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chandifes de ces Fabriques donnentelles un profit bien fupérieur & moins inconftant que la Manufacture des Toiles.

La Manufacture difperfée dans les campagnes, eft donc la feule qui puiffe naturellement convenir à la fabrication du Chanvre & des Toiles L'ufage en eft trop néceffaire & trop commun, la manoeuvre trop répandue, trop fimple & trop connue pour qu'elle puiffe jamais faire un objet avantageux d'une entreprife confidérable, & l'on doit beaucoup plus fe promettre de fa difperfion que de fa réunion. La Manufacture difperfée n'eft fujette à aucuns frais & n'exige aucune avance; elle fe porte & s'infinue par-tout où il fe trouve des mains laborieuses ou oifives, & elle concoure néceffairement & fpécialement, par fon accord avec l'agriculture, à multiplier

les Sujets, foulager le Cultivateur, enrichir les Provinces & rendre l'Etat entier heureux, florissant & puiffant.

Omne tulit pundum qui mifcuit utile dulci.

PROCÉDÉ

Pour blanchir le Linge, les Toiles, & les Etoffes, avec l'eau de Maron

d'Inde.

L'EM

'EMPRESSEMENT que plufieurs

Provinces ont eu de connoître notre nouvelle méthode de préparer le Chanvre, annoncée dans plufieurs Journaux & Feuilles périodiques, actuellement pratiquée avec fuccès dans plufieurs Villes du Royaume, nous porte à croire qu'on ne recevra pas, avec moins de fatisfaction, la nouvelle découverte que nous avons faite depuis peu (a) fur l'ufage & les propriétés des marrons d'inde. Après diverfes expériences relatives

(4) En Septembre 1757.

à notre premier objet, & par des obfervations réitérées, tant fur l'arbre que fur le fruit, nous avons reconnu que le marron d'inde eft rempli de fucs aftringens, alumineux, déterfifs, lixiviels & favonneux, dont l'emploi doit être extrêmement utile aux hommes, foit pour la Médecine, foit pour les Arts; & comme le blanchiffage du Linge, de la Toile & des étoffes paroît être une fuite naturelle des opérations que nous avons enseignées dans notre Traité ci-joint, nous penfons qu'il eft également convenable de ne l'en point féparer.

Voici le procédé qui eft fimple. Il fuffit de peler & de raper (a),

(a) Il faut que les Marons foient rapés bien fin, & que l'eau foit préparée dix ou douze heures avant que de s'en fervir, pour qu'el le foit mieux impregnée des fucs du Maron.

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avec une rape à fucre, les marrons d'inde dans de l'eau froide. L'eau de

On la remue de tems en tems; mais pour l'employer, on la tire de dessus le mare avec une ecuelle, ou par inclination, un demi quart d'heure après qu'elle a été remuée lorfqu'elle eft encore blanche & chargée, comme une espece d'eau de favon, elle écume & pétille de même. L'opération de raper les Marons ne fera pas dans la fuite, ni fi longue, ni fi difficile, qu'elle paroît d'abord. On fent parfaitement, que pour employer en grand ces Marons, il faut abréger & fimplifier le travail, ce qui s'exécutera, en mettant fous la meule les Marons d'Inde, fecs & pelées, qui fe réduiront alors en farine très fine, ou qui formeront une pâte, s'ils ne font pas encore affez fecs, qui fe diffoudra facilement dans l'eau.

Il est éprouvé qu'on pourroit, au lieu de favon, fe fervir de l'eau de Maron d'Inde,' pour fouler les Draps, après les avoir fait dégorger avec de la terre graffe, ainfi qu'il fe pratique dans les Manufactures & Foulonmeries de cette efpece. Pour cet effet, il faut

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