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vie dans une même atmosphère engend les partis pris et l'obstination.

Ces chefs de partis, ces théoricien déchus ne respiraient que l'air vicié de la Chambre; ils ne pouvaient ainsi esprit pour le mettre à la hauteur des temps. Le Prince, au contraire, dans s tions à travers la France, respirait, à pl cet air vivifiant de nos campagnes; i force et y confirmait ses croyances; chercher la vérité dans ses plus sûres attendre qu'on vienne lui en offrir les turés. Et c'est pour ces causes, c'est ] rences dans les conditions de la vie l'erreur était à la Chambre et la vérité a

CHAPITRE VIII

RÉVOCATION DU GÉNÉRAL CHANGARNIER

Message du 12 novembre, l'effet qu'il produit.

L'interpellation du 3 janvier 1851. — Réunion, à l'Élysée, des chefs de la majorité. La rupture. Révocation du général Changarnier.-Émotion qu'elle produit dans l'Assemblée.

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Mot célèbre de M. Thiers.

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· Démission des ministres.

-Difficulté de constituer un nouveau cabinet. - Ce qu'eût produit l'accord. Ministère transitoire du 24 janvier.

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Rejet par la Chambre.

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Nou

Interpellation de M. Hovyn-Tranchère. - Présentation d'un supplément de dotation. velles tentatives de constituer un ministère parlementaire. Ni un jour ni un écu. Opinion de M. Odilon Barrot sur les chefs de la majorité.

L'opinion s'était, à juste titre, émue de l'antagonisme qui existait dans les hautes régions du pouvoir. Les journaux de toutes nuances annonçaient la révocation du général Changarnier comme un fait imminent. Les feuilles dévouées au Prince appelaient cette mesure avec ardeur. L'émotion avait gagné lá province et un grand nombre de préfets avaient signalé au gouvernement la nécessité de ne pas

tolérer plus longtemps, à la tête de l'armée de Paris, un général qui se posait si ouvertement en adversaire du Chef de l'État.

Pourquoi l'attente générale fut-elle trompée? Pourquoi le Prince ne profita-t-il pas de l'occasion que lui avait offerte le commandant en chef de l'armée de Paris pour faire cesser une situation que, de part et d'autre, on jugeait intolérable? Espérer un rapprochement avec le général Changarnier était une illusion inadmissible; épargner à l'Assemblée le froissement que devait lui causer la disgrâce de celui qu'elle considérait comme son protecteur dévoué ne pouvait être qu'un atermoiement sans profit. Le jour paraissait venu de frapper; mais le Prince ne le fit pas. De bons esprits pensèrent alors qu'il commettait une faute en laissant inutilement se prolonger et s'aigrir une lutte qui pouvait donner naissance aux complications les plus redoutables pour la paix du pays.

Il faut dire ici, et nous l'avons indiqué déjà en cherchant à définir le caractère du Prince, que son penchant le portait moins qu'on ne l'a toujours supposé, aux résolutions énergiques. Il ne reculait pas devant elles quand la nécessité lui en était démontrée; mais il convenait à son esprit d'épuiser tous les procédés de conciliation, même lorsqu'il avait peu à en attendre, avant d'en venir aux mesures décisives. Obéissant, en cette circonstance, à ses inspirations personnelles, le Prince, au grand étonnement du pays, de la Chambre, du général Changarnier luimême, ne brisa pas l'épée du commandant en chef

de l'armée de Paris. Il voulut tenter un dernier effort pour ramener la concorde au moins entre l'Assemblée et le pouvoir exécutif.

Le 12 novembre était le terme de la prorogation de la Chambre. A sa rentrée, le Prince-Président lui adressait un message empreint d'un grand esprit de conciliation. Il avait foi dans l'effet de sa parole; il était convaincu que de loyales explications pourraient encore effacer la trace des discordes qui venaient de prendre un caractère si aigu; il se voyait si fort, si puissant, si maître de la situation, appuyé qu'il était par le sentiment presque unanime de la nation, qu'il se refusait à penser que l'Assemblée oserait pousser jusqu'au bout la résistance. Il ne voulait point encore la briser; il voulait la vaincre. Les moyens légaux restaient ouverts pour résoudre les redoutables problèmes d'où dépendait le salut : il voulait opiniâtrement y faire appel. Il persistait à croire que la Chambre, fatiguée d'une lutte inégale, reconnaîtrait, enfin, son impuissance à rien constituer en dehors de lui et que, cédant à la pression du pays, elle voterait la révision de la constitution et ouvrirait ainsi l'ère des solutions pacifiques.

C'est sous l'empire de ces généreuses illusions que le Prince-Président disait à l'Assemblée dans son message du 12 novembre: « Plus les craintes sur le présent disparaissent, plus les esprits se livrent avec entraînement aux préoccupations de l'avenir. Cependant la France veut avant tout le repos. Encore émue des dangers que la société a courus, elle reste étrangère aux querelles de partis ou d'hom

mes, si mesquines en présence des intérêts qui sont en jeu.

« J'ai souvent déclaré, lorsque l'occasion s'est offerte d'exprimer publiquement ma pensée, que je considérais comme de grands coupables ceux qui, par ambition personnelle, compromettaient le peu de stabilité que nous garantit la Constitution. C'est ma conviction profonde. Elle n'a jamais été ébranlée. Les ennemis seuls de la tranquillité publique ont pu dénaturer les plus simples démarches qui naissent de ma position.

« Comme premier magistrat de la République, j'étais obligé de me mettre en relation avec le clergé, la magistrature, les agriculteurs, les industriels, l'administration, l'armée, et je me suis empressé de saisir toutes les occasions de leur témoigner ma sympathie et ma reconnaissance pour le concours qu'ils me prêtent; et surtout, si mon nom, comme mes efforts, a concouru à raffermir l'esprit de l'armée, de laquelle je dispose seul d'après les termes de la Constitution, c'est un service, j'ose le dire, que je crois avoir rendu au pays, car j'ai toujours fait tourner au profit de l'ordre mon influence personnelle. »

Et plus loin, le Prince ajoutait : « Les conseils généraux ont, en grand nombre, émis le vœu de la revision de la Constitution .Ce vœu ne s'adresse qu'au pouvoir législatif. Quant à moi, élu du peuple, ne relevant que de lui, je me conformerai toujours à ses volontés légalement exprimées.

L'incertitude de l'avenir fait naître, je le sais

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