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INTRODUCTION.

Les pièces trouvées dans les bureaux

de la liste civile ont paru si importantes à l'Assemblée nationale légis lative, que non seulement elle en a ordonné l'impression et l'envoi aux armées et aux quatre-vingt-trois départemens, mais qu'elle a chargé des commissaires d'en faire l'analyse, de lui en présenter le tableau. On pourrait intituler leur travail : La né» cessité de la journée du 10 août, " vérifiée par les titres mêmes, inven"toriés chez les principaux agens de "la contre-révolution ".

Lorsque l'Assemblée nationale remettait les pouvoirs qu'elle avait reçus, entre les mains du Peuple, et n'en voulait usurper aucun; lorsqu'elle ne suspendait le pouvoir exécu

A

tif dans celles du roi que pour empêcher le dernier attentat à la liberté, elle n'avait pas besoin sans doute de justifier sa conduite. Mais elle devait à la Convention nationale, qui doit juger le grand procès de Louis XVI, toutes les preuves qui s'accumulent contre lui; elle devait au Peuple toutes les lumières propres à l'éclairer sur les grands intérêts qui fixent en ce moment ses regards. C'est à l'instant où il va définitivement organiser la forme de son gouvernement, qu'il importe de lui faire connaître jusqu'à quel point il peut compter sur la fidélité d'un

roi.

Nous transcrivons le rapport de Louis-Jérôme Gohier, fait à l'Assemblée législative le 16 septembre dernier.

Le voile, dit-il, enfin est déchiré : les manœuvres des agens du pouvoir exécutif sont mises au grand jour. L'on

sait maintenant par qui les ennemis intérieurs de l'empire étaient protégés, et qui secondait leurs efforts; on sait qui entretenait des intelligences avec les ennemis extérieurs, et qui encourageait leurs coupables espérances; on sait enfin à qui attribuer tous les maux qui ont désolé les premiers instans de notre Révolution; et pourquoi, au lieu de s'affermir et de se consolider, elle ne marchait plus que d'un pas chancelant et rétrograde.

La générosité d'une nation toujours grande envers celui même qui s'était fait un jeu cruel de trahir ses premiers sermens, n'a pu toucher le cœur de Louis XVI. L'hérédité du trône conservé dans sa famille par une constitution qui anéantit toute transmission de privilége personnel, l'inviolabilité consacrée dans sa personne, une liste civile qui seule équivalait aux revenus de plus d'un État de l'Europe, la dis

tribution de toutes les graces, la nomination à toutes les places importantes; le titre de représentant héréditaire, le fatal pouvoir de paralyser toutes les opérations des représentans élus, tant de prérogatives, toutes plus alarmantes les unes que les autres pour la liberté, n'ont été considérées par celui auquel elles ont été si indiscrètement accordées, que comme les débris d'une puissance échappée de ses mains, et qu'il devait songer à reconquérir.

Louis XVI n'a vu dans la Constitution que les avantages immenses qu'elle lui offrait, et le parti qu'il en pouvait tirer pour venir à ses fins (1); que les moyens qu'il y trouvait pour détruire la Constitution.

Un vaste plan de conjuration a été

(1) Expressions de la lettre de l'ex-ministre Dabancourt.

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