Page images
PDF
EPUB

pouvait être pour l'homme, quoique toujours par sa faute, un prétexte ou une occasion d'aimer Dieu d'un amour moins pur, de s'aimer soi-même d'un amour moins sage, d'aimer ses semblables d'un amour moins universel, moins sincère et moins actif. 2.0 Il a expliqué dans un plus grand détail que Moïse n'avait fait, les obligations que nous impose dans la pratique l'amour de Dieu, l'amour de nous-mêmes et l'amour de nos semblables: enfin il s'est appliqué avec un soin particulier à montrer à l'homme, soit par ses préceptes, soit par ses conseils, les moyens. de conserver et de perfectionner en luimême ces trois amours. C'est sous ces rapports que la loi de Jesus-Christ est une loi nouvelle, quoiqu'elle soit aussi ancienne que le monde. C'est en ce sens qu'elle est une loi différente que celle de Moïse, quoiqu'elle soit la même ; parce qu'elle est, pár rapport à la loi de Moise, ce qu'un tableau achevé et auquel le peintre a mis la dernière main, est par rapport à une excellente ébauche. Ce que Jesus-Christ a voulu nous faire entendre quand il a dit : (Saint Matthieu, chap. 5, v. 17.) « Je ne suis pas venu pour détruire » la loi, mais pour l'accomplir, c'est-à» dire, pour lui donner la dernière per>> fection. >>

Gardons-nous bien cependant, mon

cher Théotime, de conclure de - là que la loi que Dieu donna autrefois au peuple Juif, par le ministère de Moïse, n'était pas bonne; ce serait un blasphème. La loi de Moïse était telle qu'elle devait être, eu égard au caractère et aux besoins du peuple Juif, et aux desseins que Dieu avait sur ce peuple, comme il serait facile de le démontrer. Cette loi avait donc toute la perfection qu'elle devait avoir dans la circonstance où elle fut donnée, et par conséquent elle était véritablement digne de Dieu, qui doit principalement montrer sa sagesse, en proportionnant les moyens qu'il emploie à la fin qu'il se propose, et en donnant à ses ouvrages cette beauté d'ensemble qui consiste dans le juste rapport que les parties ont avec le tout. La loi que Dieu donna autrefois au peuple Juif, par le ministère de Moïse, était donc parfaite; mais celle qu'il a donnée depuis à tous les peuples, par le ministère de Jesus-Christ, son Fils unique est plus parfaite dans le sens que nous avons dit. C'est, Théotime, ce que je vais tâcher de vous faire comprendre, en vous exposant la doctrine de Jesus-Christ touchant les trois amours dont nous avons parlé, et qui sont, comme nous avons dit, le fond de la Religion.

[ocr errors]

ARTICLE IL

Caractères de l'amour de Dieu, selon la Loi de Jesus-Christ.

L'AMOUR 'AMOUR que Jesus-Christ nous ordonne d'avoir pour Dieu, répond à l'idée que la raison et la foi nous donnent de la suprême excellence de ce premier Etre, et des rapports que nous avons avec lui. « Ecoutez, Israël, le Seigneur votre Dieu » est le seul Dieu, et vous aimerez le Sei» gneur votre Dieu, de tout votre cœur » de toute votre ame, de tout votre esprit » et de toutes vos forces. » Vous aimerez Le Seigneur. L'homme doit aimer Dieu premièrement et principalement pour luimême, et parce qu'il est Dieu, c'est-àdire, à cause de Pexcellence infinie de son être; et, pour me servir des termes de votre Catéchisme, parce qu'il est infiniment bon et aimable en lui-même. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu. L'homme doit aimer Dieu, parce qu'il est son Dieu, c'est-à-dire, parce que Dieu l'a créé, parce que Dieu l'a comblé de biens, parce que Dieu est le bien dont il doit jouir pendant toute l'éternité. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, de tout votre cœur, de tout votre esprit, de toute votre ame. L'homme doit se consacrer tout entier à l'amour de Dieu. Cet amour doit être en lui l'amour

dominant, qui l'emporte sur tout autre amour, et qui règne sur toutes ses puissances; en sorte que Dieu soit au-dessus de tout dans l'estime de l'homme et dans son affection. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de toutes vos forces. L'homme doit aimer Dieu d'un amour agissant, qui se manifeste au-dehors et produise des fruits par les bonnes œuvres. L'homme rapportera donc à Dieu tout ce qu'il a, tout ce qu'il est, et tout ce qu'il fait ; il sera fidelle à sa loi, soumis aux ordres de sa Providence, docile à ses inspirations toujours prêt à tout entreprendre et à tout sacrifier pour lui.

L'amour que l'homme doit à Dieu, est un amour digne de cet Etre suprême ; c'est donc un amour par lequel il aime Dieu, pour Dieu même, sinon uniquement et exclusivement, du moins premièrement et principalement d'où il suit que cet amour doit être un amour noble et généreux, qui ne dépende en rien des avantages de la fortune; qui se soutienne dans le dénuement le plus universel, comme dans l'abondance; qui rende le Chrétien toujours prêt à recevoir de la main de Dieu, avec une soumission parfaite, la pauvreté et les richesses, les prospérités et les adversités de la vie présente.

L'amour que l'homme doit à Dieu, est un amour digne de cet Etre suprême, et ·

par conséquent un amour ferme, constant, inébranlable, capable de soutenir les plus terribles épreuves. C'est l'idée qu'en donne Jesus-Christ, par ces paroles: (Saint Lue, ch. 14, V. 26.) «Si quelqu'un vient à » moi, et ne hait pas son père et sa mère, » sa femme, ses enfans, ses frères et ses » sœurs, et même sa propre vie, il ne peut » être mon Disciple. >>

L'amour que l'homme doit à Dieu, est un amour digne de cet Etre suprême, et par conséquent un amour de zèle. Celui qui a cet amour dans le cœur, doit être animé d'une sainte passion pour la gloire de Dieu. Son grand intérêt, en ce monde, c'est celui de Dieu. L'unique but de ses travaux et de ses bonnes œuvres, sera de procurer la gloire de Dieu. Il fera consister tout son bonheur à être, s'il le faut, la victime de sa fidélité à Dieu. C'est ce que Jesus-Christ nous enseigne par ces paroles (Saint Matthieu, ch. 5, v. 16.) << Que votre lumière luise devant les hom»mes, afin que voyant vos bonnes œuvres, »ils glorifient votre Père qui est dans le » Ciel. » Et par ces autres: (S. Matthieu, ch. 5, v. 11.) « Vous serez bienheureux, » lorsque les hommes vous chargeront » d'injures, qu'ils vous persécuteront, et » qu'à cause de moi ils diront faussement > toute sorte de mal contre vous. Réjouis» sez-vous alors, et tressaillez de joie,

« PreviousContinue »