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tage; la contraction de la veine s'est formée dans l'intérieur du tube, et l'eau a cessé de couler à plein tuyau. Cela étant, on a refermé exactement l'ouverture qu'on avait faite l'adhésion de l'eau et du tube ne s'est pas reproduite, et le mouvement a continué comme si le tube n'existait pas, de sorte qu'on aurait pu l'enlever ou le rétablir, sans rien changer au mouvement. Cette expérience réussit également quelle que soit la direction du jet; mais il faut avoir soin de ne point agiter l'appareil, car un très-petit mouvement latéral de la veine fluide détermine de nouveau son adhésion avec la paroi déjà mouillée de l'ajutage, et c'est peut-être pour avoir négligé cette précaution, que M. Venturi, à la page 13 de son ouvrage, énonce un résultat qui paraît contraire à celui de M. Hachette.

TROISIÈME PARTIE. Figure de la Veine fluide.

Nous avons peu de chose à dire sur cette troisième partie qui appartient entièrement à la Géométrie descriptive. C'est celle où M. Hachette s'est principalement aidé de deux collaborateurs qu'il s'est adjoints dans tout son travail, M. Girard, dessinateur à l'Ecole Polytechnique, et M. Olivier, ancien élève de cette même Ecole et maintenant officier d'artillerie. On y trouve la description des différentes formes que présente la veine fluide pour certaines figures de l'orifice. Des dessins construits sur une trèsgrande échelle et joints au Mémoire, représentent la courbe de la veine et quelques-unes de ses sections, dont les points ont été relevés par un procédé susceptible d'une exactitude suffisante qu'il serait difficile et superflu d'expliquer.

Nous avons indiqué, dans cette analyse du Mémoire de M. Hachette, la plupart des expériences nouvelles qui lui sont dues, soit sur la contraction de la veine, soit sur le phénomène des ajutages, et nous avons fait connaître la théorie de ce phénomène à laquelle ces expériences l'ont conduit. La Classe a pu voir par cet exposé ce que l'auteur a ajouté aux découvertes de ses prédécesseurs dans cette partie importante de la mécanique des fluides, et elle a pu juger, en même tems, de ce qui lui resterait à faire pour perfectionner le travail qu'il a entrepris. Nous pensons qu'en engageant M. Hachette à continuer ce genre de recherches, la Classe doit approuver son Mémoire et en arrêter l'impression dans le Recueil des Savans Etrangers.

5 Février 1816.

Signé AMPERE, GIRARD et POISSON, Commissaires. La Classe approuve le Rapport et en adopte les conclusions.

CHIMIE.

Du Cyanogène, ou du radical de l'Acide prussique:

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Ce nouveau produit, trouvé par M. Gay-Lussac, est formé d'azote et de carbone; il existe dans une substance connue depuis long-tems, que M. Guyton-Morveau avait nommée acide prussique. A l'époque où l'on adopta cette dénomination, on croyait que tous les acides provenaient nécessairement d'une combinaison de l'oxigène et d'une base acidifiable. Depuis on a mis dans la classe des acides, des substances qui ne contiennent pas d'oxigène ; l'acide pru: sique est de ce nombre. M. Berthollet, en 1787 (Annales de Chimie, t. İ), le regardait comme une combinaison de carbone, d'azote et d'hydrogène. Clouet l'avait obtenu (Annales de Chimie, tome XI, page 30, année 1791) par un procédé, autre que celui décrit par Scheele, dans ses Mémoires (année 1782), et qui confirmait l'opinion de M. Berthollet, puisqu'il consiste à faire passer le gaz ammoniacal sur du charbon incandescent. Clouet avait essayé inutilement de combiner le charbon avec l'un des principes de l'ammoniaque. M. Gay-Lussac a d'abord trouvé, par une analyse exacte, que cent parties en poids d'acide prussique, contiennent ; 1°..... 44,39 de vapeur de carbone. 2o..... 51,71 d'azote.

3°..... 3,90 d'hydrogène.

Total, 100 parties.

La composition de ce gaz s'exprime plus simplement en volumes. Un volume 2 est formé par contraction, d'un volume 2 de vapeur de carbone, d'un volume 1 d'azote et d'un même volume 1 d'hydrogène. Cette composition, conforme à la loi la plus générale et la plus importante de la Chimie moderne, fait voir que la contraction est la moitié des volumes élémentaires; d'où il suit qu'un volume 1 d'acide prussique est composé des volumes de vapeur de carbone, d'hydrogène et d'azote, exprimés par les nombres 1

1

2

et

1

2

Le carbone ne se convertissant pas en vapeur par l'action seule du calorique, on peut demander ce que M. Gay-Lussac entend par vapeur de carbone? Pour répondre à cette question, on considère un volume de gaz acide carbonique comme étant formé de deux volumes, l'un d'oxigène et l'autre de vapeur de carbone, contractés à moitié du volume total. Dans cette hypothèse, on cherche la densité de la vapeur de carbone de la manière suivante : la den

sité de l'air étant 1, celle de l'oxigène est 1,1036, et celle du gaz acide carbonique 1,5196. Ces nombres expriment les poids de ces deux gaz sous un volume pris pour unité. Le poids d'un vo→ lume égal de vapeur de carbone aura donc pour expression (1,5196 1,1036) = 0,416, pesanteur spécifique de cette vapeur. Pour calculer la pesanteur spécifique P de l'acide prussique, il suffira de savoir que celles de l'azote et de l'hydrogène sont exprimées par les nombres 0,9691 et 0,0732 (l'air étant 1),

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nombre qui ne diffère en moins de celui qu'on trouve périence, que d'un centième d'unité.

par l'ex

Pour un autre poids P1, on aurait, comme M. Gay-Lussac,

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M. Gay-Lussac a combiné l'acide prussique avec le potassium, et en a dégagé l'hydrogène; il a obtenu un produit formé du potassium et d'un nouveau radical dont les élémens sont l'azote et le carbone. C'est ce radical qu'il a nommé cyanogène (*), et il désigne ses combinaisons par le mot générique cyanure. On suppose un volume égal de cyanogène formé d'un volume d'azote et de deux volumes égaux de vapeur de carbone, la contraction

1

étant du volume total. Dans cette hypothèse, on a pour sa pesanteur spécifique C,

C=0,9691 + 2(0,416) = 1,8011.

La pesanteur spécifique observée est 1,8064. Cet accord entre le calcul et l'observation sera un des beaux résultats de la Chi

(*) Ce mot veut dire produisant du bleu.

mie moderne. (Voyez le Mémoire de M. Gay-Lussac, sur la combinaison des substances gazeuses, décembre 1809, Nouveau Bulletin de la Société Philomatique, tome I, page 298.)

Le cyanogène, combiné avec l'hydrogène, donne l'acide prussique, du genre des hydracides; on le désigne par ces mots : acide hydro-cyanique.

Cette nomenclature s'applique aux découvertes faites par le même chimiste sur le chlore et l'iode. Le chlore se nommait autrefois acide muriatique oxigéné; on le regarde actuellement comme une substance simple qui, par sa combinaison avec l'hydrogène et l'oxigène, donne les acides muriatique et muriatique sur-oxigéné, ou les acides hydro-chlorique et chlorique. On a de même deux acides qui ont pour base l'iode, savoir les acides iodique et hydriodique.

H. C.

Extrait des Annales de Chimie (tom. 96, novembre 1815, pag. 135); sur la conversion du fer en acier fondu par le diamant.

M. Mushet répéta l'expérience faite à l'Ecole Polytechnique (par MM. Clouet, Welter et Hachette; voyez le tome II de cette Correspondance, page 457, et les Annales de Chimie tome XXXI ou XXXII, année 1799), mais en ayant soin de ne pas y faire entrer le diamant. Les résultats lui donnèrent toujours du bon acier pur, ce qui lui fit penser que nous n'avions pas encore des preuves satisfaisantes ou concluantes sur les changemens du fer en acier, par le moyen seul du diamant. M. Pepys pensa que s'il restait encore quelques doutes, la batterie voltaïque serait, à cet égard, un experimentum crucis, et son génie lui suggéra facilement une manière de l'établir qui fût à l'abri de toute objection. Il recourba un fil de fer pur et doux, en lui faisant faire un coude vers son milieu, et il le divisa longitudinalement dans cet endroit, au moyen d'une scie trèsfine. I mit dans l'ouverture de la poudre de diamant, ayant soin de l'y maintenir par deux fils plus minces, placés l'un audessus, l'autre au-dessous, et qu'il empêcha de se déranger au moyen d'un autre petit fil roulé solidement et exactement autour d'eux. Tous ces fils étaient d'un fer doux très-pur, et la partie qui contenait la poudre de diamant fut enveloppée avec des feuilles minces de talc. L'appareil ainsi préparé fut placé dans le circuit électrique et ayant été bientôt chauffé à rouge, on le maintint dans cet état pendant six minutes. L'ignition avait si peu d'intensité, que la plupart des assistans n'attendaient aucun résultat décisif.

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Cependant M. Pepys ayant ouvert le fil, trouva que le diamant avait disparu; de nombreuses cavités s'étaient formées, pendant la fusion, dans l'intérieur du fer, et toute la partie qui avait été en contact avec le diamant était convertie en un acier vésiculaire et pur. Ce résultat est concluant, car on avait soigneusement évité tout contact de matière charbonneuse, à l'exception du diamant; c'est donc à cette matière seule qu'on peut rapporter le changement survenu dans le fer.

Analyse des travaux de la Classe des Sciences mathématiques et physiques de l'Institut Royal de France, pendant l'année 1815; par M. DELAMBRE, Secrétaire perpétuel.

PARTIE MATHÉMATIQUE ET PHYSIQUE.

M. Delambre donne l'analyse des Mémoires suivans: 1o. Sur le Flux et le Reflux de la mer. Sur l'Application du Calcul des Probabilités à la Philosophie naturelle; par M. Laplace. 2°. Sur le Calcul intégral, cinquième partie; par M. Legendre. (Voyez page 251 de ce volume.)

3° Sur les Lois de la réfraction ordinaire et extraordinaire ; par M. Ampère. (Voyez page 238 de ce volume.)

4°. Sur deux Micromètres propres à mesurer les diamètres du soleil et de la lune; par M. Rochon.

5°. Sur la Distribution de la chaleur dans les corps. Sur la Théorie des Ondes; par M. Poisson. ( Voyez page 243 de ce volume.) 6. Découverte de deux sortes de double Réfraction, attractive et répulsive; par M. Biot. (Voyez page 246 de ce volume.)

7°. Détermination des Lois suivant lesquelles la lumière se polarise à la surface des métaux. Phénomènes de polarisation successive observée dans des Fluides homogènes. Sur une nouvelle espèce d'Anneaux colorés qui s'obtiennent dans les plaques de spath d'Islande, taillées perpendiculairement à l'axe de cristallilisation; par M. Biot.

8°. Sur le mouvement des Fluides dans les tubes capillaires; par M. Girard, inspecteur-général des Ponts et Chaussées. Ce Mémoire contient les tableaux de plus de douze cents expériences, d'où il résulte que dans les tubes capillaires, la température fait varier la vitesse d'écoulement; cette vitesse croît avec la température. 9°. Sur l'Orbite de la planète Vesta, par M. Daussy. (Durée de la révolution sidérale de cette planète, 1335i,205 celle de la Terre étant....

365,256).

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