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J'ai aussi considéré ce qui arrive, dans le rapprochement des deux sphères, aux points les plus éloignés sur leurs surfaces. On trouvera, dans mon Mémoire, des formules qui expriment, pour des distances très-petites, les quantités d'électricité relatives à ces points; elles montrent que l'épaisseur de la couche électrique qui leur correspond, tend vers une limite constante, à mesure que les deux sphères se rapprochent, et que cette limite est l'épaisseur qui aurait lieu aux mêmes points, à l'instant du contact. Ces memes formules font voir en même tems que la quantité qu'elles représentent, converge en général très-lentement vers sa limite; de sorte que, pour des distances extrêmement petites, l'électricité des points les plus éloignés sur les deux surfaces, diffère encore beaucoup de ce qu'elle sera dans le contact ou après l'étincelle ; d'où nous pouvons conclure que l'étincelle, quand elle a lieu à une distance sensible, change la distribution du fluide électrique dans toute l'étendue des deux surfaces, et jusqu'aux points diamétralement opposés à ceux où elle se produit.

Extrait des rapports faits par MM. DELAMBRE EŤ CUVIER, sur les travaux de la Classe des sciences physique et mathématiques, pendant l'année 1813.

Baromètre portatif d'une construction nouvelle; par M.GAY-LUSSAC,

Ce baromètre est à syphon; ce qui le distingue de tous ceux qu'on a connus jusqu'à ce jour, c'est qu'il est entièrement exempt de robinets, de vis ou de pistons. La branche la plus courte est fermée à son extrémité; mais à deux ou trois centimètres audessous de cette extrémité, se trouve un petit trou capillaire qui suffit au libre passage de l'air, mais trop petit pour que le mercure puisse s'échapper, même quand il vient à passer sur cette

Ouverture.

Cette branche est réunie à la plus longue par un tube dont le diamètre intérieur est d'un millimètre environ, et dont la longueur de la courbure est de deux à trois décimètres. Cette disposition a l'avantage que s'il s'engageait de l'air dans la courbure du baromètre pendant le transport, le mercure le chasserait devant lui lorsqu'on renverserait l'instrument, ce qui n'aurait pas lieu si le tube était plus large.

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On a vu (Correspondance, tom. 2, pag. 289) comment, en accélérant l'évaporation par le vide et par la présence d'un corps très-absorbant, M. Leslie d'Edimbourg était parvenu à faire congeler l'eau en toute saison. Ce physicien a imaginé depuis un appareil qui a été montré à la classe par M. Pictet, et où l'on peut volonté, et instantanément, faire congeler l'eau ou lui rendre sa liquidité. Pour cet effet, on place de l'eau sous la cloche pneumatique, dans un vase dont le couvercle se lève ou s'abaisse au moyen d'une tige qui traverse le haut de la cloche; lorsqu'on découvre cette eau, cédant à l'action des causes qui la vaporisent, elle se gèle, et, quand on la recouvre, la chaleur environnante la rend en peu d'instans à son premier état.

Notre confrère M. Gay-Lussac, qui a répété devant la classe. l'expérience de M Leslie, a rappelé un fait bien connu, qui rentre dans le même ordre; c'est le froid qui se produit dans certaines machines d'où on laisse échapper de l'air condense; il a prouvé qu'en toute saison il suffit que l'air ait été condensé du double pour donner de la glace; et il croit qu'on pourrait s'en procurer aisément ainsi dans les pays chauds, en condensant l'air au moyen d'une chûte d'eau.

On peut, en employant des corps plus évaporables que l'eau, arriver à des degrés de froid véritablement étonnans, et à faire geler non-seulement le vif-argent, mais l'esprit-de-vin le plus pur; c'est à quoi est parvenu M. Hutton, d'Edimbourg, qui a remarqué à cette occasion que, dans l'alcool le plus rectifié, la congélation séparait encore des matières assez différentes. M. Configliacchi, professeur à Pavie, a congelé le mercure par la seule evaporation de l'eau. Nous devons également la première communication de ces expériences à M. Pictet.

On croyait que cette pression de l'air, dont l'influence est si puissante pour retarder l'évaporation des liquides, retardait aussi la dissolution des sels, ou, ce qui revient au même, accélérait leur cristallisation quand ils étaient dissous; et en effet, une dissolution saturée de sel de glauber, ou sulfate de soude qui conserve sa liquidité quand elle refroidit dans le vide, cristallise aussitôt qu'on lui donne de l'air; mais M. Gay-Lussac s'est assuré qu'il s'en faut de beaucoup qu'il en arrive autant à tous les sels, et que même, pour le sulfate de soude, le phénomène ne tient point à la cause qu'on alléguait. Quand on intercepte le contact de l'air par une couche d'huile, par exemple, la cristallisation se retarde comme lorsqu'on supprime sa pression en faisant le vide; tandis qu'au contraire la pression d'une colonne de mercure

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n'accélère en rien cette cristallisation. Une dissolution qui traverse du mercure dont l'air a été chassé par l'ébullition, ne cristallise point, et si elle traverse du mercure ordinaire, elle se prend aussitôt. Des secousses l'introduction d'un petit cristal, et beaucoup d'autres causes, déterminent la cristallisation, quelle que soit la pression. Ainsi, M. Gay-Lussac conclut que ce n'est point par şa pression que l'air diminue le pouvoir dissolvant de l'eau. Il s'est assuré aussi que ce n'est point en absorbant de l'air que l'eau perd de ce pouvoir; mais il pense que c'est un phénomène plus ou moins analogue a celui de l'eau pure, qui, comme on sait reste liquide à quelques degrès au-dessous de son vrai point de congélation, toutes les fois que l'on peut empêcher qu'elle ne soit agitée, et qui se prend aussitôt qu'on lui imprime le plus léger choc.

Substance nouvelle, découverte

par M. COURTOIS.

MM, Clément et Desormes ont montré cette substance à la classe, et M. Gay-Lussac a fait sur elle des expériences instructives. On la retire des eaux mères de la soude du vareck par l'acide sulfurique et la distillation. Refroidie et condensée, elle a le grenu, le brillant et la couleur grisâtre de la plombagine. Tant qu'elle n'a pas été pnrifiée, elle se fond à soixante-dix degrés de chaleur; mais quand on l'a purifiée en la dissolvant en excès par la polasse, et en la distillant, elle ne fond qu'à une `chaleur beaucoup plus forte. Sa propriété la plus frappante est de s'élever en une vapeur, ou plutôt en un gaz du plus beau violet, parfaitement homogène et transparent.

1..

Nouveau Traité de chimie.

M. Thenard a fait paraître le premier volume d'un Traité élémentaire de Chimie, où cette science qui fait journellement tant de progrès, et à qui M. Thenard lui-même en a fait faire de si grands, se trouve exposée dans son état du moment. L'auteur y range les faits d'après le degré de simplicité des corps auxquels ils appartiennent. Après y avoir parlé des agens impondérables, il traite de l'oxigène et de la théorie de la combustion, et passe ensuite aux corps combustibles, à leurs combinaisons entre eux, et à celles qu'ils contractent un à un avec l'oxigène. Ces dernières se divisent, selon leurs propriétés, en oxides et en acides, et les acides fluorique et muriatique y sont rangés d'après les idées ordinaires qui en font des corps oxigénés. C'est eux que s'arrête cette première partie d'un ouvrage que la marche rapide de la science a rendu nécessaire sitôt après d'autres bons ouvrages sur le même sujet, et dont on ne peut que desirer vivement la prompte terminaison. (Fin de lexirait. }

Note sur la polarisation de la lumière électrique ; par M. HACHETTE,

Un corps faiblement électrisé ne présente aucun phénomène lumineux; en augmentant la tension du fluide électrique sur ce. même corps, la lumière devient sensible. Cette lumière est-elle un élément particulier du fluide électrique, ou le fluide électrique même ? ne diffère-t-elle pas de la lumière émanée du soleil, ou n'en est-elle qu'une modification?

Cette question est restée jusqu'à présent indécise. On lit dans l'Histoire de l'électricité, de Priesteley, le passage suivant; (Tra➡ duction française de 1711, tom. III, pag. 448.)

Observations sur les couleurs de la lumière électrique.

Voyant que plusieurs électriciens ont avancé dans leurs écrits que la lumière électrique ne contenait pas les couleurs prismatiques, j'eus la curiosité d'essayer un fait si extraordinaire, et aussitôt je m'aperçus de l'illusion de l'expérience que l'on avait faite la première fois, et de la cause de cette illusion. En tenant un prisme devant mes yeux, tandis que l'on tirait des étincelles électriques au principal conducteur, je remarquai d'aussi belles couleurs prismatiques que puisse en donner l'image du soleil; mais quand la lumière fut un peu étendue, comme dans les parties rouges et pourpres d'une longue étincelle, ces couleurs ne furent plus si vives, et on les distingua moins facilement les unes des autres, et quand la lumière fut encore plus étendue, comme dans le vide, le prisme ne fit aucun changement sensible dans son apparence (*). C'est ainsi que la partie du milieu d'un grand objet quelconque, paraît au travers d'un prisme de sa couleur naturelle; car quoique les rayons soient réellement séparés, ils sont sur-le-champ confondus avec d'autres, qui viennent de différentes parties du même objet; de sorte qu'il en doit nécessairement résulter sa couleur naturelle.

Comme les flammes de différens corps donnent les couleurs prismatiques, dans des proportions très-différentes, j'ai souvent essayé d'entreprendre de déterminer la proportion de ces couleurs dans la lumière électrique, et de la comparer avec la proportion des couleurs, venant de la lumière qu'on pourrait se procurer de différentes autres manières. Cela déterminerait peut-être ce que c'est

Ce changement est au moins aussi sensible dans le vide que dans l'air.

que cette matière hétérogène, qui est mise en action par le passage rapide du fluide électrique, et qui est la cause de la lumière, de l'odeur, et des autres qualités sensibles de l'électricité.

Le traducteur ajoute la note suivante, relative à cette dernière phrase; « ce n'est point une matière hétérogène, mise en action par le fluide électrique qui produit la lumière; c'est le fluide électrique lui-même, qui s'enflamme par le choc de ses propres rayons. A l'égard de l'odeur, elle est produite par une matière jusqu'à présent inconnue. »

Dans un Mémoire de Wollaston sur la réfraction et la dispersion de la lumière, imprimé dans les Transactions philosophiques, année 1802, on lit le passage suivant: « En regardant une ligne bleue de la lumière électrique, j'ai trouvé que le spectre etait aussi séparé en plusieurs images; mais les phénomènes diffèrent un peu des précédens. Il serait inutile de s'attacher à décrire en détail les apparences qui varient suivant l'éclat de la lumière: je n'entreprendrai point de les expliquer.» (Voyez Annales de chimie, tom. XLVI, pag. 61. )

En 1805, M. Biot a émis cette opinion très-ingénieuse, que la lumière électrique lui paraissait le simple résultat de la compression que l'air et les vapeurs éprouvent, quand elles sont traversées par l'électricité. (Voyez les Annales de chimie, 21 mars 1803, tom. Lill, pag. 321; et la Physique mécanique de Fischer, 2o. édition, note de la pag. 247.) Pour admettre cette opinion, il faut supposer que lorsque l'air ou les vapeurs sont très-rares, comme dans le vide des bonnes machines preumatiques, ou du tube barométrique ; le niême volume de gaz devient une source de lumière, en prenant aux corps environnans du calorique, et en transformant ce calorique en lumière; ce qui n'est pas encore démontré, et d'ailleurs, ne s'accorde pas avec les expériences de M. de Saissy, qui semblent prouver que le gaz oxigène est le seul gaz qui devienne lumineux par compression.

En novembre 1812, je répėtai les expériences de Priesteley et de Wollaston, dont je n'avais pas alors connaissance, et j'y ajoutai ce fait que j'ai communiqué à la Classe des sciences physiques, que la lumière électrique se polarise sous le même angle que la lumière solaire; ce qui paraît confirmer que ces deux lumieres sont identiques, ou qu'elles ne différent entre elles que par de légères modifications.

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