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Cette belle Nymphe du Tage,
Pour qui nous fifines tant de vœux,
Tient ce miracle de cét âge

Dans les chaînes de fes cheveux :
Les Graces dont elle eft fuivie
La font admirer de l'envie,
Tous les mortels font éblouys
D'y voir tant de flames paroiftre;
Auffi les Dieux l'avoient fait naiftre
Pour Jupiter, ou pour LOUYS.

Roy, dont le pouvoir indomptable
Eft des Loix le ferme fouftien,
Aux mefchans auffi redoutable
Comme agreable aux gens de bien,
Quel Hynine en la bouche des Anges
Pourra celebrer vos louanges;
Si l'Univers dans fa rondeur
N'a rien digne de vos mcrites:
Et fi le Ciel dans fes limités
N'en peut limiter la grandeur ?

Ce Grand HENRY, dont la Memoire A triomphé du monument, Eft maintenant comblé de gloire Sur les voûtes du Firmament, La nuit pour luy n'a plus de voiles, Il marche deffus les eftoiles, Il boit dans la coupe des Dieux, Et voit fous fes pieds les tempeftes Venger fur nos coulpables teftes La jufte colere des Ĉieux.

Mais quoy que ce Roy confidere De tout ce qu'il voit aux deux bouts, ̈

CHANSON DE BERGERS,

A la loüange de la Reyne Mere
du Roy.

PAISSEZue le Ciel nous envoye,

AISSEZ, cheres brebis, jouiffez de la joye,

A la fin fa clemence a pitié de nos pleurs :
Allez dans la campagne, allez dans la prairie;
N'épargnez point les fleurs,

Il en revient affez fous les pas de Marie.
Par elle renaiftra la faifon defirée

De Saturne & de Rhée,

Où le bon-heur rendoit tous nos defirs contens
Et par elle on verra reluire en ce rivage
Un éternel Printemps.

Tel que nous le voyons pareftre en fon vifage.
Nous ne reverrons plus nos campagnes defertes,
Au lieu d'efpics, couvertes

De tant de bataillons l'un à l'autre oppofez:
L'innocence & la paix regneront fur la terre,
Et les dieux appaifez

Oubliront pour jamais l'ufage du tonnerre.
Le foin continuel, dont fon puiffant Genie
Nos affaires manie ,

Rend tousjours leur fuccez conforme à fon defir.
Noftre bonne fortune eft par luy gouvernée,
Et fouffre avec plaisir,

Que de fi belles mains la tiennent enchaînée,

Son bon-heur nous rendra la terre auffi feconde,

Qu'en l'enfance du monde,

A l'heure que le Ciel en eftoit amoureux,
Et jouyrons d'un âge ourdy d'or & de foye,
Où les plus malheureux

Ne verferont jamais que des larmes de joye.
Defia ce grand Soleil diffipant les nuages,
Autheurs de nos orages,

Efpand de tous coftez fa lumiere fi loin,
Que celuy qui le foir fe va coucher dans l'onde,
Voit bien que fans befoin,
Il en fort au matin pour éclairer le monde.
En nos tranquillitez aucune violence
N'interrompt le filence,

Nos troubles pour jamais font par elle amortis,
Depuis les premiers flots de Garonne & de Loire,
Jufqu'à ceux de Thetis,

On n'entend autre bruit que celuy de fa gloire.
La Nymphe de la Seine inceflamment revere
Cefte grande Bergere,

Qui chaffe de fes bords tout fuje&t de foucy
Et pour jouyr long-temps de l'heureuse fortune,
Que l'on poffede icy,

Porte plus lentement fon tribut à Neptune.
Paiffez donc, mes brebis, prenez part aux delices
Dont les deftins propices,

Par un fi beau remede ont guery nos douleurs :
Allez dans la campagne, allez dans la prairie,
N'efpargnez point les fleurs,

Il en revient affez fous les pas de Marie,

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CE

A MONSIEUR

DE RACAN:

EPIGRAMME.

Es Bergers ont fi bien parlé
Que mon efprit les idolatre,
Rome n'a jamais eftalé

Tant d'ornements fur le theatre:
Miraculeux pere des Vers,
Grand RACAN, fais que l'Univers
Puiffe lire une œuvre fi belle :
Donnc-luy ce rare entretien;
Ta gloire ne doit craindre rien
Malherbe & Balzac fon pour elle.

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AUTRE

A LUY-MESME:

Par Monfieur de Sigongne fon Nep veu, & de defunct Monfieur de

Sigongne.

EPIGRAM ME.

Crous rend luy melime fes oracles;
EST ouvrage par qui l'Amour

Fait encore voir à la Cour

Tous les jours de nouveaux miracles.
Il ravit les coeurs & les yeux,
Il fe faict admirer des Dieux,
Et donne de l'amour aux Anges:
Mais parmy tant d'effets divers,
En a-t'il fait de plus cftranges
Que m'avoir fait faire des Vers?

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