Page images
PDF
EPUB

>> vives et qu'elles ont des suites beaucoup plus >> fàcheuses que celles qu'on peut prévoir dans le >> temps qu'on se relâche de ses prérogatives. »

Le fond même des idées de Louis XIV se révèle dans ces paroles. Plus tard, on le vit craindre d'avoir poussé trop loin la résistance et la lutte contre la cour de Rome: les désastres de sa vieillesse l'avaient frappé d'une crainte superstitieuse ; l'autorité despotique dont il avait abusé, commençait à lui sembler lourde et difficile à porter. Les secrets instrumens du pouvoir pontifical, obtinrent sur son esprit une influence secrète, sourde et dangereuse; il revint sur ses pas, autant du moins que le lui permettait sa fierté royale, persécuta les protestans avec une barbarie qui ressemblait à une expiation ou à un remords, acheva d'accabler les ennemis des jésuites, et même écrivit au pape cette lettre singulière, où l'on peut voir sinon une amende honorable, du moins une sorte de repentir, et où il promet de « ne pas faire exé» cuter les choses contenues dans l'édit de 1682. » Cette promesse, au surplus, tout en le plaçant auprès du souverain pontife, dans la situation d'une filiale et docile obéissance, le laissait aussi absolu que jamais comme monarque temporel. M. Artaud de Mentor affirme en avoir lu l'original au Vatican en 1825. D'autres historiens prétendent que ce trophée dont la cour de Rome se glorifie, fut mis en

cendres par Napoléon. Quoi qu'il en puisse être, cette concession du monarque n'offrait rien de définitif, et ne pouvait passer pour une répudiation de ces priviléges de l'Église gallicane, qui arrachaient à la cour de Rome une partie de sa dictature spirituelle et sa dictature temporelle tout entière.

CHAPITRE VII.

Continuation du mouvement de décadence subi par le pouvoir spirituel, de la régence à la révolution française.

Là en était venu, en 1710, ce pouvoir spirituel, que Grégoire VII avait porté si haut et mené si loin. Après Louis XIV, ce fut bien pis encore. Le régent, peu dévot comme on sait, et politique fort habile, suivit une route diametralement opposée à celle que Louis XIV avait adoptée; les persécutions dirigées contre les protestans s'apaisèrent ; la politi

1

que de la France marcha de concert avec celle des princes du Nord la plupart huguenots, croissance du pouvoir spirituel continua.

- et la dé

Il est vrai que l'on n'osa pas, entre 1710 et 1780, donner un essor libre et complet à ces sentimens et à ces idées de tolérance qui se cachaient dans tous les cœurs; les protestans, au lieu de subir le martyre et le bannissement, comme pendant les dernières années du règne précédent, formèrent une caste isolée au sein de la société civile; quelquefois les parlemens, près desquels le jansénisme avait trouvé asile et protection, affectèrent de sévir contre le protestantisme, afin de témoigner de leur inviolable fidélité envers l'Église; mais l'apaisement progressif des esprits et l'indifférence qui s'emparait d'eux en fait de religion, leur détachement de l'autorité spirituelle, se manifestèrent par mille symptômes.

Ce ne fut pas un faible indice du peu de sérieux qui s'attachait aux choses ecclésiastiques et à l'autorité spirituelle, que la patience avec laquelle la France catholique et chrétienne subit le pouvoir et l'éclat du cardinal Dubois, du cardinal Fencin, du cardinal de Rohan, et même du spirituel et galant diplomate qui, sous le nom de Bernis, cueillit des lauriers si nombreux et si variés. L'un, Dubois, insultait par la multitude et l'impudence de ses vices, à la sainteté du rang qu'il

« PreviousContinue »