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sée, ce n'est plus de la royauté dont je parle; je laisse au temps à prononcer entre les diverses opinions politiques; mais je ne connais aucun systême de liberté qui ne fût à jamais souillé par un attentat, dont la seule idée fait reculer d'horreur tout homme sensible. Ah! comment ai-je pu seulement approcher ma pensée d'un pareil sujet? Comment ai-je pu le fixer? Il est des sentimens, sans doute, auxquels tous les courages appartiennent. Mais si à l'aspect sculement de la situation d'un prince au comble du malheur, si, à la vue des dangers qui le menacent, on ne pent, saus frémir, s'occuper de sa défense, quels sentimens n'éprouveront pas un jour ceux qui le perséentent avec tant de constance? Tous les repentirs, tous les remords dévoreront leur coeur; et s'ils parvenaient à leur dernière fia, s'ils réussissaient dans leur barbare vou..... O Dieu! tu veilleras sur ce prince, ami de la religion, ami de la morale, sur ce prince, dont l'ame fut toujours ouverte à la miséricorde età la bonté! C'est à genoux que l'Univers t'en prie, adoucis, pour le sauver, et les esprits farouches et les cœurs sans pitié, et mets un terme, enfin, à leur aveuglement. C'est assez de rigueurs, c'est assez de victimes, donne un jour à la consolation de tant de malheureux, donne un jour au repos de l'innocence opprimée, et que ce jour puisse être l'époque du retour d'une grande Nation, aux vertus douces et aux sentimens d'indulgence, à ces qualités généreuses, qui pourront scules lai valoir des hommages récls, et intéresser, de

bonne-foi, les Peuples de la terre à sa liberté et à sa gloire.

CHAPITRE XX VI I.

Opinion du citoyen RISTON, sur le procès du ci-devant roi Louis XVI.

LOUIS XVI peut-il être mis en jugement? Telle est la question, aussi importante que facile à résoudre, qui agite l'Europe entière.

Tous les orateurs qui l'ont traitée jusqu'à présent, se sont tous plus particulièrement attachés à établir que Louis XVI était coupable; tous également dirigés par une passion quelconque, toujours pernicieuse, et condamnable dans un législateur, et dans un juge, se sont emportés au-delà du cercle de la question, et ont conclu, par des faits qui lui sont étrangers, que Louis XVI pouvait être mis en jugement.

Examiner une question avec la détermination fixe d'en appliquer la solution à un individu ou chéri ou haï, c'est le moyen le plus sûr de déraisonner, parce que là où le cœur et la passion dominent, si la raison ne s'éclipse, au moins elle s'affaiblit.

Les orateurs qui ont parlé, disserté et imprimé jusqu'à ce moment, sur ce sujet,

ont été préoccupés des délits qu'on impute à Louis XVI; ils se sont plus attachés à sa personne qu'à la question en elle-même ; c'est par les affections diverses de leurs irritations qu'ils ont écrit, qu'ils ont soutenu avec plus ou moins de véhémence que l'inviolabilité de lapersonne d'un roi constitutionnel, écrite dans la charte nationale, qui est un contrat synallagmatique entre Louis XVIetla Nation française, est contre la justice naturelle, et ne peut être appliqué à aucun des cas où ils le classent. Ils prétendent nous persuader que nous pouvons faire passer au creuset de la variante nature, à l'alambic de leurs besoins passagers et au gré de leurs desirs, de leurs affections et de leurs irritations, nos lois, nos conventions, nos traités, lorsqu'ils s'expliquent impérieusement. N'est-ce pas nous proposer un attentat direct à nos lois, à nos conventions, à nos traités, à notre liberté générale et personnelle? N'est-ce pas nous réduire à l'esclavage des passions les plus déréglées et de tous les vices qui les accompagnent? N'est-ce pas vouloir nous mulcter par des injustices continuelles, et prolonger les scènes de sang et d'horreur des 2 et 3 septembre dernier ? N'est-ce pas enfin nous réduire, non sans honte et sans désespoir, à regretter les règnes de Louis XIV, de Louis XV, et de Louis XVI.

Loin de nous un systême aussi traître, aussi funeste à notre liberté. Il ne nous séduira pas..... Que dis-je? il excite notre indignation! Nous le pardonnons au souvenir des maux que nous avons soufferts et dont

nous étions menacés. Mais plus notre situation a été douloureuse, plus notre état est encore critique, plus nous devons desirer la paix, maintenir nos lois, et animer la justice.

Le principe de la justice, sans laquelle ni 1 s royaumes, ni les républiques ne peuvent subsister long-temps, est l'exécution rigoureuse des lois qui regissent l'ordre de toute société. Si l'on manque à cette exécution rigoureuse; si l'on change, si l'on modifie, si l'on interprète ces lois, après des délits existans, avant ces changemens, ces modifications, ces interprétations, pour les appliquer à ces mêmes délits, on commet une injustice révoltante. Quelques individus, soit par besoin, soit par garement, peuvent bien en être capables; mais une Nation entière ne s'en souillera jamais; et si cette injustice pouvait prévaloir un instant, ce ne serait que quand sa liberté serait enchaîuée, contrainte par des secousses violentes, par une stupeur partielle, qui ne pourraient amener à leur suite que plus d'amour pour la justice, que plus d'énergie pour la soutenir, et que des vengeances plus sanguinaires.

L'injustice a toujours rendu les hommes ennemis les uns des autres, parce qu'elle attaque l'égalité, consacrée par la loi, en attribuant contre la teneur d'une convention positive, à une partie, ce qui ne lui qui ne lui appartient pas, et en enlevant à l'autre ce qui lui appartient.

Le premier gage de la justice est la paix interieure; c'est la source d'où découle la

félicité publique et la prospérité des royaumes et des républiques. Si l'injustice triomphe, ceux qu'elle a opprimés sont en guerre avec les oppresseurs; et ces derniers, devenus plus grands et plus fiers, cherchent encore à s'agrandir par l'iniquité: tolérer dans une société, des hommes qui pu'ssent tout oser qui osent tout, par des secousses violentes, qui justifient tout par des mensonges atroces et qui osent le plus souvent avec succès, c'est leur fournir tous les moyens de déifier l'injustice et leur ouvrir la porte à la tyrannie.

Cette injustice, cette tyrannie sont insupportables, sur-tout quand elles attaquent le contrat primitif, lorsqu'elles interprètent à leur gré nos lois et nos conventions; elles rendent la protection de ces lois, de ces conventions funestes à ceux qui, de bonne-foi, s'y confient; avec le temps, elles ouvrent les yeux aux faibles, elles ne leur laissent que le désespoir; et comme c'est le dernier effort de l'humanité, c'est aussi le plus puissant et le plus redoutable. plus

Jetons les yeux sur tout ce qui nous a environnés; réfléchissons sur les événemens qui se sont succédés; sur ces événemens dont on dénature la cause, et dont nous ne prévoyons pas encore les effets; le systême qu'on préconise, l'injustice, est leur principale cause. Si j'examinais la conduite des courtisans, des ministres de Louis XVI, je ne finirais pas de donner des preuves directes de mes assertions, je pourrais la proposer pour un exemple terrible, à la Convention

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