Page images
PDF
EPUB

près, d'être confirmée par l'intéressante exploration des deux frères Lander. D'après Clapperton le Djoliba au-dessous de Kabra prendrait la direction sud-est, traverserait sous le nom de QUORRA la partie occidentale de l'empire de Bello, baignerait le Borgou, le Nyffé, le Yourriba, le Founda. D'après la relation abrégée du voyage des frères Lander, communiquée par le lieutenant Becher à la société géographique royale de Londres, et la savante analyse que M. Jomard se propose de publier et qu'il a bien voulu nous communiquer, le Kouarra court droit au sud, entre les méridiens de Yaouri et de Katunga, fait ensuite un grand détour vers l'est entre Rabba et Kacunda, et, après avoir parcouru pendant quelques milles vers le sud jusqu'au confluent avec la Tchadda or Charry, ce grand fleuve tourne brusquement au sud-ouest. Arrivé à Kirri (Kirree), il forme un véritable delta, qui se développe entre le VIEUX-CALABAR et la RIVIÈre de Benin, que l'on doit maintenant regarder comme ses deux BRAS ORIENTAL et OCCIDental; le bras cenTRAL OU principal aboutit au cap Formoso et est par conséquent identique à la RIVIÈRE DE NUN ; c'est cette branche que les frères Lander ont descendu jusqu'à son embouchure. Cinq ou six autres branches coulent dans les espaces intermédiaires. Un fait important dont la connaissance est due à la célèbre exploration de M. Caillié, c'est que le Djoliba à Sego, ou aux environs, se bifurque pour former une très grande ile et une autre beaucoup plus petite à l'extrémité de laquelle se trouve Djenny, et que plusieurs milles après la jonction des deux branches qui a lieu à Isaca, ce grand fleuve continue son cours à travers le vaste lac Djebou (Dibbi, Debo). La carte jointe à la relation du lieutenant Becher représente une bifurcation semblable entre Abbazacca et Kirri. Les principales villes qui se trouvent le long du Djoliba, dans la partie reconnue ou supposée de son cours, sont : Bammakou, Yamina, Sego, Sansanding, Silla, Jinné ou Djenny, Massina, Ten-Boktoue ou Tombouctou, Koubi, Yaouri, Boussa, Raca, Rabba, Egga, Kacunda, Bocqua, Abbazacca et Kirri; au-dessous de cette dernière ville, on trouve Eboe sur le bras Central ou la Rivière de Nun, Benin sur le bras Occidental; Owyhere, Nouveau-Calabar, Boni et autres villes paraissent aujourd'hui devoir être placées sur des bras du Kouarra. La géographie positive de ce vaste bassin est encore trop imparfaite pour que nous puissions hasarder de nommer tous les principaux affluens du Djoliba; nous nous bornerons à signaler les suivans comme les plus remarquables à la gauche : le Cobbie (Cubbie), qui passe par Sakkatou et Cobbie; la Coudounia, qui apporte au Kouarra une grande masse d'eau en traversant le royaume de Nyffe; la Charry ou Tchad (Sharry, Chad ou Tshadda), qui passe à Funda et qu'il ne faut pas confondre avec le fleuve du même nom qui appartient au bassin du Tchad. A la droite nous ne nommerons que la Moussa (Moossa), qui passe par la ville de ce nom et aboutit au Kouarra, dans les environs de Raca; elle sépare le royaume de Borgou de celui de Yarriba. Nous ajouterons que le Djoliba ou Kouarra franchit la chaîne des montagnes Kong, dont on se plaisait à exagérer tant la hauteur, et que la partie inférieure de son cours oppose de grands obstacles à la navigation par les nombreux écueils dont tout son lit est parsemé, surtout entre Yaouri et Kirri.

LE VIEUX-CALABAR OU BONGO paraît descendre du plateau du pays élevé des Calbongos et déboucher dans le golfe où paraît aboutir le bras oriental du vaste delta du Djoliba sous le nom de Rio de la Croix.

Le RIO DEL REY, le RIO CAMARONES, dont on regarde le MALEMBA comme un bras, le DANDJER et le GABON ou OuONGAVOUNGA, sont encore très peu connus; on ignore la position de leur source, qu'on suppose être très éloignée de leur embouchure respective, surtout celle du Gabon; ils traversent des contrées comprises communément sous le nom de pays de Biafares le long de la côte de Gabon, où ils viennent aussi tous mêler leurs eaux avec celles de l'Océan.

Les fleuves suivans appartiennent aux pays communément connus sous la dénomination de Congo; leurs sources et la plus grande partie de leur cours offrent encore beaucoup d'incertitude. Le Congo et le Coanza étaient encore naguère plus imparfaitement counus que les autres à cause de la longueur de leur cours, qui a été et est encore le sujet de plusieurs hypothèses parmi les géographes. M. Douville vient de soulever un coin du voile qui enveloppait leur cours; nous devons à son obligeance la rectification de cette importante partie de la géographie de l'Afrique. Voici les fleuves qui passent pour avoir le cours le plus long:

Le COUANGO, CONGO OU ZAIRE, que d'après d'anciennes relations les indigenes nomment aussi MOÏENZI-ENZADDI, c'est-à-dire le fleuve qui engloutit tous les autres, et ZEMBERE qui signifie mère des eaux. On ne connaît pas encore exactement la partie superieure de son cours; d'après les renseignemens donnés par les indigènes à M. Douville, qui en a exploré une grande partie, il prend sa source dans le haut plateau Austral, dans le pays des Regas entre le 25 et 26° de longitude orientale et le 9 et 10o de latitude australe. Il tourne d'abord vers l'ouest et traverse le royaume de Humé, le pays des Mouchingi, les royaumes des Cassanges, de Cancobella, de Holo-ho, Le Couango fait ensuite un grand détour vers le nord-ouest et après vers le sud-ouest pour aller aboutir à l'Océan-Atlantique, dans lequel il se décharge par une large et profonde embouchure. Dans ce long cours ce fleuve passe à quelque distance de Cancobella et de San-Salvador, arrose Conde-Yonga, Inga, Noki et Embomma. Ses principaux affluens à la droite sont le Hogi, que M. Douville regarde comme le plus grand; le Rambegi, le Louimbi et le Bancora, Parmi ceux de la gauche nous nommerons le Cassanci. Nous rappellerons que Riley, Maxwell et Mungo-Park croyaient ce fleuve identique au Djoliba; que plusieurs relations des indigènes et les observations faites sur ses débordemens donnaient une certaine probabilité à cette opinion, et qu'elle a fait entreprendre en 1816 la malheureuse expédition du capitaine Tuckey, qui nous fit connaître exactement la partie inférieure du cours de ce grand fleuve.

Le LOGE OU AMBRIZ, confondu, selon M. Douville, par l'expédition anglaise avec le Onzo. Il prend sa source dans le royaume de Ginga et traverse celui de Holo-ho.

Le DANDE, prend sa source dans le rayaume de Giuga et arrose les provinces portugaises d'Encogé et de Dembos.

Le ZENZA, improprement nommé BENGO à son embouchure par les Portugais. Il nait à l'ouest du royaume de Ginga, et traverse les provinces portugaises du Haut et Bas-Goloungo (Alto et Baxo-Golungo) et celle d'Ambaca.

Le COUENZA OU COANZA, dont naguère on ne connaissait encore que la partie inférieure du cours, prend sa source, selon les renseignemens donnés par les indigenes a M. Douville, bien plus au sud et plus à l'est que ne l'indiquent les cartes les plus récentes, dans le plateau Austral, et au pied du mont Hele dans le pays des Moumbos. Ce grand fleuve traverse du côté du sud les royaumes de Cuninga, Cutato, Haco, Libolo et Qui et du côté du nord, le royaume de Quiqua et les provinces portugaises de Pongo Andongo, de Cambambe, de Massangano et de Muchima. Le Coanza entre dans l'Océan au sud de la pointe Palmeirinha; on doit le regarder comme le plus grand fleuve de cette partie de l'Afrique après le Zaïre.

sama,

Le Cuvo ou Couvo traverse les royaumes de Bihé, de Baïlundo et de Sela; il se dé charge dans l'Atlantique.

Le CATUMBELA, dont la source est encore inconnue, se jette dans l'Atlantique au nord de Benguela, après avoir traversé le royaume de Mano et les provinces portugaises appartenant au Benguela.

Le grand bassin intérieur du LAC TCHAD, dans la partie orientale de la Nigritie Centrale (Soudan-Oriental), reçoit :

Le YEOU, dont on ne connaît pas encore la source; on la suppose dans les montagnes du Bocher ou Djacoba. Ce fleuve traverse le Kurry-Kurry et le Katagoum dans l'empire de Bello, le Pays des Bedes indépendans, et le Bornou proprement dit dans l'empire de ce nom. Katagoum dans l'empire de Bello, Bedkarfi, Habchary et Yeou dans l'empire de Bornou sont les villes principales arrosées par ce fleuve. Le Chachum (Shashum) paraît être son principal affluent à la gauche. On ne connaît rien de positif sur ses affluens à la droite; quelques-uns paraissent être assez considérables.

Le CHARY; on ne connaît encore qu'une petite partie de son cours inférieur. La masse de ses eaux paraît être plus considérable que celle du Yeou. Le Chary passe près de Legzoun, par Chowy et autres villes de l'empire de Bornou. Ce fleuve paraît former actuellement la ligne de séparation entre la frontière de cet état et celle du royaume de Baghermeh.

DIVISION. Depuis long-temps les géographes européens partagent cette région de l'Afrique en quatre parties très inégales, qu'ils nomment

Soudan, Sénégambie, Guinée et Congo. Le Soudan, selon ces géographes, s'étend entre le Sahara et la Guinée, la Sénégambie et la région du Nil; ils donnent le nom de Sénégambie aux pays compris entre le Sahara-Occidental et la côte de Sierra-Leone; ils appellent Guinée tous les pays situés entre la Sénégambie et le Congo, l'Atlantique et le Soudan; ils comprennent sous la dénomination générale de Congo ou de Guinée - Méridionale, par opposition à la Guinée proprement dite, qu'ils appellent aussi Guinée-Septentrionale, toutes les vastes contrées situées le long de l'Océan depuis le cap Lopez jusqu'au cap Frio et qui s'étendent bien avant dans l'intérieur vers l'orient, subdivisant encore la Guinée-Septentrionale en plusieurs côtes, nommées de Sierra Leone, du Poivre, des Graines ou de Malaguette, des Dents ou de l'Ivoire, d'Or, des Esclaves, de Benin, de Calabar et de Gabon; ils subdivisent en outre la côte des Dents en côte de l'Ivoire proprement dite, côte des Males-Gens et côte des Bonnes-Gens ou Quaquas. Nous avons déjà vu, d'après le travail remarquable de M. d'Avezac sur l'Afrique-Intérieure-Occidentale, que toutes ces divisions et leurs dénominations sont inconnues aux indigènes; nous avons fait voir aussi que quelques-unes de ces dernières ont même une acception différente chez les Arabes, les seuls qui aient des noms généraux pour la geographie de l'Afrique. Pour ne pas ajouter, par l'introduction de nouvelles dénominations et de nouvelles divisions, aux difficultés sans nombre qu'offre déjà la description de cette partie de l'Afrique, nous allons choisir dans le millier d'états qu'elle comprend, ceux qui sont aujourd'hui les plus importans. Nous les décrirons d'après les quatre divisions principales que nous venons de nommer; mais dans les ténèbres qui enveloppent encore cette partie de la géographie, nous n'oserons pas entreprendre la tâche difficile de tracer d'une manière précise la ligne de démarcation entre le Soudan de nos cartes et la Guinée, entre le Congo et les pays qui appartiennent à la Région que nous avons nommée Orientale ou du Zambeze. Si l'on voulait subdiviser cette immense région de l'Afrique d'une manière moins inexacte, il nous semble qu'on pourrait la partager en trois grandes contrées géographiques qu'on pourrait nommer NIGRITIE-OCCIDENTALE, correspondante à la Sénégambie; NIGRITIE-CENTRALE, qui comprendrait le Soudan et la Guinée; le premier pourrait être appelé Nigritie-Intérieure ; celle-ci Nigritie- Maritime; enfin, NIGRITIE-MÉRIDIONALE, qui embrasserait le Congo, etendu jusqu'aux limites bien plus reculées vers l'orient, que lui assigne la récente et mémorable exploration de M. Douville. Mais par les motifs que nous avons déjà exposés, nous conserverons autant que possible, dans notre description, les divisions principales en usage parmi les géographes, en les coordonnant cependant à celles que nous venons de proposer.

Nigritie Centrale.

Les pays qui forment le SOUDAN de nos cartes et une partie de la Guinée peuvent être divisés de la manière suivante : Pays qui appartiennent au bassin du Djoliba; Pays qui appartiennent au bassin du lac Tchad; Pays qui appartiennent à tous deux.

ra,

Les principaux pays qui appartiennent au bassin du Djoliba ou Kouar

sont :

Le SANGARAN OU SANGARA, vaste contrée habitée par des idolâtres, régis par plusieurs

chefs indépendans et souvent en guerre les uns contre les autres. Le Djoliba y prend sa source et la traverse.

Le BOURÉ, petit pays habité par des Djalonkés (Dhialonkés), régi par Boucary, chef mahométan, despote et guerrier. Ce canton montueux est très important par l'exploitation de ses riches mines d'or, dont le produit se répand dans tout le Soudan et dans les établissemens anglais et français de la côte. Djény, qui passait pour être le pays le plus fourni de ce précieux métal, n'a en partie que celui qu'on lui apporte de Bouré; Sansanding, Yamina et Sego sont dans le même cas. Bouré, sur le Tankisso, affluent à la gauche du Djoliba, en est la capitale.

Le KANKAN au nord du Sangaran. Kankan, près du Milo, affluent de droite du Djoliba, en est la capitale; c'est une ville aussi industrieuse que commerçante, avec environ 6,000 habitans, tous mahométans.

Le OUASSOULO OU OUASSELON au nord du Kankan, habité par des Foulahs idolâtres, pasteurs et cultivateurs, dont plusieurs se distinguent par leur industrie. Sigala, pelit village, est le siège de leur chef, que M. Caillié dit être très riche en or et en esclaves.

Le BAMBARRA (Bambarrana) formait, il y a quelques années, un vaste et puissant royaume, qui était la puissance prépondérante du Soudan-Occidental. Depuis quelque temps il est partagé en deux états différens, qu'on pourrait nommer le Haut-Bambarra et le BasBambarra.

Dans le Haut-Bambarra on trouve : Sego (Seghou), sur le Djoliba, assez jolie avec des maisons construites en argile et blanchies, des rues assez larges, et entourée d'une muraille en terre; c'est la capitale du royaume et le siège d'un grand commerce. MusgoPark estimait à 30,000 âmes sa population; peut-être en a-t-elle un tiers de moins. Les autres villes principales le long du Djoliba sont: Bammakou, importante par son commerce et par sa position qu'on a déjà signalée au gouvernement français pour l'engager à y former un établissement. Viennent ensuite Marabou; Yamina; Sami; San-sanding et Silla?

Le Bas-Bambarra est un royaume fondé depuis quelques années par le foulah Sego-Ahmadou, qui fait depuis lors la guerre au roi de Sego. C'est actuelle ment la puissance prépondérante du Soudan-Occidental; il a déjà battu les puissans Touariks qui lèvent des contributions sur les états du Soudan-Central, a donné le royaume de Massina à son frère, et a plusieurs fois battu les troupes du Haut-Bambarra. Djénny (Djinné ou Jenne), à l'extrémité d'une petite ile formée par le Djoliba, est sa capitale. M. Caillié dit que les maisons sont aussi grandes que celles des villageois en Europe; la plupart ont un étage; elles sont toutes à terrasse, n'ont pas de fenêtres à l'extérieur, et les chambres ne reçoivent l'air que par une cour intérieur. Il n'y a pas de cheminées Djénny a une grande mosquée en terre dominée par deux tours massives mais peu élevers, Les rues ne sont point alignées, mais assez larges pour un pays où l'on ne connaît paint l'usage des voitures. Elles sont très propres et balayées tous les jours. Quoique cette ville ait perdu une grande partie de son commerce à cause de la guerre, elle est encore toujours très commerçante. Tous les jours il part et il arrive des caravanes nombreuses, et elle est le séjour de beaucoup d'étrangers, surtout de Mandingues, Foulahs, Bambarras et Maures qui s'y établissent pendant un certain temps pour y exercer le commerce. M. Caillié ne lui accorde que 8 ou 10,000 habitans, nombre qui nous paraît de beaucoup trop petit. Les autres villes principales sont : El-hhamdo-l'Illah, fondée récemment par Sego-Ahmadou, afin que la jeunesse qui fréquente les écoles qu'il y a établies ne soit pas exposée aux distractions et au bruit de Djenny. Isaca, située à la jonction des deux bras du Djoliba; elle sert de port aux embarcations qui font le trajet de Djenny à Tombouctou. ROYAUME DE MASSINA. Massina, sur le Djoliba, résidence du roi, frère de Segu Ahmadou roi du Bas-Bambarra.

Le BANAN, situé à la droite du Djoliba. Ses habitans ressemblent aux Mandingues et sont très adonnés au commerce. On y trouve Dihiover, gros village, habité par des Foulahs et situé sur la rive droite du lac Débo à l'endroit où le Djoliba en sort.

Le PAYS DES DIRIMANS, situé le long la rive droite du Djoliba depuis le lac Débo jusqu'aux environs de Diré, village dépendant du roi de Tombouctou; il s'étend aussi plus loin à l'est. Alco dia est la résidence de leur chef.

Le ROYAUME DE TEN-BOKTOUE OU TOMBOUCтOU, Situé le long du Djoliba, est maintenant beaucoup resserré dans ses frontières. Dans le xive siècle, ce petit état était le noyau d'un vaste empire dont dépendaient les royaumes de Gualata, d'Agadez, de Melli, de Kano, de Cachena, de Zeg-Zeg et de Zamfara. Tributaire de l'empire de Maroc de 1672 à 1727, et influencé par cette puissance depuis la mort de l'empereur Muley-Ismayl, jusqu'à celle de Sidi-Mohammed, c'est-à-dire depuis 1727 jusqu'en 1795, le royaume de Ten-Boktoue fut depuis lors vassal, tantôt du Bambara, tantôt du Haoussa. Maintenant il paraît être indépendant, quoique obligé de payer annuellement une forte contribution aux Touariks qui errent sur ses frontières, afin que ces féroces et puissans nomades n'inquiètent pas les caravanes qui, de toutes les parties de l'Afrique, se rendent dans sa capitale. Cette ville mystérieuse, qui depuis des siècles occupe les savans et sur la population de laquelle on se formait des idées si exagérées, comme sur sa civilisation et sur son commerce avec l'intérieur du Soudan, est située, selon M. Caillié, à 8 milles de distance de la rive gauche du Djoliba, dans une immense plaine de sable blanc et mouvant sur lequel il ne croit que de frėles arbrisseaux rabougris. Ten-Bok toue (Tombouctou) n'est fermé par aucune clôture; sa circonférence peut être estimée à 3 milles. Les maisons sont grandes, peu élevées, n'ont qu'un rez-de-chaussée et sont construites en briques. Les rues sont propres et assez larges pour y laisser passer trois cavaliers de front. En dedans et en dehors, on voit beaucoup de cases de paille, de forme presque ronde, comme celles des Foulahs pasteurs; elles servent de logement aux pauvres et aux esclaves qui vendent les marchandises pour le compte de leurs maîtres. Ten-Boktoue renferme sept mosquées, dont deux grandes, surmontées chacune d'une tour en briques. Quoique le commerce de cette ville paraisse avoir beaucoup diminué en comparaison de ce qu'il était autrefois, Tombouctou peut encore être regardé comme le principal entrepôt de cette partie de l'Afrique. On y dépose tout le sel provenant des minės de Toudeyni. Les Maures y restent 6 à 8 mois pour faire le commerce et attendre un nouveau chargement pour leurs chameaux. Ses principales affaires se font avec Djenny et par la navigation le long du Djoliba. M. Caillié ne porte qu'à 10 ou 12,000 âmes la population permanente de Tombouctou. Tout en rejetant les exagérations des voyageurs qui l'ont précédé, nous croyons que ce nombre est au moins d'un tiers au-dessous du nombre réel de ses habitans. Parmi les lieux les plus remarquables du royaume, nous nommerons: Cabra, petite ville à la gauche du Djoliba, à laquelle, M. Caillié n'accorde que 1,000 à 1,200 habitans; c'est le port de Tombouctou; son commerce est très actif.

LE ROYAUME DE BORGOU (Borgoo), dont la plus grande partie est située à la droite du Kouarra. Ce n'est à proprement parler qu'une confédération de plusieurs petits rois, dont ceux d'Ouaoua, de Kiama, de Niki et de Boussa, sont les plus puissans; ils sont presque tous despotiques chez eux; ils regardent celui de Boussa comme leur suzerain, et résident dans des villes du même nom. Les villes les plus remarquables sont : Boussa, sur la rive gauche du Kouarra; résidence du chef de la confédération, nommé Mohamed, quoique idolâtre. Clapperton lui accorde de 10 à 12,000 habitans; c'est près de cette ville que Mungo-Park fit naufrage. Kiama, bâtie sur le flanc d'une chaîne de collines; c'est la résidence du sultan Yarro; elle paraît être la ville la plus commerçante du Borgou et en même temps la plus peuplée; on lui accorde 30,000 âmes. Ouaoua (Wa wa), une des plus jolies villes de cette contrée, avec environ 18,000 habitans.

Le ROYAUME DE YAOURI, situé entre le Haoussa et le Borgou, est actuellement une des puissances principales de la Nigritie; son sultan a repoussé avec succès les attaques répétées des Fellans. Yaouri (Yaoori), située sur la rive gauche du Quorra ou Kouarra, ville grande, populeuse et fortifiée, en est la capitale. Ses habitans sont assez industrieux et adonnés au commerce; ils fabriquent une grande quantité de poudre de fusil, qui, quoique de mauvaise qualité, trouve un grand débit dans tout l'intérieur de la Nigritie.

Le ROYAUME DE NIFFÉ ou TAPPA, situé à la gauche du Kouarra est partagé entre les denx fils du dernier roi qui se font la guerre: Mohamed-el-Magia, qui est mahométan, est aussi le plus fort et est soutenu par le sultan Bello; Edrisi est païen. Tabra est provisoirement la capitale de la partie dépendante de Mohamed-el-Magia; on lui accorde 18 á 20,000 âmes. Koulfa, peu éloignée, à l'est de la précédente, est la ville la plus in

« PreviousContinue »