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tement à l'empereur, mais bien légèrement et sans espérance de succès. -2° Comment supposer qu'on ait demandé à la cour de Rome d'instituer un patriarche? Un patriarche n'eût eu de l'influence qu'en France: le pape qui était celui du grand empire, étendait la sienne sur l'univers: on eût donc perdu au change. - 3° Comment l'empereur eût-il demandé l'acceptation du code civil: le code Napoléon ne régissait-il pas la France et l'Italie? Avaitil donc besoin de la cour de Rome pour faire des lois chez lui? 4° Comment aurait-il demandé la liberté des cultus? La liberté des cultes n'était-elle pas une loi fondamentale de la constitution française? Cette loi avait-elle donc plus besoin de la sanction du pape que de celle du ministre Marron et des consistoires de Genève? 5° Comment aurait-il demandé la réforme des évêchés trop nombreux en Italie? Le concordat d'Italie n'y avait-il donc pourvu? il y eut, il est vrai, quelques négociations pour les évêchés de Toscane et de Gênes, mais dans les formes établies pour ces sortes d'affaires. 6° Quel intérêt pouvait-il y avoir à ce que les bulles pontificales pour les évêchés et les cures, en Italie, fussent abolies? Tout cela n'était-il pas réglé par le concordat d'Italie? - 7° Pourquoi aurait-il demandé l'abolition des ordres religieux? Ces ordres n'étaient-ils donc pas abolis en France et en Italie ? La vente de leurs biens n'avaitelle donc pas été consommée et ratifiée les concordats? 8 Comment supposer que, brouillé avec la cour de Rome, il ait demand N. Tome I.

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pas

par

le mariage des prêtres; ce qui eût été, de gaieté de coeur, donner beau jeu à ses ennemis? que lui importait le célibat des prêtres! Avait-il du temps à perdre en discussions théologiques? 9° Quel intérêt pouvait-il avoir que Joseph Bonaparte fût sacré par le pape roi de Naples? Si le pape l'eût voulu, il s'y serait opposé de peur qu'il n'en voulût prendre acte de sa suzeraineté sur Naples.

La correspondance directe de l'empereur et du pape, depuis 1805 à 1809, est restée secrète; elle ne roulait que sur des affaires temporelles, sur lesquelles il n'avait besoin ni du consentement, ni de l'avis de ses évêques; mais, en 1809, lorsque, par le bref de Savone adressé au chapitre de Florence et à celui de Paris, le pape, s'appuyant d'un passage du concile de Lyon, prétendit troubler l'exercice des vicaires capitulaires, pendant les vacances des sièges, les discussions entrèrent dans la spiritualité. Alors il sentit le besoin du conseil et de l'intervention du clergé: il établit un conseil de théologiens: le choix qu'il fit fut heureux; l'évêque de Nantes, qui était depuis un demisiécle un des oracles de la chrétienté, en était l'ame: depuis cette époque, toutes les discussions sont devenus publiques.

Fox causant avec Napoléon, après le traité d'Amiens, lui reprocha de n'avoir pas obtenu le mariage des prêtres; il lui répondit: „J'avais „, et j'ai besoin de pacifier; c'est avec de l'eau et non avec de l'huile, qu'on calme les volcans théologiques: j'aurais eu moins de peine à

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„établir la confession d'Augsbourg dans mon „empire."

Depuis le couronnement, il y eut des discussions pour les chapeaux de cardinaux, pour des réticences que le pape s'était permises dans ses allocutions sur les lois organiques, sur des brefs de pénitencerie; pour quelques circonscriptions des évêchés de Toscane et de Gênes, pour quelques affaires secrètes, relatives au royaume d'Italie; mais aucune de ces discussions n'occupa directement les deux souverains; elles furent constamment abandonnées aux soins des chancelleries, qui traitèrent toutes ces affaires avec modération et sagesse.

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„Il importe peu, pour le fonds de la chose, quel ait été ,l'auteur de l'enlèvement du pape. De quelque main qu'il ,soit parti, il n'en est pas moins odieux. Ici tont l'intérêt ,, est du côté de l'histoire, etc."

دو

L'origine de la querelle qui dura cinq ans entre l'empereur et le pape, se termina par la réunion, en 1810, à l'empire, des états temporels du saint-siège: elle date de 1805. La cour de Vienne, la Russie et l'Angleterre, venaient de conclure la troisième coalition contre la France: une armée autrichienne s'empara de Munich, en chassa le roi de Bavière, et prit position sur l'lller, où elle devait être jointe par deux armées russes; l'archiduc Charles à la tête de la principale armée de la maison d'Autriche, se portà sur l'Adige, menaçant d'envahir toute l'Italie; un corps d'observation de 15 à 20,000 Français, sous les ordres du maréchal Saint-Cyr, occupait la presqu'île d'Otrante; il était séparé de l'armée de l'Adige par les états du pape. Une escadre anglaise se faisait voir dans la Méditerranée, et avait des croiseurs dans l'Adriatique; une armée anglo-russe était attendue à Naples. Le corps d'observation d'Otrante était compromis, la citadelle d'Ancône appartenait au pape;

étant

sur la ligne de communication avec l'armée

française d'Italie, elle n'était pas armée: un débarquement de 1,200 hommes, pouvait se saisir de ce poste important. Napoléon pria le pape, dans une communication directe, d'armer Ancône; d'y mettre 3,000 hommes de garnison, et d'en confier le commandement à un homme sûr; de permettre qu'il y envoyât garnison française:. il fut refusé; alors il insista et exigea de nouvelles garanties. Il demanda catégoriquement: 1° que le pape conclût un traité offensif avec le roi d'Italie et le. roi de Naples, pour la défense de l'Italie; la cour de Naples, qui dissimulait, y avait consenti; 2° que les ports des états romains fussent fermées aux Anglais; 3° qu'une garnison de 5,000 hommes Français, fût reçue dans la citadelle d'Ancône. A ces demandes, le pape. répondit: que, père des fidèles, il ne pouvait entrer dans aucune ligue contre ses enfants, que ce serait d'ailleurs compromettre les ca- · tholiques romains, sujets des puissances contre lesquelles il se déclarerait: qu'il n'avait à se plaindre d'aucune, et qu'il ne voulait ni ne pouvait faire la guerre à personne. L'empereur. lui repondit: que lorsque Charlemagne avait investi le pape d'une souveraineté temporelle, au milieu de l'Italie, c'était pour le bien de l'Italie et de l'Europe, et non pour y introduire les infidèles, et les hérétiques; que l'histoire des papes était pleine de ligues, de contreligues, tant avec les empereurs qu'avec les rois d'Espagne, où les rois de France; que Jules II avait commandé des armées; qu'en 1797, le général Bonaparte avait eu son quartier-m

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