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de la religion, si ce n'est dans l'assujétissement de l'homme entier à l'auteur de son être.

L'homme doit donc s'appliquer sans relâche à connoître et à méditer les volontés de son créateur, pour s'y soumettre sans aucune réserve. Gardez mes lois, dit Dieu à tous les hommes: Je suis le Seigneur votre Dieu : Ego Dominus, Deus vester. « Ayez » un désir ardent pour mes paroles; aimez-les, et vous y trou » verez toutes les lumières dont vous avez besoin. Le commen» cement de la sagesse est le désir sincère de l'instruction; le » désir sincère de l'instruction est l'amour de la sagesse; l'a» mour de la sagesse est l'observation de ses lois; l'attention » à observer ses lois est l'affermissement de la parfaite pureté » de l'âme; et cette parfaite pureté approche l'homme de Dieu. » Mon fils, dit le Seigneur à l'homme, n'oubliez point ma loi, et que votre cœur garde mes préceptes. Marchez toujours » en ma présence; pensez à moi dans toutes vos voies; consul» tez-moi dans toutes vos entreprises, et je conduirai moi-même » vos pas. Ne soyez point sage à vos propres yeux; gardez mes paroles; faites-vous, dans votre cœur, un trésor de mes préceptes. Mon fils, donnez-moi votre cœur, que vos yeux

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C'est afin que nous ne perdions jamais de vue ces grandes instructions, que l'Esprit saint nous exhorte sans cesse « d'écouter l'enten» la sagesse, et d'ouvrir les oreilles de notre cœur pour

» dre; de la chercher, comme les avares cherchent l'argent et » les trésors cachés de la terre; d'en faire notre bien, notre » héritage, notre trésor; de travailler à acquérir la prudence, » aux dépens de tout ce que nous pouvons posséder.

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C'est pour nous apprendre où nous trouverons les lumières dont nous avons besoin, dans le chemin qui doit nous conduire à notre dernière fin, que l'Esprit saint, après nous avoir dit d'embrasser la discipline, de désirer l'instruction, la science d'agir, le réglement de la vie, nous parle du bonheur de celui qui veille tous les jours à l'entrée de la maison de la sagesse, » et qui se tient à sa porte. Sagesse qui est en Dieu de toute » éternité. C'est elle qui enseigne la tempérance, la prudence, » la justice, la force et les choses du monde les plus utiles à » l'homme dans cette vie. Elle enseigne la science de Dieu; elle » est la directrice de ses ouvrages, la consolation de l'homme

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» dans les ennuis et les peines de la vie. Dieu n'aime que celui qui est avec elle. Elle est nécessaire pour redresser les sentiers de ceux qui vivent sur la terre, et pour apprendre ce qui est agréable à Dieu; sans elle on est dans l'ignorance du bien; » c'est d'elle que viennent le conseil et l'équité; elle a la science » et l'intelligence de toutes choses; ses voies sont belles, tous » ses sentiers sont pleins de paix.

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» La sagesse n'est amère qu'aux indociles, aux insensés dont l'imprudence est toujours errante et les conduit au hasard; qui marchent après leurs pensées, qui veulent faire la volonté » de leurs pensées, accomplir les désirs déréglés de leur cœur, » vivre selon leurs passions, s'abandonner aux égarements de » leur esprit. » Aussi les voit-on « haïr l'instruction, abandon» ner le chemin droit, marcher par des voies ténébreuses, se » réjouir lorsqu'ils ont fait du mal, triompher dans les choses » les plus criminelles; en un mot, toutes leurs voies sont in» fâmes.

» Malheur à ceux qui ont quitté les voies droites, et qui se » sont détournés dans des routes égarées! Et que feront-ils, lors» que le Seigneur commencera à examiner toutes choses, et qu'il leur fera rendre compte de leurs œuvres ? »

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Enfants des hommes, dit le Seigneur à tous ceux qui refusent de consulter sa loi et de s'en remplir; « Enfants des hommes, jusques à quand aurez-vous le cœur pesant? Pourquoi aimez» vous la vanité, et cherchez-vous le mensonge? O enfants! jusques à quand aimerez-vous l'enfance? Jusques à quand, in» sensés, désirerez-vous ce qui vous est pernicieux ? Imprudents, jusques à quand haïrez-vous et rejetterez-vous la science? Con»vertissez-vous par les remontrances que je vous fais. Que si » vous ne voulez point écouter mes paroles, si vous ne me regardez pas, lorsque je vous tendrai la main, si vous méprisez » tous mes conseils, si vous négligez mes leçons, je rirai aussi à » votre mort, et je vous insulterai, lorsque ce que vous craignez » vous sera arrivé. Lorsque la mort fondra sur vous comme » une tempête, et que vous vous trouverez surpris par les maux » les plus pressants, vous m'invoquerez, et je ne vous écouterai point; vous me chercherez, et vous ne me trouverez point. » Je me cacherai à vous, parce que vous ne vous serez point » soumis à mes conseils, et que vous n'aurez eu que du mépris

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17.

» pour toutes mes instructions. Vous mangerez le fruit de vos voies; vous porterez la peine due à votre mauvaise conduite, » et vous serez rassasiés du fruit de vos idées pleines de folie. »

Apprenez donc, dit à tous les hommes la Sagesse éternelle, apprenez à embrasser la discipline, à recevoir avec docilité les instructions de ma doctrine. Soumettez-vous à la prudence de mes leçons. Instruisez-vous de ma loi. Sachez que l'égarcment de ceux qui auront de l'aversion pour elle, les perdra pour toujours; et que ceux qui m'écouteront, reposeront en assurance, et iouiront de l'abondance de mes biens, sans craindre aucun mal.

Heureux ceux qui règlent toutes leurs démarches selon la loi du Seigneur! Heureux ceux qui s'appliquent à connoître ses volontés, et qui n'ont d'ardeur que pour lui plaire ! Heureux ceux qui ne se soutiennent et ne se consolent que par la méditation de la loi de Dieu, qui en admirent continuellement la beauté, la justice et la sainteté ; qui y trouvent leur bonheur, leur trésor, leurs délices; qui la chérissent comme la source de l'innocence, du salut et de la vie ; pour qui elle est la lumière qui les éclaire sur tous leurs devoirs et qui les empêche de s'é garer, la force et la sûreté contre les scandales de ce monde et contre les ennemis de leur salut!

Elle n'ordonne rien, cette divine loi, qui ne soit conforme aux véritables intérêts de l'homme, rien ne convenant mieux à la créature raisonnable, que toutes les vertus qu'elle recommande et qu'elle prescrit. Loi de Dieu, qui nous fait trouver ici bas notre bonheur, dans le devoir et dans la règle. Loi dont tous les préceptes, bien médités, nous font sentir le rapport nécessaire qu'ils ont avec le cœur de l'homme, dont toutes les règles ne renferment les remèdes de nos maux.

que

Qu'elle est admirable, cette loi sainte! c'est elle qui éclaircit toutes les lois de la nature, en les interprétant selon toute leur pureté, en renversant toutes les erreurs dont l'ignorance, le libertinage, et l'irreligion des hommes ont toujours voulu les obscurcir. C'est elle qui autorise toutes les lois humaines, puisque, outre l'obligation civile et politique de les garder, elle y en ajoute une de conscience, qui est inviolable et qui subsiste toujours; puisqu'elle fait respecter les supérieurs légitimes, non pas en qualité d'hommes, mais comme les ministres de Dieu; puisqu'elle maintient leur autorité, non-seulement quand ils

sont chrétiens et fidèles, mais quand ils seroient païens et idolâtres; non-seulement quand ils sont vertueux et parfaits, mais quand ils seroient remplis même de vices; non-seulement quand ils sont doux et favorables, mais quand ils seroient emportés et fâcheux. Enfin, cette divine loi détruit généralement toutes les lois du péché, dont le nombre étant infini, sa gloire particulière est qu'il n'y en a pas une qu'elle ne réprouve et qu'elle ne condamne; frappant d'anathème l'injustice, en quelque sujet qu'elle paroisse; ne respectant en cela ni rang, ni qualité; n'ayant égard ni à coutume, ni à possession; ne s'accommodant ni à foiblesse, ni à intérêt ; ne cédant pas même à la plus pressante de toutes les nécessités, qui seroit celle de mourir ne moriendi quidem necessitati disciplina nostra connivet, dit Tertullien.

Loi du Seigneur, loi pure et sans tache; elle ravit tous ceux qui la contemplent; elle est fidèle en ses promesses; elle donne la sagesse aux plus simples; elle nous trace le droit chemin du bonheur; elle bannit la tristesse de nos cœurs; elle dissipe les ténèbres de nos esprits. La loi du Seigneur est sainte, elle ne s'altérera jamais; elle est juste, et elle se justifie elle-même (Ps. 18.). Elle est sainte, d'une sainteté solide, qui attaque le vice jusques dans ses principes les plus éloignés, et qui établit la vertu sur des fondements stables et inébranlables. Loi sainte, d'une sainteté agissante, qui ne s'en tient ni aux sentiments, ni aux paroles, mais qui demande des œuvres. Loi sainte, d'une sainteté universelle, qui ne laisse pas échapper un point de ce qu'elle ordonne; parce qu'il ne faut, selon elle, que la transgression d'un seul point, pour nous rendre criminels et dignes d'une éternelle réprobation. Loi sainte, d'une sainteté sage, qui n'exige rien que d'équitable, que de raisonnable, que de pratiquable. Loi sainte, d'une sainteté courageuse, que les difficultés n'arrêtent point, que les contradictions n'ébranlent point, que les plus grands sacrifices n'étonnent point. Loi sainte, d'une sainteté patiente qui, dans les douleurs. les plus sensibles, dans les injures les plus piquantes, dans les accidents les plus fâcheux, dans les disgrâces et les adversités de la vie, se soutient contre les murmures des sens, contre les saillies de la colère, contre les emportements de la vengeance, contre l'affliction du cœur et l'abattement de l'esprit. Loi sainte, d'une sainteté religieuse envers Dieu; soumise à Dieu, zélée pour la gloire de Dieu, douce et affable à l'égard du prochain, pré

venante et bienfaisante; toujours attentive sur elle-même, sévère pour elle-même, dégagée de toutes les vues de la chair; audessus de tout intérêt, de toute fortune; au-dessus de toute ambition, de toute réputation, de toute considération humaine; indépendante des caprices et des humeurs, des aridités et des sécheresses, des ennuis et des dégoûts; fixe et immuable dans le devoir, parce que c'est le devoir; et invariablement adonnée au bien, parce que c'est le bien, et qu'on doit le chercher en tout. Enfin, la première loi faite pour l'homme étant celle qui lui commande la recherche du souverain bien, où il doit trouver sa vie et sa beatitude, il faut nécessairement en conclure, que Dien seul peut être le principe et la règle de tous les devoirs de l'homme.

Or, quelle idée nous formerions-nous de sa sagesse, s'il ne nous avoit point donné de règle fixe à laquelle nous dussions nous conformer? Seroit-il digne de lui, de nous livrer à l'incertitude dans les devoirs que nous avons à remplir pour lui plaire? Seroit-il devenu le Dieu de l'inconstance, lui, dont le premier caractère est de n'être sujet à aucun changement, à aucune vicissitude? Comment subsisteroit en lui cette règle immuable de la justice, cette sagesse souveraine, qui fait tout avec ordre, et qui nous prescrit des obligations proportionnées aux situations où sa providence nous a placés dans la vie; cette loi, qui veut que tout se rapporte à la fin pour laquelle il nous a créés, et que rien ne l'en éloigne dans nos affections et dans nos œuvres?

Quel est donc le premier des devoirs que Dieu impose à l'homme? Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit, de toutes vos forces. C'est là le grand et le premier commandement.

Nous sommes obligés d'aimer Dieu, parce qu'il est notre Dieu, le premier Etre, le souverain bien, le principe et la source de tout bien, par conséquent seul aimable à cause de lui-même, et le seul qui mérite d'être infiniment aimé. Nous sommes obligés d'aimer Dieu, parce que c'est lui qui nous a créés; nous sommes ses enfants, nous sommes son peuple. Il nous a aimés le premier: il ne cesse point de nous combler de bienfaits; et, quelque amour que nous lui témoignions, nous ne répondrons jamais que très-foiblement à tout ce qu'il a fait, et fait encore tous les

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