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s'est fait sous la direction du Capitaine Jackson, du Superb, et du Capitaine Lockyer, du Hound; le Capitaine Smith, de la Dévastation, et le Capitaine James, du Kite, ont été infatigables dans l'exécution des divers ordres que je leur ai donnés. Un grand nombre de circonstances réunies rendant probable une attaque sur notre arrière garde, les plus grandes précautions étaient nécessaires.

Ceux des canons qui pouvaient être employés contre nous ont été encloués, l'embarquement a été couvert et très efficacement protégé par le brick canonnier le Minx et les deux prises, et par la manœuvre très judicieuse du Capitaine May, de l'artillerie royale, dont les services volontaires ont été très utiles en cette occasion et dans d'autres.

Il est difficile d'exprimer la joie et la satisfaction que cet événement a causées à toutes les classes de l'armée, et je crois qu'aucune circonstance ne pouvait nous faire à tous un plaisir plus réel. Un régiment, celui de Zamora, a fait une marche de dix-huit milles danois en vingt-quatre heures (quatre-vingt-dix milles anglais).

J'envoie ci-joint, pour votre instruction ultérieure, des copies des lettres que j'ai cru devoir adresser, à S. E. le Marquis de la Romaną, et au gouverneur de Nyeborg. Les réponses à la première ont été faites verbalement par un officier de confiance, et les dernières ont été faites personnellement.

J'ai l'honneur, etc.

Signé R. G. KEATS.

N. B. Depuis que j'ai écrit ma lettre, nous avons quelque espoir qu'une partie du régiment du Jutland, que nous croyons perdue, s'est échappée par le canal de l'ouest, et s'est rendue au poste de Langeland.

Il convient de revenir sur quelques détails de ces opérations. Le 8 août, le régiment de Zamora avait passé le petit Belt et s'était réuni au 3° bataillon de la Princesse et à la compagnie de sapeurs à Middelfahrt. Ils partirent à minuit pour Nyborg, où ils arrivèrent le 9 à 10 heures du soir, après avoir fait une marche de seize lieues en vingt-deux heures, par une pluie continuelle. Le régiment d'Almanza à l'arrière-garde couvrait ces troupes depuis Odensée, où il se trouvait, jusqu'à Nyborg 1.

«Le 10, dès la pointe du jour, on travailla avec une activité

1. Journal Sommaire. Copie.

infatigable à embarquer l'artillerie, les équipages, l'eau et les vivres qui se trouvaient dans les magasins, et d'autres que l'on acheta; il y en eut en tout pour trois jours. Les officiers anglais dirigeaient les travaux et leurs soldats et marins les exécutaient avec un empressement extraordinaire, de sorte que, dans la nuit du même jour, les vivres, l'eau, l'artillerie et ses chevaux, les seuls qu'on eût pu sauver faute de bâtimens, se trouvèrent embarqués ainsi que la grande partie de l'équipage. Le bourgmestre fournit une certaine quantité de pain, de bœuf, et quelques barils d'eau, et le tout fut exactement payé; on lui avait remis, pour sa responsabilité, un ordre rempli de menaces dans le cas ou il n'exécuterait pas ce qu'on désirait de lui.

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Le 10 à 9 heures du soir, le Colonel du régiment du Roi se présenta au Général pour lui annoncer que son Corps arrivait à l'instant même dans le port venant de Aarhus ». Pendant la traversée, le convoi avait voulu débarquer à Kjerteminde, mais à l'entrée du port les batteries danoises avaient fait feu, et, malgré les instances du Lieutenant Bentades, descendu à terre en parlementaire, les Officiers danois refusèrent de le recevoir, même à un moment les marins danois essayèrent de retenir les bateaux dans la baie il fallut l'intervention d'un cutter anglais pour les forcer à continuer leur route.

C'est alors que le Général et l'Amiral, craignant d'être bientôt attaqués par les Français et les Danois dans Nyborg, prirent la résolution de sortir le jour suivant avec les troupes.

A environ une lieue de Nyborg se trouve une langue de terre, nommée pointe de Slipshawn ou Kunds Hoved, qui avance assez dans la mer et pouvait être protégée par les bâtimens de ligne Anglais; elle permettait de plus de faire l'embarquement avec plus de promptitude.

« L'artillerie danoise ayant été enclouée, et les bâtimens de transport ayant été conduits auprès de la pointe de Slipshawn, les troupes sortirent de Nyeborg dans la matinée du 11, en deux divisions, qui se suivirent à un intervalle de deux heures une forte arrière garde fermait et couvrait la marche. Arrivés à l'endroit désigné, on disposa tout pour l'embarquement des troupes. Il fut entièrement terminé, grâce aux secours efficaces des Anglais, à onze heures du malin, malgré un vent très violent qui incommodait beaucoup. Un bâtiment chargé des équipages des officiers d'artillerie et de quelques roues de remplacement échoua dans le port de Nyeborg; mais ceux qui le montaient parvinrent

à se sauver.

Dans la soirée du même jour, on aperçut quatre bâtimens venant du Nord; ils amenaient d'Aarhus le régiment de l'Infante 2, et étaient escortés par un brigantin anglais. Dans la nuit on envoya à Langeland le Lieutenant du régiment de Catalogne, Carreras, afin qu'il donnât connaissance du mouvement au Commandant des troupes qui se trouvaient aans cette île, et qu'il le prévint que l'on devait se diriger sur ce point aussitôt que le temps le permettrait.

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Le 12 août « le convoi resta mouillé à quatre milles de l'est de Nyeborg; le vent élant violent et contraire. Le Marquis de la Romana fut reçu à bord du Superb avec tous les honneurs militaires. » On essaya de faire passer « la majeure partie des troupes à bord des vaisseaux de guerre, et de laisser le reste avec l'artillerie et les équipages sur les transports, mais le vent, ni la mer ne le permirent 3.

1. Journal Sommaire. Copie.

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2. Zacarès se présenta, le 10, à Hindsolm et débarqua à Medskow, voulant se faire conduire en voiture à Nyeborg. En arrivant près de Kjerteminde, avec les Espagnols qui l'accompagnaient, il fut fait prisonnier. Le 11, à 9 h. 30, El Infante arriva en vue de Kjerteminde et essaya de débarquer entre Risingehoved et Landsgaard. Bentades débarqua en parlementaire, mais on ne voulut pas le recevoir, et l'on tira avec une batterie mobile sur les bateaux que les matelots danois voulaient abandonner. Une corvette anglaise intervint, et les bateaux se dirigèrent sur Nyeborg où ils rejoignirent la flotte anglaise (K. SCHMIDT).

3. Cet arrêt en face de Nyeborg fit croire que des Espagnols, dont le Marquis de la Romana, étaient descenus à Kiholm, petite ile fortifiée à la pointe septentrionale de l'ile de Samsoe, et qu'il aurait voulu s'emparer de cette ile pour en faire une place de refuge pour les trou

Le 13 août, le vent s'étant un peu calmé on put exécuter ce changement, puis on mit à la voile, et, à une heure, on abordait sur la côte Est de Langeland, devant la batterie de Spodsbjerg dont les Espagnols s'étaient rendus maîtres ainsi que toute l'île, grâce à l'arrivée du Régiment de Villaviciosa et des deux compagnies de Barcelone, qui étaient passés dans l'île en vertu des ordres du Marquis de la Romana transmis par le Capitaine du génie Miyares 1.

Celui-ci, en effet, était venu à Swendborg pour demander des barques pour faire passer à Langeland le régiment de Villaviciosa qui arriverait dans la nuit de Faaborg, tandis que deux compagnies de Barcelone devaient se diriger sur Nyborg et les deux autres sur Langeland.

Le Colonel Schell, commandant la place de Swendborg, prépara tout, mais, n'ayant pas d'ordre de l'Etat-Major danois, il en prévint le Général Rantzau à Odense.

De son côté, le Colonel Juel, commandant danois à Thorseng, le 8 août, avait prévenu le Général Ahlefeldt de la destination pour son île du Régiment de Villaviciosa et de 2 Compagnies du Bataillon de Barcelone, ajoutant : « Je trouve que cette affaire est entourée d'une obscurité profonde. » Les officiers de la Marine de guerre danoise de Swendborg avaient

pes qui n'avaient pu encore le rejoindre. On raconta qu'alors le Marquis de La Romana avait été fait prisonnier. Le Roi le dit au Baron Didelot qui s'empressa, le 16 août, d'en rendre compte. C'était une de ces fausses nouvelles comme il en court dans toutes les guerres.

1. Karl SCHMIDT. Op. cil, n° 29 et 30.

L'important pour assurer la fuite était d'être maître de Langeland ; on pouvait craindre de voir renforcer la garnison danoise, aussi fallait-il la mettre dans l'impossibilité de nuire. C'est pourquoi, dès le 7 août, il fut décidé de faire rentorcer la garnison espagnole par les troupes de Villaviciosa et de Barcelone qui occupaicnt Faaborg et Swendborg. (Voir K. SCHMIDT, Ollende Kapital, p. 201 et s.). Incidents des canonnières du Lieutenant Brun, des batteries, des canons encloves. A Swendborg il y avait une compagnie de Barcelone, 5 autres étaient de Bjornemose à Broholm 2 de ces compagnies devaient se rendre à Nyeborg et les autres à Langeland. Celles-ci arrivèrent à Taûsing facilement; mais le Colonel Juel ayant appris les tentatives de Faaborg, prévint les officiers de marine danois qui firent filer les canonnières et bateaux vers Strommen et Iholm. Mais dans le port de Swendborg se trouvaient de nombreux bateaux réfugiés en partie d'Ero pour fuir les Anglais; de telle sorte que les Espagno's purent s'en servir facilement, sauf pour les chevaux de Villaviciosa, au sujet desquels on raconta beaucoup d'histoires (K. SCHMIDT, p. 205).

Mais M. K. Schmidt montre bien que te Général Rantzau fut rapide. ment mis au courant des faits, à Odense ; qu'il envoya demander des explications au Marquis de La Romana, lequel se contenta de répondre que le Colonel Armendaris ne l'avait pas compris. Sa lettre fut même incompréhensible; mais Rantzau ne bougea pas. Et cenendant tous les renseignements prouvaient, comme le dit K. Schmidt, que les Espagnols avaient un plan secret.

mis leurs bateaux à une petite distance du rivage, et, se dirigeant vers Ilholm et Holsteen, avaient prévenu le Colonel Juel que 4 chaloupes canonnières de Swendborg iraient la nuit suivante à Faaborg ce qu'elles firent.

A ce moment 14 ou 15 bateaux anglais s'étant approchés de l'île de Tur, au N. E. de Taasing, le Colonel Juel voulant éprouver les Espagnols en prévint leur commandant ; celui-ci prit des mesures pour garder le rivage et envoya des ordres à Thorseng et à Tur, disant au Colonel que son bataillon était à la disposition du Roi du Danemark et de ses amis danois ». Cela plut au Colonel, tandis que l'on arrêtait un officier français qui se rendait à Rudkjobing, et qu'on l'obligeait à rester à Swendborg.

Si le Colonel danois n'était pas fixé, c'est qu'il y mettait de la mauvaise volonté.

D'ailleurs, dans la nuit du 8 au 9, il recevait du Général Ahlefeldt l'ordre de faire éloigner les bateaux servant au passage et d'empêcher celui-ci. Cela était déjà trop tard pour Barcelone qui avait reçu du Marquis de la Romana l'ordre de se rendre directement de Swendborg à Rudkjœbing. Mais les marins danois, après avoir fait passer Barcelone, de retour à Swendborg rassemblèrent leurs bateaux et prirent le large.

Quant à Villaviciosa, voici ce que disent les rapports. Le Général Major Rantzau1, qui commandait à Odense, rendait compte au Roi, le 9, à 1 h. 30 du matin, qu'il recevait un rapport de Faaborg disant que les Espagnols de Villaviciosa avaient tenté de s'emparer des chaloupes canonnières qui s'étaient éloignées pour éviter l'attaque, et qu'alors la batterie Plougs, à peine gardée, avait été prise par les Espagnols. Puis, estimant le fait inconnu du Marquis de la Romana, il lui envoya le Capitaine de cavalerie Von Bardenfleth pour le mettre au courant, et lui demander d'intervenir, de rétablir la discipline et de faire rendre la batterie. Il en rendait compte en même temps au Prince de Ponte Corvo. Il est curieux de voir avec quelle finesse avait agi le Marquis de la Romana qui était prévenu de tous les incidents par le Lieutenant-Colonel Gaultier et tous les officiers danois.

Le Colonel Schel, à Swendborg, était de son côté, le 8 au soir, mis au courant des événements de Faaborg par le chancelier Tolstrup, maire de cette ville où les Espagnols avaient détérioré la batterie de Dyrebourg, emmené les canons

1. Karl SCHMIDT. Op. cit., no 32.

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