Page images
PDF
EPUB

citoyens sont prêts à marcher à la voix de la patrie? Non, le trône où les votes constatés de quatre millions d'hommes ont appelé l'empereur, ce trône affermi par tant de traités, illustré par tant de sacrifices, consacré par la religion, ne peut devenir la proie des conquérans !

Les projets, conçus dans un premier moment d'alarmes et dans l'incertitude des événemens, n'auront aucune suite, et ne sauroient avoir de succès, quand l'Europe apprendra que les Bourbons ne peuvent plus recevoir d'autres secours que ceux de l'hospitalité; quand elle saura que la France achevant, dans le cercle de ses limites reconnues, sous la foi des traités et la protection du droit des gens, le grand œuvre de sa révolution, se montre unanime dans le généreux dessein de résister à l'oppression, et de repousser des agressions injustes.

Je ne pense pas, M. le préfet, que la mesure dont vous devez assurer le succès puisse éprouver le moindre obstacle. Vous voudrez bien ne me rien laisser ignorer de ce qui concerne son exécution. Recevez, M. le préfet, l'assurance de ma considération distinguée. Signé le duc D'OTRANTE.

[blocks in formation]

démontrer que le trône impérial pouvoit seul ga~ rantir les nouveaux intérêts de la France, en conso→ lidant les propriétés dans les mains des acquéreurs de domaines nationaux ; en préservant les campagnes du rétablissement des dîmes, des droits seigneuriaux, des rentes féodales; en un mot, en affranchissant l'empire du despotisme nobiliaire et sacerdotal, dont le sceptre de plomb se préparoit à peser sur nos familles. La Providence a voulu que ce trône se relevât comme par enchantement, pour assurer l'accomplissement de ses destins. Tout porte à croire que ses décrets seront respectés par les puissances de l'Europe, et que la France n'aura point à combattre pour son indépendance, lorsque l'empereur a proclamé l'intention invariable de ne point intervenir dans les affaires intérieures des autres peuples.

Néanmoins la prudence commande de fonder le maintien de la paix sur des moyens assurés pour soutenir la guerre, et il convient à la dignité d'une grande nation de justifier sa modération par sa puissance.

C'est dans ces vues qu'a été rendu le décret impérial du 28 mars, qui appelle tous les sous-officiers et soldats qui ont quitté l'armée, pour quelque raison que ce soit, à rejoindre leurs corps. Tous les pères de famille doivent donc user de leur influence sur tout ce qui les environne, pour concourir à l'exécution d'une disposition dont le résultat doit être de déployer un appareil de forces qui suffira pour faire respecter nos droits. Votre dévouement aux intérêts de la patrie et à la personne de notre auguste empe

reur, m'est un sûr garant de votre zèle à seconder de tout votre pouvoir les vues du gouvernement sur cet important objet.

Je vous invite à faire réimprimer ma lettre pour en donner connoissance à MM. les receveurs particuliers, et aux percepteurs des communes.

J'ai l'honneur, Monsieur, de vous saluer.

Le ministre des finances,

Le duc DE GAETE.

N° XLII.

RAPPORT DU MARÉCHAL PRINCE D'ESSLING, DU 14 AVRIL 1815.

Sire,

1

Les ordres de V. M. ont éprouvé des retards in surmontables dans ma position..

Les mouvemens excités dans la 8e division, et particulièrement à Marseille, s'y maintenoient par la présence du duc d'Angoulême, par la mauvaise composition des premières autorités civiles, par les rapports constans qu'entretenoient les agens des. princes avec des ministres étrangers, et par des nouvelles controuvées, toutes plus alarmantes les unes que les autres pour les paisibles citoyens.

D'un autre côté, le duc d'Angoulême, qui déjà m'avoit enlevé trois régimens, vouloit encore prendre ceux qui étoient à Toulon, et il m'a fait dire par M. de Rivière, que son intention étoit de donner ce

port en dépôt aux Anglais, qui fourniroient en retour de l'argent au Roi de France (1).

Dans une situation aussi difficile, je me déterminai, après avoir mis Antibes en état de siége, pour le soustraire à l'autorité du préfet du Var, à me rendre à Toulon, afin de conserver à S. M. cette place et sa marine.

Enfin, le 10 avril, j'avois eu connoissance que le 6 régiment, à Avignon, avoit repris les couleurs nationales ; j'ordonnai au général Leclerc de le maintenir dans la discipline, et de lui ordonner de se tenir prêt à faire un mouvement.

Le 10, j'ai fait la proclamation dont copie est ciannexée. Une estafette l'a portée dans les quatre départemens de la division, avec ordre de la faire publier et afficher à son de trompe et au bruit de vingt-un coups de canon, de faire flotter le pavillon national sur les forts, les municipalités, les bâtimens de l'Etat, et de faire reprendre la cocarde tricolore aux troupes de terre et de mer.

J'ai donné ordre aux préfets dans toute la division, de dissoudre les gardes nationales levées par le duc d'Angoulême, de réintégrer leurs armes dans les arsenaux de l'empire, et les objets d'habillement et d'équipement qu'ils avoient reçus, dans les magasins militaires.

J'ai déjà fait défense aux préfets et aux receveurs

(1) Comme si ce n'étoit pas assez d'avoir élevé le monument de sa propre infamie, l'auteur du rapport essaie d'avilir le prince prisonnier de Buonaparte en lui prêtant l'intention d'avoir voulu livrer Toulon. ( Voyez la note de la page 157, )

généraux de faire aucune solde aux gardes nationales, aucun paiement qui ne seroit pas dans l'intérêt de votre service, et d'obtempérer à aucun ordre des commandans du Roi.

J'ai envoyé à Draguignan le baron de Sivray, mon chef d'état-major, pour y faire arrêter et transférer au fort La Malgue, M. de Bouthilier, préfet du Var, qui s'est montré ardent dans ce parti, et qui avoit pris des mesures violentes auxquelles j'ai été obligé de résister.

le

J'ai fait provisoirement remplacer ce préfet par sous-préfet Ricard. J'ai ordonné que tous les actes judiciaires, administratifs, contrats notariés, publications, etc. eussent lieu au nom de l'empereur, ainsi que les prières que l'Eglise doit faire pour le

souverain.

Le r, les couleurs nationales ont été arborées à Toulon et dans tout le département du Var aux acclamations mille fois répétées de vive l'empereur.

Rien ne pourroit peindre la joie franche qu'ont manifestée les troupes de terre et de mer; la fête s'est prolongée pendant deux jours.

J'ai fait mettre en liberté, à Toulon, les grenadiers de la garde-impériale qui avoient été arrêtés à Antibes. Je les ferai diriger sur Lyon.

J'ai également fait élargir tous les détenus pour des motifs d'opinion.

J'ai envoyé de Toulon, au château d'If, une goëlette, avec l'ordre au commandant du château de remettre à celui de la goëlette tous les détenus pour les mêmes motifs.

« PreviousContinue »