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toient publiquement de Parlementaire. Dans la bouche des Ligueurs & de leurs éleves, ce terme étoit fynonime avec celui d'hérétique. « Car, dit M. Baillet, depuis que le Roi avoit abjuré le Calvinisme & reçu l'absolution du Pape, la grande héréfie du temps n'étoit plus de fe déclarer Huguenot ; mais de ne point adhérer aux prétentions de la Cour de Rome, qui avoit une infinité d'émiffaires dans le Clergé de France, & principalement dans les Maisons Religieuses du Roïaume. >>

IV.

VIII.

la Puiffan

Richer ne fongeant qu'à refpirer des peines & des travaux que lui avoit couté la Commenréformation de l'Univerfité, se renferma cemens des dans fon Collége, pour y donner à l'étude difputes fur de l'Antiquité Eccléfiaftique, tout le temps ce Eccléqui lui reftoit après avoir rempli tous les devoirs de Grand-Maître. C'étoit en 1604. féculiere, fiaftique & C'est à cette même année que l'on doit rapporter l'origine des troubles excités en Sorbonne au fujet de la Puiffance Eccléfiaftique & féculiere. Les Libraires de Paris, qui avoient formé une société, pour donner au Public une nouvelle édition de tous les Ouvrages des Peres & des Auteurs Eccléfiaftiques les plus célebres, avoient engagé Richer à revoir ceux de Gerfon. Dans ces circonftances la République de Venife excommuniée par le Pape Paul V, fe fervoit de l'autorité de Gerfon pour faire fentir l'irrégularité de cette excommunication. Elle fit publier deux Traités de ce grand homme, qui déplurent fort à la Cour de Rome. Le Cardinal Bellarmin y répondit auffi tôt en

langue vulgaire ; mais il le fit d'une maniere fi injurieufe à la mémoire de Gerson & à la doctrine de l'Eglife Gallicane, qu'il choqua les plus favans Docteurs de Sorbonne, tous les Magiftrats du Parlement de Paris & les plus habiles Jurifconfultes. C'eft ce qui fiz naître à Richer la pensée de bien faire connoître quelle avoit toujours été la doctrine de la Sorbonne & de l'Univerfité de Paris, touchant l'autorité du Pape & du Concile général. Tandis que les Théologiens de Venife étoient occupés à repouffer Bellarmin, Richer confeilla aux Libraires de Paris d'imprimer à la fin des Œuvres de Gerfon, les Ecrits de ceux qui avoient confervé & enfeigné la vraie doctrine.

IX. Dans le même temps, Maffé Barberin, Intrigues Nonce du Pape en France, & depuis Pape du Nonce fous le nom d'Urbain VIII, cherchoit dans pour éta- la Faculté de Paris des Théologiens qui voublir en France les luffent écrire fur la puiffance du Pape contre

maximes

les Venitiens. Il fe fervoit du Docteur André ultramon- Duval pour découvrir quelqu'un qui fût dans taines. Ri- cette difpofition. Duval étoit entiérement cher fait dévoué à la Cour de Rome, & plein de toul'Apologie tes les plus frivoles fubtilités de la scolasticontre Bel que. Quoiqu'il fût fort peu versé dans l'étude contre Bel des Peres & de l'Antiquité Eccléfiaftique, il

de Gerfon

larmin.

avoit été choisi avec Philippes de Gamaches pour être premier Profeffeur Roïal en Théologie pofitive en 1598, auffi-tôt après l'inftitution de ces deux chaires faite par Henri IV. Duval donna avis au Nonce de la nouvelle édition des Euvres de Gerfon, comme d'une chofe plus préjudiciable encore à l'autorité du Pape, que tout ce que l'on pourroit écrire en faveur des Théologiens de Venik,

Le Nonce alla fur le champ vifiter le Chancelier Brulart de Silleri, de qui il obtint qu'on n'expoferoit pas en vente les Ouvrages de Gerfon pendant toute cette année 1606.

Richer touché de cette foibleffe du Chancelier, & plus encore de l'affront que l'on faifoit à Gerfon & à toute l'Eglife Gallicane, dont il avoit été un des plus grands ornemens, réfolut de réfuter l'Ecrit du Cardinal Bellarmin, & de faire l'Apologie de Gerson. Il s'appliqua beaucoup plus à développer les fophifmes de ce Cardinal, qu'à repouffer fes injures. Joignant toujours la modération des paroles à la force des raifons, il fit voir que la doctrine de Gerfon & de l'Eglife Gallicane touchant la puiffance du Pape, étoit autorifée par le droit naturel & divin, par la Tradition ancienne de toute l'Eglife, par un ufage fuivi & conftant des huit premiers Conciles généraux, & qu'elle avoit été depuis pleinement rétablie par celui de Conftance. Il prouva qu'on ne pouvoit plus diffimuler une vérité i claire, fans être ou trèsignorant, ou très-paffionné pour les injuftes préventions de la Cour de Rome.

Duval eut quelque foupçon du dessein de Richer, & fit part au Nonce de fes conjectures. Celui-ci, qui avoit été créé Cardinal depuis peu de jours, chargea Duval d'engager Richer de fa part à venir fe purger du foupçon que l'on avoit contre lui. On étoit alors dans les réjouiffances publiques de la cérémonie du Baptême du Dauphin, & Richer ne voulut point faire d'éclat dans de pareilles circonftances. Il alla donc voir le nouveau Cardinal à l'hôtel de Cluni rue des Mathurins, où les Nonces avoient coutume de

X.

loger afin de veiller de plus près fur la Sor bonne. 11 prit des détours, pour lui ôter le foupçon qu'on lui avoit donné. Le Nonce n'infifta pas, & Richer continua fon Ouvrage, mais fans deffein de le publier alors par refpect pour le Cardinal Barberin. Il le communiqua à fon ami intime Nicolas le Fevre, qui fut depuis Précepteur de Louis XIII. Une infidélité que d'autres firent à le Fevre, qui leur en avoit montré le plan, fut cause qu'on l'imprima l'année fuivante en Italie, mais d'une maniere fi défectueufe, que l'Auteur eut honte de le reconnoître en cet état. L'accommodement des Venitiens avec Rome lui fit naître la pensée d'abandonner cet Ouvrage; mais quatre ans après, lorfque toute la France pleuroit la perte de fon Roi, Bellarmin aiant ofé publier un nouveau Livre, où il fembloit approuver ouvertement le crime de Ravaillac, Richer réfolut de mettre la derniere main à fon Apologie de Gerfon. L'engagement où il fe vit enfuite de donner fon Ecrit de la Puiffance Eccléfiaftique & politique, qui n'étoit qu'un extrait de cette Apologie, fut caufe qu'il en différa la publication. Ce grand Ouvrage demeura enfeveli avec les autres manufcrits de Richer, jusqu'à ce qu'on le fit imprimer en Hollande longtemps après la mort.

V.

Quoique Barberin für fort jaloux des préRicher eft tentions de la Cour Romaine, il n'emploïoit élu Syndic ni les artifices ni la violence, pour détruire de la Facul- la doctrine oppofée à celle qu'il vouloit faire té de Théo- recevoir. Mais Ubaldin qui lui fuccéda en logie, 1607 dans la Nonciature de France, n'avoir

ni la même modération, ni la même équité. Il avoit pour Auditeur un homme hardi & turbulent nommé Scappi. Celui-ci profitant du voifinage de la Sorbonne, troubloit la Faculté par fes intrigues continuelles. Le Nonce, qui appuïoit fon Auditeur, agiffoit de fon côté, pour engager les principaux du Clergé à foutenir ce qu'il appelloit la puiffance du Pape. Il fe fervoit du Docteur Duval pour faire réuffir fes deffeins; mais il trouva un puiffant obftacle dans l'élévation de Richer au Syndicat de Sorbonne. Il y avoit plus de deux ans qu'il ne fe trouvoit plus aux Affemblées, pour donner plus de temps à fes études particulieres. Le 2 Janvier 1608 il fut élu d'un confentement unanime de tous les Docteurs, pour être Syndic en la place de Rolland Hebert, Curé de S. Côme, qui fut depuis Archevêque de Tours, & qui avoit déclaré en quittant le Syndicat, qu'il ne connoiffoit aucun Docteur plus capable de l'exercer dignement, que le Grand-Maître du Collége du Cardinal le Moine. Richer fort furpris qu'on eût pensé à lui, déclara dans l'Affemblée du 15 du même mois, qu'il ne pouvoit accepter le Syndicat, à moins que tous les Docteurs ne promiffent de travailler avec lui à rétablir l'ancienne difcipline de la Faculté. On le promit tout d'une voix, & on le remercia da zele fi pur qu'il témoignoit.

XI. Il empêche qu'on

Il commença les fonctions de fon Syndicat par revoir tous les regiftres de la Faculté qui étoient enfevelis dans la pouffiere & ne foutienmangés des vers. Il les mit en ordre, & fit ne dans les des fupplémens à tout ce qu'il y avoit de dé- Thefes rien fectueux. Il s'appliqua en même-temps à dé- de contraicouvrir toutes les intrigues de l'Auditeur du re aux Li

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