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Le prince de Metternich a été, pendant quarante ans, chancelier de l'empire d'Autriche, et, par sa position prépondérante, l'arbitre de ce qu'on appelait la Sainte-Alliance. Il a été le contemporain et le témoin des événements qu'il raconte. Ses Mémoires sont une source considérable pour l'histoire. Comme il fut le principal antagoniste de Napoléon, et qu'il est un de ses détracteurs,

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sa naissance, et la position officielle qu'occupait son père, à la cour impériale.

En 1801, Clément de Metternich entre au service de l'État; il est nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, près la cour de Saxe. Dès son premier écrit officiel (2 novembre 1801), il insiste sur la nécessité de ramener la France à ses anciennes limites; il déplore l'insouciance avec laquelle le gouvernement saxon laisse se propager chez lui, un « esprit de vertige tout nouveau1».

Appelé en 1803 à l'ambassade de Berlin, il y apporte la même hostilité envers la France. Il joue un grand rôle dans les pourparlers qui ont pour objet de nouer, contre nous, une troisième coalition. Dès le lendemain du sacre, il dénonce Napoléon comme ayant adopté le gouvernement militaire et les principes politiques qui ont porté l'empire

1. Mémoires du prince de Metternich, t, II, p. 15.

romain à la monarchie universelle1». Hanté par la haine et la peur de la France, il va jusqu'à supposer que l'armée, rassemblée à Boulogne, était uniquement destinée à combattre l'Autriche. L'inexactitude et la puérilité de cette assertion sont évidentes, car, en 1805, la présence de l'armée, réunie à Boulogne, jeta en Angleterre une terreur qui n'avait rien de factice. Les discussions du parlement anglais montrent à quel degré d'effarement l'esprit public était parvenu. Un bill fut voté, ordonnant la levée en masse de tous les hommes de dix-sept à cinquantecinq ans. Pitt, premier ministre, en proposant des fortifications passagères, destinées à couvrir Londres, déclarait qu'on pouvait seulement retarder de quelques jours les progrès de l'ennemi, de manière à éviter peut-être la destruction de cette capitale ». L'Empereur suivait, avec passion, les prépara

1. Mémoires du prince de Metternich, t. II, p. 37.

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