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dans la lutte qui allait s'engager: on prévit toutes les chances; et on ne peut mieux répondre à l'assertion erronée de l'auteur du manuscrit de Saint-Hélène, qu'en lui opposant les articles secrets de ce traité.

Art. 1er. L'Autriche ne sera point tenue de fournir le secours stipulé par l'art. 4 du traité patent dans les guerres que la France soutiendrait ou contre l'Angleterre, ou au-delà des Pyrénées.

Art. 2. Si la guerre vient à éclater entre la France et la Russie, l'Autriche fournira ledit secours stipulé par les articles 4 et 5 du traité de ce jour. Les régiments qui doivent le former seront, dès à présent, mis en marche et cantonnés de manière qu'à dater du premier mai, ils puissent, en moins de quinze jours, être réunis sur Lemberg.

Ledit corps de troupes sera pourvu d'un double approvisionnement de munitions d'artillerie, ainsi que des équipages militaires nécessaires au transport de vingt jours de vivres.

Art. 3. De son côté, S. M. l'empereur des Français fera toutes ses dispositions pour pouvoir opérer contre la Russie, à la même époque, avec toutes les forces disponibles.

Art. 4. Le corps de troupes fourni par S.M. l'empereur d'Autriche sera formé en trois divisions d'infanterie et une division de cavalerie, commandées par un général autrichien au choix. de S. M. l'empereur d'Autriche.

Il agira sur la ligne qui lui sera prescrite par S. M. Tempereur des Français, et d'après ses

ordres immédiats.

Il ne pourra toutefois être divisé et formera toujours un corps distinct et séparé.

Il sera pourvu à sa subsistance en pays ennemis, suivant le même mode qui sera établi pour les corps de l'armée française, sans rien changer toutefois au régime et aux usages de détail établis par les règlements militaires de l'Autriche pour la nourriture des troupes.

Les trophées et le butin qu'il aura faits sur l'ennemi lui appartiendra.

Art. 5. Dans le cas où par suite de la guerre entre la France et la Russie, le royaume de Pologne viendrait à être rétabli, S. M. l'empereur des Français garantira spécialement, comme elle garantit dès à présent à l'Autriche, la possession de la Galicie.

Art. 6. Si, le cas arrivant, il entre dans les convenances de l'empereur d'Autriche de céder, pour être réunie au royaume de Pologne, une partie de la Galicie, en échange des provinces illyriennes, S. M. l'empereur des Français s'engage, dès à présent, à consentir à cet échange. La partie de la Galicie à céder sera déterminée d'après la base combinée de la population, de l'étendue, des revenus, de sorte que l'estimation des deux objets de l'échange ne soit pas réglée par l'étendue du territoire seulement, mais par sa valeur réelle.

*

Art. 7. Dans le cas d'une heureuse issue de la guerre, S. M. l'empereur des Français s'engage à procurer à S. M. l'empereur d'Autriche des indemnités et agrandissements de territoire qui, non-seulement compensent les sacrifices et charges de la coopération de sadite majesté dans la guerre, mais qui soient un

monument de l'union intime et durable qui existe entre les deux souverains.

Art. 8. Si en haine des liens et engagements contractés par l'Autriche envers la France, l'Autriche était menacée par la Russie, S. M. l'empereur des Français regardera cette attaque comme dirigée contre lui-même, et cominencera immédiatement les hostilités.

Art. 9. La Porte Ottomane sera invitée à accéder au traité d'alliance de ce jour.

Art. 10. Les articles ci-dessus resteront secrets entre les deux puissances.

Art. 11. Ils auront la même force que s'ils étaient insérés dans le traité d'alliance, et ils serout ratifiés, et les ratifications seront échangées dans le même lieu et à la même époque que celles dudit traité.

Fait et signé à Paris, le 14 mars 1812.

Un traité de même nature avait été signé le 24 février 1812, entre la France et la Prusse. Comment donc dire que Napoléon fut dérangé dans ses plans sur la Pologne par des combinaisons diplomatiques?

XXXIX NOTE.

(Page 127.)

Je me retirais lentement. »

L'auteur de cet écrit n'a d'idée ni de la guerre, ni de cette campagne.

Après la victoire éclatante ren portée à Dresde, l'armée française ne fit point de mou vement de retraite; elle manœuvra pour porter la guerre sur la rive droite de l'Elbe, s'ap

puyant sur ses places fortes, notamment sur Magdebourg, et se mettant en communication avec le corps du maréchal Davoust. La défection de la Bavière contreignit Napoléon à changer de projet. Ce n'est qu'après la bataille de Leipsick que les alliés furent maîtres des opèrations de la campagne.

XLC NOTE.

(Page 132.)

»J'ai accusé le général Mormont de m'avoir trahi; je lai rends justice aujourd'hui: aucun soldat n`a trahi la foi qu'ïl devait à son pays.»

Plût à Dieu qu'une pareille assertion fut vraie! Le maréchal Marmont n'a point trahi en défendant Paris. L'armée, la garde nationale parisienne, cette jeunesse si brillante des écoles, se sont couverts de gloire sur les hauteurs de Montmartre; mais l'histoire dira que, sans la défection du 6e corps, après l'entrée des alliés à Paris, ils eussent été forcés d'évacuer cette grande capitale; car ils n'eussent jamais livré bataille sur la rive gauche de la Seine, en avant derrière eux Paris, qu'ils n'occupaient que depuis trois jours; ils n'eussent pas violé ainsi toutes les règles, tous les principes du grand art de la guerre. Les malheurs de cette époque sont dus aux défections des chefs du te corps et de l'armée de Lyon, et aux intrigues qui se tramaient dans le sénat.

XLIC NOTE.

(Page 135.)

J'étais prisonnier (à Fontainebleau); je m'attendais à être traité comme tel. >>

Napoléon à Fontainebleau avait encore autour de lui 25,000 hommes de sa garde. Rien ne s'opposait à ce qu'il ralliat les 25,000 hommes de l'armée de Lyon, les 18,000 que le lieutenant-général Grenier ramenait d'Italie, les 15,000 du maréchal Suchet, les 40,000 du maréchal Soult, et reparût sur le champ de bataille, à la tête de plus de 100,000 combattants. Il était maître de toutes les ploces fortes de France et d'Italie. Il aurait long-temps encore 'entretenu la guerre, et bien des chances de succès s'offraient aux calculs; mais ses ennemis déclaraient à l'Europe qu'il était le seul obstacle à la paix: il n'hésita pas sur le sacrifice qui semblait lui être demandé dans l'intérêt de la France. Après avoir tout fait pendant vingt ans pour le bonheur et la gloire du peuple français, il se livra volontairement, et remit à la nation la couronne qu'il avait reçue d'elle.

Lorsque, de sa retraite de l'île d'Elbe, il apprit que les factions s'agitaient en France, que les partis se formaient, que la guerre civile devenait imminente, et que toutes ses horreurs allaient éclater de nouveau sur notre belle patrie, il sentit que son espoir avait été déçu. Fidèle à sa dévise, tout pour le peuple français, il résolut de rentrer en France, non avec l'ambition de reconquérir son trône, mais pour se placer entre les factions. Il avait

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