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paient encore une partie du territoire helvétique. Il fit assurer à la nation qu'il lui laisserait les mains absolument libres pour se donner la constitution qui lui plairait davantage, ajoutant cependant qu'elle devait être fondée sur l'unité; qu'alors la France coopérerait volontiers à son introduction. Une nouvelle constitution fut préparée et concertée avec la France. L'article 1er portait que la République helvétique était un état indivis. Deux landammans alternant tous les ans, un sénat de vingt-cinq membres, une diète de quatre-vingts, formaient le gou vernement central. Les cantons choisissaient leurs administrations particulières. Les députés helvétiques Glaize et Rennegger rapportèrent de Paris cette constitution, et la firent publier le 29 mai, pour être soumise à la sanction d'une première diète. Alors éclatèrent les plus vives oppositions, surtout à Berne et dans les trois plus anciens cantons. L'esprit de parti se manifesta avec véhémence dans diverses diètes cantonales, qui précédèrent l'ouverture de la diète générale. L'Europe se taisait; les Suisses mettaient tout leur espoir dans la France. Le premier Consul refusa d'intervenir dans ces débats, rappela ses troupes, excepté quatre mille hommes que demandèrent les autorités locales, et répondit aux Suisses: « Souvenez-vous seulement du courage et des vertus de vos pères. Ayez une organisation simple, comme leurs moetirs. Songez à ces religions, à ces langues différentes, qui ont leurs limites marquées ; à ces vallées, à ces montagnes qui vous séparent,

à tant de souvenirs attachés à ces bornes naturelles ; et qu'il reste de tout cela une empreinte dans votre organisation. Surtout, pour l'exemple des peuples de l'Europe, conservez la liberté et l'égalité à cette nation qui leur a, la première, appris à être libres et indépendans ». Ces conseils furent froidement écoutés. L'Helvétie resta sans pilote au milieu des orages; le premier Consul ne voulut pas, en s'occupant d'elle, compliquer encore plus les négocia tions ouvertes avec l'Angleterre.

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naires avec la Porte. Première session du Corps-Législatif.

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Discussion sur le traité de paix avec la Russie; prorogation de la peine de mort. - Projet de loi sur le rétablissement de la marque. Rejet des premiers projets de loi du Code civil. Nouvelle constitution de la République batave. → Consulta de Lyon. Constitution de la République de Lucques.

Ainsi que les autres anniversaires de la fondation de la République, le 1er vendémiaire an x fut pompeusement célébré. Des exercices de natation sur la Seine, entre le pont des Tuileries et celui de la Concorde; des jeux scéniques et des amusemens de toute espèce aux Champs-Élysées, parmi lesquels on remarqua une grande pantomime à machines exécutée par un nombre prodigieux de danseurs ; un superbe concert, donné dans le temple de la Paix; de magnifiques illuminations: tout ce spectacle n'avait plus d'analogie avec l'objet de l'anniversaire; mais s'il ne rappelait pas au peuple la conquête de la liberté, du moins n'avait-il rien qui pût blesser sa dignité, ni l'avilir.

La fête fut précédée de l'exposition des pro

duits de l'industrie dans la cour du Louvre, sous cent portiques construits exprès. Malgré le peu de temps qui s'était écoulé depuis qu'elle avait été annoncée aux fabricans, on y remarqua une grande émulation, et plus de quatre cents produits différens. Pendant plusieurs jours, ce spectacle attira la foule dans ce palais, habituellement solitaire. Le public se complaisait à voir étaler à ses yeux des choses dont en général il ne connaissait pas l'origine. Ses éloges et son admiration étaient déjà une récompense pour les fabricans les plus distingués, auxquels le gouvernement distribuait des encouragemens.

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Les Consuls visitèrent l'exposition dans le plus grand détail. Le ministre de l'intérieur leur présenta les membres du jury, et les fabricans et artistes jugés dignes des prix, qui consistaient en médailles d'or et d'argent. Le premier Consul s'entretint avec eux sur la quantité et les prix de leurs produits, sur l'extension qu'ils espéraient donner à leur fabrication, sur le nombre d'ouvriers qu'ils employaient, etc. Il espérait que l'exposition prochaine serait aussi supérieure à celle de cette année, que celle-ci l'était à l'exposition de l'an vi; qu'on y ver. rait les chefs-d'oeuvre des manufactures de Lyon et des villes du Midi, qui n'avaient rien envoyé, parce que le projet d'exposition leur avait été connu trop tard. Il ajouta que son intention était qu'à l'avenir l'époque de l'exposition fût celle d'une foire qui deviendrait un centre d'affaires, et dans laquelle

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les artistes et les fabricans recueilleraient le fruit de leurs efforts et de leurs succès, lorsque les acheteurs trouveraient réunis des produits supérieurs et des prix modérés. Les artistes et les fabricans qui obtinrent des médailles d'or furent invités à dîner avec le premier Consul,

Le but de l'exposition était moins de présenter un pompenx étalage de chefs-d'oeuvre, que d'offrir la réunion et le tableau de tous les objets qui se fabriquaient en France. Il ne s'agissait pas de tours de force, fruits ordinaires d'une patience stérile ou d'une adresse minutieuse. Le gouvernement ne considérait que les résultats d'une fabrication habituelle; il jugeait de l'importance d'une manufacture par T'utilité, la quantité et le prix de ses produits; le drap grossier de Lodève, les serges du Gévaudan étaient pour lui, et pour le commerce en général, du même intérêt que les beaux draps de Sedan et de Louviers. La poterie la plus grossière, si elle était bonne et à bas prix, avait le même mérite à ses yeux que la porcelaine de Sèvres.

Chaque genre de fabrication ayant une destination particulière, chaque objet son caractère et son degré de perfection, chaque produit un prix marqué par le commerce qu'il ne pouvait pas dépasser, celui-là seul avait atteint le but, qui avait su propor tionner la qualité et le prix de son produit à l'usage auquel il était destiné, au goût et à la fortune du consommateur. L'intention du gouvernement était donc de réunir l'ensemble de tous les produits des

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