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je ne consulte qu'elle, pour apprendre comment je dois me » comporter dans les différents états où je me trouverai. Faites » que je recherche sans cesse vos commandements, que je les aime, que j'en parle avec une sainte liberté, et avec confiance devant les grands de la terre, et que je ne rougisse jamais de » m'en déclarer le défenseur. Faites que je les médite sans cesse, » pour en nourrir mon esprit, pour en rassasier ma faim spiri>>tuelle, pour enflammer de plus en plus l'ardeur de mon amour. Faites que j'élève sans cesse mes mains vers vous, ô mon Dieu, » pour obtenir la grâce de les observer fidèlement, et qu'en les » aimant avec un cœur droit et docile je règle toutes mes ac» tions sur ces excellentes et admirables maximes.

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Si tous ceux qui travaillent à l'œuvre de Dieu étoient bien pénétrés des sentiments du cœur de ce saint roi, il ne seroit pas nécessaire de les exhorter à ne rien oublier pour allumer et pour entretenir ce feu sacré dans le cœur de ceux qu'ils instruisent. Et comment pourroit-il se faire que tous leurs soins fussent inutiles, s'ils s'appliquoient à bien convaincre ceux qui viennent les entendre, de toutes les raisons que nous avons d'admirer la beauté, la justice, la sainteté de la loi de Dieu; s'ils leur en montroient l'excellence et tous les avantages; s'ils leur apprenoient à y chercher leur bonheur, leur trésor, leurs délices, et à la chérir, comme la source de l'innocence, du salut et de la vie ?

Il est important d'observer ici qu'en s'attachant à faire voir aux fidèles l'obligation de méditer la loi de Dieu on doit leur expliquer ce que le Seigneur demande de nous, quand il nous ordonne de la méditer nuit et jour. Ce n'est pas d'être sans cesse occupés à réfléchir sur cette loi sublime : une si sainte occupation, si elle étoit continuelle, seroit trop au-dessus des forces accordées à l'homme dans ce lieu de privation et d'exil; mais Dieu veut que nous agissions toujours par l'impression de sa loi, que notre cœur en soit plein et pénétré, afin qu'en toute occasion elle puisse nous servir de guide, et que nous soyons toujours disposés à ne rien faire contre ce qu'elle nous prescrit. Pour cela, il faut penser très-souvent à ce que Dieu nous ordonne, et nous en occuper, pour ainsi dire, dans toutes les circonstances de notre vie.

Il faut encore apprendre aux fidèles, que le matin est le temps

le plus propre à méditer la loi de Dieu, pour y conformer les actions de la journée; et le soir pour examiner en quoi on a manqué pendant le jour. Quiconque veut sincèrement se sauver trouvera toujours assez de temps pour faire cette méditation, quelqu'occupé qu'il soit d'ailleurs par les affaires et les devoirs de son état et de sa profession. Est-il impossible, par exemple, après avoir fait sa prière du matin, de penser, quand ce ne seroit qu'un instant, à quelqu'une des vérités qu'on a apprises dans les instructions qu'on a reçues sur la religion : ou, si l'on sait lire, de chercher quelque règle de conduite dans un livre de piété; de prendre alors une résolution sérieuse de la pratiquer fidèlement; de se la rappeler dans la journée, en certains moments où l'on est plus libre, en se mettant intérieurement, si on ne peut pas être seul, en la présence de Dieu; d'examiner enfin, à la prière du soir, si on a exécuté, comme on le devoit, la promesse faite à Dieu le matin?

C'est surtout parmi les vérités pratiques qu'on doit engager les simples fidèles à choisir celles qu'ils veulent méditer : telles que sont les commandements de Dieu, les maximes de l'Évangile, les remèdes contre le péché, et la nécessité d'en faire pénitence; les devoirs de son état, etc. On doit les exhorter à se rappeler souvent ce que la religion nous enseigne sur la mort, le jugement, le paradis et l'enfer. Il est important encore de leur bien inculquer, qu'ils doivent prendre garde à ne pas se contenter d'une méditation et de réflexions stériles; qu'il faut examiner son cœur, sur les vérités qu'on lit ou qu'on entend; gémir sur sa propre corruption, sur sa foiblesse, sur sa misère; implorer le secours de Dieu, prendre des résolutions convenables, veiller à l'exécution de ces résolutions.

Telle est la méditation que tous les chrétiens sont obligés de faire; personne n'en peut être dispensé, et cette obligation regarde quiconque est en état de faire usage de sa raison : parce qu'il n'y a personne qui ne doive se remplir de la loi de Dieu, examiner sa conduite sur cette loi, gémir intérieurement des péchés par lesquels on a violé ses préceptes, en demander pardon à Dieu, former dans son cœur la résolution de s'en corriger, et prendre les mesures nécessaires pour y parvenir.

Nous avons dit qu'un des meilleurs moyens pour inspirer à ceux que l'on instruit le goût qu'ils doivent avoir pour la médi

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tation de la loi de Dieu, est de leur faire voir quelle en est l'excellence. Or, il sera facile de les en convaincre, en les rendant attentifs aux réflexions suivantes.

DE L'EXCELLENCE DE LA LOI DE DIEU.

POUR montrer aux chrétiens l'excellence de la loi de Dieu, suffit de leur en prouver la sainteté, la sagesse, la vérité.

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1.o Comment cette loi ne seroit-elle pas sainte, dès que Dieu qui est saint par essence, et la sainteté même, en est l'auteur? loi qui ordonne la vertu, et qui condamne le vice; loi qui recommande à l'homme tout ce qui peut le rendre digne de Dieu, utile et agréable à la société ; qui lui interdit et lui défend tout ce qui peut le souiller, le dégrader, et le rendre misérable. Dans la pratique de cette loi est renfermé tout ce qui peut nous rendre heureux sur la terre: elle règle le cœur, elle en corrige les affections vicieuses; elle nous change réellement, et nous rend tels au dedans, que nous devons paroître au dehors; elle nous oblige de nous élever jusqu'à Dieu, sans quitter la terre et rompre avec les hommes; elle nous ordonne d'aimer notre prochain, malgré ses défauts; de vouloir, et de faire du bien à nos ennemis; de combattre nos inclinations et nos penchants; d'aimer notre âme, et de haïr notre chair, de nous détacher du monde que nous voyons, et de désirer le ciel que nous ne voyons pas. Elle nous défend non-seulement les actions criminelles, mais encore les désirs et les pensées qui favorisent et persuadent le crime. C'est une source féconde de sainteté, d'où coulent avec abondance ces eaux salutaires qui désaltèrent ceux qui ont soif de la justice.

La loi de Dieu peut seule former des hommes vraiment justes et vertueux; elle seule peut former des hommes dignes du ciel et de la société; elle seule peut former une société pure, innocente et utile. Il ne faut que de la raison, dit Tertullien, pour en découvrir l'excellence: ratio legem commendat. Et en effet, la raison respectera toujours une loi qui attache avec amour et soumission l'homme à Dieu; qui exige de lui un culte pur et digne de Dieu, qui lui recominande le respect et l'obéissance envers ses supérieurs, la douceur et la charité envers ses infé

rieurs; les égards, les ménagements, les déférences envers ses égaux. Loi de Dieu, dont la sainteté est inséparable; elle désapprouve et condamne tout ce qui n'est pas pur et innocent. Elle seule est l'ennemie de tous les penchants criminels, et de toutes les inclinations corrompues malitia hostis est, dit saint Chry

sostôme.

La loi du Seigneur est sainte, dit le prophète, et elle ne s'altèrera jamais: lex Domini immaculata. Elle ne ressemble point à celles que les hommes établissent, quelle que puisse être la réputation de leur sagesse. Cette loi, comme nous croyons l'avoir déjà observé ailleurs, ne favorise en rien, ni nos passions, ni nos préjugés : elle ne dissimule aucun vice, elle ne permet, ni n'excuse, ni ne tolère rien d'injuste: elle condamne jusqu'aux plus secrets désirs, jusqu'aux pensées qui demeurent sans exécution : elle est contraire en tout à la cupidité, incapable d'adoucissements et de mitigation; inflexible, incorruptible; aussi pure après plusieurs siècles, qu'au premier jour qu'elle a été publiée; aussi sévère contre la multitude des pécheurs, que contre un seul; aussi parfaite et aussi entière, quoique tout le monde l'abandonne, que si tous y étoient fidèles.

La loi de Dieu est sainte, elle convertit les âmes; elle est la règle, et rien ne peut la fléchir. L'on ne peut devenir juste, qu'en lui devenant conforme; et ce sera toujours inutilement qu'on entreprendra de la courber, et de diminuer la distance qui est entre elle et nous, en la rendant plus indulgente à nos foiblesses. Notre premier devoir est le repentir de nous en être écartés; elle nous reproche nos égarements, il faut respecter ses reproches; elle nous montre le mal que nous avons fait, il faut en faire l'aveu; elle parle contre nous, il faut reconnoître et répéter avec humilité tout ce qu'elle en dit ; et quelle que soit la sévérité avec laquelle elle nous condamne, il ne nous est jamais permis d'en murmurer, ni d'y être moins fidèlement attachés.

Quel seroit le bonheur, quelle seroit la sainteté des hommes sur la terre, s'ils étoient tous fidèles observateurs de la loi de Dieu! Pour s'en convaincre, il suffit de se représenter une société d'hommes purs et innocents, pénétrés du néant de la créature, et de la grandeur du Créateur: détachés de la terre, et ne désirant que le ciel : société ou règneroient la probité, la vé rité, la justice, la douceur, la religion, l'Évangile de Jésus→

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Christ; où chacun possederoit paisiblement ses héritages, sa réputation; où les inférieurs seroient soumis, les supérieurs, tendres et compatissants, où les uns obéiroient sans murmure, et les autres commanderoient sans fierté: où les misères seroient soulagées, les défauts excusés, les offenses pardonnées. Peut-on douter du bonheur de cette société? peut-on douter de sa sainteté ? Or, telle seroit la société que la loi de Dieu formeroit de tous les hommes, si tous les hommes l'accomplissoient, et la prenoient pour l'unique règle de leur conduite et de leurs sentiments. La loi de Dieu ne peut donc que rendre l'homme heureux sur la terre, puisqu'elle ne veut que le rendre saint; elle ne peut que le rendre heureux dans le ciel, puisqu'elle n'a pour fin que son salut. En faut-il davantage pour nous déterminer à en faire le sujet continuel de nos méditations, et pour nous faire sentir combien nous sommes à plaindre, de n'y pas trouver notre trésor et nos délices?

2° Au caractère de sainteté, inséparable de la loi de Dieu, est encore réuni le caractère de sagesse. Il suffit pour le reconnoître de lire, d'étudier, de méditer cette divine loi. On y verra qu'elle règle les penchants et les inclinations de l'homme; qu'elle le précautionne contre toutes les illusions, les séductions et les égarements de l'esprit humain; qu'elle prévoit toutes les circonstances, les objets, les événements, les obstacles, qui pourroient le troubler et le séduire; qu'elle assure à chacun des jours doux et tranquilles; qu'elle forme une société aimable et un gouvernement pacifique. Sans elle, comment trouveroit-on la sagesse parmi les hommes? et d'où pourroit-on l'avoir? sapientia verò ubi invenitur? L'homme n'en connoît pas le prix ; elle ne se trouve point dans la terre où nous vivons: nescit homo pretium ejus. Dieu seul connoît le chemin pour arriver jusqu'à elle : lui seul connoît le lieu où elle réside: Deus intelligit viam ejus, et ipse novit locum illius. Et il a dit à l'homme : la crainte du Seigneur est la sagesse ; et l'intelligence consiste à s'éloigner du mal, à obéir par conséquent à cette sainte loi : et dixit homini: ecce timor Domini, ipsa est sapientia; et recedere à malo, intelligentia.

La véritable sagesse ne se trouve donc que dans l'observance de la loi de Dieu. Ce ne sont pas les savants seuls et les génies sublimes qui ont droit d'y prétendre; elle devient le partage des simples et des ignorants, comme des plus doctes; elle est communiquée aux petits comme aux grands. Elle rend témoi

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