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Ce que rêvait le général Changarnier. — La politique de

MM. Dufaure et Odilon Barrot.

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La politique de LouisSes discours à Chartres, Ham, Saumur et Voulait-il un coup d'État en 1849? - Les lettres - Son message du 31 octobre 1819.

du Prince-Président.

Chute du ministère Odilon Barrot.

Si quelques nuages s'étaient déjà produits entre les ministres et le Prince, entre l'Assemblée et le chef de l'État, on eût pu croire que la journée du 13 juin, la crainte de l'ennemi commun effaceraient ou atténueraient au moins cet antagonisme entre les forces diverses qui pouvaient concourir au salut du pays; ce fut exactement le contraire qui arriva

La Chambre prit ombrage de la popularité considérable qui s'était révélée au profit de Louis-Napoléon; elle sentit croître la force du Prince et redouta les effets de sa puissance. Les ministres et les chefs des anciens partis constatèrent avec humeur l'esprit d'indépendance croissant de leur élu

du 10 décembre; la méfiance devint, pour tous, la règle de conduite; des propos imprudents furent méchamment exploités, et les mauvais procédés ne tardèrent pas à s'ensuivre.

Le Prince avait, lui aussi, ses secrètes irritations, non contre l'Assemblée, qu'il savait profondément divisée et impuissante à rétablir un accord à son détriment ; non contre ses ministres, qu'il avait le droit de remplacer le jour où il le trouverait opportun; mais contre les grandes individualités politiques qui n'avaient pas mis assez de ménagements dans leurs tentatives de domination, et surtout contre le général Changarnier qui avait pris, à la suite du 13 juin, une importance exceptionnelle. Le général avait, en effet, conquis la confiance de l'armée, la confiance de la population de Paris, celle de la majorité de l'Assemblée, celle surtout de ses principaux chefs. Il devenait ainsi, et son ambition mal dissimulée se prêtait à cette supposition, pour les uns, l'instrument possible, et à son profit, d'une résistance au Prince-Président; pour les autres, le Monck indiqué d'une restauration monarchique. Ce que voulait précisément chacun à cette heure, le géneral Changarnier, le Prince, ses ministres, l'Assemblée ellemême, était-il absolument arrêté? Il serait prématuré de le prétendre. Mais si ce n'étaient point encore des résolutions précises, un but fermement déterminé, c'étaient au moins des tendances prononcées; là étaient les précurseurs palpables des orages d'où devait sortir la tempête. Les partis monarchiques songeaient à la restauration de leurs

princes; ils pensaient que Louis-Napoléon s'userait au pouvoir, et que, le général Changarnier aidant, une royauté nouvelle pourrait sortir d'une journée de désordre. Attendre, continuer le provisoire, harceler le chef de l'État, telle était leur tactique.

Le général Changarnier rêvait à tout. Il s'appliquait d'abord à augmenter son importance, sa popularité, son ascendant sur l'armée, sur la garde nationale, et surtout à gagner la confiance des chefs des anciens partis, pour se constituer ainsi une base d'opérations solides. De cette force, une fois acquise, que prétendait-il faire à un jour propice? Ce que les circonstances shargeraient de lui indiquer. Il pouvait, ou restaurer la royauté, et trouver là un titre de connétable avec les honneurs et les profits qu'une telle dignité comporte, ou, plus naturellement, s'emparer de la Dictature pour son compte et rester, sous une forme à trouver, le chef de l'État. Nier ces diverses assertions serait nier l'évidence. Ce que nous disons là se voyait et se savait. Le général n'avait pas toujours, dans son langage, la réserve que commandaient à la fois et sa haute situation et ses plus hautes espérances; il plaçait sa confiance sans assez de précautions et se laissait ainsi trop facilement pénétrer. Pour caresser les uns et les autres, afin de les maintenir avec lui, il se laissait aller à trop dire, et le secret de ses confidences n'était pas toujours gardé.

Quant aux ministres, qui, dans un régime plus parlementaire encore que personnel, constituaient comme une sorte de corps dans l'État, ils avaient,

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eux aussi, leur visée. M. Odil faure croyaient à la possibilité constitution de 1848; ils trouvai de ce régime républicain, une du gouvernement parlementair été mêlés pendant dix-huit ans; i leur deuil de la monarchie to retrouver, sous une autre for donnant satisfaction à leurs pré titre donné au chef de l'État n qu'une importance secondaire, lui il existât une représentati ministère dirigeant et gouvernai et sous cette garantie, ils conse crifier l'hérédité dans le pouvoir naient, en un mot, de sincères r tionnels.

Nous n'offenserons point leur qu'ils subissaient, à leur insu leurs aptitudes. Tous deux éta lent, hommes de tribune, rom du parlementarisme, et s'ils ré mérites qui permettent de domi ils ne possédaient peut-être pas qualités, également rares, qu'ex pouvoir plus spécialement subor l'État. Pour eux, le parlementaris sorte la panacée universelle. E commettaient une erreur et ne fai des temps.

Dans ces combinaisons divers

partis et les hautes individualités qui étaient à leur tėte, les préoccupations dynastiques, les questions personnelles tenaient la première place; on songeait peu aux volontés du pays; on le considérait comme un patrimoine éventuel; on spéculait sur ses alarmes; et on avait la conviction qu'il accepterait avec gratitude toute solution lui garantissant l'ordre et la stabilité.

Le Prince, dans ses préoccupations, faisait une plus large part au pays. Il s'inspirait avant tout, dans la direction qu'il donnait à sa politique, de la préférence et de l'intérêt de la nation; possédant, à un rare degré, l'instinct, la prescience des vœux du pays, il s'attachait à leur donner les satisfactions qui étaient, à ses yeux, compatibles avec le bien. Or, pour lui, le régime parlementaire était inacceptable en France comme principe de gouvernement, et s'il eût conservé la moindre hésitation à cet égard pour des temps calmes et réguliers, il regardait au moins que, pour sortir la France des agitations de l'heure présente, le régime parlementaire était celui qu'on devait surtout écarter. Si, à titre général, il y avait dans son esprit, sur cette doctrine, des partis pris qui le dominèrent trop exclusivement et qui furent plus tard la cause de fautes considérables, il était au moins dans la vérité pour l'époque de transition dans laquelle il avait à se mouvoir. Il songeait, avant tout, à grandir et à fortifier le principe d'autorité, et peutetre en même temps à affaiblir le pouvoir de l'Assemblée.

Sans doute le Prince était le premier à profiter de

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