Suite de l'Eglife de France. Regne de I. Ouis XIV né à S. Germain-en-Laie le Louis XIV L jule de Septembre 1638, n'avoit que quatre déclare fa ans huit mois & neuf jours, lorfqu'il comMere Ré-mença à regner, étant parvenu à la Couronne le 14 Mai 1643. Dès le lendemain de Roïaume. la mort du Roi fon pere, la Reine Anne gente du d'Autriche fa mere l'amena de S. Germainen-Laie à Paris. Le Lundi fuivant il tint fon lit de juftice au Parlement, qui fut contraint de rendre un Arrêt folemnel, par lequel la Reine fut déclarée feule Régente, avec plein pouvoir de fe choifir tels Miniftres qu'elle jugeroit à propos; ce qui étoit contre la difpofition teftamentaire du feu Roi, qui avoit nommé le Duc d'Orléans Chef du Confeil de la nouvelle Régence, avec le Prince de Condé, le Cardinal Mazarin, le Chancelier Seguier, & le Sur-intendant des Finances Bouthillier. La Reine s'étant laiffée prévenir contre l'Evêque de Beauvais Auguftin Potier, lui ôta la confiance, pour la donner toute entiere au Cardinal Mazarin. Celui-ci feignit de vouloir fe retirer en Italie; mais c'étoit afin de fe faire rechercher davantage. Sa rufe lui réuffit, & la Reine s'eftima heureufe de ce qu'il vouloit bien fe charger de la direction des affaires. Comme ce Cardinal a joué un très-grand rôle sous la Minorité de Louis XIV, il eft à propos de faire connoître en peu de mots fes commen cemens. II. Cardinal Mazarin. Jules Mazarin ou Mazarini nâquit dans le Bourg de Pifcina dans l'Abruzze en 1602. CommenDès fon jeune âge il fit paroître beaucoup emens du d'efprit, & étudia les Lettres, de la maniere dont on le faifoit en Italie. Il trouva moien d'entrer chez l'Abbé Jerôme Colonne, qui fut depuis Cardinal. Ce jeune Seigneur allant étudier dans l'Univerfité d'Alcala en Efpagne, fut fuivi par Mazarin, qui y apprit le Droit, & qui à fon retour en Italie prit le bonnet de Docteur. Enfuite il fe pouffa à la Cour de Rome, & s'attacha à Sachetti, depuis Cardinal, que le Pape Urbain VIII envoïoit en Lombardie, & s'y inftruifit des divers intérêts des Princes, qui y faifoient alors la guerre au fujet de Cazal & du Montferrat. Peu après, le Cardinal Antoine Barberin, neveu du Pape, vint en qualité de Lédans le Milanois & le Piémont. Mazarin entra fi bien dans les fentimens de ce Cardinal & le fervit i fort à propos, qu'il eut ordre de continuer, & d'agir avec Pacirole Nonce en Savoie, pour la conclufion de cette affaire. Il s'attacha à connoître les deffeins des François, des Impériaux, des Efpagnols, du Duc de Savoie & du Duc de Mantoue, & prit des mesures certaines pour accorder leurs intérêts. La paix avoit été conclue à Ratifbonne; mais les François & les Efpagnols refufoient de l'accepter en Italie. Mazarin qui voïoit que ces refus rendoient inutiles tous les foins, chercha de nouveaux expédiens pour faire recevoir cette gat paix, & pour empêcher les deux armées d'en I I. Les Efpagnols voulant profiter de la conLa premie- fufion qui paroiffoit inféparable des prere année du miers jours d'une Minorité, entrerent ea Regne de Champagne avec une armée de vingt-cinq Louis XIV mille hommes, & affiégerent Rocroi. Ils ne ble par de doutoient pas que la prife de cette ville remarqua de la Cha 1643 leur eût ouvert les plus belles Provinces de grandes France jufqu'aux portes de la Capitale. Le profpérités, Duc d'Anguien depuis Prince de Condé, Inftitution âgé de vingt-deux ans, aïant fous lui le Maré- des Sœurs chal de l'Hôpital, Gaffion, & la Ferté, qui rité. furent depuis Maréchaux de France, vint au fecours de la place, & força les ennemis d'en lever le fiége. Non content de leur arracher une conquête qu'ils croïoient sûre, il les défit entiérement, & eut un triomphe complet. Cette célebre bataille fut gagnée cinq jours après la mort de Louis XIII. L'Infanterie Efpagnole ne s'eft pas remife de cette défaite. Ce grand avantage fut fuivi de la prife de Thionville dans le Luxembourg, de Trin & du Pont de Stures dans le Montferrat, & enfin de la victoire navale devant Carthagene fur la Méditerranée par le Maréchal de Brezé, Amiral de France. De fi glorieux commencemens furent regardés comme un préfage de la prospérité du nouveau Regne. Le Vicomte de Turenne s'étoit fort diftingué dans la plupart de ces expéditions, & il mérita cette même année à l'âge de trente-deux ans le bâton de Maréchal de France. Il avoit beaucoup contribué l'année précédente à la conquête du Rouffillon. Au commencement d'Octobre, le Roi & la Reine quitterent le Louvre, pour se loger dans le Palais Roïal appellé auparavant le Palais Cardinal, & l'on ouvrit la place qui eft devant, pour y faire le corps de garde. Le Quai des Orfevres fut achevé la même année. Un établissement d'un autre genre, & qui fut très-utile, eft celui des filles de la Charité ou Sœurs grises, destinées à avoir foin des pauvres malades. Elles fe multiplierent beaucoup en peu de X. mis en cette ville. l'Europe, & ont été depuis le fondement de tous ceux qui ont été faits par les mêmes Puiffances. Le Pape & les Venitiens avoient été les médiateurs de cette paix, VIIL Le Cardinal Mazarin avoit fait venit Etabliffe- de Rome à Paris quelques Théatins, parmi ment des lefquels il fe choifit un Confeffeur. Voulant Théatins à leur procurer un établiffement dans cette Paris.Sacri- Ville, il acheta une maifon fituée fur le leges comQuai qui eft vis-à-vis des galleries du Louvre. Henri de Bourbon ou Verneuil Evêque de Metz, comme Abbé de S. Germain-desFrés permit cet établiffement. Les Théatins y entrerent en 1648, & le Roi s'y transporta avec toute la Cour. Le Parlement n'enregistra leurs Lettress-patentes qu'en 1653. C'est la feule maifon que les Théatins aient en France leur Ordre eft affez étendu en Italie. Nous avons vu ailleurs leur origine. Ils n'eurent d'abord qu'une petite chapelle dans leur maison de Paris. Mais le Cardinal Ma zarin leur légua par fon teftament une fomme pour bâtir une églife. Elle fut commencée d'un dessein hardi & fingulier en 1662, & les travaux aïant difcontinué faute de fonds, ils n'ont été repris qu'en 1714. Il fe commit en moins d'un mois deux facrileges à Paris, l'un à S. Sulpice, l'autre à S. Jean en Grêve. Des voleurs forcerent le Tabernacle, enleverent le faint Ciboire, & répandirent les Hofties. On fit des prieres & des proceffions.très folemnelles pour réparer ces profanations, dont la Reine parut extrêmement affligée. La guerre civile s'alluma dans le même temps, |