de nostre court souveraine en l'an mil cccc iiijxx iij le troizieme jour de septembre (1).

Dans la guerre que Philippe de Clèves, seigneur de Ravestein, fit à Maximilien, roi des Romains, Paul Ooghe, avec la plupart des seigneurs brabançons, tint le parti de son prince légitime. En 1488, il leva des troupes à ses propres frais pour conserver son château de Faucuwez. Les insurgés se rendirent bientôt maitres des châteaux de Beersel et de Braine-l'Alleud : Faucuwez éprouva le même sort. Le château de la Folie à Écaussines-Lalaing, dans lequel Ooghe s'était renfermé, résista à toutes les attaques: ses troupes incommodèrent tellement les ennemis, que pour se venger des pertes qu'ils souffraient, ils prirent et ravagèrent le château de Bornival, dont ils firent exécuter la garnison sur la Grand'Place de Bruxelles (2).

Le 3 septembre 1495, notre seigneur fut envoyé avec maitre Louis Roland, conseiller de Brabant, vers ceux du clergé de Brabant et de Liége, assemblés à Louvain, pour obtenir d'eux l'accord de quatre mille livres que l'archiduc leur avait fait demander pour le paiement de ceux de sa chapelle (3).

Le 31 juillet 1505, il acheta du roi Philippe, la haute justice des seigneuries de Faucuwez et de Sart (4). Il voulut aussi augmenter ses droits et sa juridiction à Virginal. A l'instigation de leur seigneur, Pierre Delmotte, mayeur de Virginal, et les échevins Martin Poliet, Josse des Prez, Guillaume le Consevere, Wautier Moreau et Josse Gillis, s'assemblèrent sous la présidence du bailli Jean Ursmer, le 1 août 1516, et mirent plusieurs points par écrit, qui lésaient les droits de l'abbaye de Lobbes :

(1) Documents des biens appartenant au seigneur marquis de Herzelles. Manuscrit cité.

(2) PONTUS HEUTERUS. Rerum austriacarum, lib. III, p. 93. - HENNE ET WAUTERS. Histoire de Bruxelles, t. I, p. 309. Ces auteurs nomment erronément ce seigneur Polidore de Berlaer.

(3) GACHARD. Rapport sur les archives de Lille, p. 287. (4) Archives du château d'Ittre.

Schachent tous presens et advenir, que par le bailly, mayeur et eschevins de la ville et franchise de Versenal, cy desoubz nommez, scavoir faisons que pour obvier aux differences et abus que en temps advenir sourdre et eslever se poleroient pour les droicts, haulteurs et emolumens appartenant au seigneur de Faucuwez audit Versenal, a l'abbe de Lobbes, et inhabitants d'icelle ditte franchise, avons fait mettre et rediger par escrit, a cause que sommes tous mortels, et que un chacun aye ce que de droict appartient et enssy que avons usez et veu user nos predecesseurs en la maniere qu'il s'ensuit, et comme les anciens d'icelle franchise ont dit et temoigne par leur serment. Premiers est dit, que les mannans, bourgeois ou inhabitants d'icelle franchise ont este tousiours francq de touttes tailles, aydes et impositions envers tous princes, ducqs et seigneurs, soit ducq de Brabant, comte de Haynault, evesque de Liege, ne aultres quelconques. Item, ont este et sont, en icelle ditte ville et franchise de Versenal, francq toutes personnes, quelque parte ou pays qu'ils soyent, de tout cas criminel ou civil; mais sont tenus prealablement bailler et donner a plain a cognoistre le cas entierement et clairement duquel demandent icelle ditte franchise, au seigneur dudit lieu, ou en son absence a son bailly, lequel ayant ouy la declaration des cas si sont tels raisonnables que franchise se doibt ou poudroit succourir et garder en raison le poudroit bailler icelle franchise. Item, outre aurat icelluy seigneur de Versenault touttes justices, haute, moyenne et basse. Item, a icelluy seigneur de Versenault illecq un bailly et un sergent pour exploicter et executer ce que a sa ditte seigneurie peult competer. Item, a icelluy seigneur en icelle terre, franchise et seigneurie, certains cens et rentes selon son registre. Item, a encore icelluy dit seigneur en icelle ditte franchise le tiers part des bois de Versenault al l'encontre de l'abbe de Lobbes qui emporte les deux parts d'icelluy bois et pareillement du bois fouragie. Item, a ledit seigneur en icelle ville et franchise de Versenault garande de conins aussy avant que icelle ville et franchise de Versenault contient. Item, mon dit seigneur l'abbe de Lobbes at en icelle ville et franchise plusieurs cens et rentes sur plusieurs et divers heritages, selon les registres; les deux parts des bois de Versenault, avecq aussy les deux parts des bois fouragie. Item, at illecq un mayeur et sept eschevins, lesquels se eslyt par le dit abbe de Lobbes, et luy estre eslayt se presente au dit seigneur de Versenault, pour faire et prendre

le mayeur Pierre Delmotte, et les échevins Martin Poliet, Pierre Moreau, Wautier Moreau, Josse Gillis, Michel du Four, Jean le Parmentier et Colard Ursmer, lui ayant pardonné, se rendirent auprès du seigneur Paul Ooghe, qui à leur prière lui rendit la terre, pourprise et franchise de Virginal, d'après les anciennes coutumes, le 27 septembre 1524 :

Sachent tous presens et advenir, que pardevant le mayeur et les eschevins de Versenault, cy dessoubz nommez se comparut Jehan Gilles, encompagne de aucuns ses bons amis, et la endroit fut par luy remonstre que il estoit verite que luy ayant beu et faict bonne chere avecq Anthoine Gillis son frere germain et aussy plusieurs autres, et eux avoir beus ensemble et en rallant a leur maison, se prirent ensemble de parolle, tant que ledit Jean Gillis prit une grande pierre et se print a ruwer apres ledit Anthoine son frere, tant qu'il achena ledit Anthoine de tel sorte en la teste, qu'il le blessa fortement, tant que ledit Anthoine en fist malade en mains de maitre, environ six semaines, et au debout dudit terme il mourut. Et luy estre mort ledit Jean Gillis este pris sous le dit Versenault, fors dollens comme raison le veult, et apres ce estre faict, le dit Jean Gillis ceste comparut present mayeur et loy, et la en presence d'eux a faict paix as parties comme tout ce appert. Et apres tout ce estre faict, ledit Jean Gillis avecq plusieurs amis c'este transporte par devers monsieur Paul Ooghe, licencie en loix, seigneur de Facuwez, de Versenault, etc., et la present le dit mayeur et loy dudit Versenanlt luy tres singulierement prier et requerir que en l'honneur de Notre Seigneur Jesu Christ, qu'il voulisse prendre pitie de luy et par especial de sa femme et petits enfans, et qu'il le voulisse recevoir a un gracieux apparent, et luy pardonner son grand mesfait et delict, et que a ceste cause il lui voulisse rebailler tout la terre pourprise et francquise en general dudit Versenault. Et ledit seigneur en nostre presence esmeut de pitie, et considere tout ce que dict est, et qu'il avoit faict aucun gracieux appoinctement a cause de sa ditte seigneurie et par deliberation de conseil sur ce eu avec le mayeur et la present eschevins, luy pardonna ce dit delict, et par le teneur de cette presente lettre luy pardonnoit, donnoit et rendoit au dit Jean Gillis tout la terre, proprise et franchise en general dudit Versenault, que pour luy le dit

Jean Gilles de ce jour et autrement hanter converser frequenter et demorer paisiblement et franquement tout et en telle maniere comme il peut et avoit fait, en demeurant le dit faict et delict advenus, et comme de cas pareil a este anciennement accoustume et possesset, si le a le dit seigneur absoli et remis en son premier estat et deu, en luy baillant par cette presente remission dudit faict, et la en presence desdits mayeurs et eschevins le dit seigneur des deniers s'en tient pour sols content et bien paye et en quittat le dit Jean Gillis et tous autres a cuy quittance en peut et doibt appartenir, en commendant par ledit seigneur a tous officiers de sa ditte terre et seigneurie dudict Versenault, et aussy de ses autres terres et seigneuries, que ledit Jean Gillis laissent de sa ditte remission paisiblement user joyr et converser, en priant et requerant a tous autres officiers que a la remission et pardon faict audit Jean Gilles ne veulent faire aucun trouble ne empeschement. Et a tout ce que dit est dessus, ainsy estre faict, furent presens comme eschevins dudit Versenault, Martin Polyet laisne, Pierre de Moriau, Wautier de Moriau, Josse Gillis, Michiel du Four, Jan le Parmentier et Colart Osmer; et comme mayeur, Pierart del Motte, qui tout ce que dit est mist en la warde et retenance desdits eschevins. Ce fut faict a le correction de le court souverain, en l'an quinze cent vingt et quattre, le ving septieme jour du mois de septembre (1).

Paul Ooghe mourut vers 1530 (2).

Il épousa, comme il est dit, Marguerite d'Enghien, décédée vers 1528.

De ce mariage :

1. Louis de Faucuwez, qui suit V.

2. Philippe de Faucuwez.

3. Jean de Faucuwez.

4. Marguerite de Faucuwez, décédée le 2 août 1518, qui épousa 1° Gilles de Marbais, écuyer, seigneur de Winghen, fils d'Antoine, seigneur de Marbais, et de Marguerite de Trazegnies (3), 2° Arthur

(1) Documents des biens appartenant au seigneur marquis de Herzelles. Mss. de M. Th. de Jonghe.

(2) Le manuscrit 12381, de la Biblioth. royale place erronément sa mort en 1516. (3) Voyez mon Histoire de Braine-le-Château et Haut-Iure, p. 151.