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BRÉSIL.

REPRÉSENTATION adressée à l'empereur par les députés.

<< Senhor,

«Les soussignés, représentants de la nation, sont profondément affligés des événements qui ont eu lieu dans la capitale, particulièrement le 15 du présent mois, à l'occasion des réjouissances publiques, qui avaient moins pour objet de solenniser l'heureux retour de Votre Majesté Impériale et constitutionnelle, que d'insulter et de maltraiter les Brésiliens, amis de la liberté et du pays, qui furent effectivement couverts d'opprobre par le parti lusitanien qui s'est levé parmi nons aux cris de vivent les Portugais! commettant des actes séditieux et anarchiques, et se permettant des outrages de tout genre dont les patriotes ont été les victimes. Leur sang a coulé dans une agression perfide et préméditée sous la main d'hommes qui, dans le délire de leur crime, ont été protégés par le gouvernement et les autorités subalternes, protection dont ils se vantent, en compromettant, par une andace incroyable, l'auguste et respectable nom de Votre Majesté Impériale et constitutionnelle. Considérez qu'il est da devoir, comme citoyens, de cenx auxquels ont été accordés les suffrages de leurs concitoyens, comme tous Brésiliens profondement intéressés à la conservation de l'honneur et de la dignité de la nation, à la stabilité du trône constitutionnel, d'élever la voix devant l'auguste présence de Votre Majesté Impériale et constitutionnelle, en déroulant devant elle ce court exposé de la triste situation des affaires de la nation, et en pressant l'adoption des mesures nécessaires pour le rétablissement de l'ordre et de la tranquillité publique, ainsi qu'une réparation pour le Brésil offensé et blessé dans la partie la plus délicate de l'honneur national. Ces mesures ne doivent point sortir du cercle ordinaire de l'autorité légale; mais au moyen de leur exécution régulière, les auteurs et les complices de l'agression seront punis, et les autorités qui, par une connivence notoire

ou

une indifférence apathique, ont laissé des assassins troubler librement

la tranquilité publique, en seront responsables.

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Senhor, les séditieux continuent, à l'ombre de l'auguste nom de Votre Majesté Impériale et constitutionnelle, de poursuivre leurs noirs projets; les outrages augmentent, l'esprit national souffre et aucun peuple ne peut tolérer sans résistance que des étrangers lui imposent, dans son propre pays, un joug ignominieux. Des étrangers qui ont l'honneur d'être sujets de don Miguel, et d'autres qui sont sujets de dona Maria II, composaient principalement les groupes qui, dans la nuit du 13 au 14, ont outragé le nom brésilien, alarmé et blessé plusieurs de nos concitoyens sous prétexte qu'ils étaient fédéralistes, question politique dont la solution dépend du jugement et de la délibération du pouvoir législatif, et non de la fureur d'hommes ignorans et sanguinaires, dont l'intelligence est d'ailleurs pervertie par de perfides suggestions. Les Brésiliens, si cruellement offensés; les Brésiliens qu'on menace d'une prison injuste et partiale, nourrissent dans leur sein l'indignation la plus juste et la plus profonde, dont il est impossible de calculer les conséquences, si à l'avenir le gouvernement ne réprime pas ces désordres et ne prend pas des mesures pour réparer autant que possible les insultes que la nation a recues. Les représentans soussignés espèrent que cela aura lieu; car ils se contient dans la sagesse et le patriotisme de V. M. I. et constitutionnelle, en dépit des traîtres qui entourent votre trone, mais qui n'ont pas assez de pouvoir pour étouffer les plaintes qui s'échappent des cœurs ulcérés des amis de leur pays et de la justice. Les circonstances sont pressantes, et le moindre délai, dans des cas semblables, peut être fatal. La confiance qu'on doit placer dans le gouvernement est presque éteinte, et si les agressions contre lesquelles réclament les soussignés restaient impunies, cette négligence équivaudrait à une déclaration que c'est au peuple brésilien à venger, par les moyens en son pouvoir, la tache si indignement jetée sar son honneur et son grand caractère.

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Ce langage, Senhor, est franc et loval. Puisse V. M. I. et constitutionnelle l'écouter avec la conviction que les empires ne sont jamais sauvés par les flatteurs, mais par ceux qui ont

assez de force de caractère pour dire la vérité aux princes, même lorsqu'elle leur plait le moins. L'ordre public, la tranquillité de l'Etat, et le trône luimême, tout sera en danger si les représentations que les soussignés adressent à V. M. ne sont pas écoutées et lears prières complètement exaucées. « Rio-de-Janeiro, le 17 mars 1831.» (Suivent 24 signatures.)

DISCOURS prononcé par le marquis de Caravellas à l'ouverture de la session legislative, au nom de l'empereur don Pedro 11, le 3 mai.

Angustes et très dignes représentants de la nation,

« Votre réunion est toujours une source de satisfaction générale, satisfaction encore accrue, dans les circonstances présentes, par la confiance que l'empire met dans votre sagesse, qui est animée par la gloire du pays, la prospérité du peuple, et qu'aucun malheur ne peut décourager.

« Vous connaissez les événements qui se sont passés dans cette capitale, depuis le 12 mars jusqu'an 7 avril, jour mémorable pour le Brésil, par l'heroïsme de ses fils, le triomphe de la liberté constitutionnelle et là chute des ennemis de l'indépendance, de la gloire et de la nationalité du Brésil. Nous ne rechercherons pas les canses prochaines ou éloignées qui ont enflammé les esprits de nos braves concitoyens. Elles vous sont bien connues. Passons-les sous silence. Ces récits douloureux ne doivent pas se mêler avec la joie qu'inspire à tous votre réunion si désirée. Ne considérons que la faveur de la Providence, qui a conronné les efforts courageux pour la défense de la liberté, par l'abdication de don Pedro en faveur de son auguste fils, maintenant notre empereur constitutionnel, don Pedro II, en vertu de la loi fondamentale.

« Une révolution anssi importante qu'inattendue demandait des mesures extraordinaires. L'assemblée générale ne siégeait pas à cette époque pour les adopter conformément à l'art. 123 de de la constitution, et elle ne pouvait

mettre à exécution l'art. 124, par la raison qu'il n'existait pas de ministère à l'heureux moment de l'abdication. Le génie du Brésil, le patriotisme et l'amour de l'ordre, assemblèrent dans ce lieu cenx des augustes représentants de la nation qui se trouvaient dans la capitale, et qui, déterminés par l'urgence des circonstances et par la vofonté du peuple et des troupes, nommèrent une régence provisoire de trois membres, pour tenir les rênes da gouvernement et prévenir les effets desastreux de l'anarchie. Après avoir prête serment, la régence forma un ministere et employa tous les moyens dont elle pouvait disposer pour calnier les passions du peuple et assurer l'ordre public. Elle pensa aussi qu'un de ses plus importants devoirs etait de remercier le Tout-Paissant, pour la victoire non sanglante de la liberté, et pour l'élévation de don Pedro II au trone du Brésil. Le 9 avril cette cérémonie religieuse s'accomplit, et l'empereur y assista accompagné de la régence. Ce jour solennel devint encore mémorable par la satisfaction generale et les éclatantes démonstrations d'amour et de respect avec lesquelles le peuple salua le nouveau monarque encore enfant, vrai Brésilien et l'objet de la patriotique vénération,

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Cette régence provisoire a maintenant la satisfaction d'ouvrir au nom de l'empereur l'assemblée législative ordinaire, le manque du nombre legal de représentants ayant empêche la formation d'une session extraordinaire. Confiante dans votre sagesse, elle espère que vous ratifierez l'acte de la nomination, en considération de la nécessité urgente et des circonstances impérieuses qui ont déterminé cette nomination. S'en référant aux rapports des ministres, pour les informations sur les différentes branches de l'administration publique, elle ne se hasarde pas à vous recommander aucun objet d'intérêt public pour cette session, car elle est profondément convait.cue de vos connaissances supérieures sur les mesures législatives qu'exige la nation, Augustes et dignes representants de la nation, le 7 avril sera un jour à jamais mémorable dans les annales du Brésil. Il a fait disparaitre les embarras qu'une influence illegitime, l'intrigue et l'ignorance opposaient à vos sages délibérations. Ce jour est l'aurore de

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notre bonheur. Les provinces de SaintPaul et de Minas-Geraes ont accueilli avec transport la nouvelle du triomphe de la liberté. Nous espérons qu'elle ne sera pas accueillie avec moins d'enthousiasme dans les autres provinces, et même à Bahia, où les premiers événemens de la capitale, dans les jours malheureux du mois de mars, ont causé les impressions les plus déplorables, ont excité trop vivement l'esprit de quelques patriotes, et les ont poussés à faire des demandes extravagantes et à des actes auxquels toute la prådence des autorités n'a pu encore rémédier. Il vous reste maintenant

à prendre des mesures en harmonie avec les circonstances extraordinaires où nous nous trouvons, et à diriger la marche du gouvernement de manière à compléter le grand mouvement de cette régénération nationale. La divine protection qui éclate dans tous les grands événements politiques, versera son influence bienfaisante sug votre zèle infatigable pour le bien-être du pays, et assurera à vos travaux parlementaires la vraie gloire qui appartient aux défenseurs des droits sacrés des nations, aux amis de l'humanité et aux sages admirateurs de la raison et de la liberté.

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CHRONIQUE

JANVIER.

POUR 1831.

1er. Paris. Receptions du jour de l'an au Palais-Royal. Aujourd'hui, le roi et la reine ont reçu les felicitations de leur famille.

LL. MM. et S. A. madame Adélaïde ont reçu les hommages et les felicitations des officiers civils et militaires de leur maison, et de ceux attachés aux princes.

A neuf heures et demie, le roi est descendu dans la cour d'honneur, passer en revue les blessés dans les trois journées de juillet, au nombre desquels était une jeune femme qui a subi une amputation de la jambe droite, et qui avait été atteinte en donnant des secours à un blessé. S. M. a été accueillie par les plus vives acclamations; elle a daigné adresser la parole et donner la main à beaucoup de blessés.

Le roi étant dans la salle du trône, entouré de ses officiers, a reçu les grandes députations de la Chambre des pairs et de celle des députés, auxquelles s'étaient joints des pairs et des députés, ainsi que le conseil d'État. Ils ont ensuite eu l'honneur de présenter leurs hommages à la reine et à LL. AA. RR.

Parmi les députés, on remarquait M. de Lafayette. Le roi lui a fait un accueil plein de bonté, lui a serré affectueusement la main, et M. le duc d'Orléans l'a embrassé.

LL. MM. et LL. AA. RR. ont aussi reçu les félicitations et les hommages des ministres, de tous les hauts fonctionnaires, des cours et tribunaux, des corps savants, etc.

MM. les ambassadeurs et envoyés des puissances ont été admis à l'honnear de présenter leurs hommages à LL. MM. et à LL. AA. RR.

2. Theatre de l'Opéra-Comique. Pre

mière représentation des DEUX FAMIL LES, opera comique en trois actes, paro les de M. Eugène, musique de M. LabarieLe canevas de cet opera présentait de grandes analogies avec le sujet du Cid, de Pierre Corneille, sujet condamné autrefois par l'Académie française, mais approuvé par le public de tous les temps. La partition était le début d'un jeune compositeur conna par son talent sur la harpe, et par des romances riches de mélodie et d'expression.

2. Théatre de l'Odéon. - Première représentation de NAPOLÉON BONAPARTE ou TRENTE ANS DE L'AISTOIRE DE FRANCE, drame en six actes, en prose et en vingt tableaux, par M. Alex. Dumas. - Le titre de cet ouvrage en contient l'analyse et le jugement. La littérature n'a rien de commun avec une pièce, qui procede par vingt tableaux, pas plus que le drame avec les lambeaux de trente années d'histoire. L'immensité du personnage principal ne saurait excuser ce système de composition, emprunté à celui de la Lanterne magique, et digne tont an plus des théâtres du boulevart. La faveur attachée au nom de Napoléon, de belles décorations, entre autres celles qui représentaient le passage de la Bérésina, l'incendie du Kremlin, protégèrent l'ouvrage, d'ailleurs toutà-fait au-dessous du mérite de son anteur qui, sans doute, n'avait entenda faire qu'une spéculation dramatique.

14. Cour d'assises. Affaire de presse.

Hier M. Fazy, rédacteur en chef de la Révolution, a comparu devant la Cour d'assises, comme prévenu d'avoir porté atteinte aux droits et à l'autorité de la Chambre des députés, et d'avoir provoqué à la révolte contre cette Chambre. Le rédacteur avait, dans les articles incriminės, présente

la Chambre des députés comme Chambre provisoire, qui prétend illégalement se constituer en pouvoir définitif, et, par suite, il avait soutenu que la chose publique ne marcherait sans entraves que du jour où une ordonnance de dissolution aurait retiré à cette Chambre un pouvoir qui ne lui appartient pas.

M. Aylies a sontenu l'accusation au nom du ministère public; il en a écarté la partie qui s'appliquait à la qualification de Chambre provisoire, mais il a insisté sur une série d'articles, dans lesquels les actes de la Chambre étaient qualifiés de provisoires, de transitoires et sujets à révision.

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Les questions suivantes ont été sées au jury: 1o Fazy est-il coupable d'avoir, dans plusieurs articles du journal la Révolution, porté atteinte aux droits et à l'autorité de la Chambre des députés ? 20 Fazy est-il coupable d'avoir, dans un article du journal la Révolution, provoqué au crime de rébellion contre la Chambre des députés ?

Après en avoir délibéré pendant deux heures et demie, le jury a prononcé la déclaration suivante :

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Sur la première question, oui, le sieur Fazy est coupable d'avoir porté atteinte aux droits et à l'autorité de la Chambre des députés en publiant que les actes de cette Chambre, sans exception d'aucun de ses actes, sont rigoureusement soumis à une révi«sion quelconque.

«

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-Sur la seconde question, non, « sieur Fazy n'est pas coupable. »

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La cour a condamné M. Fazy à quatre mois de prison et six mille francs d'amende.

16. Testament du prince de Condé.On se rappelle la fin tragique da prince de Condé. Ce prince, dont la fortune s'élève à peu près à 80 millions, a laissé un testament sous la forme olographe, par lequel il institue son légataire universel M. le duc d'Aumale, troisième fils du roi des Français, et fait à madame la baronne de Feuchères an legs qui peut être évalué à plus de 12 millions. Voici, au reste, la copie textuelle de ce testament:

« Au nom da Père, du Fils et du Saint-Esprit, je recommande mon âme à Dieu;

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Moi soussigné Louis-Henri-Joseph

de Bourbon, duc de Bourbon, prince de Condé, etc., etc.;

<< Je nomme et institue mon petitneveu et filleul, Henri-Eugène-Philippe-Louis d'Orléans, duc d'Aumale, mon légataire universel, voulant qu'à l'époque de mon décès il hérite de tous les biens et droits mobiliers et immobiliers, de quelque nature qu'ils soient, que je possèderai à cette époque, pour en jouir en toute propriété, sauf les legs que j'institne par ces présentes, ou que je pourrai instituer par suite.

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A défaut du duc d'Aumale désigné, je nomme et institue pour mon légataire universel le plus jeune des enfants mâles de mon neveu Louis-Phi

lippe d'Orléans.

«Je lègue à la dame Sophie Dawes, baronne de Feuchères, une somme de 2 millions, qui sera payée en espèces aussitôt après mon décès, quitte de tous droits d'enregistrement ou autres frais, qui seront acquittés par ma succession.

« Je lui lègue aussi en toute propriété :

« 1° Mon chateau et terre de SaintLeu;

« 20 Mon château et terre de Boissy, et toutes leurs dépendances;

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3o Ma forêt de Montmorency et toutes ses dépendances;

«4° Mon domaine de Morfontaine, tel qu'il se compose et que je l'ai acheté de madame Villeneufve, suivant contrats des 21 et 22 juillet 1827 et 20 août 1829;

5o Le pavillon occupé par elle et ses gens au Palais-Bourbon, ainsi que ses dépendances;

« 60 Le mobilier que comprend ce pavillon, ainsi que les chevaux et voitures affectés au service de ladite dame baronne de Feuchères. Cette dernière mesure est également applicable aux officiers de ma maison meablés par moi. Les frais d'actes, de mutations, d'enregistrement et autres généralement quelconques, nécessaires pour mettre ladite baronne de Feuchères en possession des legs ci-dessus, seront à la charge de ma succession; de telle sorte qu'elle entre en jouissance desdits objets quitte et libre de tous frais pour elle.

<< Mon intention est que mon château d'Econen soit affecté à un établissement de bienfaisance en faveur

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