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AVTE DE L'EDITEUR. Les traités de géographie abondent en France à Mentelle, à Pinkerton, célè tres chacun dans leur temps, a succede Malte-Brun; et aujourd'hui, à la suite de Malte-Brun et en grande partie à l'aide des documens si divers, réunis dans son Précis, une fonte d'auteurs offrent au public bas tous les formats et sous les titres les plus séduisans des géographies qu'ils disent nouvelles.— Notre intention ne peut être de faire la critique et de relever les imperfections de ces travaux pompeusement annonces; mais que l'on nous permette de nous faire l'écho de la plainte universelle, en disant que celui qui reunit tous ces traités dans sa bibliothèque en est encore à desirer une géographie.— Nul donate în ea ce genre la littérature savante n'ait à déplorer, et la librairie à remplir une lacune.-Comest la remplir? voilà la question que nous nous sommes proposé de résoudre. Bien des conditions ea ent secessaires pour y parvenir: — 1o Une érudition immense, au fait de tout ce qui par le passé avait et écrit et deconvert en géographie; 2o Cette lucidité mathématique qui traduit les recherches, qui ont coûte des années aux savans, en résultats nets, vrais, piquans, applicables, instruc the qui coordonne avec puissance des milliers de détails répartis chacun dans des groupes speciaux heureusement imagines; — 3o Une exactitude irréprochable et telle, que chaque ligne du Were fa-se foi ou du moins autorité; en un mot que le traite de géographie soit, pour l'étudiant et pour le maitre, une bible de géographie; -4° L'horreur de toute phrase et de tout ornement inutiles; -5 Cet esprit actif, qui non content de radier des errears reproduites d'année en année et de compiateurs en compilateurs, contrôle la vérité même en lui demandant sa date; déclare vieux, passé, serance, ce qu'a eté et ce qui n'est plus; n'admet, comme élemens de sen tableau général, que des deras contemporains les uns des autres, ou, du moins, dans l'impossibilité de mieux faire, qui ne presente le document d'un autre àge qu'en en donnant l'extrait baptistaire ; -6 Enfin des rela ties sombreuses avec tout ce que les sommités du monde savant et même du monde politique possè den. de plus éclairé, de plus au fait des changemens qui s'opèrent dans les états des cinq parties du monde, de plus influent sur la marche des sciences que chaque jour, dans notre siècle, enrichit d'un fai, nervean. — Voilà ce qu'il fallait à l'auteur de l'ouvrage si vivement desiré du public. — De notre part aussi, il fallait beaucoup : une belle exécution typographique, un format commode, un prix pra eleve; conditions matérielles, indispensables, qui exigeaient des sacrifices considérables aug. ientes escore par la nécessité de mettre à la portée de l'auteur tout ce qui se publiait, même dans des contrees lointaines, d'important sur les sciences qui se rattachent à la geographie. Nous n'avons pas besite, jaioas de ne pas rester au-dessous du zèle que M. Balbi n'a cessé de mettre dans la rédactacs de l'ouvrage capital qui lai était confié. -L'auteur du Compendio di Geografia, de l'Essai stathere or les royaumes de Portugal et d'Algarve, de la Balance politique du Globe et du Monde compor a la Grande-Bretagne, de l'Atlas ethnographique, versé dans toutes les sciences annexes de la geographie et de la statistique comme dans ces deux belles sciences elles-mêmes, connu personnel. at et apprecié de tout ce que le monde savant offre de plus distingué, M. Balbi dont presque tous les ouvrages ont été traduits dans les langues étrangères et sont regardés par les nationaux rus-menes comme ce qu'ils possèdent de plus exact sur leur pays, était appelé par ses antécédens, par ses relations, par ses travaux de tous les jours, à réanir en un tablean unique, fidèle, complet, on chaque detail n'eût que ses exactes proportions, les résultats aussi nombreux que nouveaux, de treate annces d'études constantes, et à rédiger le Traité de Géographie dont nous avions entrepris la publication. Le zèle avec lequel M. Balbi s'est livré à cet immense travail n'a eu d'égal que les dicaltes de l'entreprise. Quatre années consécutives se sont écoulées au milieu de ces veilles laboesses qui eussent été suspendues, si l'amour de la science, la conscience d'un service à rendre et l'attente d'us peu de gloire n'eussent suppléé, chemin faisant, aux forces de l'auteur. Les fréquentes communications que se sont empresses de lui faire les plus illustres savans des deux mondes, appré cateurs impartiaux et juges compétens de ses travaux ont contribué à le soutenir dans cette longue carmière, et à lui inspirer de la confiance dans ses résultats. — M. Balbi, ayant dans son introduction, qui elle-même est un ouvrage, donné l'analyse complète de son traité et indiqué les sources écrites ou srajes qu'il a mises largement à contribution, nous nous bornerons à dire quelques mots de l'exécution typographique. - Il nous fallait un seul volume, car rien de plus incommode pour le travailleur, qui procede à des recherches, que d'aller d'un volume à l'autre. Pour les voyageurs cette nécessité devient, il est possible, plus grande encore. Dès-lors nous nous sommes décide à renfermer tout l'ouvrage cam an volume in-8°, mais à très grande justification, à caractères varies semblables pourtant en ceci que hauts et serres, ils sont très clairs pour l'œil et se placent en très grand nombre sur une surface Rediocre. Il est resulté de là que, dans un volume unique de 1500 pages, nous avons condensé, sans mure en rien à l'extrême élegance, la valeur de sept à huit fort volumes in-8°, et cependant le prix que nous fixous ne dépasse pas celui de deux volumes, desireux que nous sommes de mettre notre livre à la portée de tous. En même temps, les espaces que nous avons ménagés à propos, les titres tour-àterra lettres grasses, ou en lettres ordinaires, italiques ou romaines, signalent à l'œil le plus novice sa je plus inattentif les rapports d'importance des masses les unes avec les antres, et jettent du jour my létude à laquelle se livre celui qui feuilletera ce manuel.—La géographie étant peut-être de toutes les sciences celle qui subit les changemens les plus brusques, les plus larges et les plus compliques, Il seran impossible d'avoir une geographie contemporaine, à moins de faire faire et d'acheter tous les am un traite nouveau, dans lequel l'auteur tînt compte des modifications survenues. M. Balbi dont un des merites sera d'avoir élagué de la science, et les détails imaginaires et les détails surannés, ne pou- . vart manquer de songer au remède de cette plaie éternelle de la géographie : ce remède est simple, c'est Ansart gographique dans lequel seront enregistrés toutes les découvertes relatives à la science, kins que tous les changemens politiques et physiques dont les diverses parties du globe auront pu être * bedre. — L'Annuaire, imprimé avec les mêmes caractères que le présent traité, dans le même format, et sur le même papier, paraîtra vers le mois de juin de chaque année. Il se composera de quatre sx fraises d'impression, selon l'importance ou la quantité des changemens à enregistrer.

INTRODUCTION A LA GÉOGRAPHIE.

Si l'on jugeait de la difficulté de composer un Traité élémentaire de géographie par le nombre immense d'ouvrages de cette nature qui sortent annuellement des presses anglaises, françaises et allemandes, on serait tente de croire que la composition d'un tel livre est plus facile que celle d'un roman fantastique ou de certaines théories de la terre, filles d'une capricieuse imagination. Malheureusement il n'en est pas ainsi. On doit appliquer aux traités élémentaires la sévère sentence d'un poète français. La comme ailleurs, là plus qu'ailleurs peut-être

Il faut du temps, des soins, et ce pénible ouvrage
Jamais d'un écolier ne fut l'apprentissage.

Et cependant, à quelques honorables exceptions près, en France et en Angleterre surtout, ces traités, destinés à répandre l'instruction, sont deVenus comme la proie de savans ou de littérateurs étrangers à la géographie. Ces prétentions seraient innocentes si elles n'étaient dangereuses; dangereuses, nous le disons hardiment! Presque tous semblent sortir du meme moule ignorance des faits, absence de critique, voilà leur cachet general; presque tous sont la reproduction plus ou moins modifiée d'autres traités de géographie, à laquelle on a ajouté des lambeaux de voyages recens, des extraits de journaux et des séries de chiffres statistiques, pillees dans les feuilles quotidiennes et qui se rapportent à des époques differentes. Eh bien! ce chaos où entrent pêle-mêle les élémens les plus hétérogènes, ce mélange monstrueux d'erreurs et de vérités, cette mosaïque de choses contemporaines et d'autres qui ont cessé d'exister depuis des siècles, est présenté à la jeunesse studicuse comme une source de lumière et d'instruction, comme l'état actuel de la Terre, et exercent malheureusement une pernicieuse influence non-seulement sur l'étude de la géographie, mais aussi sur celle de plusieurs autres branches des connaissances humaines. Il est en France des hommes célèbres dans la science : ceux-là ont produit de savans mémoires ou de profonds ouvrages d'érudition. Plus d'une fois, en étudiant leurs productions, nous avons regretté qu'ils ne descendissent pas des hauteurs où ils sont justement placés, pour faire eux-mêmes, comme Bossuet, le catéchisme aux enfans. Leur silence (*) et

(Nous croyons nécessaire de citer à l'appui de ce passage l'opinion d'un juge très competeat, qui, malgré l'anonyme qu'il veut garder, décèle un profond géographe par les vues fleres et la justesse des principes qu'il a exposés dans un article remarquable inséré dans le 4 volume de la Revue Encyclopédique, en faisant l'analyse du Traité Elémentaire de Géographie par Malte-Brun.

est bien digne de remarque, en effet, que nous possédions en France tant d'habiles laborieux géographes, dont les travaux sont justement appréciés de l'Europe savante, et qe pas un d'eux ne paraisse avoir songé à nous donner un traité élémentaire en harmonie

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le besoin de remplir une lacune dans l'instruction, a dirigé depuis long-temps nos méditations sur la composition d'un véritable traité élémentaire. Nous l'avions déjà essayé dans notre patrie avec les faibles ressources de nos moyens et des établissemens littéraires de Venise. Habitant depuis plusieurs années la capitale de la France, qu'on pourrait, sans exagération, appeler le rendez-vous obligé de tout ce qu'il y a de plus distingué et de plus remarquable sur le globe, nous avons pensé à tirer parti de cette circonstance favorable, qui nous rendait accessibles les immenses richesses littéraires renfermées dans les collections publiques et particulières, et qui nous mettait en rapport avec une foule de savans et de personnages distingués, pour améliorer et pour étendre le plan de notre Compendio di Geografia universale, en le modifiant de manière à le mettre en harmonie avec les progrès que la science avait faits depuis sa première apparition, et à le rendre digne de l'époque éclairée où nous vivons. Tels sont l'origine et le but de l'ouvrage que nous présentons au public. Pour le mettre à même de juger si nous avons envisagé la science sous son véritable point de vue, et si notre méthode d'instruction peut être féconde en heureux résultats, nous allons exposer le plan que nous avons suivi dans sa rédaction. PLAN de l'ABRÉGÉ. Tout le traité est divisé en deux parties distinctes, qu'à l'exemple d'un célèbre géographe nous nommons PARTIE DES PRINCIPES GÉNÉRAUX et PARTIE DESCRIPTIVE. Dans la première, qui est de beaucoup la moins étendue, nous exposons en douze chapitres toutes les notions les plus indispensables que la géographie emprunte à l'astronomie, aux mathématiques, à la géologie, à la physique, à l'histoire naturelle, à l'anthropologie, à la statistique et à l'économie politique. Un de ces chapitres, et le plus long, est entièrement consacré aux définitions, qui, en géographie comme dans toutes les autres sciences, doivent toujours précéder l'exposition des théorèmes. La partie descriptive est partagée en cinq grandes sections correspondant aux cinq parties du monde. Chaque section se subdivise en géographie générale et en géographie particulière. La géographie générale offre dans deux chapitres distincts pour chaque partie du monde: 1° la géographie physique; 2° la géographie politique. Voici les articles qui composent la géographie physique: position astronomique, dimensions, confins, mers et golfes, détroits, presqu'iles, fleuves, tacs, íles, montagnes, plateaux, volcans, vallées et plaines, déserts, steps et landes, climats, minéraux, végétaux, animaux. Les articles qui forment la géographie politique sont intitulés: superficie, population, ethnographie, religion, gouvernement, industrie, commerce, état social, divisions politiques et géographiques.

La géographie particulière comprend autant de chapitres qu'il y a de grands états ou de grandes régions géographiques à décrire. La description particulière des principaux états de l'Europe se compose des articles suivans : position astronomique, dimensions, confins, pays, montagnes, îles,

avec l'état actuel de la science. On peut s'étonner encore que la Société de géographie, qui décerne chaque année plusieurs prix pour des ouvrages relatifs aux objets principaux de ses études, n'ait jamais mis au concours la composition d'un semblable traité. Il est pénible d'avouer que, jusqu'aux temps actuels, l'enseignement de la géographie dans nos écoles ne s'est fait qu'au moyen de traductions d'ouvrages anglais et allemands, dont notre indigence a fait exagérer le mérite, et qui, grâce à elle, ont obtenu depuis trente aus de nombreuses réimpressions. >>

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