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que, poussé à bout, le graveur répudierait sa femme, et que celle-ci cesserait enfin de résister anx efforts d'an homme de son mérite. Quelques commencements d'explications survenues dans le ménage semblaient dejà justifier la hardiesse de ce plan, lorsque M. Robinson tenta un coup encore plus audacieux.

Les lois anglaises, comme on le sait, ne punissent l'adultere que par des dommages et interêts prononces contre le complice. M. Robinson eut l'affreux courage de s'exposer à un procès de cette nature, en formant contre le malheureux Lindseer une action en revendication de l'enfant nouveau-né, qu'il supposait être le fruit de son commerce criminel avec mistriss Lindseer. Il ne doutait pas que Lindseer, prenant cette fable pour une vérité, n'abandonnât aussitôt l'enfant, et que la possession de cette innocente creature ne lui assurat la possession de la mère.

Il n'en fut pas ainsi : mistriss Lindseer devoila aux yeux de son mari la turpitude de l'accusateur; elle avait conservé quelques lettres dont les expressions non équivoques Leaverserent tout l'echafaudage de cute i ire imposture. Ces preuves, na sea event couvainquirent Lindseer, mais cues empêcherent M. Robinson de persister dans l'action qu'il avait intentee. Tra duit devant la Cour du bane du roi, pour dillamation, par un mati trop heureux de n'avoir eu à supporter que ce genre d'outrage, M. Robinson n'a pu que balbutier de tables excuses; ila aliegue la passion qui le dommait, et qu'il aurait vonin, pour tout au monde, faire partager a la personne qu'il aimant si eperdument. Le jury a rendu son verdict en faveur du mati, à qui il a ete accorde 300 livres sterling (7,500 fr.), de dommages-intérêts.

18. Paris. Theatre Francais. Pres mière représentation de CAMILLE DESMOULINS, drame en cinq actes et en prose, par MM. Blanchard et Maillan,

- C'etait la seconde évocation des scènes révolutionnaires sur le ThéâtreFrancais (v. 23 aviit): Camille Desmoulms y paraissait escorté de Robespierre, de Danton, de Fouquier Thinville. Une séance du tribunal auquel présidait cet homme de sanglante mémoire y remplissait un acte entier.

Cet acte était d'abord le second : dans l'intervalle d'une représentation à une autre, il devint le quatrième : la pièce subit un remaniement général. Par ce seul fait, on peut juger du systeme de composition dans lequel les auteurs l'avaient faite. Camille Desmou Lns se soutint quelque temps au théàtre, sans exercer toutefois aucune heureuse influence sur sa situation.

du

25. Cour d'assises. Desarmement du poste de la garde nationale, rue du Cimetière-Saint-Andre-des-Arcs, et attaque poste du Petit-Pont, occupé par la troupe de ligne, le 15 fevrier. Les accuses, dont plusieurs portent le ruban de la decoration de juillet, ont ainsi déclaré leurs noms, àge et profession; to Victor Sciard, age de 34 ans, avocat à Soissons, ancien membie du jury des récompenses nationales; 2o Emile Broissin, agé de 30 ans, Sous-lieutenant en non activite; 3o Chinouffre, âgé de 30 ans, menuisier, ex-artilleur de la garde nationale de Paris; 4° Lepage, âge de 24 ans, onviier sur les ports; 5o Durand, âge de 2 ans, corroyeur; 60 Lelievre, agé de Cans, coiffeur ; 7° Dumas, conducteur de travaux; 8° Mailla, âgé de 28 ans, contre-maitre chapelier, exarulleur de la garde nationale; 9" Charny, agé de 24 ans, commissionnaire; 10° Delachambre, àge de 40 ans, serrurier.

L'acte d'accusation commence par retracer succinctement les évenements qui ont suivi le service funebre celebré le lundi 14 fevrier, dans l'eglise de Saint-.ermain-l'Auxerrois, avec une solennité affectee. L'exposition, au milieu de cette pompe, d'une image qui semblait un appel fait à un parti ennemi du gouvernement, avait singulièrement irrité les esprits de jeunes gens pleins de sentiments genereux, mais dont la tête était exaltee par des idées républicaines, et qui avaient manifeste qu'ils ne trouvaient pas dans les actes du gouvernement, et surtout dans la Chambre des députés, tout ce que leur imagination leur presentait comme nécessaire.

Le lendemain, 15 fevrier, après une tentative infructueuse pour entrainer les eleves de l'Ecole polytechnique, une fonie de jeunes gens descendit de la montagne Sainte-Geneviève avec un drapeau tricolore, pris à la porte

de la maison d'un commissaire de police. Ils se dirigèrent en criant vive la liberté! à bas les baionnettes! vers le pont de l'Archevêché. Une lutte violente s'établit entre eux et les gardes nationaux injuriés et maltraités, mais qui parvinrent à les repousser. L'attroupement se porta ensuite vers la Chambre des députés; il parait que le but de ce mouvement était d'entrainer les hommes qui achevaient de démolir l'archevêché. Vers une heure après midi, on vit arriver sur le quai des Grands-Augustins deux cents jeunes gens qui se recrutèrent en route; à leur tête était un drapeau tricolore surmonté d'un bonnet ronge, Ils criaient vive la liberté à bas la Chambre

des deputes! et quelquefois vive la république !

Auprès de la rue du Bac, M. Lemercier, colonel de la 10° légion, vint å cheval au-devant de l'attroupement. On se précipita sur lui; on s'empara de son épée, dont la pointe fat dirigée sur lui, mais bientôt elle lui fut rendue. La bonne contenance de la garde nationale fit refluer dans la rue du Bac l'attroupement, qui criait: Enfonçons les grenadiers!

Vers trois heures et demie, deux cents jeunes gens porteurs d'un drapeau tricolore, criant: A bas la Chambre des députés et vive la liberte! forcèrent le poste de la Légion-d'Honneur, qui, peu nombreux, ne put s'opposer à leur passage; mais l'aspect d'un bataillon venant du pont Louis XVI les détermina à entrer dans la rue de Bellechasse; ceux qui faisaient partie de l'attroupement s'écrierent: « Gredins! nous reviendrons ce soir; nous aurons des armes, nous vous tirerons des coups de fusil.

Le même jour, à cinq heures et demie, cent cinquante jeunes gens, venant du côté de l'Odéon, traversèrent la place de l'Ecole de Médecine, et descendirent la rue Hautefeuille, ayant à leur tête deux individus en uniforme d'artilleur. Le poste de la garde nationale, rue du Cimetière-SaintAndré-des-Arcs aurait dû être composé de dix hommes: six étaient absents. En passant devant le poste, ils crierent: Vive la liberté ! il faut nous remettre vos fusils. Ils s'emparerent, avec violence et menaces de mort, des fusils dont étaient porteurs les gardes nationaux et de ceux qui se trouvaient

daus l'intérieur du corps-de-garde. Un seul homme du poste, M. Legrand, conserva son arme, en feignant de vouloir se joindre à l'attroupement; mais à peine sorti du corps-de-garde, il s'échappa et entra dans une maison voisine. L'attroupement emporta le drapeau du corps de garde et neuf fusils. Parmi ceux qui faisaient partie de l'attrcupement, il se trouvait déjà des hommes porteurs d'une carabine, de pistolets, de sabres et d'autres armes; ils chargèrent une partie des fusils, et attaquèrent le poste du PetitPont, occupé par huit grenadiers de la ligne. Le factionnaire Lescot fut seul désarmé. La garde nationale vint au secours da poste, et le dégagea au mourent où les séditieux étaient sur le point d'en enfoncer les portes à coups de crosse de fusil et avec le bâton d'un drapeau tricolore.

An moment où l'attroupement était dissipé par des gardes nationaux, ceux qui le composaient tirèrent trois coups de fasil et deux coups de pistolet, qui heureusement n'atteignirent personne. L'accusé Delachambre est désigné comme ayant tiré sur M. Biffi, garde national, un coup de fusil qui manqua pareillement son effet. M. Eiffi poursuivit et frappa d'un coup de sabre sur les reins le meurtrier, qui, en fuyant, avait jeté son fusil à ferie.

On voit sur le bureau des pièces de conviction, huit des fusils enlevés au poste de la rue du Cimetière-SaintAndré-des-Arcs, et le fusil du grenadier Lescot. Plusieurs de ces armes ont été trouvées chargées entre les mains ou au domicile des accusés.

Les témoins assignés tant à charge qu'à décharge sont au nombre de près de quatre-vingts.

Les débats ont rempli les séances du 26 et du 27.

M. Léonce Vincens, président de la Cour, a fait le résumé des débats; MM. les jurés sont entrés ensuite en délibération à neuf heures du soir, sur les questions posées au nombre de 47, et divisées en trois séries.

A dix heures et demie, les jurés sont rentrés en séance. Ils ont déclaré tous les faits constants, mais prononcé qu'aucun des accusés n'était coupable. En conséquence, les dix accusés ont été acquittés. De bruyants applaudissements ont accueilli ce résultat.

28. Odéon. Première représentation DU MOINE, drame en cinq actes et en prose, par M. Fontan. Autant le roman de Lewis, d'où procède ce drame, abonde en intérêt, en passion, et surtout en terrear, autant le drame est froid, languissant, ennuyeux. L'intervention du diable n'y produit nullement l'effet qu'on pouvait en attendre. Le moine Ambrosio, qui lui vend son âme pour du plaisir, est trompé, nonseulement sur la durée, mais encore sur la nature du marché. Au lien de dix années que le moine a stipules, le diable écrit dix jours; qu'importe? Ambrosio est si malheurenx, si triste, qu'on est tenté de le féliciter plutôt que de le plaindre, lorsqu'on voit le diable anticiper le terme de sa vie et de ses maux.

30. Cour d'assises. Affaire du Journal de Paris. M. Léon Pillet, gérant du Nouveau Jourual de Paris, a été cité devant la 2e section de la Cour d'assises, pour avoir inséré, le 10 avril dernier, un article dans lequel sont incriminées les intentions du ministère public, à l'occasion de l'accusation portée contre MM. Sambuo, Cavaignac, Trélat et consorts.

M. Persil, procureur général, qui s'était constitue partie civile, ne s'est point présenté à l'audience.

Une partie de l'article inculpé est ainsi conçue : « Qui pourra nous taxer d'injustice envers M. Persil, si nous nous en prenons à lui de l'odienx et du-ridicule qui resteront de ce procès ? Nous ne voulons pas faire un reproche à son caractère et à ses intentions; M. Bellard aussi avait de la bonne foi et du zele; comment a-t-il servi la cause pour laquelle il s'est sacrifié ? »

Le jury, après une courte délibération, a répondu sur la question posée, que M. Pillet n'était pas coupable.

M. le président, après avoir prononcé l'acquittement, et ordonné la restitution du numéro saisi, et avoir consulté ses collègues, a prononcé l'arret suivant: «La Cour, vn l'ordonnance d'acquittement, condamne M. Persil, partie civile, aux frais du procès.

Id. Tribunal de commerce. Billets de la Banque. Beaucoup de personnes ont l'habitude, lorsqu'elles veulent faire parvenir des billets de la Banque de France d'un lien dans un autre, de les couper en deux, et d'envoyer chaque

moitié aux destinataires dans deux lettres distinctes. On croit prendre parlà une précaution infaillible contre les infidélités ou la négligence des employés de la poste; mais cette mesure est plus dangereuse qu'utile, car il suffit qu'une des moitiés vienne à s'égarer, pour qu'on soit absolument sans recours contre la Banque, qui ne peat être tenue de payer que sur la présentation du titre intégral, et non pas sur ane fraction de titre. C'est ce que le tribunal de commerce a décidé aujour d'hai, sar la plaidoirie de Me Henri Nougnier, contre Me Vatel. Il s'agissait, dans l'espèce, de la moitié de gauche, ou attenante à la souche, ce qui offrait un moyen facile de vérifier à quelle série appartenait le billet mutilé. Mais le principe n'en a pas moins été proclamé d'une manière générale et formelle.

31. Théatre-Francais. Première représentation de L'AMITIÉ DES FEMMES, comédie en un acte et en vers, par M. Lafitte. Notre époque n'a pas de Molière, mais elle compte au moins un bon nombre d'acteurs-auteurs, parmi lesquels se distingue M. Lafitte. La question de savoir si les femmes peuvent s'aimer entre elles lui fournit l'idée principale de la petite pièce, dont on vient de lire le titre, et dans laquelle, à défaut d'intrigue bien piquante et bien neuve, de caractères bien vrais, se trouvaient quelques scènes agréables et plusieurs vers heureux

JUIN.

1er. Paris. Réouverture de l'Académie royale de Musique. Un nouveau directeur avait été donné à l'Opéra : la conséquence de ce changement de personnes devait être une restauration complète de la salle. Cette restauration eut lieu, et au bout d'une clôture de quelques semaines, le successeur de M. Lubbert, M. Véron, rouvrit an public une salle rajeunie, rafraîchie, inondée de torrents de Inmières. L'opéra de Guillaume Tell, réduit en trois actes, et le ballet de la Somnambule, composaient le spectacle destiné à soleuniser la séance de réouverture.

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un théâtre de marionnettes s'établit en 1784. Aux comédiens en bois, succédèrent des enfants, comme au théâtre de M. Comte; puis vinrent des comédieus de l'âge et de la taille de tous les autres. L'exploitation de cette entreprise, connue long-temps sous le titre des Petits Comédiens de M. le comte de Beaujolais, ayant passé aux mains de la demoiselle de Montansier, le théâtre, désormais appelé de ce nom, devint populaire. Brunet y commença sa forinne: Damas, mademoiselle Saint-Val, Baptiste cadet, y firent leurs débuts. Depuis l'installation de la troupe de Brunet au boulevart du Panoranja, le salle Montansier servit à divers usages, et fat tour à tour club et café. Rendue enfin à sa destination primitive, cette salle a dû subir une reconstruction totale sous les auspices de MM. Dormeuil et Poirson jeune, directeurs du nouveau théâtre, daus lequel le vaudeville, déjà maître exclusif de trois ou quatre scènes dramatiques à Paris, vint encore élire domicile, et faire acte de propriétaire.

9. Ouverture du Théatre Molière. Comme le théâtre du Palais-Royal (voy. 4 juin), le Théâtre Molière, situé entre les rues Quincampoix et Saint-Martin, se relevait de ses ruines, mais sous une étoile bien différente: le premier avait jais prospéré, le second n'avait jamais fait de bonnes affaires. L'ouverture du théâtre Molière fut pourtant assez brillante, un melodrame, intitulé la Tireuse de Cartes obtint un grand succès quelqnes talens, d'un ordie secondaire il est vrai, se faisaient remarquer dans la troupe. C'était beaucoup, mais ce n'était pas assez encore pour lutter contre la fâcheuse influence du quartier sur la prospérité et l'existence inême du theatre. Sons ce rapport, du moins, le Théâtre du PalaisRoyal était assez bien partagé pour avoir des auditeurs, même avec des pièces médiocres et des acteurs de la même force.

11. Théatre- Français. Première représentation des RENDEZ-VOUS, comédie en trois actes et en vers, par M. Alexandre Longpré. Cet imbroglio manquait non d'esprit, mais de vérité, de vraisemblance, de clarté. C'était la caricature plutôt que la pein. ture d'une époque licencieuse et frivole. L'auteur avait déjà obtenu un

succès plus franc, plus durable, quoique dans le même genre, avec la petite comédie des Trois Chapeaux.

14. Théatre allemand, Première représentation d'EURIANTE, Opéra en trois actes, musique de C. M. Weber. Deux mois auparavant (voy, 6 avril), ce même opéra, traduit en francais, avait été représenté à l'Académie royale de musique. Les artistes allemands, qui, pendant l'absence de la troupe italienne, occuparent la salle Favart, voulurent l'exécuter à leur tour dans sa pureté primitive, c'est-àdire saus appeler au secours de la partition aucun morceau emprunté à des partitions étrangères. Madame Schroeder-Devrient et le ténor Hauzinger remplissaient avec un talent supérieur les deux principaux rôles.

15. Cour d'assises. Affaire des Vendanges de Bourgogne, Accusation de provocation à un attentat contre la vie et la personne du roi des Français.-Depuis les scandaleux désordres de samedi, des précautions ont été prises contre l'invasion du prétoire par des intrus. Aussi ne voit-on au banc des témoins, et loin des bancs réservés au barreau, qu'un petit nombre de carieux.

L'acte d'accusation renferme les faits suivants :

Le 9 mai dernier, une réunion de 200 personnes s'assembla au restaurant des Vendanges de Bourgogne, faubourg du Temple, pour célebier l'acquittement de MM. Trélat, Cavaignac, etc. Le repas ent lieu dans une salle au 1ezde-chaussée donnant sur le jardin. Divers toast furents portés, où se trouvaient les opinions les plus hostiles contre le gouvernement actuel.

C'est au milieu de cette rénnion qu'Évariste Gallois se leva, et dit à bante voix, de son propre aveu, à LuisPhilippe ! en tenant nn poignard à la main. Il répéta denx fois ce cri; plusieurs personnes l'imitèrent en levant le bras, et criant à Louis-Philippe ! Alors des sifflets se firent entendre, soit que les convives voulussent désavouer cet affreux attentat, soit, comme le déclare Gallois, qu'on supposât qu'il portait la santé du roi des Francais. Il est cependant bien établi que plusienrs convives blâmèrent hautement ce qui s'était passé.

Le coutean-poignard avait été commandé par Gallois, le 6 mai, au coutelier Henry; il avait paru très pressé de l'avoir, en alléguant faussement un voyage.

M. Naudin, président, procède à l'interrogatoire de l'accusé, qui déclare avec précision avoir fait partie de la réunion, composée d'environ 200 per

sonnes.

M. Gallois : Voici comment les faits se sont passés: J'avais un couteau qui avait servi à déconper pendant le temps da repas. Je levais ce couteau en disant; A Louis-Philippe, s'il trahit! Ces derniers mots n'ont ete entendus que de mes voisins, attendu les sifflets qu'avait excités la première partie de la phrase, parce qu'on croyait que je portais la santé de Louis-Philippe. D. Dans votre opinion, le toast porté à la santé du rui était donc proscrit de cette réunion?-R. Assurément. - D. Un toast porte purement et simplement à LouisPhilippe, roi des Français, eût sans doute excité l'animadversion de l'assemblée?R Oui, monsieur. D. Votre intention était donc de désigner Louis-Philippe aux poignards, seulement dans le cas où Louis-Philippe trahirait ? R. Oui, monsienr.

D.

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17. Toulouse. Suicide extraordinaire d'un prisonnier.-Guillaume Granie, de Gaillac-Tuulza, le même qui avait en la férocité d'assassiner sa femme et de lai couper la tête, ajouta nn crime de plus à cet horrible attentat. Detend dans une des salles de la maison d'arrêt de Muret avec deux autres prisonniers, il assassina l'un de ces malheareux, et lui fracassa le crâne avec le couvercle d'un baquet. Ce nouveau crime avait été commis le 12 avril, à quatre heures du matin. Lorsqu'on voulut pénétrer dans la salle où ce monstre était renfermé, on le trouva encore armé du couvercle, et menacant de tner le premier qui oserait l'approcher. Le cadavre de sa victime gisait sur la paille à ses côtés: le troisièmė prisonnier, que cette scène sanglante avait frappé de stupeur, semblait rẻsigné à subir le même sort. An premier avis qu'ils ont reçu de cet événement, M. le juge d'instruction et le ministère public se sont transportés à la maison d'arrêt avec deux officiers de santé, pour constater le crime et commencer une nouvelle procédure.

Conduit dans la prison de Toulouse, Granié prit la résolution de se laisser mourir de faim. Il resta ainsi pendant 63 jours sans faire entrer dans son estomac autre chose qu'un peu d'eau de puits qu'il avait la force de puiser lui-même. A la fin il était totalement exténué; son corps répandait déjà une odeur infecte.

Il mourut le 17 jain après les plas vives convulsions. Malgré les efforts de l'aumônier des prisons, il avait constamment refusé les secours de la religion,

L'autopsie de Granié, à laquelle on a procédé 36 heures après le décès, a trompe, sous beaucoup de rapports, l'attente de la médecine. L'estomac, malgré 63 jours de diète, loin d'être rétréci, offrait sa capacité naturelle, de telle sorte que la seule inspection ne pouvait faire attribuer an défaut d'aliments la mort de l'individu. Cet organe contenait un verre d'un liquide verdâtre, présume suc gastrique. Les intestins ne présentaient rien d'extraordinaire.

Quoique réduits à de simples membranes par l'effet d'un marasme complet, les muscles étaient rouges, et leurs fibres résistantes, particularité fort remarquable. Le corps, d'ane or

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