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peut, dans un temps très-court, mesurer la grosseur à la base, au sommet, au quart, à moitié, aux deux tiers, etc., de la longueur de la tige.

Ainsi, on arrive presque immédiatement à la connaissance du volume réel et les arbres restent debout. Ils sont mesurés en moins de temps qu'il n'en faudrait pour faire la même opération s'ils étaient abattus.

L'instrument est léger; le bagage du forestier n'en sera point encombré; les divisions sont bien faites et visibles à l'œil nu.

L'inventeur appelle son instrument omnimètre parce qu'il sert à mesurer, soit horizontalement, soit verticalement, soit obliquement, soit que la tige s'élève perpendiculairement, soit qu'elle s'incline sur le sol.

Il est commode; mais il n'est pas indispensable de se placer à 10 mètres de l'arbre; cependant il faut toujours supposer la base divisée en dix parties, et les nombres obtenus seront nécessairement en rapport avec l'une de ces parties.

Nous parlerons à cette occasion d'une résolution que le commerce des bois devrait bien adopter. Ce serait de rendre le mode de cubage uniforme. On sait que dans les forêts des environs de Paris, il est d'usage de soustraire le sixième de la circonférence de l'arbre, et de prendre le quart du reste pour l'expression du côté du carré ou de l'équarrissage. Le cubage des arbres destinés au service de la marine s'opère en prenant le cinquième de la circonférence. Dans plusieurs contrées on prend pour côté de la pièce le quart de la circonférence sans déduction. Dans certains entrepôts, on déduit seulement un douzième de la circonférence, et on prend le quart du reste; ailleurs on fait d'autres réductions. Enfin, lorsque l'arbre n'est pas destiné à être équarri, lorsqu'il doit être débité en planches, merrain, boissellerie, en bois de chauffage, on mesure ordinairement le volume entier de l'arbre, le volume cônique.

Il nous semble que les forestiers et les principaux marchands de bois pourraient, sans qu'il en résultât d'inconvénients, convenir que les arbres seraient cubés au 5me déduit. Cet exemple serait bientôt suivi et ferait autorité.

Il suffirait de doubler le nombre qui exprime le volume au 5m produit pour obtenir le volume en grume.

Il est vrai que ce dernier résultat ne serait pas d'une exactitude tout à fait rigoureuse; car le volume d'un arbre en grume est à celui du même arbre cubé au 5me déduit, comme 1,000 est à 503; mais une différence aussi légère pourrait sans inconvénient être considérée comme nulle dans la pratique.

Par cette réforme, on mettrait fin à une confusion inutile, mesquine, el souvent préjudiciable à des intérêts privés. On doit saisir toutes les occasions d'arriver à l'unité des mesures, d'entrer dans un système général et bien coordonné.

N

BOUTURES DE JEUNES PEUPLIERS.
Moyen de les préserver.

Depuis trente ans, je fais, tous les hivers, planter avec soin un grand nombre de boutures et de jeunes peupliers. Les trois quarts au moins de tous ceux placés au bord de l'eau, surtout ceux appelés d'Italie, sont en peu de temps dévorés de toute leur écorce, à partir de terre jusqu'à trente ou quarante centimètres de hauteur. Tous les moyens que j'avais mis en usage pour les garantir d'être ainsi corrodés avaient été inutiles. L'année dernière, l'idée me vint d'employer, pour obtenir ce résultat, le bitume infect que l'on extrait de la houille pour le convertir en cock. Cet essai m'a complétement réussi; aucun de mes jeunes arbres enduits n'a été touchés.

Il suffit, pour obtenir cet heureux résultat, de mettre avec un fort pinceau une couche de bitume d'environ 40 à 50 centimètres de haut sur la tige du jeune plant. On évitera par là une perte de travail et surtout de temps précieux.

On peut aisément se procurer ce bitume à bon marché dans tous les établissements d'éclairage au gaz. Le général baron HIGONET, Président de la Société centrale d'agriculture du Cantal.

(Extrait du Propagateur agricole du Cantal.)

MOUVEMENT DU COMMERCE DES BOIS

ET MERCURIALES.

Le cours des différentes espèces de bois qui restait calme et sans variation depuis la fin de la campagne dernière, vient d'éprouver tout à coup un mouvement très-prononcé de réaction en baisse. L'état général des affaires, l'incertitude qui se prolonge depuis si longtemps, la rareté du numéraire ont arrêté les entreprises de construction et diminué la consommation au point que le besoin de vendre fait baisser certains prix outre mesure.

Les grosses charpentes recherchées pour la marine et pour la formation du matériel si considérable des chemins de fer, se maintiennent à de bons prix ; il en reste à placer moins qu'il n'y a de besoins à satisfaire; la baisse est donc impossible de ce côté.

Mais les charpentes courantes, les petits bois de construction pour les bâtiments, se trouvent dans une situation fort critique; chaque exploitant ayant acheté fort cher, et désireux de réaliser, s'empresse de livrer JUILLET 1847. T. VI. 2 SÉRIE. T. 1. 21

sur les ports, dans les chantiers, partout, et partout la consommation arrêtée laisse s'amonceler des approvisionnements dont l'importance pourra devenir un motif sérieux de baisse: dans cet état, les affaires sont nulles sur les ports en province, vendeurs et acheteurs attendent; mais des trains flottés sur presque toutes les rivières arrivent à Paris, et là, pour ne pas tirer et déposer en chantier, les expéditeurs font les plus grands sacrifices. Il est arrivé tel lot qui, après avoir eu offre de 65 fr. sur le port d'expédition et s'être chargé de 10 fr. de frais de transport, a été vendu à la gare au prix de 55 fr. le mètre cube. Soit 20 fr. de baisse. Il est vrai que jamais les charpentes n'avaient été aussi mal débitées, on les amène aux ports presque rondes, et la plupart avec leurs noeuds et leurs défauts.

Le gros bois de 33 cent. et au-dessus trouvent facilement acheteurs à 100 fr. Les chênes de grosseur convenable pour traverses de chemins de fer sont toujours recherchés et conservent leur prix.

En somme, la propriété forestière verrait ses produits diminués dans une proportion très-considérable, si les chemins de fer ne lui venaient en aide par leur consommation régulière, et la crainte exprimée de voir détruire les forêts par la création des rails-way doit aujourd'hui faire place à la reconnaissance pour le placement procuré.

Les charbons avaient baissé avant les charpentes et dans une propor tion plus considérable encore. Cette baisse s'est en outre fait sentir à une époque où d'ordinaire il se fait quelque mouvement en hausse, au moment où la carbonisation livrait les derniers bois de 1846 et avant qu'elle eût entamé les produits des coupes nouvelles.

La différence dans les cours est de 1 fr., et 1 fr. 50 c. par voie de deux hectolitres hors barrières, dans l'eau, à Bercy et à la garre; on a vendu à 4 fr. la voie, ce qui, dans le courant de l'hiver, valait encore 5 fr. 50 c. Ces prix ont peu de chance de se relever, les dépôts sont nombreux et bien garnis. Les coupes de 1847, forcées en maint endroit à cause de l'élévation des prix obtenus, fournissent un contingent plus considérable que de coutume, et l'état des affaires est loin de faire espérer une consommation importante.

Les bois à brûler n'ont pas encore subi de baisse prononcée, ils sont dans un état d'incertitude qui laisse à craindre.

Les bois blancs suivent, malgré tout, leur mouvement ascensionnel; des bouleaux de la forêt de Compiègne ont été vendus jusqu'a 120 fr. le décastère sur les ports de l'Oise. Les bois durs obtiendraient peut-être difficilement le même prix.

Les sciages de la Haute-Marne si recherchés et si chers en 1846, sont abandonnés et sans affaires. Les exploitants ont acheté les chênes à des prix qui ne leur permettent pas de baisser les planches; ils attendent et maintiendront les cours, s'ils gardent sur leurs ports au lieu d'envoyer à Paris.

DELBET.

DISCUSSION A LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

DU PROJET DE LOI SUR LE DÉFRICHEMENT

Nous avons donné dans notre dernière livraison le rapport de M. Félix Réal sur le nouveau projet de loi que le ministre a substitué au premier projet présenté par son prédécesseur.

On se rappelle que ce projet de loi provisoire consiste dans un article unique ainsi conçu :

<< Les dispositions transitoires du titre XV du Code forestier, relatives >> au défrichement, continueront d'être exécutées jusqu'au 31 juil>> let 1850. »

Deux amendements ont été proposés sur ce projet, l'un par M. d'Uzès, l'autre par M. Vivien. Quoique ces amendements n'aient pas été adoptés, ils ont cependant donné lieu à des explications et des déclarations dont il est utile de prendre acte, et que nos lecteurs seront bien aise de connaître. C'est ce qui nous engage à reproduire ici une partie des débats qu'ils ont provoqués.

L'amendement de M. le duc d'Uzès consistait à limiter le délai de la propagation du titre XV au 31 décembre 1848.

Après les développements donnés par l'auteur, l'amendement ayant été appuyé, la discussion s'est trouvée ouverte; en voici les passages les plus saillants :

M. de Ladoucette. Je viens parler contre l'amendement de M. le duc d'Uzès Je serai obligé seulement pour le combattre de me livrer à quelques considérations préliminaires.

Messieurs, il n'est pas besoin de rappeler à votre souvenir que la proposition de défricher les bois a été, depuis 1835, rejetée quatre fois successives, et qu'à la cinquième, la chambre a refusé d'en entendre la lecture. Elle savait combien on s'était mal trouvé d'avoir en 1791, et pendant quelques années, aboli à l'égard des bois la législation exceptionnelle qui les régit depuis le xure siècle, qui n'empêche pas, croyez-en un grand propriétaire en plaine, qu'ils n'y soient une des meilleures natures de biens. Mais à notre époque beaucoup voudraient réaliser, en un moment, l'économie lointaine du passé!...

Au reste, on vous a dit hier que vous seriez embarrassés de la quantité de vos bois; on oubliait combien ils ont haussé de prix depuis dix ans, on ajoutait que ceux de plaine feraient une rivalité fâcheuse à ceux qu'on pourrait planter sur les montagnes, qui pourtant n'offriraient guère de vrais produits avant un siècle.

Un autre orateur a été plus loin: il prétend qu'on plante, non-seulement en arbres de bordures, mais des bois entiers plus qu'on n'en défriche. Je prie, avec un troisième orateur, M. le ministre des finances de s'assurer par des rapports des préfets et des conservateurs, si ce tableau n'est pas fortement exagéré. Ces orateurs ignoraient-ils un fait constaté par votre commission? C'est

qu'on tire annuellement de l'étranger pour 42 millions de bois de chauffage et de construction, et que cette importation va toujours en croissant.

Connaissent-ils le moyen d'apaiser les populations indigentes chez lesquelles le défrichement illimité des plaines est si impopulaire et si redouté?

Une de nos plus savantes académies écrivait que, s'il était autorisé, bientôt, après une abondance instantanée, nous manquerions de bois, depuis la Moselle jusqu'au Havre.

Pour moi, Messieurs, je reconnais qu'il ne faut pas l'interdire systématiquement en plaine, et qu'il est des cas où des bois, non en pente, peuvent dans un fonds substantiel céder la place à une autre culture.

Mais croit-on la plaine exempte de changements de température?

Dans le nord de la France, on en a constaté de brusques et de terribles depuis les grands défrichements de Pologne et de Russie.

D'autres exemples ne nous manqueraient pas dans le midi. Des villes et des villages souffrent des gelées tardives depuis qu'on a abattu, même en plaine, les bois qui les garantissaient des vents du nord. Il est vulgaire que les nuages, attirés par la cime des arbres, y versent la pluie, et qu'ainsi les sources se forment et se conservent dans les bois ; que, partout où l'on a beaucoup défriché, les rivières ont perdu la régularité de leur cours, tantôt basses, tantôt livrées à d ǝfougueux débordements.

Veut-on priver d'eaux les usines près desquelles elles ont formé des villages? Veut-on priver de bois les chemins dont on couvre le territoire, et qui en consomment autant que de fer?

Je ne songe pas, Messieurs, à faire ici un traité ex professo sur cette matière si grave, mais à vous prouver que des études graves et nombreuses sont à faire par le gouvernement pour concilier ensemble, autant que possible, l'avantage général et les intérêts particuliers. La loi qu'il vous avait présentée était trèsincomplète, chacun l'avoue: donc il ne possède pas les documents suffisants. Il se peut qu'il ne soit pas à même de nous apporter avant la session de 1849 une loi satisfaisante, où l'expérience et les vœux publics appellent la refonte d'une partie du Code forestier. Cette loi serait à discuter, peut être à modifier par les deux chambres en 1849 et 1850.

Je demande donc le rejet de l'amendement de M. le duc d'Uzès, et j'appuie la proposition du gouvernement et de votre commission de prolonger provisoirement de trois ans les dispositions transitoires. Cependant si M. le duc d'Uzès se décide pour un délai jusqu'au 31 juillet 1849, je suis prêt à adhérer à celte opinion.

M. de Bussières (de la Marne). Messieurs. j'aurais bien voulu, pour la chambre et pour moi, n'être pas obligé de monter à la tribune pour discuter une loi qui est essentiellement transitoire, et qui ne sera rendue que pour donner le temps d'attendre le moment où le gouvernement pourra présenter unc loi définitive.

L'honorable M. de Ladoucette, en descendant de la tribune, ayant proposé une conciliation et annoncé l'intention de se réunir à l'amendement de M. le duc d'Uzès, dans le cas où le terme fixé par lui serait porté au 31 juillet 1849 au lieu du 31 décembre 1848, je me rangerai moi-même à cette détermination, avec le désir qu'elle rencontre l'assentiment de M. le duc d'Uzès.

Le terme de deux ans suffit, et il peut être nécessaire pour arriver à une solution définitive de la question des défrichements. C'est pourquoi je m'abstien

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