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paix. Sous le rapport de l'armement et de la discipline, les troupes irrégulières rappellent les armées qui se levaient en Europe au moyen âge. C'est, généralement parlant, une multitude sans costume uniforme et armée de mauvais fusils; il n'y a que la cavalerie, surtout celle des Turks et des Persans, qui soit vraiment redoutable à toute espèce de cavalerie régulière européenne quelconque, excepté aux cuirassiers. Les troupes irrégulières non permanentes n'offrent au contraire qu'une multitude confuse qui ne s'engage que pour une campagne et qui ne respire que le sang et le pillage; on peut dire qu'en général ces troupes sont encore plus mal armées que les troupes irrégulières permanentes et encore plus indisciplinées. Nous croyons devoir ajouter quelques détails trop importans pour la géographie politique, pour pouvoir être passés sous silence.

Les troupes régulières permanentes sont maintenant beaucoup plus nombreuses qu'on ne le croit généralement. Depuis long-temps toutes les troupes soldées par la Compagnie Anglaise des Indes-Orientales sont or ganisées comme les troupes anglaises, et les victoires qu'elles ont constamment remportées sur les armées des princes indigènes ont démontré leur supériorité sur toute sorte de troupes asiatiques; nous ajouterons même avec un officier très instruit, qu'une force composée de 30,000 soldats anglais et de 70,000 cipahis ou indigènes serait plus que suffisante pour repousser toute armée européenne de 100,000 hommes. L'implacable ennemi des Anglais, Sindhia, peu de temps avant de mourir, était parvenu à organiser à l'européenne une partie considérable de son armée, et l'entreprenant Randjit Singh dut la plupart de ses succès contre le royaume de Kaboul et la conservation de son indépendance à l'égard des Anglais, à la discipline européenne introduite dans une grande partie de ses troupes. Depuis plusieurs années deux officiers français, MM. Chaignaux et Vannier ont non-seulement organisé complètement l'armée reguliere de l'empereur d'An-nam, mais ils ont aidé ce monarque à fortifier plusieurs places de ses états d'après les principes de la tactique européenne: ils ont perfectionné la fabrication des armes dans ses arsenaux et out dirigé la construction d'une flotte, qui dès l'année 1825, de l'aveu de M. Ha milton, était supérieure à toute autre force navale asiatique. Le roi de Perse compte déjà 38,500 hommes parfaitement disciplinés, armés et habillés sur le modèle des troupes anglaises. L'empereur ottoman au contraire a pris dernièrement les Français pour modèle de réforme de son armée; il compte déjà 50,000 hommes bien armés et disciplinés. Une autre armée presque aussi forte avait été formée sur les bords du Nil par le viceroi d'Egypte; c'est encore la discipline française qu'il a entrepris d'imiter. Les troupes irrégulières permanentes forment encore la masse principale des forces de tous ces états. Les janissaires, qui tant de fois ont renverse les sultans et mis l'empire Ottoman à deux doigts de sa ruine, apparte naient à cette classe, à laquelle appartiennent encore les zaïms et les t mariots, dont l'ensemble forme la force principale de la cavalerie ottomane; ce sont des cavaliers qui tiennent des fiefs viagers à titre de service militaire. La prétendue armée régulière de l'empire Chinois doit aussi être rangée dans cette classe. Selon M. Timkovski elle se compose 740,000 hommes, dont 175,000 cavaliers; ce nombre cependant devrait étre diminué considérablement à cause des 125,000 hommes de milices chinoises que ce voyageur russe y comprend. L'armée irrégulière perma

de

nente du khan de Boukhara ne monte, selon M. Meyendorf, qu'à 25,000 cavaliers; celle de la Perse paraît ne s'élever à présent qu'à environ 40,000 hommes.

Les troupes irrégulières non permanentes sont très nombreuses dans tous ces états, mais surtout dans ceux, dont une grande partie de la population se compose de nomades. Les royaumes de Perse et de Kaboul, les khanats de Khiva, de Boukhara, la confédération des Beloutchi, les empires Ottoman et Chinois en possèdent le plus grand nombre. M. Timkovski estime approximativement à 500,000 hommes les troupes de cette classe, que l'empereur de la Chine peut appeler sous les drapeaux. Le grand-seigneur et le roi de Perse pourraient bien chacun armer plus de 200,000 cavaliers de ces troupes, tandis que les khans de Khiva et de Boukhara, malgré le petit nombre de leurs sujets pourraient en armer presque autant, grâce aux nombreuses hordes qui se reconnaissent leurs vassales. Le khan des Beloutchi, dont la troupe permanente, selon M. Pottinger, n'arrive pas même à 4,000 hommes, pourrait disposer au besoin de plus de 200,000. C'est pour n'avoir pas fait attention à la différence qui existe entre les troupes irrégulières permanentes et les troupes irrégulières non permanentes, que plusieurs voyageurs estimables, qui ont visité la mème contrée presque en même temps ou à un très petit intervalle, en ont estimé les forces de la manière la plus diverse. C'est ainsi que M. Meyendorf ne porte qu'à 25,000 hommes l'armée du khan de Boukhara, tandis que M. Fraser la porte à 100,000. C'est en ajoutant à l'armée permanente de l'empire les 368,000 fantassins et les 38,000 cavaliers que les princes vassaux doivent fournir au koubo, que les géographes, en suivant Varenius, s'accordent à porter à 526,000 hommes l'armée de l'empire du Japon. Dans les tableaux statistiques de cet Abrégé, il n'est jamais question que des troupes régulières et irrégulières permanentes; nous n'avons mentionné les troupes irrégulières non permanentes que lorsqu'il nous a manqué tous les moyens d'indiquer la force des premières; mais alors pour éviter toute méprise, nous avons ajouté un g pour indidiquer que ce nombre exprime la force de l'armée en temps de guerre. Le tableau suivant offre les principales estimations données sur la force de l'armée de l'empire Chinois.

TIMKOVSKI, sans les troupes irrégulières, qu'il dit être estimées par
quelques-uns à 500,000 hommes.
VANBRAAM.

740,800 bomines. 770,000

DEGUIGNES.

810,000

PERRING-THOMS, d'après le manuscrit mentionné à la page 804et en com-
prenant dans ce nombre 31,000 hommes employés dans la marine.
KLAPROTH, dans la traduction de Timkovski, et en faisant observer
que l'effectif n'est que de 906,000 soldats et de 7,552 officiers. 1,358,000
BARROW

1,239,552

1,974,450

Dans les articles relatifs à l'industrie et au commerce des états de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie, on a signalé le peu de progrès que l'architecture navale et la navigation ont fait chez les peuples qui les habitent. Il ne faut donc pas s'étonner, si nous avons omis dans les tableaux statistiques de ces trois parties du monde la colonne des flottes. A l'exception de l'empire Ottoman, des états Barbaresques, de l'imamat de Mascate et de l'empire d'An-nam, aucune autre puissance indigène, quelque grande qu'elle soit, ne possède des vaisseaux de guerre qui puissent être comparés aux marines des Européens. On doit même dire qu'à

l'exception de l'empire Ottoman aucun de ces états ne possède un vaisseau de ligne; car le prétendu vaisseau de ligne de l'imam de Mascate n'a pas même la force des frégates du second rang. Nous avons déjà signalé la place importante qu'on doit encore assigner à la flotte ottomane sous le rapport de son matériel, malgré les pertes immenses qu'elle a éprouvées de nos jours dans sa lutte contre les Grecs et dans la mémorable journée de Navarin. Mais nous devous ajouter qu'Alexandrie, sous l'administration de Mohamed-Ali, a déjà repris une partie de l'importance militaire qu'elle avait sous le règne brillant des Ptolémées, grâce à l'activité de ses chantiers sur lesquels M. Cerisi vient de lancer le beau vaisseau l'Ibrakim de 100 canons. La flotte de l'empire de Maroc, qui au commencement du siècle était encore assez considérable, se trouve depuis quelque temps dans un état pitoyable. Alger était la première puissance navale de l'Afrique après l'Egypte; mais cet état a cessé d'exister pour former sous la protection de la France une colonie, qui promet d'avoir les résultats les plus importans pour son commerce et son influence politique sur cette partie du monde. Nous ne parlerons pas des superbes vaisseaux qu'on lance sur les chantiers de Bombay dans le territoire de la Compagnie des Indes-Orientales; ils appartiennent à la flotte du Royaume-Uni, dout nous avons déjà parlé. Cette grande puissance de l'Asie n'entretenait en 1826 que 18 bâtimens inférieurs; sa marine marchande et ses vastes côtes sont protégées par les flottes de l'Angleterre. Nous avons déjà mentionné la flotte que des ingénieurs français ont construite dans l'empire d'An-nam. En admettant les faits positifs rapportés par MM. Chaignaux et Vannier, il nous semble qu'on pourrait regarder actuellement cet état comme la première puissance maritime indigène; outre une escadre de 11 bâtimens, dont la force pourrait être comparée à celle de nos frégates de moyenne grandeur, il possède une flottille immense; elle se composait encore dernièrement, selon ces deux officiers, de 100 grandes galères de 50 à 70 rames, portant un canon pierrier et un sur l'avant du calibre de 12 à 24; de 280 bateaux armés de 16, 18 et jusqu'à 22 canons; et de 500 petites galères, de 40 à 44 rames, armées de pierriers et sur l'avant d'un canon de 4 à 6 livres de balles. On doit ajouter, que le royaume de Siam et l'empire Birman ont eux aussi des flottilles nombreuses, quoique beaucoup inférieures à celles de l'empire d'An-nam. Le royaume de Perse, malgré l'étendue de ses côtes et les tentatives faites par le célèbre Nadir-chah, n'a pas de marine militaire; les géographes et les voyageurs s'accordent à dire que le Japon n'en a pas non plus. La marine militaire de la Chine doit être bien peu formidable, puisque l'empereur n'a pas été capable de protéger ses nombreux sujets contre les pirateries des corsaires établis dans les îlots des parages de Canton et dans ceux de l'île de Formose. Les puissances de l'Océanie n'offrent que des flottilles plus ou moins nombreuses, mais toutes remarquables par l'audace de leurs équipages; celle du royaume de Siak dans l'île de Sumatra paraît être aujourd'hui la plus forte. Viennent ensuite les flottilles du royaume d'Achin dans la même île, du royaume de Borneo dans l'île de ce nom, et celles des royaumes de Soulou et de Mindanao. On ne doit pas oublier la marine militaire de Sandwich, qui, d'après les derniers rapports, se composait de 1 frégate et de 10 bâtimens inférieurs, tous construits sur le modèle des navires anglais ou anglo-américains.

Mais avant de tracer le tableau statistique de cette partie du monde,

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nous devons faire une remarque pour nous mettre à l'abri de la critique. Quoique la grande masse des Osmanlis vive en Asie, et que, comme nous l'avons vu à l'article ethnographie, cette nation, qui est le peuple dominant de l'empire Ottoman, regarde avec raison cette partie du monde comme sa patrie, nous n'avons pas hésité à classer les vastes pays qui forment ce que nous appelons Asie Ottomane, parmi les possessions des puissances étrangères de cette grande division du globe. En cela nous. avons suivi la méthode adoptée pour tous les autres états qui possèdent des territoires dans plusieurs parties du monde. La capitale de l'empire Ottoman étant en Europe, nous avons regardé la Turquie Européenne comme le noyau de l'empire, et, malgré son étendue, sa population et ses richesses, nous avons considéré comme partie secondaire la Turquie Asiatique. Nous ne pouvions donc la classer que parmi les états compris dans la seconde division de notre tableau. Dans les évaluations de la superficie et de la population on a compris les pays de l'Arabie occupés militairement par les tronpes du vice-roi d'Egypte.

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INTRODUCTION

A LA GÉOGRAPHIE DE L'AFRIQUE.

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.

POSITION ASTRONONIQUE. Longitude, entre 19° occidentale et 49° orientale. Latitude, entre 38° boréale et 35° australe.

DIMENSIONS. Plus grande longueur depuis le cap Bugaroni dans l'État d'Alger, jusqu'au cap des Aiguilles dans l'Afrique-Australe, 4,380 milles. Plus grande largeur: depuis le cap Vert jusqu'aux environs du cap Calmez sur la mer Rouge 3,170 milles. Mais nous ferons observer que la plus grande largeur absolue de l'Afrique est entre le cap Vert et le cap d'Orfui, puisque dans cette direction sa largeur est de 4,034 milles.

CONFINS. Au nord, le détroit de Gibraltar et la mer Méditerranée. A l'est, l'isthme et le golfe de Souéys (Suez), la mer Rouge, le Bab-elMandeb, le golfe d'Aden et l'Océan-Indien. Au sud, l'Océan-Austral. A l'ouest, l'Océan-Atlantique.

MERS. On peut dire que l'Afrique n'a aucune mer qui lui appartienne entièrement, puisqu'elle partage la Méditerranée avec l'Europe et l'Asie, et la mer Rouge avec cette dernière; la Méditerranée est une branche de l'OCÉAN-ATLANTIQUE, la mer Rouge en est une de l'OCÉAN-INdien. Nous avons déjà fait observer que la mer Rouge n'est à proprement parler qu'un golfe; aussi de savans géographes commencent déjà à l'appeler golfe Arabique. Parmi les principaux golfes de cette partie du monde, outre le golfe Arabique et celui de Souéys (Suez) qui en est une subdivision; nous nommerons : le golfe d'Aden, entre l'Arabie, l'Abyssinie et le Pays des Somaulis; ce n'est proprement que la partie antérieure du golfe Arabique; les golfes de Benin et de Biafra, regardés communément comme deux subdivisions du prétendu golfe de Guinée; nous avons signalé ailleurs le peu de justesse de cette qualification. Viennent ensuite le golfe de la Sidre dans l'État de Tripoli et ceux de Cabes et de Tunis dans celui de Tunis. Mais si l'Afrique a peu de mers et de golfes, elle compte en revanche plusieurs vastes baies; nous nous bornerons à nommer la baie Saldanha, qui offre un des plus beaux ports de l'Afrique-Australe; la False-Bay (Fausse Baie), à l'ouest du cap de Bonne-Espérance; la baie de Lagoa, sur la côte orientale; la baie d'Anton Gil, dans l'île de Madagascar, une des plus belles du monde.

:

DÉTROITS. L'Afrique n'en a que deux celui de Gibraltar, qui la sépare de l'Europe, et celui de Mandeb appelé par les Arabes Bab-elMandeb, qui forme la communication entre le golfe Arabique (la mer Rouge et celui d'Aden. Le prétendu détroit de Mozambique, entre le Continent

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