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comme récemment à Lord Lyons, que nous ne nous sentions pas portés à rechercher l'occasion d'intervenir dans la discussion de questions soulevées en dehors de nous, mais que nous désirions avant tout le rétablissement de la paix entre la Russie et la Porte ainsi que le maintien de la concorde entre toutes les Puissances. J'adhérais donc en principe à la proposition d'une Conférence, sous la réserve que toutes les Puissances signataires du Traité de Paris y seraient représentées et que le programme des délibérations serait limité et défini; je devais cependant porter la question au Conseil et différer jusqu'à demain ma réponse officielle. J'aurais attaché de l'intérêt à savoir si le Gouvernement austro-hongrois était d'accord avec la Russie pour que la réunion des Plénipotentiaires eût lieu à Vienne; mais M. le Comte de Wimpffen ne s'est pas trouvé en mesure de me fixer à cet égard. C'est là un point sur lequel je vous demande de m'éclairer le plus tôt possible. Nous ne faisons, d'ailleurs, quant à nous, aucune objection au choix de Vienne.

Signé: WADDINGTON.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

à l'Ambassadeur de France à Vienne.

(TÉLÉGRAMME.)

Paris, le 5 février 1878.

J'ai annoncé aujourd'hui officiellement au Comte de Wimpffen que la France acceptait l'invitation de l'Autriche à une Conférence, sous les réserves que je vous ai indiquées.

Signé WADDINgton.

M. DE LABOULAYE, Chargé d'affaires de France à Saint-Pétersbourg, au Ministre des Affaires étrangères.

(EXTRAIT.)

Saint-Pétersbourg, le 8 février 1878.

Monsieur le Ministre, le journal officiel publie aujourd'hui le texte

DOCUMENTS DIPLOMATIQUES.

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des conditions préliminaires de paix remises par le Grand-Duc, Commandant en chef, aux Délégués turcs et acceptées par ces derniers. Cette publication est précédée d'une note qui fait remarquer que ces bases n'ont pour but que de délimiter le terrain sur lequel la paix définitive peut être négociée ultérieurement, soit entre les belligérants pour les questions qui les concernent exclusivement, soit avec la participation des grandes Puissances pour les questions qui touchent aux intérêts européens.

Veuillez agréer, etc.

Signé LABOULAYE.

PRÉLIMINAIRES DE PAIX

SIGNÉS À ANDRINOPLE LE (19) 31 JANVIER 1878.

En vue d'un armistice à conclure entre les armées belligérantes russes et ottomanes, Leurs Excellences Server-Pacha, Ministre des Affaires étrangères de la Sublime Porte, et Namyk-Pacha, Ministre de la Liste civile de Sa Majesté Impériale le Sultan, se sont rendus au quartier général de Son Altesse Impériale le Grand-Duc Nicolas, Commandant en chef de l'armée russe, munis des pleins pouvoirs de la Sublime Porte; et les bases proposées par Son Altesse Impériale le Grand-Duc au nom de Sa Majesté l'Empereur de Russie, ayant été acceptées par les Plénipotentiaires ottomans, ont été établies d'un commun accord dans les termes suivants :

1o La Bulgarie, dans les limites déterminées par la majorité de la population bulgare et qui, en aucun cas, ne sauraient être moindres que celles indiquées par la Conférence de Constantinople, sera érigée en Principauté autonome tributaire, avec un Gouvernement national chrétien et une milice indigène. L'armée ottomane n'y séjournera plus.

2° L'indépendance du Monténégro sera reconnue. Un accroissement de territoire équivalent à celui que le sort des armes a fait tomber entre ses mains lui sera assuré. La frontière définitive sera fixée ultérieurement.

3° L'indépendance de la Roumanie et de la Servie sera reconnue. Un dédommagement territorial suffisant sera assuré à la première et une rectification de frontières à la seconde. 4° La Bosnie et l'Herzégovine seront dotées d'une administration autonome avec des garanties suffisantes. Des réformes analogues seront introduites dans les autres Provinces chrétiennes de la Turquie d'Europe.

5° La Sublime Porte s'engage à dédommager la Russie des frais de la guerre et des pertes qu'elle a dû s'imposer. Le mode, soit pécuniaire, soit territorial ou autre, de cette indemnité, sera réglé ultérieurement. Sa Majesté Impériale le Sultan s'entendra avec Sa Majesté Impériale l'Empereur de Russie pour sauvegarder les droits et les intérêts de la Russie dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles.

Des négociations seront immédiatement ouvertes au quartier général de Son Altesse

Impériale le Grand-Duc, Commandant en chef, entre les Plénipotentiaires des deux Gouvernements, pour arrêter les préliminaires de la paix.

Aussitôt que les présentes bases et une convention d'armistice auront été signées, les hostilités seront suspendues entre les armées belligérantes, y compris celles de la Roumanie, de la Servie et du Monténégro, pour toute la durée des négociations de paix. Les Commandants en chef des deux armées belligérantes, en Asie, en seront immédiatement avisés, à l'effet de procéder entre eux à la conclusion d'un armistice qui mettra fin également aux opérations militaires.

Le Gouvernement Impérial ottoman donnera l'ordre aux troupes ottomanes d'évacuer, dès que l'armistice aura été signé, les forteresses de Widdin, de Roustchouk et de Silistrie en Europe, et celle d'Erzeroum en Asie. En outre, les troupes russes auront la faculté d'occuper militairement, pendant la durée des pourparlers, certains points stratégiques spécifiés dans les conventions d'armistice sur les deux théâtres de la guerre.

En foi de quoi le présent Protocole a été dressé et signé en double exemplaire à Andrinople, le dix-neuf (trente et un) janvier mil huit cent soixante-dix-huit.

Signé NICOLAS, SERVER, NAMYK.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

à l'Ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg.

(TÉLÉGRAMME.)

Paris, le 16 février 1878.

Vos télégrammes de ces derniers jours m'ont fait connaître l'émotion causée à Saint-Pétersbourg par l'arrivée de la flotte anglaise devant Constantinople. Celle qui régnait à Londres n'était pas moins vive. En ce moment, les deux Cours échangent des communications dont le résultat n'est pas encore connu. La situation est si compliquée et si grave, qu'il est impossible de prévoir l'issue de cette discussion. Dans l'état des choses, la prompte réunion de la Conférence semble à l'Angleterre et à l'Autriche le seul moyen de dénouer les difficultés actuelles, et j'ai lieu de croire que les deux Cabinets désirent que les Plénipotentiaires soient convoqués dans le plus bref délai possible. Bien que la Conférence n'ait pas un grand attrait pour nous, nous voulons trop sincèrement le maintien de la paix générale pour ne pas faire nousmêmes des vœux en faveur de ce suprême effort de pacification. Je

viens donc encore une fois, et d'une manière plus pressante, vous prier de faire entendre au Cabinet de Saint-Pétersbourg les conseils pacifiques que nous lui donnions récemment, lorsqu'il s'est agi de préparer les négociations entre lui et la Porte. Aujourd'hui d'ailleurs, comme il y a six semaines, nous tenons le même langage à Londres, et nous restons ainsi fidèles à nos sentiments amicaux pour les deux Puissances, en même temps qu'au rôle de conciliation qui seul peut nous convenir dans les conjonctures présentes.

Signé WADDINGTON.

Le Ministre dDES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

à l'Ambassadeur de France à Vienne.

(TÉLÉGRAMME.)

Paris, le 17 février 1878.

Lord Lyons me fait savoir me fait savoir que le Gouvernement anglais insiste d'une manière pressante pour que les Puissances neutres unissent sans délai leurs efforts afin d'obtenir de la Russie que la Conférence s'assemble immédiatement. Nous faisons en ce moment entendre le langage de la paix à Saint-Pétersbourg comme à Londres, et personne ne désire plus que nous que l'on réussisse à prévenir un conflit dont les conséquences seraient incalculables. L'Autriche ayant pris l'initiative de la proposition d'une Conférence, il lui appartient plus qu'à aucune autre Puissance de peser sur les dispositions de la Russie. Nous espérons qu'elle agira en ce sens de tout son pouvoir, et, comme je le dis à Saint-Pétersbourg, bien que la Conférence n'ait pas un grand attrait pour nous, notre concours ne fera pas défaut à cette suprême tentative d'apaisement.

Signé WADDINGTON.

L'AMBASSADEUR de France à Vienne

au Ministre des Affaires étrangères.

(TÉLÉGRAMME.)

Vienne, le 17 février 1878.

Le Comte Andrássy a renoncé à Vienne comme lieu de réunion de la Conférence, et Bade paraît la ville qui serait agréée.

L'AMBASSADEUR DE FRANCE à Vienne

Signé : VOGUÉ.

au Ministre des Affaires étrangères.

(TÉLÉGRAMME.)

Vienne, le 22 février 1878.

La question de la Conférence subit un temps d'arrêt. Le Prince Gortchacow n'a pas encore répondu à la communication par laquelle le Comte Andrássy a proposé d'en fixer la réunion à Bade dans la première quinzaine de mars. Le Chancelier de Russie a laissé entendre qu'il ne pourrait prendre lui-même part à une Assemblée qui ne serait pas composée de Ministres dirigeants et que, ne sachant pas encore quel Plénipotentiaire l'Empereur désignerait, il ne pouvait exprimer d'avis au sujet de la date.

Signé: VOGUE.

M. le Comte DE SAINT-VALLIER, Ambassadeur de France à Berlin, au Ministre des Affaires étrangères.

(TÉLÉGRAMME.)

Berlin, le 5 mars 1878.

M. de Bülow vient de m'annoncer que, sur la demande des Cours de Vienne et de Pétersbourg, la Cour de Berlin, dans le désir de donner aux Cabinets intéressés un témoignage d'amitié et de contribuer au maintien de la paix, s'était décidée à accepter que Berlin fût le siège d'un Congrès.

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