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le fond de ce drame, qui réussit, mais qui ne devait pas jouir d'une longue existence théâtrale.

Accusation de

15. Cour d'assises. complot contre la sûreté de l'Etat, et de provocations séditieuses.

C'est aujourd'hni seulement, après dix jours de débats, que s'est terminé ce procès où il s'agissait d'un complot tendant à établir la république en France. Les accusés étaient au nombre de dix-buit.

Après avoir rappelé les troubles qui éclatèrent à diverses reprises dans Paris à la fin de l'année dernière, notamment cenx des 19 et 20 octobre, et du mois de décembre pendant le procès des ministres; après avoir montré la part que les sociétés populaires avaient prise à ces troubles et signalé le projet qu'elles avaient forme de s'étendre de plus en plus, d'établir des comités permanents pour suivre les mouvements, les diriger et en profiter; l'acte d'accusation entre dans l'analyse des cha ges qui pèsent sur les accusés, et dont il fait résulter la preuve qu'il y a eu nn complot pour renverser le gouvernement.

Plusieurs des acensés étaient officiers dans l'artillerie de la garde nationale, et auraient vonlu livrer leurs pièces au peuple pendant le procès des ministres de Charles X.

Les audiences depuis le 6 jusqu'au It ont été consacrées à l'interrogatoire des acensés, et à l'audition des ténoins. Les acensés ont nié la plupart des faits qui leur étaient imputés, et ont repoussé avec plus on moins de succès les dépositions à charge. Ils ont même quelquefois changé de rôle, et lancé contre des agents du gonvernement des accusations que l'auditoire arcneillait par des marques d'appro

bation tumultueuses.

Audience du 12. M. Miller, avocat général, prend la parole. Il s'attache à justifier les magistrats chargés d'instraire cette affaire des imputations auxquelles ils ont été en butte, et continue ainsi : " Nous gémissons plus que personne (ici M. l'avocat général se tourne vers les accusés) de voir traduits sur ces bancs des citoyens honorables, dont la vie privée parait commander l'estime; des jeunes gens riches de nobles pensées, d'inspirations généreuses. Ce n'est pas nous,

Messieurs, qui chercherons à récuser leurs titres à la considération publique ou à la bienveillance de leurs concitoyens, et les services qu'ils ont pu rendre à la patrie.

Mais les services qu'on a pu rendre à l'Etat donneraient-ils le droit de l'ébranler jusque dans ses fondements, s'il n'est pas administré suivant les doctrines qui conviennent à des imaginations qui peuvent être déréglées ? mais l'ardeur de la jeunesse suffiraitelle pour légitimer des essais qui alarment tous les bons citoyens et froissent tous les intérêts? Faut-il donc que les hommes paisibles puissent devenir les victimes des manoeuvres coupables de ceux qui parleraient de liberté en attaquant celle d'antrui, et qui se vanteraient de travailler au bonheur de la France en brisant avec violence tous les liens sociaux ? »

M. l'avocat général, après avoir établi le fait général d'un complot tramė par Sambuc, Andry, Penard, Chaparre et Rouhier, passe à une autre série d'accusés. Il examine s'il résulte des débats qu'un complot s'était forme dans le sein de l'artillerie de la garde nationale.

Quant à MM. Guinard et Cavaignac, il ne lui parait pas que les faits sur lesquels se fondait l'accusation aient été établis par les débats. Non-seulement il abandonne l'accusation de complot, mais encore il ne pense pas qu'on puisse poser à leur égard la question subsidiaire du délit de non révélation.

L'organe du ministère public présente les accusés Danton et Lenoble comme coupables de provocations séditieuses, et conclut en requérant qu'il plaise à la Cour de poser la ques tion subsidiaire du délit de non révé lation à l'égard des accusés autres que MM. Guinard, Cavaignac, Danton, Lenoble, Lebastard et les frères Garnier.

Aussitôt Mes Glandaz, Dupont et Bethmont, se lèvent et combattent ces conclusions subsidiaires.

La Cour se retire dans la chambre du conseil, et après vingt minutes de délibération, rend un arrêt qui ordonne qu'il ne sera rien changé aux questions résultant du résumé de l'acte d'acensation.

Des applaudissements éclatent dans le fond de l'auditoire.

Audience du 13.-Une affluence aussi considérable que le premier jour s'est

portée a cette audience. Plusieurs avocats ont été entendus.

M. Trélat, président de la société des Amis du Peuple, a lu un discours pour sa défense. Jetant un coup d'œil rapide sur les événements qui se sont succédés depuis la révolution de juil. det, il a soutenu que les agitations ne sont que le résultat de la marche du gouvernement.

Audience du 14. Me Glandaz plaide la cause de M. Pêcheux d'Herbinville, et Me Paillet celle de M. Guilley. Ces deux accusés n'en prononcent pas moins des discours pour compléter leur justification.

M. Cavaignac se défend lui-même : Mon père, dit-il, fut un de ceux qui, dans le sein de la Convention natiomale, proclamèrent la république à la face de l'Europe. Il la défendit aux armées. C'est pour cela qu'il est mort dans l'exil après quinze années de proscription, et tandis que la Restauration elle-même était forcée de laisser à la France les fruits de cette révolution qu'il avait servie, tandis qu'elle prodiguait ses faveurs à ces hommes que la Republique avait créés, mon père et ses collègues souffraient seuls pour la grande cause que tant d'autres trabissaient.

« Cette cause, Messieurs, se lie à tous mes sentiments comme fils. Les principes qu'elle proclamait sont mon heritage. L'étude a fortifié cette direction donnée naturellement à mes idées politiques, et aujourd'hui que l'occasion s'offre enfin à moi de prononcer un mot que d'autres poursuivent, je le déclare sans affectation comme sans feinte, de coeur et de conviction: Je suis républicain!!!

M. le président: Accusé, je vous invite à vous renfermer dans votre défense; je proteste, dans votre intérêt ême, contre ce que vous venez de dire.

M. Cavaignac continue son discours. J'examinerai, dit-il, si la monarchie actuelle a plus de gages de durée que celle qui l'a précédée.... M. le président : : Mon devoir m'empèche de vous laisser continuer.

M. Cavaignac: J'ai fini, M. le président.....

"Cette nouvelle combinaison satisfait beaucoup d'esprits; le général Lafayette s'est rallié à elle avec tout l'ascendant de son immense popularité. Laissons

l'épreuve s'achever, laissons le fardeau à ceux qui veulent s'en charger, laissons user encore les hommes et les systèmes; quand votre tour viendra, vous aurez encore assez à faire. Dans la marche rapide où la société est lancée, à présent les hommes et les systèmes se succèdent pour la conduire au but; le dernier relais est celui qui arrive. Eh bien! ce sera vous. Nous vivons dans le siècle des gouvernements suicides. La monarchie fera nos affaires, elle s'épuise à votre place; elle conspirera contre vous. Oui, Messieurs, c'est ainsi que nous comprenons notre position; nous ne conspirons pas, nous nous tenons prêts. »

M. Guinard, autre accusé, prononce aussi un discours où il justifie l'artil lerie et lui-même en particulier des imputations dont ils ont été l'objet.

Plusieurs avocats prennent successivement la parole.

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Audience du 15. M. Hardouin président de la Cour, a fait le résumé des longs débats ouverts depuis le 6 de ce mois.

M. le président analyse les charges de l'accusation; puis, arrivé à l'ensemble des moyens de défense, ce magistrat s'exprime ainsi:

« Je vous le disais au commencement, Messieurs, mon intention n'est pas de vous retracer les discussions politiques soulevées dans cette enceinte, et que j'aurais voulu abiéger; en effet, les passions qui devaient se taire devant vous ont fait entendre leur langage amer, irritant, afin qu'il se répandit an loin. On a fait des professions de foi intempestives et dont la violence semblait avoir pour but de braver le pouvoir; ce qu'on vous a dit sur les sociétés populaires peut vous donner à réfléchir, mais non délibé

rer; il nous suffira de distraire de ces longues discussions les vrais moyens de la défense, de vous les reproduire, non avec la chaleur qu'ils avaient dans les accents de la défense, mais simples et, s'il m'est permis de le dire, refroidis par ma bouche. »

Le résumé de M. Hardouin s'est terminé par les observations qui suivent:

Tel est, Messieurs les jurés, l'ensemble de cette cause, tels sont les principaux moyens pour on contre l'accusation; ce sont là les éléments de votre opinion: peut-être dans tout le cours de ces débats avez-vous déploré

plus d'une fois le sort de ces jeunes gens dont le cœur est plein de sentiments généreux, et qui n'étaient pas nés pour l'humiliation de nos bancs; mais vous n'aurez pas vu non plus sans surprise et sans scandale l'abus qui a été fait de la défense et des mots de patriotisme, de volonté du peuple, de liberté.

C'est ainsi que, dans les temps de commotion politique, les passions détournent à leur profit jusqu'aux plus nobles sentiments et jusqu'aux termes du langage.

C'est à vous, Messieurs les jurés, à tout mettre à sa place. Comme citoyens, vous savez où est la volonté nationale. Comme juges, si vous apercevez des coupables, vous sevirez, Mais si vous ne remarquez dans la cause que de l'inexpérience et un enthousiasme irréfléchi, comme pères, vons saurez absoudre.

Les questions posées étaient au nombre de 46. Après une deliberation qui a duré depuis midi moins un quart jusqu'à trois heures et demie, MM. les jures rentrent en séance. Le chef du jury répond: sur toutes les questions, non les accusés ne sont pas coupables. (Vive sensation.)

M. le président et les avocats qui encombrent le barreau réclament le silence et le respect dù à la justice; M. le président prononce ensuite l'ordonnance de mise en liberté qui est accueillie par de vifs applaudissements.

Un quart d'heure après le prononcé de l'arrêt, tous les accusés ont été mis en liberté. Une foule immense attendait leur sortie à la porte principale de la Conciergerie, qui donne aujourd'hui sur le quai des Lunettes; mais on avait eu la sage précaution de les faire sortir par la porte des cuisines qui donne dans une des cours situées derrière la Préfecture de police.

Un seul d'entre eux a traversé la multitude sans être remarqué. C'était le commissionnaire René Gourdin, qui déja acquitté le 3 de ce mois sur l'accusation de provocation au meurtre de M. Dupin, a été acquitté aujourd'hui sur le chef de conspiration. Gourdin avait fait venir sa petite voiture à bras ponr emporter les malles de ses co-accusés.

21. Bréme. La Brinvilliers Allemande,

La cour criminelle de la ville libre de Brème vient de juger un procès criminel des plus remarquables:

Marguerite, née Timm, avait reçu une éducation assez soignée; son pere, taillent d'habits à Brême, vivait dans une honnête aisance. En 1808, à l'âge de 20 ans elle épousa le sieur Mittemberg, sellier, qui possédait également quelque fortune. Sept enfants furent le fruit de cette union; trois d'entre eux ont survécu à leur père. Au décès de ce dernier, la veuve conserva largement de quoi vivre. En 1815, et dans l'espace de quelques mois, la mort emporta son père, sa mère et ses trois enfants; l'année suivante son frere unique eut le même sort, peu de temps après son retour d'une longue absence, et à l'instant où il s'agissait de partager la succession paternelle. En 1817, la veuve épousa en secondes noces le sieur Gottfried, avec lequel elle avait, de son propre aven, entretenu des relations illicites avant la mort de son premier mari. Quelques jours après les noces, Gottfried mourut subitement. Six ans après, elle allait épouser le sieur Zimmermann, lorsque celui-ci succomba à une maladie grave. En 1826, la veuve Gottfried vendit sa maison au sieur Rumpf, charron, en y conservant un appartement. Quelques mois après, la femme Rumpf mourut en couches; depuis lors, la veuve Gottfried se charges du ménage du sieur Rumpf. Celui-ci souffrait de temps à autres de vomissements: le 6 mars 1828, il remarqua qu'un morceau de lard apprèté par la venve Gottfried elait endait d'une substance étrangère; il le fit examiner par son médecin, qui reconnut dans cette substance grais seuse une grande quantité d'arsenic. Sur la dénonciation du médecin, la veuve Gottfried fut arrêtée.

Depuis, plusieurs renseignements parvinrent à la justice sur le compte de cette femme; l'instruction a prouve, et l'accusé a avoué qu'elle avait administré de l'arsenic en beurre à un grand nombre de personnes, dont 15 sont mortes victimes du poison; 17 autres ont survécu. L'instruction a fourni des indices sur l'empoisonnement de quelques autres individus que

20. Clôture de la session, (Voy. l'His la mort avait épargnés; mais, à cause toire, page. 201)

du grand nombre de faits constatés,

on n'a pas cru nécessaire de se livrer à de plus amples investigations.

Dans ses interrogatoires, l'accusée a avoué que des motifs d'intérêt l'avaient portée à quelques-uns des empoisonnements; quant aux autres, elle n'a pu les attribuer qu'à une sorte d'instinct, à un penchant irrésistible qui la portait à faire avaler de l'arsenic aux individus et à se donner le plaisir de les voir périr. Le défenseur, dans son mémoire écrit, s'est prévalu de cette déclaration pour sontenir l'existence d'une monomanie d'empoisonnement, et, par suite, l'absence de toate intention criminelle. Néanmoins les hommes de l'art, consultés sur cet objet, ne parent découvrir aucune disposition physique capable de faire naître une pareille monomanie. Aussi la défense n'a pas réussi. Voici le dispositif de l'arrêt rendu par la coor criminelle de Brème, le 17 septembre 1830:

« Dans l'instruction dirigée contre Marguerite Timm, veave de feu Micbel-Christophe Gotfried, accusée d'empoisonnement et de plusieurs autres crimes, la cour, vu le dossier, etc., déclare la veuve Gottfried (qui s'est en outre rendue coupable de plusieurs vols, escroqueries et faux sermens, ainsi que d'une tentative d'avortement), atteinte et con» vaincue :

« 1o D'avoir assassiné, an moyen du poison, ses père et mère, trois de ses enfants, son premier et second mari, son frère, son fiancé Paul Thomas Zimmermann, la dame Anne-Louise Meyerholz, le sieur Jean Mosees, la

femme du charron Jean-Christophe

Rumpf, née Mantz; la femme du tonnelier Frédéric Schmidt, née Corne lias, enfin le serrurier Frédéric Kleine, à Hanovre; d'avoir en outre cansé la mort de la demoiselle Elise Schmidt, fille dudit Frédéric Schmidt, par un empoisonnement qui peut n'avoir pas été prémédité;

2o D'avoir administré du poison audit Jean-Christophe Rumpf, à plusieurs reprises, et dans l'intention de l'assassiner, après avoir par-là détruit sa santé ;

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30 D'avoir administré du poison à un grand nombre d'autres individus avee préméditation, mais sans avoir eu le dessein de les faire périr;

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toutefois en exerçant par-là une influence préjudiciable à la santé de ces individus;

«En conséquence, et conformément à l'art. 130 du Code d'instruction criminelle, ayant au surplus égard aux principes modérés de la jurisprudence actuelle, la cour condamne la veuve Gottfried, en réparation des crimes par elle commis, et, pour servir d'avertissement utile à ceux qui seraient tentés de l'imiter, à avoir la tête tranchée par le glaive; ordonne que tous les frais de l'instruction, du jugement et de l'exécution, seront pris sur la succession de la condamnée.

En conséquence l'exécution de la venve Gottfried a eu lieu le 21 avril 1831, sur la place de la cathédrale à Brême. Le ministre protestant qui lui avait donné les consolations de la religion, ne la quitta qu'au moment des derniers préparatifs On lui coupa les cheveux, puis on la revêtit d'une chemise garnie de rubans noirs et d'un bonnet blanc avec la même garniture. Elle se montra très résiguée, et monta avec assez de sang-froid sur la fatale charrette, qui traversa un grand nombre de rues. Mais, arrivée au ied de l'échafaud, la condamnée conserva à peine assez de forces pour mettre pied à terre. Le greffier fit une dernière lecture de l'arrêt de condamnation, et aussitôt après la patiente fut placée et liée sur un fauteuil; elle pria l'exécuteur de la faire souffrir le moins possible. Celui-ci accomplit son ministère, et un seul coup sépara la tête du trore.

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On a compté plus de 35,000 spectateurs accourus de toutes parts. A

exception de quelques executions capitales qui ont en lieu pendant que la ville de Brême faisait partie de l'empire français, c'était la première depuis 1787.

22. Paris. Cour d'assises. Pillage de l'église Bonne-Nouvelle.- Le 15 février un rasemblement de 400 personnes environ se porta, vers les onze heures du matin, sur l'église Bonne-Nouvelle; il était précédé de drapeaux sur lesquels on lisait: A bas la calotte! vive la liberté! à bas les jésuites! Les assaillants furent un instant arrêtés par les portes qui étaient fermées; mais elles cédèrent bientôt sous les efforts de la multitude et sous les coups d'un couperet em

prunté à un boucher. Quand la foule fut maitresse des lieux, elle se dispersa dans toutes les parties de l'édifice et brisa differents objets. Le peuple ne songeait qu'à se livrer à des actes de vengeance; mais il y avait là des gens qui ne suivent les rassemblements que pour piller; aussi, sans s'occuper de savoir s'il y avait des fleurs de lis à briser, ils s'arrêtèrent à la porte, et trois troncs destinés à recevoir les dons de la bienfaisance publique furent brisés et dépouillés. Dans ce tumulte, de graves excès furent commis envers la garde nationale; un capitaine fut renverse, un soldat désarmé, un tambour qui battait le rappel non loin de là fut maltraité par ceux qui s'opposaient à ce qu'il continuât de rappeler. C'est au milieu de ce rassemblement que furent remarqués Schildknecht, menuisier, et Clochet, bottier; ils farent arrêtés, et ils ont comparu aujourd'hui devant les assises.

Après une très longue délibération, MM. les jurés rentrent et déclarent Schildknecht coupable de pillage et de dégât commis en réunion et à force ouverte, et Clochet coupable d'avoir provoqué au même crime, sans que la provocation ait été suivie d'effet. La Cour condamne Schildknecht à cinq ans de travaux forcés et au carcan, et Clochet à un an de prison.

23. Theatre Français. Première représentation de CHARLOTTE CORDAY, draine en cinq actes et en prose, par M. Regnier Destourbet.-L'héroïsme de Charlotte Corday appartient à cet ordre de faits qui fournissent de belles pages à l'histoire, mais que le théâtre doit respecter; car leur simplicité repousse toute fiction étrangère et parasite. D'un autre côté, ne rien inventer, ne rien créer, c'est abdiquer le plus beau privilege du poëte, c'est en dépouiller le caractère, et s'en interdire la mission. L'auteur de Charlotte Corday, préoccupé du désir d'éviter le premier écueil, échoua contre le second, on, pour mieux dire, contre l'un et l'autre : quoique son ouvrage fût presque totalement dénué d'invention, cependant il dérogeait à la stricte vérité ce n'était plus de l'histoire, et ce n'était pas du drame. En outre, l'introduction des scènes révolutionnaires sur le Théâtre-Francais, à une époque où depuis long-temps déjà les

petits théâtres s'en disputaient les lambeaux, ne parut pas heureuse. Une seconde épreuve devait en être tentée (voy. 18 mai): après quoi, on jugea prudent d'y renoncer.

24. Cour d'assises. Affaire de SaintGermain-l'Auxerrois. Le concours du public est moins nombreux qu'il n'a coutume de l'ètre dans les affaires politiques, surtout dans celles qui sont de nature à entraîner la peine capitale.

Les accusés, au nombre de cinq, déclarent se nommer, 10 Philippe Valerius, âgé de 36 ans, bandagiste mécanicien: 2o Pierre Marie, Thomas Durouchoux, âgé de 23 ans, fils d'un négociant en vins; 30 Jacques Thomas Quinel, épicier; 40 Louis Charles Doblet, âge de 29 ans, graveur et matchand d'estampes; 50 Léopold Victor de Balthazard, agé de 21 ans, élève de l'école de Saint-Cyr.

. Nous avons raconté ailleurs (voyez l'Histoire, pag. 80) les faits qui se sont passés dans la cérémonie célébrée le 14 février à Saint-Germain-l'Auxerrois, C'est à raison de ces faits que les accusés comparaissaient devant la Cour d'assises, les uns comme prevenus d'un complot ou attentat tendant à détruire on à changer le gouvernement, les autres d'avoir exposé des signes séditieux. Les accusés ont été déclarés non coupables par le jury, et mis en liberté.

25. Odéon. Première représentation de NORMA, on L'INFANTICIDE, tragédie en cinq actes et en vers, par M. Alexandre Soumet. Cette tragédie, qui obtint un grand succès d'acclamations, plutôt que de recettes, échappe à tonte espèce d'analyse. « L'auteur lui-même, suivant un critique, aurait peine à dire quel fat son but, à quelle passion il s'est principalement adressé. Norma, ce n'est pas un seul personnage, ce n'est pas une passion unique, ce n'est pas une catastrophe unique; ce sont plusieurs passions, vengeance, terdresse maternelle, jalousie et folie, assez de passions pour suffire à cinq tragédies ordinaires. L'action est confuse souvent, souvent elle s'arrête, souvent elle marche trop vite; il fant la suivre avec le plus grand soin poar la comprendre. Norma, ce n'est pas une création, c'est un souvenir, on

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