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ce soit

pour

nifestement, péchés mortels, puisqu'il y a une société avec le démon. Toutes celles du second genre sont aussi péchés mortels, à l'exception des cas suivants : l'augure et l'auspice sont permis lorsqu'ils ne prédisent que des effets naturels, et qu'il y a une connexion naturelle et physique entre le chant et le vol des oiseaux et l'événement qu'ils annoncent, la pluie, le vent, les tempêtes, etc. En toute autre occasion il y a péché mortel. A l'égard du sort, il faut distinguer: ou c'est un sort de division et de partage, alors il est permis de consulter le sort, pourvu que dans le partage on observe les règles de l'équité, et que éviter des contestations. Ou c'est un sort de consultation pour connoître ce que l'on doit faire, et alors il n'est permis que sous les conditions suivantes : 1.o que ce soit inspiration divine, telle que l'eurent les apôtres dans l'élection de saint Mathias; 2.° qu'il y ait une grande nécessité; 3.o que dans cette nécessité pressante on use d'un grand respect envers la divine majesté que l'on consulte, à l'exemple des apôtres qui prièrent tous ensemble de faire connoître par le sort auquel des des deux il donnoit la préférence. Mais il est très-rare qu'il soit permis d'employer ce moyen pour connoître la volonté de Dieu. Ou enfin, c'est un sort de divination, par lequel on cherche la connoissance d'une chose cachée : il n'est permis dans aucun cas, il est toujours criminel et superstitieux, et suppose un pacte au moins implicite avec le démon.

sources,

par une

Les théologiens sont fort partagés au sujet de la baguette dipinatoire. Tous conviennent qu'il y a de la superstition à s'en servir par manière d'interrogation pour découvrir un voleur, un homicide; plusieurs pensent qu'il y a de la superstition à s'en servir pour trouver un trésor caché, des bornes perdues; mais qu'il peut y avoir des relations entre la baguette et les ou les mines de différents métaux. D'autres au contraire soutiennent qu'il n'est permis en aucun cas de se servir de la baguette divinatoire; que l'usage en est mauvais, ou du moins suspect. Ce dernier sentiment est plus sûr dans la pratique; ces théologiens en donnent des raisons qui paroissent sans réplique. S'il y a, disent-ils, une relation physique entre la baguette et les choses pour lesquelles on s'en sert, elle doit tourner indifféremment et successivement sur les premières choses de ce genre qui se rencontrent sur la chemin de celui qui la

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tient, quelle que soit son intention; parce que l'intention n'a pas lieu dans les opérations physiques. Or, il est constant, par pinion commune, qu'il n'y a que l'intention qui fait tourner la baguette: si l'on cherche une source, elle ne tourne ni sur l'argent, ni sur les pierres; si l'on cherche de l'argent, elle ne tourne pas sur la source; si l'on cherche une borne, elle ne tourne ni sur les autres bornes qui sont en évidence, ni sur les autres pierres qui se trouvent sur le chemin. Mais quelle relation physique peut-il y avoir de plus entre une pierre qu'on cherche, ou celle qu'on ne cherche pas, et la baguette? C'est donc, concluent-ils, l'intention et la volonté de celui qui la tient qui règle son mouvement; c'est donc un sortilége.

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Les songes qui ne sont pas compris dans le premier genre, c'est-à-dire, où le démon n'est pas expressément consulté, sont de différentes espèces. 1.° Il y en a qui viennent de Dieu; les Livres saints en fournissent nombre d'exemples: alors non-seulement il est permis, mais on doit même y ajouter foi; cependant il faut craindre que Satan ne se transforme en ange de lumière. On connoît qu'ils viennent de Dieu, lorsqu'ils proposent un bien évident, et laissent l'âme tranquille, humble et fervente. Mais les confesseurs ne doivent pas aisément s'y laisser prendre. 2.0 Il y en a qui sont naturels, qui viennent du tempérament; par ces songes on peut sans péché juger de la disposition présente du corps. 3.0 Il y en a qu'on appelle moraux, et qui sont produits par les pensées, les conversations du jour' précédent; il est aisé de découvrir, par ces songes, la cause qui les a produits; mais il n'est pas permis d'en rien conclure pour l'avenir. 4.o Il y en a qui viennent du démon, qui, non content de tenter les hommes pendant le jour, travaille encore la nuit à les porter au mal; il n'est pas douteux que ce soit un péché de croire à ces songes.

Quant aux songes qui représentent des choses indifférentes ou ridicules, ou qui portent à faire des recherches vaines et curieuses, c'est un péché d'y ajouter foi; le péché est encore plus grand si, en conséquence d'un tel songe, on en conclut tel événement, parce qu'il est constant que, n'y ayant aucune relation naturelle entre ce songe et l'événement qu'on y attache, il faut que celle qu'on y suppose soit produite par le démon.

3.° De la vaine observance.

Le péché de vaine observance est une superstition par laquelle on se sert de moyens qui n'ont aucune efficace, ni par eux-mêmes, ni l'institution de Dieu ou de l'Eglise, pour produire les effets qu'on en attend; tels que certaines paroles, certains caractères, certains noms, etc.

par

La différence qu'il y a entre la vaine observance et la divination est que cette dernière a pour but la connoissance d'une chose cachée, au lieu que la vaine observance a pour but de produire un effet; par exemple, la guérison.

Saint Thomas (quæst. 96) distingue quatre sortes de vaine observance, à raison de quatre effets différents qu'on peut avoir

en vue.

La première s'appelle art notoire, c'est-à-dire, l'art d'acquérir la science sans travail, sans étude, ou, autrement, d'avoir la science infuse par le moyen du jeûne, de certaines prières, ou en regardant certaines figures, en prononçant certaines paroles bar- . bares et inconnues, et autres semblables moyens aussi frivoles. Cet art notoire est une superstition, dit Saint Thomas, et par conséquent péché mortel. La raison qu'en donne le saint docteur est que par l'art notoire on se sert de ces moyens comme de causes efficientes de la science, lesquels toutefois ne sauroient être tels de leur nature. Ils ne le sont pas plus par l'institution de Dieu ni de l'Église, puisqu'on ne trouve nulle part, ni dans l'Écriture sainte, ni dans la tradition, que Dieu ait donné cette efficace à de tels moyens. Il reste donc que ce sont des moyens vains et inutiles, qui supposent un pacte avec le démon.

La seconde s'appelle observance de santé, par laquelle on se sert de vains remèdes pour guérir les maladies, soit des hommes, soit des animaux. Ces remèdes peuvent être vains en deux manières : 1.o lorsqu'ayant quelque propriété naturelle pour procurer la guérison on y ajoute l'usage de certains caractères, de certains noms, ou de certaines circonstances ridicules; par exemple, l'application de certaines images qu'on appelle astronomiques, ou autrement talismans; la saignée faite le vendredi, l'usage des herbes cueillies la veille de la fête de saint JeanBaptiste; le souffle de vieilles femmes pour guérir les fièvres; l'application de la clef d'une église qui est sous le titre de saint

Pierre, pour guérir ou préserver de la rage; l'affectation de planter le fer dont on s'est blessé dans un arbre de certaine espèce, où sous l'ongle d'un cochon; de lier une branche d'arbre ou un banc pour la plaie qu'on veut guérir; et tant d'autres pratiques superstitieuses qu'on pourra voir dans les auteurs qui ont traité à fond cette question, principalement le P. le Brun, et M. Tiers. Ceux qui ne seront pas à portée de se procurer ces ouvrages pourront juger de toutes les vaines observances par celles que nous avons indiquées, et distinguer celles où il pourroit y avoir un pacte au moins implicite avec le démon.

La troisième s'appelle l'observance des événements. Elle consiste à juger, par un événement fortuit, ce qui doit arriver de bien ou de mal à soi ou à quelqu'autre : par exemple, dire ou penser qu'il arrivera un malheur, parce qu'on s'est blessé contre le seuil de la porte en sortant de la maison, ou parce qu'on a entendu le cri d'un corbeau ou d'une chouette, ou les hurlements d'un chien; ou parce qu'on s'est trouvé treize personnes à table, que le sel s'est répandu sur la table; ou parce qu'on a trouvé deux pailles ou deux couteaux arrangés en forme de croix ; ou parce qu'on a éternué en se chaussant: toutes ces choses et autres semblables peuvent renfermer un pacte avec le démon, dit saint Augustin (lib. 2, de doctr. Christ. ).

Saint Thomas place dans cette troisième observance la distinction des jours, ou des temps, ou des lieux heureux et malheureux. Ainsi, ceux qui changent de place en jouant pour être plus heureux dans l'une que dans l'autre; ceux qui ne veulent pas se mettre en chemin le jour du vendredi; ceux qui ne veulent pas se marier le mercredi, etc. tombent dans la superstition.

Il n'en est pas de même lorsqu'on n'observe les temps que par rapport à des effets purement naturels qui dépendent de l'influence des corps célestes, et qui arrivent selon l'ordre que Dieu a établi dans la nature. Ainsi, ce n'est pas une superstition pour les médecins, les laboureurs, les mariniers, d'observer certains jours, certains mois, certaine lune dans les maladies, dans l'agriculture, dans la navigation, à moins que dans ces observations on ne mêle quelque vaine circonstance qui n'ait aucun rapport avec l'influence des astres.

La quatrième sorte de vaine observance s'appelle observance des choses sacrées, qui est un abus de la parole de Dieu, de la

prière, des reliques, des croix, etc. Il y a abus dans l'usage de ces choses, et superstition, en deux cas :

nerre,

Lorsqu'on les emploie pour opérer des effets qu'elles n'ont point la vertu de produire, ni par elles-mêmes, ni par l'institution de Dieu ou de l'Église, se persuadant néanmoins qu'elles opéreront infailliblement ces effets merveilleux: ainsi, c'est une superstition que de porter sur soi l'Évangile, In principio erat Verbum, ou un morceau du cierge pascal, ou une image du saint suaire, etc., comme préservatifs assurés contre la mort subite, le tonle feu, l'eau; en un mot, contre tout accident fâcheux. 2. Lorsqu'on les emploie avec des circonstances vaines et superstitieuses qui ne peuvent rien ajouter à leur efficace intrinsèque; par exemple, porter sur soi l'évangile ci-dessus, mais écrit de la main d'une certaine personne, un certain jour, sur un certain papier, ou lié d'une certaine façon, persuadé que sans cela il n'auroit aucun effet; comme encore, lorsque pour l'effet de la prière on observe le nombre de fois qu'elle doit être répétée ; par exemple, une année, ou trente jours, ni plus ni moins.

Sur ce principe, les confesseurs doivent défendre à leurs pénitents, et les curés proscrire de leurs paroisses, l'usage superstitieux de tant de prières répandues dans les heures, telles que l'Obsecro te, Domine, l'oraison de trente jours, les sept alégresses, les oraisons de sainte Brigitte, les oraisons du saint suaire, etc. Nous disons l'usage superstitieux; car, si les fidèles récitent ces prières avec dévotion, sans attacher une plus grande infaillibilité à ces prières qu'à d'autres, sans observer aucune circonstance de temps, de nombre, ou de manière de les dire, on peut leur en laisser l'usage, parce que ces prières ne renferment rien de mauvais elles ne deviennent superstitieuses que par les idées qu'on y attache.

4.° De la magie et du malefice.

La magie est un art d'opérer des choses merveilleuses, comme il y a trois manières de les opérer, il y a aussi trois sortes de magies: 1.o la naturelle, 2.o l'artificielle, 3.o la diabolique. La magie naturelle est l'art d'opérer des choses merveilleuses par des causes naturelles et physiques, mais généralement incon nues, ce qui cause la surprise.

La magie artificielle n'est autre chose que l'art d'opérer des

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