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assure vos honneurs, vos grades, vos pensions. Le sénat et le gouvernement provisoire ont reconnu vos droits. Ils sont sùrs que vous n'oublierez par vos devoirs. Dès ce moment, vos souffrances et vos fatigues cessent. Votre gloire demeure tout entière. La paix vous garantira le prix de vos longs travaux. Quelle était votre destinée sous le gouvernement qui n'est plus? Traînés des bords du Tage à ceux du Danube des bords du Nil à ceux du Dniéper....., vous éleviez, sans intérêt pour la France, une grandeur monstrueuse dont tout le poids retombait sur vous comme sur tout le reste du monde. Tant de milliers de braves n'ont été que les instruments et les victimes d'une force sans prudence, qui voulait fonder un empire sans proportion. Combien sont morts inconnus pour augmenter la renommée d'un seul hommie! Ils ne jouissaient pas même de celle qui leur était due. Leurs familles, à la fin de chaque campagne, ne pouvaient constater leur fin glorieuse et l'honneur de leurs faits d'armes. Tout est changé. Vous ne périrez plus à cinq cents lieues de la patrie pour une cause qui n'est pas la sienne. Des princes nés français ménageront votre sang, car leur sang est le vôtre; leurs ancêtres ont gouverné vos ancêtres....... Pourriez-vous concevoir quelques alarmes? Ils admiraient dans une terre étrangère les prodiges de la valeur française ; ils l'admiraient, en gémissant que leur retour fût suspendu par tant d'exploits inutiles...... Restez donc fidèles à votre drapeau..... >>

12.

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Monsieur, comte d'Artois, frère de Louis XVI et de Louis XVIII, fait son entrée à Paris. Il y développe le titre et les fonctions de lieutenant- géné– ral du royaume, qui lui ont été conférés par le roi Louis XVIII.

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13. Un arrêté du gouvernement provisoire substitue le pavillon blanc et la cocarde blanche au pavillon et à la cocarde tricolores (V. le 9 ).

14. - Un décret du sénat confère le gouvernement provisoire de la France au comte d'Artois, sous le titre de lieutenant-général du royaume, en attendant que Louis-Stanislas-Xavier de France, appelé au trône des Français, ait accepté la Charte constitutionnelle (Voyez le 6).

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15. Le trésorier général de la couronne, baron Labouillerie, rapporte, de Blois à Paris, une somme d'environ soixante millions, tant en espèces qu'en vaisselle et pierreries, savoir : quatorze millions en pièces d'or de quarante et de vingt mille francs, environ quarante millions en diamans, et environ quatre millions en vaisselle. L'abbé Louis, chargé du ministère des finances, se rend aussitôt au château des Tuileries, et représente que ces valeurs ne sont pas la propriété de l'ex-empereur, mais celle de l'état; il insiste pour que les quatorze millions en or soient réintégrés dans le trésor et employés aux besoins du service public, qui est au moment de manquer; mais les hommes de l'ancien régime ont jugé que ces fonds appartiennent à Napoléon; ils en ont prononcé la confiscation, et se partagent les espèces, comme juste indemnité des pertes que la révolution leur a causées. L'abbé Louis ayant prouvé à S. A. R. Monsieur, comte d'Artois, investi de la lieutenance-générale du royaume, que les fonds remis par M. Labouillerie appartenaient à l'état, ce prince ordonne qu'ils soient transportés au trésor royal et employés au service public. M. l'abbé Louis y fait conduire onze millions : les courtisans s'étaient déjà partagé en peu d'instants une somme de trois millions.

16. Une convention est signée à Schiarino-Rizzino (près de Mantoue ), entre le prince Eugène Beauharnais, vice-roi d'Italie, et le général autrichien Bellegarde. Les troupes françaises rentreront dans les limites de l'ancienne France. Les troupes italiennes continueront d'occuper tous les pays qui ne sont pas au pouvoir des souverains alliés.

L'armée franco-italienne a contenu, jusqu'à ce jour, l'armée autrichienne, malgré la défection de Murat (V. 6, 11 janvier), le soulèvement des peuples de la moyenne Italie, et les débarquements opérés par les Anglais sur les côtes de la Méditerranée. Les jours suivants, les divisions françaises se mettent en marche vers leur patrie; elles sont fortes de quarante mille hommes, dont vingt-cinq mille sous les armes, avec trois cent soixante pièces d'artillerie.

L'empereur d'Autriche ( François 1er ) a une entrevue au Petit-Trianon avec l'impératrice (Marie-Louise) sa fille. Le départ de cette princesse pour Vienne y est déterminé.

16-17.-Une mission est donnée à M. de Maubreuil, qui a fait éclater, dans les premiers jours de ce mois, le plus violent enthousiasme en faveur de la cause royale; il reçoit les autorisations et les ordres dont la teneur suit : « Ministère de la police générale. Il est ordon«< né à toutes les autorités chargées de la police géné<< rale de France, aux préfets, commissaires généraux, <«< spéciaux et autres, d'obéir aux ordres que M. de << Maubreuil leur donnera, de faire et d'exécuter à << l'instant même tout ce qu'il prescrira, M. de Mau<«< breuil étant chargé d'une mission secrète de la plus << haute importance. Le commissaire provisoire au département de la police générale. Signé Anglès. Paris,

«< 16 avril 1814. » << Ministère de la guerre. Il est «< ordonné à toutes les autorités militaires d'obéir aux <«< ordres qui leur seront donnés par M. de Maubreuil, «< lequel est autorisé à les requérir et à en disposer << selon qu'il jugera convenable. MM. les commandants « de corps veilleront à ce que les troupes soient mises «< sur-le-champ à sa disposition, et qu'il n'éprouve <«< aucun retard pour l'exécution des ordres dont il est «< chargé. Le commissaire provisoire au département << de la guerre. Signé le général comte Dupont. Paris, « 16 avril 1814. » — « Direction générale des postes <«<et relais de France. Le directeur général des postes << ordonne aux maîtres de postes de fournir, à l'instant, « à M. de Maubreuil, chargé d'une importante mis<«<sion, la quantité de chevaux qui lui sera nécessaire, « et de veiller à ce qu'il n'éprouve aucun retard pour <«< l'exécution des ordres dont il est chargé. Signé Bour« rienne. Hôtel des postes, Paris, 17 avril 1814. P.-S. « Le directeur général ordonne aux maîtres de pos<«< tes de veiller, avec le plus grand soin, à ce que le << nombre de chevaux demandé par M. de Maubreuil <«<lui soit donné avant et de préférence à qui que ce << soit, et qu'il n'éprouve aucun retard. » - Traduction littérale de l'ordre du général Sacken. « M. le « général de Maubreuil étant chargé d'une haute mis<«<sion d'une très grande importance, pour laquelle il <«< est autorisé à requérir les troupes de S. M. impé<«<riale, M. le général en chef de l'infanterie russe, <«< baron de Sacken, ordonne aux commandants des << troupes de les remettre à sa disposition, pour l'exé<«< cution de sa mission, dès qu'il le demandera. Le gé<< néral en chef de l'infanterie russe, gouverneur de Pa« ris. Signé baron de Sacken. Paris, 17 avril 1814. » — Traduction littérale de l'ordre du général prussien.

<< M. le général de Maubreuil étant autorisé à parcourir << la France pour des affaires d'une très grande impor<< tance, et pour l'exécution de très hautes missions, <«< il est possible qu'il ait besoin de requérir les troupes << des hautes puissances. En conséquence, et suivant << l'ordre de M. le général en chef de l'infanterie russe, << baron Sacken, il est ordonné à MM. les comman<< dants des troupes alliées de lui prêter main-forte sur << sa demande, pour l'exécution de ces hautes missions. « Le général-major, signé baron de Brokenhausen. Pa<< ris, 17 avril 1814. »

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Au retour de son expédition, M. de Maubreuil sera arrêté, et subira de longues poursuites judiciaires; condamné à plusieurs années d'emprisonnement, il s'évadera des prisons de Douai (évasion qui donnera lieu à une foule de conjectures), et se réfugiera en Angleterre, où il publiera un mémoire (intitulé Adresse au congrès de Vienne) explicatif, dira-t-il, de la mission qui lui aurait été donnée; il affirmera, dans ce mémoire, qu'il avait ordre d'assassiner l'exempereur et son fils; qu'il ne s'est chargé de cette commission que pour sauver leurs jours, empêchant de cette manière qu'elle ne fût confiée à des personnes capables d'exécuter un tel crime; il lancera les plus graves inculpations contre MM. le prince de Bénévent (Talleyrand), le général Dupont, Bourienne, RouxLaborie, etc.; contre MM. de Sémallé, de Vitrolles, qu'il accusera d'avoir détourné l'argent et les pierreries enlevés par lui à la princesse de Wurtemberg, reine de Westphalie, argent et pierreries que M. de Maubreuil assurera avoir rapportés aux Tuileries, etc. Mais quelle créance peut-on accorder à de telles inculpations? Quelle confiance peut-on avoir dans les déclarations d'un homme qui aurait pu accepter une

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