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6° La division Augereau passa effectivement le Mincio sur le pont de Borghetto; les démonstrations près de Peschiera étaient une fausse attaque pour fixer l'attention du général Liptay pendant qu'Augereau manoeuvrait pour lui couper

le chemin de Vérone.

7o Il y avait dans le fort Urbin huit cents soldats du pape et non pas deux cents; ce fait est bien peut important en lui-même, nous ne le relevons que par respect pour la vérité.

Nous ne savons qui a dit que l'armée n'eût pas dû s'arrêter sur l'Adige, qu'elle eût dû passer les Alpes-Juliennes et se porter sur Vienne; mais cela est bien absurde!

Après la bataille de Lodi, Napoléon reçut un arrêté du directoire qui lui ordonnait de marcher sur Rome et Naples avec vingt mille hommes et de livrer son armée à Kellermann qui viendrait commander le blocus de Mantoue. Il représenta avec énergie les vices de ce projet et offrit sa démission ne voulant pa être l'instrument de la perte de son armée. Le gouvernement rapporta son arrêté; il avait été séduit par l'appât irrésistible pour les hommes da la révolution d'arborer le drapeau français sur le Capitole et de punir la cour de Naples de ses nombreuses offenses: la politique dicta la conduite de Napoléon avec le roi de Sardaigne; mais ces ménagements entraient difficilement dans les têtes de ce tempslà. Ce n'est pas sans peine qu'il avait pu faire comprendre toute l'importance de maintenir la tranquillité dans le Piémont; que les révolutions, les révoltes, la fermentation des passions, pro

duisent toujours des troubles; que c'était du calme et de la sécurité qu'il fallait sur les derrières de l'armée.

III. NOTE (CHAP. XXX).

Bataille de Castiglione.

1° On tient trop de compte des rapports du conseil aulique qui, battu, chercha à pallier l'état des choses. A cette époque, Wurmser n'avait pas moins de cent mille hommes, dont quinze mille dans Mantoue; l'armée française était de quarante mille hommes dont dix mille employés au blocus de cette place; trente mille formaient l'armée d'observation qui devait tenir en respect et contenir une armée de secours de plus de quatre-vingt mille hommes. Depuis le 29 fuillet jusqu'au 8 août, Wurmser perdit quarante mille hommes, soixante-dix pièces de canon, beaucoup de caissons et de voitures, quinze drapeaux: il changea la garnison de Mantoue, la renforça de cinq mille hommes et regagna le Tyrol avec moins de quarante mille hommes.

2o Le 31 juillet, Augereau repassa le Mincio à Borghetto avec sa seule division, Serrurier leva le blocus de Mantoue, réunit sa division et se porta sur Marcaria. Dans la nuit du 31 juillet au ler août, Napoléon marcha sur Brescia avec la division Augereau qui suivait des chemins vicinaux au travers d'un pays de bruyêres; Masséna (qui ne resta pas à Ponte-san-Marco) marcha parallèlement sur la chaussée de Ponte-san-Marco à Brescia: Sauret resta en position sur les hauteurs entre Lonato et Salo: le général Pigeon,

commandant l'arrière-garde de Masséna dans cette marche, demeura sur le bas Mincio avec quinze cents hommes, tiraillant d'une rive à l'autre; l'arrière-garde d'Augereau, commandée par le général de brigade Valette, s'établit sur la rive droite du Mincio à la hauteur de Borghetto, et tirailla avec l'autre rive. Le 2 août, à la petite pointe du jour, les divisions Masséna et Augereau firent demi-tour à droite, après avoir chassé Quosdanovich de Brescia et de toute la plaine. Masséna se porta à Ponte-san-Marco et trouva son arrière-garde, devenue par ce mouvement son avant-garde, déja reployée sur Castiglione; elle s'était laissée forcer sans raison dans la journée. Telle était la position des choses la veille de la bataille de Lonato.

3°A cette bataille les Autrichiens avaient trente mille hommes; ils en avaient dix-huit mille à Castiglione; Liptay formait l'avant-garde; aussi fallut-il au général Augereau toute la vigueur de son excellente division renforcée de la réserve de cavalerie, pour vaincre, s'emparer de Castiglione et battre l'ennemi. Douze cents hommes étaient opposés à Masséna; ils prirent d'abord Lonato et défirent l'arrière-garde du général Pigeon, mais furent percés par le centre, repoussés et chassés du champ de bataille. Le 5, eut lieu la bataille de Castiglione. Le général Fiorella qui commandait la division Serrurier, ne put faire son mouvement sur les derrières de Wurmser qu'avec quatre mille hommes; il y avait à cette division trois mille malingres ruinés par les fièvres des marais, qu'il lui fut impossible d'emmener et u'il dut laisser à Marcaria avec les sapeurs, les

ouvriers, les caissons et autres voitures attachées à l'équipage de siège. Wurmser avait encore près de trente mille hommes, une fort belle cavalerie, la nôtre était encore alors inférieure à l'autrichienne; l'armée française était de vingt-deux à vingt-trois mille hommes, mais c'étaient les mêmes troupes qui s'étaient battues à la Corona, à Lonato, et à la bataille du 3; bien des officiers avaient été tués, beaucoup était hors de combat: on fit donc dans cette journée tout ce qu'il était possible de faire.

4° Wurmser était un vieux soldat, il avait de bons officiers avec lui, il savait que son plan était trop vaste, mais il se croyait protégé par sa grande supériorité numérique. S'il n'eût eu que des forces égales ou seulement d'un tiers au-dessus, il ne se fût pas autant étendu. S'il eût perdu aussi peu de monde qu'on paraît le croire à Lonato et à Castiglione, il n'eût pas abandonné le Mincio, il s'y fût maintenu la gauche appuyée à Mantoue, la droite au lac de Garda; en investissant et assiégeant Peschiera, il eût sauvé l'honneur des armes: mais les pertes qu'il avait éprouvées étant trop considérables, elles l'obligèrent à rentrer dans le Tyrol et à abandonner l'Italie.

IV NOTE (CHAP. XXXI).

Bataillé de Bassano.

1° Wurmser reçut quinze mille hommes de renfort dans le mois d'août, il lui en restait quarante mille de son ancienne armée, il s'y était joint dix mille Tyroliens, il avait donc soixante

dix mille hommes dans le commencement de septembre. Trente mille, y compris les dix mille Tyroliens, furent destinés à garder le Tyrol sous Davidowich, quarante mille à manoeuvrer par les plaines du Bassanais et du Vicentin sur Mantoue; sur ce nombre, trente mille étaient d'infanterie, le reste de cavalerie et d'artillerie. Davidowich perdit onze mille hommes à la bataille de Rovérédo, dont neuf mille prisonniers; il en avait perdu au combat de la Sarca et en perdit au combat de Lavis.

2° Au combat de Primolano, on fit des prisonniers de cinq bataillons différents, il y avait outre les trois bataillons de Croates, six bataillons de ligne; le nombre des prisonniers fut de quatre mille et non de dix-huit cents.

3o La bataille de Bassano a été plus importante qu'on ne la représente; les pertes éprouvées par l'ennemi ont été plus fortes.

4° La division Mezaros arrivée devant Vérone attaqua cette ville et fut repoussée; le local avait été préparé à cet effet, car le mouvement offensif de Wurmser avait été prévu; une demi-lune. avait été construite en avant de la porte de Vicence et l'enceinte avait été armée d'un grand nombre de pièces d'artillerie. Kilmaine, qui avait été chargé d'observer l'Adige, reçut du général en chef, au moment où celui-ci marchait sur Trente, une instruction fort detaillée qui le frappa vivement; elle est curieuse et doit se trouver dans ses papiers; tout ce qui arriva

l'Adige était prévu. Lorsqu'il se vit meé, Kilmaine rappela la garnison de Legnago

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