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bourg, d'Ingolstadt, furent livrées par l'empereur à la France, pour prix d'une prolongation de trêve de six semaines. Peu de mois après, la paix de Lunéville sauva la maison d'Autriche, et rétablit le calme sur le continent; et enfin peu après, le ministère signa les préliminaires de Londres, par lesquels l'oligarchie anglaise confondue reconnut la république française démocratique, non-seulement accrue des provinces belges, mais encore du Piémont, de Gênes, et de toute l'Italie. Et cependant de combien de millions ne s'était pas accrue la dette anglaise? tel fut le résultat de la politique passionnée de Pitt

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„Ses talents, `qui n'étaient inférieurs à aucune éléva,,tion (Kléber), avaient excité la jalousie de Bonaparte. La ,,fermeté et l'independance de ses opinions avaient refroidi leurs ,,communications, et bientôt éteint toute confiance entre eux: „, aussi n'en trouve-t-on aucune trace, ni dans l'instruction de ,,Bonaparte à Kléber, ni dans la lettre de celui-ci au directoire ,, républicain, dont il ne croyait pas la chûte si prochaine."

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(Page 128).

„Ne voit-on pas, dans le testament militaire et politique du „conquérant de l'Egypte, la conviction secréte et même l'aveu „d'une vérité que sans doute il ne s'était jamais dissimulée, et „que le général Kléber se hâta de dévoiler pour l'intérêt de ,,sa propre gloire? C'est que, sans l'appui mutuel des forces „de terre et de mer, aucune erpédition lointaine ne peut avoir „un succès durable, un véritable résultat; aucun établissement ,,colonial ne peut être soutenu, et bien moins encore au milieu ,, d'une population immense et toute armée, et d'une nation ,, dont l'éternelle inimitié est un sentiment inséparable de la »croyance religieuse, et chez laquelle, au sein même de la paix „et de la possession la moins contestée, ne pouvant changer „, la religion, ni faire concevoir à ces peuples d'autres lois que » celles qu'elle a consacrées, ne pouvant adopter leurs moeurs ,, et leurs coutumes, on ne parviendrait jamais à associer les ,, vainqueurs aux vaincus.... La perte irréparable de la flotte „française avait décidé du sort d'une armée qui ne pouvait plus „être recrutée, ni secourue par la métropole; elle devait périr par ses propres succès, Ainsi donc, dès son entrée dans le Delta, Bonaparte dut, comme à la porte de l'enfer du Dante, „laisser toute espérance. Après ce désastre, qui rallia tous les

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,, Musulmans, releva leur courage, et doubla les difficultés, il ,,ne put douter un instant du dénouement funeste qui l'attendait; inévitable écueil de sa fortune et de sa gloire. Mais ,, aussi quelle force et quelle habileté ne mit-il pas à soutenir le dévouement de ses soldats! Quelle activité dans ses opé,,rations! Et faut-il s'étonner si, ne pouvant partager l'espoir „ et les illusions qu'il prodiguait, après avoir usé la moitié de ,, ses moyens, il ait saisi, après ses revers de Syrie et sa vic„toire d'Aboukir, le seul instant propice pour fuir sa perte ,,certaine, et tenter d'autres hasards et de plus hautes destinées? Le départ de Bonaparte fut un coup de foudre, et jeta l'in», quiétude dans tous les esprits: il fut d'abord vivement re», gretté; mais la réputation de Kléber, digne en tout de la con‚fiance générale, ses ménagements pour la vie du soldat, dis», sipèrent cette espèce de terreur, calmèrent bientôt les agita„tions, et rallièrent toutes les opinions. Les Egyptiens, frap,, pés d'étonnement par les résultats de la bataille d'Aboukir, se regardaient comme destinés à vivre désormais sous la domi,,nation française; ils n'osaient plus croire qu'il fut jamais pos,,sible de les chasser du bord du Nil.... Les Mameloucks, tou,,jours errants dans la haute Egypte, n'étaient pas détruits. ,, Mourad-Bey, qui venait de voir anéantir en un seul jour tou,,tes les espérances qu'il caressait depuis long-temps, avait re»pris tristement le chemin de Girge. Ibrahim-Bey était à Gaza ,, avec environ 2,000 des siens il attendait impatiemment le „grand-visir, dont 30,000 de sa grande armée étaient déja ar,,rivés devant Saint-Jean-d'Acre. Mais ces masses nombreu „ses, entravées par une immense quantité de bagages, s'avançaient lentement. "

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(Page 152.)

..........................,,Il avait à choisir entre le général Menou, vieil et „brave officier, mais tout neuf au commandement, et le géné,,ral Reynier, dont les talents éprouvés à l'armée du Rhin, où ,,il avait été chef de l'état-major, inspiraient plus de confiance. ,,La passion dicta ce choix de Bonaparte: le secret orgueil, la

,,vaine satisfaction de faire prédominer ce qu'il appelait son ,, parti, l'emportèrent sur le salut de l'armée, sur l'interêt même ,,de sa gloire..........

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(Page 171.)

,, Quels qu'aient été les motifs qui déterminèrent Bonaparte ,, à l'entreprendre, il se mêla de grandes vues à l'esprit aven„tureux qui l'entraîna toujours hors des routes ordinaires et ,,au-delà des bornes de la raison, Ni la situation dans la„quelle il laissait l'intérieur de la France, ni l'état de la marine, ne pouvaient lui permettre d'espérer les secours sans ,, lesquels la colonie et le fondateur devaient nécessairement „périr; ils eussent été, comme au temps des croisades, tôt ou ,, tard dévorés par le climat ou par des peuples à demi-barba„res, que le fer ne pouvait soumettre, et qu'aucun lien reli„gieux ni politique ne pouvait unir au vainqueur. Mais frap"per au coeur le commerce de l'Angleterre, en attirant en ,,Egypte celui de l'Orient; rouvrir la route des trésors de l'an„, cien monde; dédommager la France de la perte de ses colo,,nies occidentales par de nouveaux et nombreux établissements » sur les côtes de l'Afrique; rendre au berceau des sciences et „des arts sa première splendeur ; explorer un pays si riche de grands souvenirs; aller marquer sa place entre les plus illu», stres conquérants; quels plus brillants prestiges séduisirent jamais les favoris de la fortune;

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(Volume VII, page 97.)

La sortie de l'admiral Gantheaume fut une résolu„tion aussi audacieuse que l'entreprise de la conduire à Alexan„drie était téméraire. C'était hasarder de livrer aux Anglais „la meilleure partie de ce qu'il restait dé la marine française :. ,, mais ce secours pouvait sauver la colonie d'Egypte et déter„miner la paix maritime. Si l'escadre échappait à la flotte „anglaise de la Manche, elle devait, en entrant dans la Médì ̧„terranée, rencontrer celle de l'admiral Keith, et si elle parve„nait à l'éviter, il n'était pas probable que les escadres de Warren et de Bickerton, qui croisaient ou à l'ouvert du détroit,

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,, ou dans le canal de Malte, et dans la mer de Libye, ne cou» passent sa route avant l'attérage à la côte d'Egypte. Il fallait ,, donc autant de bonheur que d'habileté pour remplir cette ,,glorieuse mission: l'un et l'autre ne manquaient pas á l'amiral français; son escadre dispersée se trouva tout entière réunie au cap de Gates, le 10 février, dix-huit jours après la sortie de Brest, sans que les Anglais en eussent eu connaissance. „L'amiral Harvey, qui commandait la flotte de la Manche, en l'absence de l'amiral Corruvallis, fut informé de la sortie de ,, l'escadre de Brest, par la frégate qui avait combattu contre ,,la Bravoure; mais ne pouvant croire que Gantheaume eût osé ,, se hasarder à entrer dans la Méditerranée pour y naviguer au ,,milieu de trois flottes ennemies (environ trente vaisseaux de », ligne et cinquante frégates ou moindres bâtiments), il ne doutait pas que l'escadre dérobée à sa vigilance, pendant les der,,niers coups de vent, n'eût fait voile pour les Indes occiden,, tales. Il supposa qu'elle était destinée, soit à reprendre Saint,, Domingue, soit à attaquer la Jamaïque: et comme cette ex,,pédition, partie de Brest, pouvait se combiner avec les mou,,vements et les tentatives qu'on avait remarqués dans les autres ports français de l'Océan et qu'une entière sécurité avait ,,fait négliger de renforcer la station anglaise aux îles sous le ,, vent, l'amiral Harvey détacha sur-le-champ dans cette direc,, tion, à la poursuite de l'escadre française, sir Robert Calder », avec sept vaisseaux de ligne et deux frégates bien approvisionnées pour quatre mois, et lui ordonna de forcer de voiles pour atteindre l'ennemi,

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(Page 101.)

.......... Certain d'être dévancé par des forces triples des sien,,nes, et poursuivi par l'escadre de Warren, l'amiral Gan», theaume dut renoncer à son entreprise; car s'il persistait à ,, suivre ses premières instructions, il tombait inévitablement ,, aux attérages d'Egypte dans la flotte réunie de Keith et de Bickerton, et ne pouvait se flatter ni d'exécuter un débarque,, ment en leur présence, ni de se retirer après un combat inè—– gal, et d'échapper à l'amiral Warren, Il ne songea donc plus

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