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à diverses classes de citoyens. Cette rigueur présumée est logique,elle déconle naturellement du nouveau projet qui fait suite an projet de M. Baude: elle exigera done ma présence à Paris, lorsque je plaiderai en dernier ressort la cause que j'ai déjà défendue et que j'espérais n'avoir plus à défendre. Un homme d'honneur ne se cache point; il ne se met point à l'abri; il ne publie pas do loin contre ses adversaires ce qu'il ne lenr oserait déclarer en face.

Enfin, Monsieur, les organes de l'opinion, presque tous les journaux ont témoigné de mon absence des regrets dont je me trouve singulièrement honoré. Votre éloquence, prodigue fée, vient à son tour orner de fleurs et de diamans non pas mon vieux trône, je n'en ai point, mais mon vieux bâton de pèlerin: comment serais-je inval-, nérable à la flatterie d'une muse qui a dédaigné de flatter les rois ?Quand cette muse me somme d'un prompt retour, je ine sens très disposé à la suivre dans son temple, c'est-à-dire dans ma patrie. CHATEAUBRIAND.

29. Paris. Cléon. Premiere représentation de CATHERINE II, comédie en trois actes et en prose, par MM. Lokroy et Arnould. La grande impératrice, Catherine II, était du nombre de ces personnages auxquels l'ancienne censure ne permettait pas de toucher. La censure étant abolie, ces personnages devaient s'élancer presque tous à la fois sur le théâtre, Catherine II eat son tour, et pendant quelque temps il ne fut question que d'elle an Vaudeville, an Bonlevart, au Palais-Royal: l'Odéon s'en était emparé le premier, et mademoiselle Georges y avait représenté dignement la moderne Sémiramis. Dans la pièce de MM. Lokroy et Arnould, Catherine remarquait un jeune officier, et voulait l'élever jusqu'à elle l'officier était déjà amoureux de la femme de son oncle: nn ministre, successeur d'Orloff, découvrait cette intrigue: Catherine destituait le ministre, exilait l'officier, envoyait l'oncle en Sibérie, et prenait pour favori Potemkin, dont, à la fin de la pièce, l'astre se levait sur l'horizon.

OCTOBRE.*

mais

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qu'on a trouvé dans l'interieur de l'Afrique un être organisé, qui semble former le passage du règne végétal au règne animal. Cet être singulier a la forme d'un serpent tacheté. Il se traiue sur le sol, et, à la place de la tête, on lai voit nne fleur en forme de clochette an fondde laquelle se trouve une liquear visqueuse. Les monches et les autres insectes, attirés par la vapeur de ce miel, entrent dans la fleur et sont retenus par la viscosité. Bientôt la fleur se ferme et reste ainsi jusqu'au moment où les prisonniers sont broyés et transformés en chyle. Les portions indigestes, telles que la tête et les ailes, sont rejetées par deux ouvertures inferieares, contournées en spirales. Cette plante-serpent a une peau qui ressemble à des feuilles, une chair blanche et molle, et an lieu de squelette nne charpente cartilagineuse remplie d'une inoelle jaune. Les habitants du pays la mangent comme un mets exquis.

15. Théatre-Français. Première représentation de LA FAMILLE DE LUSIGNY, drame en quatre actes, par MM. Soulie et Bossange. Cette pièce, jouée avec quelque succès, malgré l'absence presque totale de vigueur et de nouveauté dans l'action et dans le dialogne, avait la même origine que la Jeunesse de d'Alembert, représentée à l'Odéon (vcy. 14 septembre).

15. Commerce de sangsues. — Depuis l'introduction du célèbre système therapeutique du docteur Bronssais, les pharmaciens de France font, comme chacun sait, une consommation prodi gieuse de sangsues, qu'ils tirent le plus ordinairement des vastes marais de la Hongrie. Mais l'invasion du choléra-morbus dans les États héréditaires de l'empereur d'Autriche, et l'établissement de nombreux cordons sanitaires dans les régions transthénanes, ainsi que sur nos frontières orientales, ont considérablement ralenti ce commerce aussi bizarre que lucratif. Le transport des sangsnes éprouve maintenant de si grandes lenteurs, que ces animaux ne peuvent pas arriver vivants à destination, et qu'on n'ose même plus en faire des expéditions un peu importantes. Il est résulté de là que le milier, dont le taux habituel était de 23 fr., se vend aujourd'hui 125 et même 150 fr. Cette hausse extraor

dinaire a déjà occasioné plusieurs procès devant le tribunal de commerce de la Seine, et il paraît que le nombre ne fera que s'en accroître de jour en jour. Me Vatel, agréé de M. Legrand, a demandé 160,000 fr. de dommages-intétêts contre M. Laurence, ponr 1 million 500,000 sangsues que celui-ci a vendues et ne peut livrer. Cette affaire, à la sollicitation de Me Venant, a été continuée à quinzaine.

18. Opéra-Comique. Première représentation du ROI DE SICILE, opéra comique en un acte, paroles de MM. **, musique de M. Gide. - C'était le quatrième début d'un compositeur sur la scène de l'Opéra-Comique, depuis le commencement de l'année: MM. Labarre, Pâris et Gomis avaient précédé M. Gide, qui vint le dernier et fut le moins heureux. Ainsi qu'on l'a vu tant de fois, la chute du poëme entraîna celle de la partition, et l'ouvrage disparut de l'affiche.

19. Saint-Pétersbourg. Monument de l'empereur Alexandre. Les journaux de Saint-Pétersbourg parlent avec enthousiasme d'un monument que l'empereur Nicolas veut élever sur la place du palais d'hiver, à la mémoire de son frère Alexandre : c'est une colonne en granit, imitée de la célèbre colonne Trajane. Ce qui rendra ce monument étonnant, c'est que la colonne, haute de 84 pieds et ayant douze pieds de diamètre, a été taillée dans un rocher de syenite à Péterlaxe en Finlande, d'où l'on a tiré les énormes colonnes qui décorent l'église d'Isaac à Saint-Pétersbourg. Six cents ouvriers

ont tra

vaillé pendant deux ans. La masse qu'il a fallu couper pour en tirer le fut de la colonne a 98 pieds de longueur, sur une épaisseur moyenne de 22 pieds. Son poids peut être évalué à 9,576,000 livres environ. Le 19 septembre, on a descendu cette colonne, et on s'occupe actuellement de l'embarquer sur un navire construit exprès, et de la transporter jusqu'au quai de Saint-Pétersbourg, en faisant reinorquer le navire par quelques bateaux à vapeur.

Les travaux ont été dirigés par un architecte français, M. de Montfer

rant.

tation de CHARLES VII CHEZ SES GRANDS VASSAUX, tragédie en cinq actes et en vers, par M. Alexandre Dumas. — L'épigraphe que l'auteur mit à sa pièce révéla, en style hieroglyphique, il est vrai, quelle avait été sa pensée en la composant. Cur non? Cela voulait dire: Pourquoi ne ferais-je pas une œuvre imitée de Racine, comme Goëthe et plusieurs autres ont fait des cenvres imitées du théâtre grec? En effet, dans Charles VII, M. Dumas reproduisit l'Hermione d'Andromaque: cette contreépreuve d'un admirable type obtint peu de succès: deux intrigues se croisaient dans l'ouvrage, sans se toucher; Charles VII y paraissait à peine, et n'y faisait absolument rien: la fable romanesque y étouffait tout intérêt historique. Un seul caractère, celni de l'arabe Yagonb, tout-à-fait en dehors des mœurs que l'auteur avait voula peindre, absorbait l'attention, et rejetait dans l'ombre les autres parties du tableau. Cependant la passion qui respirait dans plusieurs scè nes, l'ardente vigueur du dialogue, une foule de traits éclatants jetés à travers une versification hasardeuse et lyrique, ne permettaient pas de ranger la tragédie de Charles VII au nombre des productions vulgaires.

25. Troubles au théatre des Nouveautés.

Il y a trois jours, on avait annoncé au théâtre des Nouveautés la première représentation d'un drame intitulé: Le procès d'un maréchal de France en 1815. Les révélations de plusieurs journaux n'avaient laissé ancun doute sar le nom dn personnage illustre qui en était le héros, ni sur le but politique de l'ouvrage. Armée d'un décret du 8 juin 1806, l'autorité a défendu la représentation de ce drame.

Hier matin, les affiches du théâtre des Nouveautés qui, pendant deux jours, avaient annoncé la première représentation du Procès d'un maréchal de France en 1815, ont disparn ; vers deux heures, de nouvelles affiches ont été apposées. Elles annonçaient pour ce soir Marion Delorme et le Barbier de. Seville. M. Langlois, directeur da théâtre, avait été averti hier au soir, de la part de M. d'Argout, que, s'il continuait à annoncer l'ouvrage défendu et à interrompre les représentations ordinaires, son privilége lui se

20. Paris, Odéon. Première représen- rait retiré.

Les bureaux et les portes du théâtre ont été ouverts à l'heure ordinaire. Le public est venu en assez grand norubre. A peine l'ouverture de la première pièce était-elle commencée que le Procès d'un maréchal de France a été demande à grands cris. Le bruit a redou blé au lever du rideau. Le directeur est venu sur le devant du théatre; il a annoncé que, menacé de la perte de son privilege, il avait dù céder à la volonté de l'autorité, en protestant contre la violence qui lui était faite; une plus longue résistance aurait compromis des intérêts qui ne sont pas seulement les siens. Il a ajouté que la question était soumise aux tribunaux et qu'il attendrait leur décision. Le public a paru s'apaiser; il a écouté la premiere pièce.

Dans l'entr'acte, l'ouvrage défendu a été de nouveau demandé avec beaucoup de chaleur. Le directeur a paru une seconde et une troisième fois pour répéter ses premières explications. Le public a demande enfin que la pièce fut lue. M. Langlois a répondu qu'il lui etait aussi impossible de faire lire la piece que de la faire jouer. Le bruit a continué. Le commissaire de police, revêta de son écharpe, est venu sur le théâtre, puis dans l'orchestre, pour être mieux entendu, et a déclaré, de la manière la plus positive, que la pièce ne pouvait être jouée, qu'elle ne le serait pas, et que toutes les mesures étaient prises pour que force restât à l'autorité.

La seconde pièce, le Barbier de Séville, a été jouée à moitié au milieu d'an tamalte toujours croissant. Le public a enfin demandé la Marseillaise, qui a été exécutée, et les spectateurs se sont retirés tranquillement.

Au dehors, des groupes, qui avaient commencé à se former vers trois heures, s'étaient progressivement augmentés, et étaient devenus très nombrenx vers le soir; quelques patrouilles de la garde municipale circulaient sur Ja place, précédées de commissaires de police et de sergents de ville, dont un poste nombreux était établi à la Bourse. A onze heures, tout était tranquille dans le quartier.

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John-Bull en bonne humeur, font entrer dans les coffres du gouvernement une somme égale au revenu de la monarchie espagnole. Les taxes mises sur la bière qui étanche sa soif excèdent le revenu de la Bavière; il paie pour le the autant que François Ier tire de six millions de Napolitains; et beauconp plus pour le sucre, avec lequel il l'édulcore, que douze millions d'Américains pour tous leurs impôts; il paie plus d'impôts pour le tabac, qui satisfait un appétit dépravé, que quatre millions d'Italiens n'en donnent à Charles-Félix; il paie pour le savon, avec lequel il lave ses mains, une somme égale à celle qui est nécessaire au pape pour lui-même, pour ses soldats et son gouvernement; pour le privilège de voir clair dans sa maison, il débourse autant d'argent qu'il en entre dans les coffres du roi de Hanovre; enfin, les taxes levées sur sa soif seulement, soit qu'il boive de l'eau-de-vie, du rhum, da whiski, de la bière on du vin, excèdent la somme que paient cinquante millions de Russes pour les bienfaits d'un despotisme paternel.

28. Théatre Italien. Première représentation de LA SONNAMBULA, opéra en deux actes, de Bellini. Depuis que Rossini a cessé d'écrire pour les theatres d'Italie, pen de jeunes compositeurs se sont produits avec autant d'avantages réels et d'espoir d'avenir que Bellini, l'anteur du Pirata, de la Straniera, et de la Sonnambula. Ce dernier ouvrage fut représenté à Paris pour le bénéfice de madame Pasta, qui en remplissait le principal rôle. Le style de Bellini, moins brillant, moins vif, et surtout moins riche en développements que celui de Rossini, affecte en général des formes qui se rapprochent de celles de l'ancienne musique francaise. Peut-être mérite-t-il quelquefois le reproche d'exagérer cette sorte d'innovation rétrograde, qui consiste dans la simplification de la phrase mélodique et dans le retour à la déclamation notée. Quoi qu'il en soit, la partition de la Sonnambula fut bien recue, et madame Pasta excita dans l'auditoire une véritable et profonde émotion.

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qui a déjà beaucoup occupé l'attention publique, avait attiré ce matin une aflluence considérable.

MM. Bascans, gérant du journal la Tribune, Marrast, anteur de l'article inculpé, et Anthony Thouret, gérant du journal la Révolution, sont assis en avant du barrean, près de MM. Michel (de Bourges), Moulin et Bethmont, leurs avocats.

M. Casimir Périer, président du conseil, et M. le maréchal Soult, ministre de la guerre, parties civiles, sont représentés par un avoué; ils ont pour défenseurs Me Dupin jeune et Me La

vaux.

M. Catherinet, greffier, donne lecture de l'arrêt de renvoi. Le passage inculpé a paru dans le numéro de la Tribune du 9 juillet dernier, et a été reprodait le même jour par le journal la Révolution. Il est ainsi conçu :

« N'est-il pas vrai que, dans les marchés de fusils et de draps, M. Casimir Périer et M. le maréchal Sonlt ont reçu chacun un pot-de-vin qui serait de plus d'un million? »

Les nombreux témoins (la plupart sont députés) appelés par les accusés, ne font aucune déposition précise sur le fait du pot-de-vin ; ils affirment senlement en général, non d'après des preuves positives, mais sur une sorte de notoriété publique, qu'il y a eu quelque chose de honteux dans le marché des fusils. Ils déclarent que le ministère en aurait pu choisir de meilleure qualité et à beaucoup plus bas prix que ceux qui ont été fournis par M. Gisquet. Le général Lamarque joute qu'on aurait pu désarmer la Vendée en rachetant les fusils au prix de 15 à 20 francs.

M. Gisquet raconte qu'il a été chargé par le maréchal Gérard d'acheter 300,000 fasils pour le gouvernement, qu'il s'était d'abord adressé à des marchands anglais, mais que le marché ne se fit pas. Il continue ainsi :

Une négociation s'engagea avec le gouvernement anglais. Nous eùmes d'abord quelques difficultés. Enfin, au. bout de quinze jours, le gouvernement anglais se décida à mettre à ma disposition 566,000 fusils neufs, India pattern, c'est-à-dire d'après les échantillons de l'Inde. Le prix en fut définitivement fixé à 25 schellings, ce qui fait 31 fr. 87 c. Il faut y ajouter les 6 pence ou 62 c. de commission, ce qui porte

le prix de chaque fusil à 32 fr. 50 c., y compris les frais d'emballage, le fret, l'assurance, les pertes de toute nature, etc. »>

Le témoin se livre à de longs détails, et établit que le gouvernement anglais, en définitive, n'a fourni que 140,000 fasils sur les armes qu'il s'était engagé à fournir. Le commerce de Birmingham a livré le reste.

Audience du 10.- Me Lavaux prend la parole pour le maréchal Soult, et s'attache à démontrer qu'il y a eu calomnie évidente de la part de la Tri

bune.

M. PERSIL, procureur général, explique d'abord ce qu'on doit entendre par diffamation; passant à l'examen des débats, il établit qu'il aurait pu, qu'il aurait même dù s'opposer à la production de pièces annoncées depuis long-temps avec tant d'emphase, et qui n'ont pas été communiquées ainsi que la loi l'exigeait. Dans les huit jours de la notification de l'arrêt de renvoi, un des prévenus, M. Bascans, a dit avoir fait tout exprès le voyage d'Angleterre pour aller chercher des pieces, il n'en a pas rapporté donc ces pièces n'existaient pas. Celles qu'on a produites sont informes et tout-à-fait insignifiantes.

Ainsi, quand le sieur Marrast écrivait son article, il n'avait aucune preuve entre les mains, et lorsque le lendemain il prétendait avoir des preuves, il ne disait pas la vérité.

Les témoignages se réduisent à des plaintes sur les marchés, mais pas une seule personne n'a pu dire que M. Casimir Périer et M. le maréchal Soult eussent reçu chacun un pot-de-vin d'un million.

M. MARRAST présente une défense improvisée.

"

M. le procureur général, a-t-il dit, a déplacé l'accusation. Je n'ai point imputé le fait d'avoir reçu un pot-de-vin; je me suis borné à des interrogations, j'ai provoqué des explications du ministère sur des faits de concussion et mème de trahison, car ce ministère trahissait alors, et les preuves en seront plus tard fournies. Je laisse le soin de décider s'i! est plus honorable de trahir ou de se livrer à des concussions.

La presse a le droit et le devoir de surveiller ce qui tient à l'intérêt public. La liberté de la presse est cepen

dant attaquée autant qu'elle l'était il y a trois ans, sous le ministère Villèle, et du temps des marchés Ouvrard, à l'occasion desquels on venait aussi d'intenter un procès en diffamation.

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Que gagné-je donc moi à faire de l'opposition? Bien moins sans doute qu'on ne gagne à être ministre de la guerre. Il me revient de l'opposition soutenue avec tant de persévérance, des duels, des procès, 24 à 25 saisies, des emprisonnements et d'énormes amendes; j'en recueille aussi le fruit des préventions souvent injuces de l'opinion publique.

«Au reste, quel que soit le résultat de ce procès, je m'en félicite; en sortant de cette enceinte je verrai l'opinion publique imprégnée de la gra vité des faits énoncés et de la concordance des témoignages. Tout cela sera apprécié à l'époque dont vous a parlé M. le procureur général, lorsque la discussion de ces faits arrivera à la Chambre des députés. C'est tout ce que j'avais à désirer.

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M. ANTHONY THOURET gérant de la Revolution, se plaint des attaques nombreuses dirigées contre la presse quotidienne. La Tribune et la Révolution ont eu à soutenir ensemble trenteneuf procès. Je dois cependant dire, ajoute M. Thonret, que, de ces trenteneuf procès, le ministère n'a pu tirer que cinq condamnations.

Après les plaidoiries des avocats et les repliques successives de Ma Dupin jeune, et de Me Michel, défenseur de M. Marrast, le jury est entré dans la salle des délibérations un peu avant minuit, il en est sorti à minuit un quart. La salle était pleine de curieux qui attendaient avec impatience le résultat de cette importante affaire.

M. le chef du jury annonce que la déclaration du jury est à la majorité de plus de sept voix: Oui, Armand Marrast est coupable (vive sensation): Non, les sieurs Bascans et Anthony Thouret ne sont pas coupables.

M. LE PROCUREUR GÉNÉRAL requiert l'application des peines prononcées par la loi de 1819.

Me LAVAUX demande an nom des deux ministres, parties civiles, que M. Marrast soit condamné par corps, à payer à MM. Casimir Périer et maréréchal Soult, la somme de dix mille francs (sensation) et aux dépens,»

M. LE PRÉSIDENT: Le sienr Marrast a-t-il des observations à faire sur ces conclusions ?

M. MARRAST: Aucune, si ce n'est que les dommages et intérêts me semblent bien peu considérables (On rit).

La Cour, après une délibération qui s'est prolongée depuis minuit vingt minutes jusqu'à une heure et demie du matin, a rendu ainsi son arrêt : « La Cour, en ce qui touche l'action publique: Condamne Marrast en six mois d'emprisonnement et 3,000 francs d'amende;

En ce qui touche l'action civile ; considérant qu'en matière de diffamation, et notamment dans l'espèce, ce n'est pas dans la quotité des dommages et intérêts que l'individu diffamé pest trouver la réparation du tort qu'il a éprouvé, mais bien dans la déclaration du principe que la loi lui accorde, condamne Marrast et par corps à 25 fr. de dommages et intérêts (mouvement général dans l'auditoire); ordonne la destruction des numéros saisis, l'insertion de l'extrait du dispositif du présent arrêt dans le journal la Tribune, et l'affiche au nombre de 50 exemplaires; condamne en outre ledit Marrast en tous les dépens.

30. Londres. Nouveau Journal. — Le gouvernement anglais vient de supprimer les droits sur les cotons imprimés. Ausitôt un nouveau journal a paru imprimé sur coton, prenant le nom de Mouchoir politique (political handkerchief). Il se vend à moitié prix des autres journaux, qui sont écrasées de droits de timbre.

L'accise de Londres a attaqué le journaliste, qui se vante de lui échap per par le texte de la loi, comme l'a fait le duc de Bedford, qui, pour ne pas payer le droit de barrière, a fait faire un équipage à cinq roues, et qui a long-temps échappé au tarif qui ne prévoyait pas le cas d'une semblable

voiture.

31. Paris. Opéra-Comique. Première représentation de LA MARQUISE DE BRINVILLIERS, opéra comique en trois actes, paroles de MM. Scribe et . Castil Blaze, musique de MM. Cherubini, Paer, Berton, Boyeldieu, duber, Hé rold, Caraffa, Blangini, Batton.— Depuis vingt jours environ, l'Opéra-Comique avait rouvert son enceinte aa

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