nuerait ensuite en contournant les collines qui bordent le ruisseau de Curaize, et parviendrait jusques sous la ville de Montbrison. A partir de ce point, le canal serait établi sur la rive gauche du Vizezy, dont les eaux, ainsi que celles du Lignon, pourraient lui fournir un supplément d'alimentation. Cette dernière rivière serait traversée à quelque distance en aval de St-Etienne-le-Molard, après quoi la ligne passerait au dessus du village de Cleppé, au delà duquel elle se confondrait dans celle déjà étudiée par le génie des ponts-et-chaussées. Le canal se terminerait dans la Loire un peu en amont du torrent d'Aix après un parcours de 51 kilomètres dans la plaine du Forez. Le tracé de l'administration n'a que 45 kilomètres environ; mais cette petite différence de longueur, qui influerait peu sur l'économie d'une navigation de plusieurs centaines de kilomètres, est de la plus haute importance pour Montbrison et son territoire.

Du confluent de la rivière d'Aix jusqu'à Commières (3,500 mètres en amont de Roanne), la Loire serait canalisée au moyen de barrages qui rachèteraient une pente de 40 mètres distribuée sur 32 1/2 kilom. de développement du fleuve. J'avais songé d'abord à des barrages de 2 mètres de chute avec écluses submersibles; mais il y aurait peut-être avantage à en augmenter la hauteur pour en réduire le nombre. Cinq digues dont quatre de 8 à 10 mètres de hauteur suffiraient pour rendre le

fleuve navigable dons tout le défilé des roches; la quatrième serait construite immédiatement au dessus de la papeterie Montgolfier, dont la chute d'eau, loin d'être diminuée, serait augmentée; la dernière enfin, celle de Commières, n'aurait que 4 mètres, et servirait à dériver les eaux de la Loire pour alimenter la navigation inférieure jusqu'à Roanne et même de Roanne à Digoin.

La hauteur de ces barrages, dont la construction serait analogue à celle décrite ci-dessus, et qui seraient établis dans les gorges les plus resserrées du lit de la rivière, ne présenterait aucun inconvénient pendant les grandes eaux. La crue de 1790 s'éleva de 21 mètres au Saut-du-Perron, et de 17 mètres sur d'autres points; on peut conclure de là que les localités doivent se prêter à la formation de ces vastes retenues, dont les frais d'exécution seraient inférieurs à ceux de 20 barrages ordinaires. Ils offriraient de plus grandes facilités à la navigation, qui les franchirait au moyen d'écluses accolées et qui ne serait point interrompue par les crues moyennes, comme cela aurait lieu pour des digues de 2 mètres dont la largeur et le débouché seraient beaucoup moindres. Grâce à la régularité et à l'économie des transports, ces magnifiques chutes d'eau représentant pour 30 mètres seulement de hauteur et six mètres cubes par seconde une force théorique de 2,400 chevaux, acquerraient bientôt une grande valeur.

Sur le versant de la Méditerranée, le canal de la Loire au Rhône se dirigerait du bassin central du Treuil près de St-Etienne, sur le col de Sorbier, par un biez de niveau qui serait tracé à travers le terrain houiller en évitant les parties en exploitation. Le point culminant serait coupé par une tranchée de cinq mètres de profondeur, et immédiatement après commencerait le rapide plan incliné du vallon de Langonan jusqu'à St-Chamond. Là, sur 4,000 mètres à peine de développement, il faut racheter une chute de 159 mètres égale à 0m 04 par mètre et qui peut être considérée comme insoluble par les moyens ordinaires ('); aussi M. Bergeron a-t-il présenté cette difficulté comme invincible, et M. Barreau, qui a étudié cette question avec le plus grand soin, n'espère la résoudre qu'en abaissant le plus possible le seuil de Sorbier au moyen de profondes coupures et d'un souterrain de 1,800 à 2,000 mètres de longueur, en donnant aux écluses 4 mètres de chute et en élargissant les biez, ce qui sera fort dispendieux dans l'étroite vallée de Langonan.

C'est à un autre moyen que j'ai eu recours, et je le propose avec confiance comme le seul applicable à cette localité (3).

(1) La plus forte inclinaison rachetée par des écluses en Angleterre est celle du canal de Shropshire, qui est de 452 pieds sur 7 1/2 milles, ou de 157 m 76 sur 12,067 mètres (0m 011) (Histoire de la Navigation intéricure de l'Angleterre, par Philipps).

(2) On ne peut songer à établir des plans inclinés à chariots,

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Au lieu d'écluses simples, on construira des écluses doubles et latérales, séparées seulement par un bajoyer commun; admettons qu'on leur donne 2 mètres de chute, 5 mètres 20 de largeur, 33 mètres de longueur. Une éclusée contiendra à-peuprès 350 mètres cubes d'eau ; qu'on introduise un bateau pesant avec son chargement 225 tonnes ou déplaçant 225 mètres cubes d'eau, il ne restera dans le sas que 125 mètres cubes. Cette opération faite, qu'on fasse entrer un bateau montant que nous supposons vide et du poids de 25 tonnes dans le sas parallèle, et qu'on ouvre les vannes de communication pratiquées dans le bajoyer intermédiaire, le liquide se mettra de niveau dans les deux sas, c'est-à-dire 'que le bateau vide s'élèvera d'un mètre. Pour compléter son ascension dans le biez supérieur, il suffira d'emprunter à ce biez 200 mètres cubes d'eau qui resteront emmagasinés dans la deuxième écluse jusqu'à ce qu'il se présente deux nouveaux bateaux pour répéter la même manœuvre. Il résulte de cette disposition que, si tontes les barques descendent à pleine charge et remontent vides, loin de dépenser de l'eau, on en fait remonter 25 mètres cubes à chaque double passage, et que le chargement de re

biles, etc., pour des bateaux de 200 tonneaux et de 50 mètres de longueur. L'emploi des plans inclinés n'a jamais été fait que pour des barques d'un très-faible tonnage.

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