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Testament, dans ce monument de ses vertus et de sa bonté, a également pardonné à ses ennemis et à ceux qui, , par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, lui avaient fait beaucoup de mal.

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<«< Mais si le discours de M. Ferrand a inspiré de la méfiance, s'il a fait naître des inquiétudes dans les esprits, s'il a pu faire croire à d'arrière - pensées, les intentions du roi, ses promesses, lors de sa déclaration du 2 mai, et lors de la séance royale dans laquelle il a donné à la France cette charte, fruit de sa sagesse et de ses profondes méditations, qui fait maintenant la loi fondamentale de l'état, ses promesses réitérées dans l'ordonnance du 21 août, et dans le préambule du projet de loi qui fait l'objet de mon rapport, doivent

nous rassurer.

il ne

<< Père de tous ses sujets, le roi ne veut pas, voudra jamais, établir entre eux des distinctions injurieuses, ni une ligne de démarcation qui serait outrageante pour l'immense majorité de la nation. Le roi sait, et nous savons tous, que ce serait en vain qu'on voudrait rétrograder, parce qu'il n'est aucune puissance humaine qui puisse anéantir les effets de la révolution, ni réparer tous les maux qu'elle a faits.

<<< Que cette terrible révolution soit pour nous et pour nos neveux une leçon écrite.

«< Après vingt-cinq ans d'agitations, de troubles et de malheurs, nous avons tous besoin de repos; mais nous ne pouvons le trouver que dans l'union franche et loyale de tous les membres de la grande famille, dans l'oubli de nos divisions. Le bonheur de l'état exige que tous les Français, sans distinction de parti et d'opinion, abjurent tout esprit de haine et de ressentiment, se rallient de bonne foi autour du trône. Le vœu le plus cher au cœur du roi est que

tous les Français vivent en frères, et que jamais aucun souvenir amer ne trouble la sécurité qui doit suivre la charte qu'il nous a accordée.

<<< Mais c'est assez, Messieurs, insister sur le discours de M. Ferrand. En vous présentant les réflexions de votre commission, j'ai fait tout ce qui a dépendu de moi pour concilier les égards dus au caractère du ministre d'état avec la volonté fortement et formellement exprimée par vos bureaux, dont quelques uns voulaient même qu'on demandat la suppres

sion de ce discours. »

Le rapporteur est M. Bedoch. Croira-t-on que M. Ferrand ait osé calomnier le roi au point de dire assez publiquement qu'il avait soumis son discours à sa majesté, et qu'elle l'avait approuvé? M. Ferrand ira plus loin il dira que c'est d'ordre du roi qu'il a parlé de la ligne droite, et que l'intention de sa majesté est de rendre à la noblesse et au clergé les biens dont ils ont été dépouillés!!!........... Croirat-on que, pour s'excuser, pour conjurer l'animadversion publique élevée contre lui, M. Ferrand ait osé dire à ses amis que le roi avait manifesté, dès 1795, l'intention de ne faire aucune grâce aux membres de la convention qui avaient voté la mort de Louis XVI? M. Ferrand disait : « Je sais, de science certaine, <«<que, Cambacérès et trois autres de ses collègues << ayant offert leurs services à Louis XVIII, en <«< mars 1796, le roi avait daigné leur accorder des <«<lettres de grâce. M. ***, faisant les fonctions de << garde des sceaux, ayant représenté au roi que sa << majesté outrepassait. les droits de la puissance royale <<< en accordant ces lettres, et qu'il ne croyait pas << pouvoir y apposer le grand sceau, le roi lui avait <«< dit : « Scellez toujours; quand je serai monté sur

<< mon trône, mes parlements sauront bien me prouver << que j'ai outrepassé, comme vous le dites, les droits <<< de la puissance royale; et les gens auxquels je fais << grâce seront rompus en place de Grève avec mes let«tres de grâce au cou. » Assurément Louis XVIII n'a jamais proféré de telles paroles, n'a jamais eu de pareils sentiments: sa royale clémence envers les régicides a éclaté, au contraire, dans tout son jour! M. Ferrand prêtait ses propres inspirations au roi. Ce publiciste d'étrange sorte n'a-t-il pas eu, dans son ouvrage sur les révolutions, l'inconcevable délire d'avancer que les fauteurs de la révolution devaient être rangés en catégories; que les plus coupables ( les régicides) devaient être écartelés! Venaient ensuite les coupables à rompre, à pendre, à envoyer aux galères, à exproprier, selon la nature de leur participation aux forfaits ou aux délits de la révolution. Il n'est pas jusqu'aux constitutionnels, aux modérés, contre lesquels il ne décernât un peine afflictive et infamante! Telle était à cette époque l'opinion de certaines personnes!!! L'ex-parlementaire ne faisait grâce qu'aux individus partisans de ses doctrines politiques. Que de maux n'a pas entraînés pour la France le discours de M. Ferrand, ministre de Louis XVIII! Le succès obtenu, en 1815, par Bonaparte s'évadant de l'île d'Elbe, en fut, en très grande partie, le résultat. Et le même M. Ferrand sollicitera, au 20 mars 1815, la clémence de Bonaparte; il se retirera dans les environs d'Orléans, et, n'obtenant pas l'autorisation de rester en France, il se rendra à Gand, oubliant cette fois-ci de suivre la ligne. droite !

21. Par une loi relative aux dettes contractées en pays étranger par le roi et les princes de la famille royale, les sommes dont le roi se reconnaît personnelle

ment débiteur envers divers particuliers sont reconnues dettes de l'état, jusqu'à la concurrence de trente millions.

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24.- Un traité est signé à Gand, entre la GrandeBretagne et l'Union américaine. Ces états sont, depuis plus de deux ans (V. 18 juin 1812), en guerre ouverte sur mer et sur le continent transatlantique. Après plusieurs actions sanglantes, livrées près des frontières du Canada et dans la Louisiane, les opérations se sont terminées à l'avantage des Américains, quoique, dans cette troisième campagne, leurs adversaires aient une grande supériorité de forces, au moyen des renforts retirés d'Europe. Poursuivant les hostilités avec fureur, avec acharnement, les Anglais ont excité les sauvages à porter le ravage dans les états du Sud. Afin d'humilier ces républicains enorgueillis de leurs progrès dans les arts, et qui déjà se glorifient des monuments de leur naissante architecture, l'ennemi livre aux flammes les édifices publics de Washington! Mais de semblables succès obtenus par les armes britanniques dans cette capitale de la confédération sont aussi honteux que les revers qu'elles essuient à Baltimore et à la Nouvelle-Orléans. En faisant commettre d'inutiles dévastations, le cabinet de Londres se complaît à satisfaire son orgueil et sa vengeance; il voudrait amener les Américains, qu'il regarde encore comme des sujets opiniâtres dans la rébellion, à se soumettre à son code maritime. Loin de céder, les Américains ont affronté le pavillon britannique avec plus d'audace et obtenu dans les combats de vaisseau à vaisseau une supériorité si marquée, que l'amirauté de Londres a prescrit aux commandants de ses bâtiments de guerre d'éviter l'engagement, lorsqu'ils

ne seraient pas supérieurs en force. Les prétentions hautaines et les fréquents outrages des dominateurs de la mer viennent de créer une puissance dont les armements, joints aux forces navales de l'Europe, pourront, avant un demi-siècle, contenir et refouler ce torrent d'usurpation; avant la fin du dix-neuvième siècle, le monde verra les escadres américaines fermer la Tamise et dicter des lois à l'Angleterre sur ses propres rivages! Oui, ce résultat est inévitable, et l'univers applaudira aux victoires des Américains!! car, si jamais l'Angleterre est ramenée au droit commun maritime, l'univers devra cet avantage aux habiles, aux énergiques efforts de l'Amérique du nord !!! Faisons des vœux pour que les Etats-Unis dictent bientôt des lois à la Grande-Bretagne.

Le cabinet de Saint-James, n'ayant donc acquis aucun avantage dans cette lutte, n'en reçoit aucun du présent traité, qui ne fait, pour ainsi dire, que ratifier le traité de 1783, garant de l'indépendance des treize colonies. La paix de Gand doit se regarder seulement comme une trève, puisque, les points en litige n'ayant point été réglés, les hostilités pourraient renaître au premier dissentiment entre les commissaires respectifs chargés de fixer les limites qui sépareraient des ÉtatsUnis le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle - Ecosse, provinces anglaises que la contiguité et des rapports inévitables destinent à se fondre dans la grande république de l'autre continent.

30.

Les chambres législatives sont ajournées au 1er mai 1815.

La chambre des députés offre un bien petit nombre de personnes dignes d'attention. Nulle de nos assem blées, à l'exception des conseils qui furent le résultat

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