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sieurs à un homme du peuple, qui, traînant avec. sa famille une charretée de légumes, et se voyant mis de côté par le geste impératif de deux cavaliers, l'épée nue à la main, s'obstineroit à garder le milieu de la rue, et s'élançant à la portière du carrosse de l'un de ces messieurs, l'apostropheroit ainsi, en enfonçant sur sa tête son bonnet de laine: « M. Bailly, car je vous reconnois! de quel droit me forcez-vous à vous céder le pas ? Vous n'êtes point ici maire; sur le pavé de Paris, nous sommes tous deux ni plus ni moins l'un que l'autre; nous allons chạcun à nos affaires, et les miennes sont peut-être tout aussi importantes que les vôtres. Avant le le 14 juillet, il me falloit à chaque rue céder le pas à quantité de petits grands seigneurs courant dans leurs cabriolets, précédés de leurs piqueurs. Depuis le 14 juillet, je me croyois délivré de ces papillons importuns. Je ne m'attendois pas à les retrouver dans la personne du premier magistrat de la ville. M. Bailly! nous défrayons votre voiture, afin que la fatigue de vos jambes n'affoiblisse point votre tête qui a besoin de ménagement. Mais quant à ces deux estaffiers à cheval, je ne sens pas la nécessité de les voir à la tête des chevaux de votre voiture. Mettez-vous un moment à la portière, et il n'est pas de citoyen qui ne s'empresse à vous céder le passage; mais faitesnous grace de ces airs de grandeur qui nous offusquent, puisqu'ils nous rappellent l'ancien régime que nous avons aboli. M. Bailly! souvenez-vous que nous sommes tous frères, et que nous ne vous devons tout au plus que les égards qu'on accorde à son aîné ».

Sur le despotisme des municipalités.

Nous l'avons déjà dit, et l'on ne sauroit trop répéter; le genre de despotisme le plus dangereux

est

ui est revétu des formes légales (1). Lors uple est opprimé par l'homme de la loi, dans lequel il a placé sa confiance, il ne plus qu'à porter la peine de son mauvais a bien à se livrer aux dangers d'une insurVoilà l'effet des abus de l'autorité muniet cette triste alternative ne tend à rien 'à faire regretter l'ancien régime, à cette hommes timides et peu instruits qui n'en. soient pas toutes les atrocités.

ous les départemens de France l'on nous des réclamations contre le despotisme des municipaux. Presque par-tout, et sur-tout s grandes villes, ils se sont érigés en petits des communes qu'ils administrent.

I de Marseille pour de misérables intérêts ar-propre, se livrent aux abus de pouvoir les candaleux. Ils viennent de défendre par une mation toute assemblée de citoyens actifs. ue temps auparavant ils avoient défendu aux lons de l'armée marseilloise de rien imprimer eur permission.

n'y a pas long temps qu'à Lyon les municiont essayé d'empêcher les colporteurs de er et de vendre les écrits patriotiques; ils at calqué leur ordonnance sur un placard bleu ci-devant représentans de l'aucienne municié de Paris qui, en créant des colporteurs priiés, leur avoient défendu de publier d'autres imés que ceux émanés de la puissance pu

e.

Amboise, ils font arrêter, comme incendiaires, écrits qui ne sont pas conformes à leurs pasas ou à leurs principes.

-Saint-Quentin, un libraire veut établir une primerie, il met un tableau sur sa porte, sous le e d'imprimerie nationale. Ce nouvel établisse

1) Voyez le n°. 67..

No. 70%

a

ment déplait à la municipalité, qui rend une sentence qui lui interdit l'usage de ses presses, lui ordonne de rayer son tableau, et défend à tout autre imprimeur qu'à l'imprimeur du roi d'exercer sa profession dans cette ville.

Comme l'on voit, c'est sur tout à détruire la liberté de la presse que s'acharnent les officiers municipaux, et cela par une bien bonne raison, c'est que la presse dévoile toutes les intrigues, tous les crimes contre la liberté du peuple. Tant qu'à Paris, on jouira du droit d'imprimer librement, il ne faudra pas désespérer du salut de la patrie. C'est bien en vain que des placards bleus inquiéteroient les colporteurs, sous le prétexte ridicule qu'ils entreprennent sur les droits de la puissance publique; les colporteurs continueront de crier, les imprimeurs de faire gémir les presses, et les auteurs d'écrire leurs pensées.

C'est bien en vain que, pour justifier leurs attentats contre la liberté des colporteurs, les municipaux de province voudroient s'autoriser d'une phrase insignifiante de l'abbé Syeyes, qui dit que to droit de crier doit étre interdit à tout particulier, parce que nul individu n'a le droit de disposer pour un usage particulier des rues, des places publiques et des jardins; d'où il s'ensuivroit qu'on n'a pas le droit de tousser, de cracher, de se promener dans les rues, parce que c'est les faire servir à un usage particulier. Sous le règne du despotisme, on étoit dans l'usage de crier les gazettes et les papiers journaux; il y a d'ailleurs une grande différence entre crier des journaux et proclamer des actes de la puissance publique. Les proclamations doivent se faire par un officier ad hoc, par un héraut d'armes, par exemple, revêtu des insignes de son état; au lieu que les annonces des colporteurs se font tout simplement et sans aucune cérémonie. Ces citoyens n'emplètent donc. point sur les droits de la puissance publique.

Quant au droit d'établir des imprimeries, il

galement à tous les individus: il n'y a ute que tout homme ne puisse avoir comme une plume; c'est une vérité nelle, fondée sur la déclaration des nous désespérerions de la chose publidroit d'imprimer pouvoit encore dén municipal, ou même des représentans ›n (1).

; de toutes les communes du royaume, issez pas opprimer par d'insolens munii, tout fiers des énormes pouvoirs qu'on ribués provisoirement, et auxquels l'abs loix ne laisse que trop d'extension, qu'ils doivent dans deux ans rentrer dans le leurs concitoyens. Souvenez-vous que constitutionnelles vous donnent le droit assembler paisiblement et sans armes, iez-vous des administrateurs qui vous bient une faculté que vous ne tenez pas

issez des presses, ayez des imprimeries uroit trop y en avoir. Les intrigues, les vres des scélérats, seront toujours plus iées que les moyens de les dévoiler. Songez aque vérité utile que vous ferez circuler, ugmenterez de quelques hommes l'armée riotes, vous ferez pâlir les tyrans à gances en écharpes.

os mandataires s'avisent désormais de vous dre d'écrire ou d'imprimer, trainez les devant ibunaux: là, demandez-leur compte de leur e prohibition, et forcez-les à subir la peine

L'article 2 de la déclaration des droits, porte : libre communication des pensées et des opinions n des droits les plus précieux de l'homme; tout en peut donc parler, écrire et imprimer librement, à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas minés par la loi ».

de la responsabilité. Dans le cas où les juges, d'accord avec les municipaux, conspireroient contre vos droits et votre liberté, adressez-vous alors àu corps législatif, comme à votre dernier refuge, Et si tous les ministres de la loi étoient sourds à vos réclamations; si aucune ressource légale ne vous étoit ouverte, assemblez vos parens, vos amis vos concitoyens; établissez vos presses à mainarmée, et rappelez vous que la résistance à l'oppression est le droit de tout homme libre. C'est alors que l'insurrection est le plus saint des devoirs (1).

Mémoire à consulter et consultation pour LouisPhilippe-Joseph d'Orléans,

Tel est le titre d'une très-lourde pièce d'écriture, imprimée et distribuée la semaine dernière au nom de M. d'Orléans.

Le résultat de cette consultation, délibérée par deux ci-devant avocats au parlement de Paris (les sieurs Bonhomme et Rozier), est que M. d'Orléans doit attendre l'institution et l'organisation du tribunal de cassation, qui doit être celui des prises à partie, et s'occuper en attendant de la plainte qu'il doit rendre :

(1) Quelle différence de la conduite des municipalités de France, avec celle de Liége, qui à la tête d'un peuple, à peine nombreux comme celui d'un des dise tricts du royaume, résiste aux princes d'Allemagne coalisés contre sa liberté. Nous regrettons bien que tes bornes et le genre de notre journal ne nous permettent pas d'insérer la réponse des liégeois aux propositions des six cours électorales. Généreux étrangers, votre courage, s'il est soutenu, vous rend dignes de commander au monde. Mais qu'il seroit affligeant pour les cœurs patriotes, si l'impuissance de résister vous rendoit Victimes de l'élévation de vos sentimens.

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