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montagnes, dont l'existence même n'a pas encore été bien constatée. Que serait-ce si, à l'exemple de quelque géographe, nous voulions même en indiquer la nature et la hauteur? Dans le court aperçu que nous allons offrir sur l'orographie de l'Océanie, notre but est de présenter provisoirement au lecteur la classification de ses montagnes qui, dans l'état actuel de la science, nous paraît être le plus en rapport avec les résultats des plus récentes explorations et s'éloigner moins du plan suivi dans cet ouvrage, dans la description des autres parties du monde. Voici donc les systèmes entre lesquels il nous semble qu'on pourrait classer provisoirement les principales hauteurs connues du Monde-Maritime :

SYSTÈME MALAISIEN. Nous proposons cette dénomination sonore pour éviter de nouveaux noms et parce que ce système embrasse toutes les montagnes de la Malaisie. Nous proposons de le subdiviser dans les trois groupes suivans: GROUPE SUMATRIEN, qui est le plus long; il emprunte son nom à l'île de Sumatra, où se trouvent ses plus hautes cimes connues et la chaîne la plus remarquable; il embrasse toutes les hauteurs non-seulement des îles qui environnent cette grande île, mais aussi celles de Java et de ses dépendances, ainsi que toutes les montagnes qui s'élèvent sur les îles qui forment l'archipel de Sumbava-Timor; de manière que le groupe Sumatrien s'étend depuis la pointe occidentale de Sumatra jusqu'à l'île Sarmata à l'est de Timor. La chaîne Sumatrienne rattache les montagnes du Monde-Maritime à celles de l'Ancien-Monde, étant pour ainsi dire la continuation de la chaîne Birmano-Siamoise, qu'à la page 606 nous avons vu s'étendre à_travers toute l'Inde-Transgangétique, depuis les confins du Yu-nan jusqu'à l'extrémité de la péninsule de Malacca. GROUPE DE LUÇON-BORNÉO, ainsi nommé à cause des deux îles principales qu'il embrasse; ce groupe comprend les monts de Cristal, les monts Panams et autres chaînes qui s'élèvent sur le vaste sol de Bornéo, toutes les chaines de la grande île Luçon, celles de Mindanao et toutes les montagnes et les hauteurs qui sillonnent le sol des autres îles de l'archipel des Philippines et de ses dépendances. Enfin le GROUPE Moluco-CKLÉBIEN, que nous proposons de nommer de la sorte, parce que nous y comprenons toutes les montagnes qui s'élèvent sur les îles qui composent le groupe insulaire de Celèbes et l'archipel des Moluques; ses hauteurs les plus remarquables se trouvent dans l'ile Celèbes, et dans celles de Ceram, de Bourou, de Gilolo et de Ternate.

TABLEAU DES POINTS CULMINANS DU SYSTÈME MALAISIEN.

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Pic de Karang-Assem (île de Bali).

Chaine de Sumbava-Timor. Le point culminant de l'île, Lombock.

Le point culminant de l'île de Timor

1,666

1,664

1,300?

1,300?

1,000?

GROUPE LUCon-Bornéen.

Chaine de Borneo. .

Ch. de l'arch. des Philippines.

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GROUPE MOLUCO-CELEBIEN.

Le point culminant de l'île Mindanao.

1,500?

Chaine Celebienne.

Mont Lampo-Batan (Celebes).

1,2002

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SYSTÈME AUSTRALIEN. Nous proposons d'y comprendre provisoirement nonseulement toutes les montagnes de l'Australie proprement dite (Nouvelle-Hollande), et celle de la Diemenie (Terre de Diemen), mais aussi toutes celles qui forment le groupe de la Papouasie (Nouvelle-Guinée) et les archipels qui se développent à l'est du Continent Austral, depuis la Papouasie jusques et y compris la Nouvelle-Calédonie et la Tasmanie. Nous distinguons dans ce vaste système trois groupes; savoir : le GROUPE AUSTRALJEN, qui comprend les montagnes du Continent-Austral (Nouv.-Hollande) et celles de la Diemenic. Mais ici nous devons rappeler au lecteur que c'est plutôt un système qu'un groupe; et nous ne serions pas étonnés que, à la suite de nouvelles explorations, l'on fût même obligé d'y distinguer plusieurs systèmes entièrement indépendans les uns des autres. Dans l'etat actuel de son orographie, le géographe, qui rejette tout ce qui est conjectural pour s'en tenir au positif, n'y peut encore distinguer que la Chaíne-Orientale ou des MontagnesBleues, dans la Nouvelle-Galles-du-Sud; la Chaine-Occidentale, dans la Terre de Levain, dans la Colonie des Cygnes, et quelques montagnes isolées assez hautes que les navigateurs ont aperçues le long de la côte méridionale. La Diemenie, qui appartient à ce groupe, présente plusieurs petites chaînes de montagnes, dont la principale pourrait être nommée Chaine-Diemenienne. Le GROUPE PAPOUASIEN, prend sa dénomination de la grande terre où se trouvent les plus hautes montagnes que l'on ait encore aperçues dans les îles qua embrasse. En attendant que des voyageurs intrépides nous fassent connaître leur direction et leur hauteur, nous proposons de regarder comme autant de chaines les divisions geographiques que nous avons proposées pour cette partie de l'Australie, qui comprend les groupes insulaires et les archipels de la Papouasie (Nouvelle-Guinée), de la NoureteBretagne, de Salomon, de La Pérouse (Santa-Cruz), de Quiros (Espiritu-Sante, Nou velles-Hebrides) et de la Nouvelle-Calédonie. Le GROUPE TASMANIEN, qui embrasse toutes les montagnes de la Tasmanie (Nouvelle-Zélande).

TABLEAU DES POINTS CULMINANS DU SYSTÈME AUSTRALIEN.

GROUPE AUSTRALIEN.

Chaine Orientale..... Sea-View-Hill, dans la Nouvelle-Galles...

(Montagnes-Bleues).

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Forest-Hill...

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Chaine Occidentale.. Le Pic, à l'est de la colonie de la Rivière des Cygnes. 1.fied?
Chaine Diemenienne. Le point culminant des Monts Barren (Diemenie).

GROUPE PAPOUASIEN.

Le Pic de Ténérif (Diemenie).
Mont Wellington (Diemenie)..

Chaine Papouasienne. Le point culminant de la Papouasie ou Nouvelle-Guinée, 2500?
Mont Arfack (Papouasie).

Chaine Calédonienne. Le point culminant de la Nouvelle-Calédonie.
Chai. des iles Salomon. Les Pics des îles Santa-Isabella et Guadalcanar.
GROUPE TASMANIEN.

1455

1,2:00

1,700?

Chaine Tasmanienne. Pic Egmont dans la Tasmanie-du-Nord (Nouv.-Zél). 1,275 SYSTÈMES DE LA POLYNÉSIE. Nous proposons de regarder comme autant de systèmes particuliers les montagnes qui dominent les hautes terres disséminées sur la vaste étendue de la Polynésie. L'arrangement du tableau ci-dessous nous dispense de rien ajouter à ce que nous venons de dire. Il offre les points culminans connus de ces petits systemes. TABLEAU DES POINTS CULMINANS DES SYSTÈMES DE LA POLYNÉSIE...

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LATEAUX. Un vaste plateau s'étend à l'ouest de Sydney dans l'intér du Continent-Austral; on pourrait le nommer plateau de Bathurst, du à de cette ville, qui est la première qu'on ait fondée dans l'intérieur. peut estimer son élévation absolue au-dessus du niveau de la mer de à 380 toises. Nous ne connaissons pas l'intérieur des grandes îles de neo et de la Papouasie (Nouvelle-Guinée), où il est très probable on trouve des plaines très élevées. Il est aussi probable que la hauteur plateau du ci devant empire de Menangkabou et d'autres contrées de térieur de l'île Sumatra va de 300 à 700 toises. La hauteur des hautes ines de l'intérieur de l'île de Java nous paraît être de 250 à 600 toises. VOLCANS. Aucune partie du monde n'en offre un aussi grand nombre e l'Océanie, surtout lorsqu'on veut tenir compte de sa surface comparée celle des autres grandes divisions du globe. L'île de Java compte au moins inze volcans; celle de Luçon au moins quatre; Sumatra, cinq; Minda9, Mindoro, Sumbava et Flores, en ont plusieurs ; un grand nombre d'aues îles en ont un chacune, et l'Archipel Mounin-Volcanique doit en partie n nom aux volcans qu'il renferme. Voici les monts ignivomes les plus rearquables, soit par leur funeste activité, soit par leur hauteur: dans Java, Sumatra presque tous les pics que nous avons nommés dans le tableau des ontagnes; viennent ensuite le Mayon ou Albay et l'Arayet, dans Luçon; volcan de Ternate, dans l'archipel des Moluques proprement dites; le unong-api, dans le groupe de Banda; le Tomboro, dans Sumbava; le lcan de Tofoa, dans l'archipel de Tonga; le volcan de Tanna, dans cei de Quiros (Espiritu Santo); le Rocher Mathews, qui n'est qu'un cratère missant du feu; le Mauna-Vororaï et le Keraouia, dans l'île d'Hawaii, ins l'archipel de Sandwich. Nous ferons même observer que le Keraouia fre la singularité remarquable de n'ètre point au sommet d'une montague, ais dans une plaine d'une élévation médiocre, au pied de l'énorme cosse nommé Mauna-Roa, La Tasmanie (Nouv.-Zélande) possède aussi des lcans, celui de Motou-Hara, dans la baie de l'Abondance, Tasmanie-duord, et celui de la Tasmanie-du-Sud, dont les naturels ont indiqué l'exisnce. Nous ajouterons aussi que le Continent-Austral offre un volcan qu'on ent de découvrir dans la Nouvelle-Galles-du-Sud; il offre la singularité n'avoir pas de cratère et de lancer continuellement des flammes. VALLÉES et PLAINES. Les plus grandes et les plus profondes se ouvent dans l'intérieur du Continent-Austral (Nouvelle-Hollande) et des andes îles Sumatra, Java, Bornéo, Celèbes, Luçon, etc. Les plaines qui étendent à l'ouest des Montagnes-Bleues, dans la Nouvelle-Galles-du-Sud,

sont les plus étendues de cette partie du monde. Viennent ensuite celles de la côte orientale de Sumatra. On connaît trop peu la partie intérieure de Bornéo et de la Papouasie (Nouv.-Guinée) pour pouvoir citer celles qui probablement se trouvent dans ces deux grandes terres. Toutes les autres iles offrent des plaines inférieures à celles que nous venons de nommer. DÉSERTS. On trouve dans le Monde-Maritime plusieurs solitudes, mais on n'y voit aucun désert proprement dit. Le Continent-Austral seul forme une exception; il offre le long de ses côtes méridionale et occidentale, et probablement dans son intérieur, de vastes espaces qui pourraient mériter ce nom.

CLIMAT. A l'exception de la partie méridionale du Continent-Austral (Nouvelle-Hollande), de la Diemenie (Terre de Diemen) et de la Tasmanie (Nouv.-Zélande), toutes les grandes terres de l'Océanie éprouvent tonr-àtour l'influence d'un soleil vertical et jouissent des avantages des climats de la zone torride, sans éprouver, cependant, à quelques exceptions près, les chaleurs excessives qu'on observe dans les climats correspondans des autres parties du monde. Mais à cause de la petite étendue des terres, ces effets généraux sont ici plus modifiés qu'ailleurs par l'effet des volcans, des vents et de la différence d'élévation du sol.

Comme la presqu'île de l'Inde et les golfes du Bengale et d'Oman. la Malaisie est soumise à deux moussons: au nord de l'équateur règne celle des mers de Chine ou Sud-Ouest et Nord-Est, et au sud on ressent celle des mers de la Sonde et des Moluques ou Sud-Est et Nord-Ouest, dont les ef fets sont totalement opposés. Les vents qui dépendent de l'est sont ceux de la belle saison; ils règnent au sud de la ligne de mai à octobre, et au nord d'octobre à mai. Les vents, au contraire, qui tiennent de l'ouest sont ceux du mauvais temps et de la saison pluvieuse; ils succèdent aux premiers. C'est au milieu de leur durée que les uns et les autres font particulièrement sentir leur force et leur influence. Les changemens de mousson s'éta blissent par un mois de calme ou des vents faibles et variables, pendant lesquels les naturels font dans leurs pirogues de longs voyages sur des mers tranquilles. Dans les îles Philippines les passages d'une mousson l'autre sont souvent accompagnés de ces coups de vents terribles appeles typhons, qui sont inconnus dans l'autre hémisphère. La brise souffle quelquefois avec une grande force, mais on n'éprouve jamais d'ouragaus au sud de la ligne. Près des côtes, à certaines époques, des brises regles de terre et de mer se succèdent comme le jour et la nuit avec des intervalles de calme. La direction des vents est aussi modifiée quelquefois par la rencontre des terres et le gisement des détroits. Dans certains parage la mousson tient plus de l'est ou de l'ouest, dans d'autres, elle depend davantage du sud ou du nord. Il arrive aussi que la hauteur des montagnes, en arrêtant les nuages, cause des anomalies dans les saisons. Ainsi, a mousson du sud-est, qui est si belle à Amboine, occasionne des pluies dar celle de Bourou qui en est très voisine.

Les mers intertropicales de la Polynésie sont rafraîchies, comme l'Ocean Atlantique, par les vents alises qui dans l'hémisphère boréal soufflent entr le nord et l'est, et dans l'hémisphère austral entre le sud et l'est. Dans voisinage des grandes îles, la rencontre des montagnes altère souvent les direction, et ils sont même remplacés quelquefois par des brises alternativn de terre et de mer. Pendant les mois d'hiver, c'est-à-dire lorsque le

cond passage du soleil au zénith amène les pluies, les vents tournent toutà-fait et soufflent très fréquemment du sud et du sud-ouest. Aux équinoxes les coups de vent sont quelquefois très impétueux aux îles Sandwich; ils ont beaucoup moins de force dans l'archipel de la Société. Les îles Mariannes et la partie occidentale des Carolines, situées à la rencontre des vents alisés avec ceux des moussons, subissent particulièrement l'influence de ces derniers, qui se font quelquefois sentir à une distance encore plus grande dans l'est. Dans le voisinage de l'équateur les brises ont moins de régularité et les calmes sont plus fréquens.

La côte orientale de l'Australie (Nouvelle-Hollande), entre les tropiques, est assujétie à la mousson sud-est et nord-ouest. A partir du tropique du Capricorne jusqu'au détroit de Bass, le vent souffle depuis octobre jusqu'en avril du sud-est avec beau temps, mais en hiver, de mai à septembre, les vents de sud-ouest et d'ouest sont dominans.

On peut dire, en général, que cette partie du Monde-Maritime jouit d'un climat sain, à l'exception des côtes marécageuses de quelques îles, qui, exposées à l'action d'une grande chaleur, offrent un air pestilentiel. Dans la Malaisie, Batavia et Coupang ont joui long-temps d'une terrible réputation d'insalubrité qu'ils méritent encore à certaines époques de l'année. Un relevé exact des décès depuis 1730 jusqu'en 1752, démontre qu'il a été enterré dans les différens cimetières de Batavia plus de 1,100,000 individus. Dans la seule année 1751 il y est mort 58,609 personnes, et cela lorsqu'on estimait sa population permanente à environ 70,000 âmes. L'Océanie-Centrale et surtout le Continent-Austral présentent dans leur climat des excès inconnus dans la Polynésie et dans la Malaisie. Dans le comté de Cumberland et dans ceux qui l'avoisinent, la température de l'air, très chaude dans le mois de décembre, fait monter le thermomètre centigrade quelquefois jusqu'à 50°; Collins dit même qu'on a vu les forêts et les herbes prendre feu, et Péron et beaucoup d'autres voyageurs représentent les effets produits par le vent du nord-ouest comme semblables à ceux du chamsyn de l'Egypte. Les côtes méridionale et occidentale de ce continent sont en général arides et privées d'eau douce, ainsi qu'une partie de la côte septentrionale. Nulle part ses rivages ne sont attrayans, mais dans toutes les parties explorées, plus on s'enfonce vers l'intérieur, plus le pays prend un aspect riant. Le climat de l'intérieur, dans la partie connue, paraît très propre à l'existence de l'homme ; celui de la Diemenie est un des plus sains qu'on connaisse. En général on peut dire que cette partie du Monde-Maritime est salubre et favorable à la colonisation et à la multiplication de l'espèce humaine, surtout dans les grandes îles. On a cependant observé que pendant l'hiver la température y est plus basse hors des tropiques que dans les latitudes correspondantes de l'hémisphère boréal.

Le peu d'étendue des nombreuses îles qui forment la Polynésie leur procure un climat tempéré, semblable à celui de l'Océan lui-même. Les îles hautes paraissent autant de paradis terrestres. Susceptibles de donner presque toutes les productions aux différentes hauteurs de leur sol fertile, la température varie sur ces petites terres avec leur élévation. L'air y est sans cesse renouvelé. Pendant une grande partie de l'année les vents alisés soufflent avec force dans une même direction; quand ils s'affaiblissent et que la terre s'échauffe beaucoup, les îles éprouvent des calmes ou des brises alternatives de mer et de terre; la première se fait sentir ordinairement

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