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<«< est au dedans sans ame et sans vie; mais le Seigneur <«< habite dans son temple saint : que toute la terre de<«< meure en silence devant lui 1. » Un autre prophète dit: : « Que les dieux qui n'ont point fait le ciel et la « terre périssent sous le ciel, et soient exterminés de la terre. » De même dans un autre endroit : «< Car voici ce <«< que dit le Seigneur qui a créé les cieux, le Dieu qui a «< créé la terre et qui l'a formée, qui lui a donné l'être, et qui ne l'a pas créée en vain, mais qui l'a formée afin qu'elle fût habitée : Je suis le Seigneur, c'est là le nom << qui m'est propre, je ne donnerai pas ma gloire ni les << hommages qui me sont dus à des idoles 3. » Et ailleurs : « Y a-t-il quelqu'un parmi les faux dieux des <«< nations qui fasse pleuvoir 4?» Et il dit encore, par la bouche d'Isaïe : « Je suis le premier et je suis le der<< nier; y a-t-il donc quelqu'autre Dieu que moi, et « un créateur que je ne connaisse pas? Tous ces arti<< sans d'idoles ne sont rien; leurs ouvrages les plus <«< estimés ne leur serviront de rien; ils sont eux-mê<< mes témoins de leur confusion, que leurs idoles ne <«< voient point et ne comprennent rien. Comment << donc un homme est-il assez insensé pour vouloir << former un Dieu, et pour jeter en fonte une statue «< qui n'est bonne à rien? Tous ceux qui ont part à cet «< ouvrage seront confondus; car tous ces artisans ne << sont que des hommes. Le forgeron travaille avec sa « lime, il met le fer dans le feu et le bat avec le mar<< teau pour en former une idole; il y emploie toute la

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«force de son bras. Le sculpteur étend sa règle sur le <«< bois, et le forme avec le rabot; il le dresse à l'é« querre, il lui donne ses traits et ses proportions avec « le compas, et fait enfin l'image d'un homme qu'il <«< rend le plus beau qu'il peut, et il le loge dans une <«< niche : il en a pris lui-même pour se chauffer, et il «< prend le reste, il en fait un dieu, et l'adore ; il en fait <«< une image morte devant laquelle il se prosterne, et

qu'il prie en lui disant : Délivrez-moi; car vous êtes <«< mon dieu. J'ai fait du feu de la moitié de ce bois,

j'en ai fait cuire du pain sur les charbons, j'y ai fait <«< cuire la chair que j'ai mangée, et du reste j'en ferai << une idole; je me prosternerai devant un tronc d'ar«< bre; une partie de ce bois est déjà réduite en cendres, « et cependant son cœur insensé adore l'autre, et il <«< ne pense point à tirer son ame de l'égarement où << elle est, en disant : certainement cet ouvrage de mes <«< mains n'est qu'un mensonge1. » La nation des Francs ne comprit pas d'abord cela, mais elle le reconnut plus tard, comme la suite de cette histoire le fera connaître.

Avitus, un des sénateurs, et, comme on sait bien, citoyen de l'Auvergne, ayant été élevé à l'empire de Rome', et voulant mener une conduite déréglée, fut chassé par le sénat et nommé ensuite évêque de Plaisance. Ayant découvert que le sénat, encore irrité contre lui, voulait attenter à sa vie, il partit chargé d'un grand nombre d'offrandes pour la basilique du bienheureux martyr saint Julien d'Auvergne. Mais, ayant atteint en route le terme de la carrière de sa vie, il mourut et fut porté au village de Brioude, et enterré

Isaïe, chap. 44, v. 6-20.

2 En 455.

aux pieds du martyr ci-dessus nommé. Majorien lui succéda à l'Empire'; dans les Gaules, le Romain Ægidius fut nommé maître de la milice.

Childéric, roi des Francs, s'abandonna à une honteuse luxure, déshonorant les femmes de ses sujets. Ceux-ci, s'indignant de cet outrage, le détrônèrent 2. Ayant découvert qu'on en voulait même à sa vie, il se réfugia dans la Thuringe, laissant dans son pays un homme qui lui était attaché pour qu'il apaisât, par de douces paroles, les esprits furieux. Il lui donna aussi un signe pour qu'il lui fît connaître quand il serait temps de retourner dans sa patrie, c'est-à-dire qu'ils divisèrent en deux une pièce d'or, que Childéric en emporta une moitié, et que son ami garda l'autre, disant : « Quand je vous enverrai cette moitié, et que << les deux parties réunies formeront la pièce entière, « vous pourrez revenir en toute sûreté dans votre « patrie. » Étant donc passé dans la Thuringe, Childéric se réfugia chez le roi Bizin et sa femme Basine. Les Francs, après l'avoir détrôné, élurent pour roi, d'une voix unanime, Egidius qui, ainsi que nous l'avons dit plus haut, avait été envoyé par la république romaine comme maître de la milice. Celui-ci était déjà dans la huitième année de son règne lorsque le fidèle ami de Childéric, ayant secrètement apaisé les Francs, envoya à son prince des messagers pour lui remettre la moitié de la pièce qu'il avait gardée. Celui-ci, voyant par cet indice certain que les Francs desiraient son retour, et qu'ils le priaient eux-mêmes de revenir, quitta la Thuringe, et fut rétabli sur son

En 457. 2 Ibid.

trône. Tandis qu'il régnait, Basine, dont nous avons parlé plus haut, abandonna son mari pour venir auprès de Childéric. Comme il lui demandait avec empressement par quel motif elle venait d'un pays si éloigné, on dit qu'elle répondit : « J'ai reconnu ton « mérite et ton grand courage; je suis venue pour « rester avec toi sache que si j'avais connu, dans « des régions au-delà des mers, un homme plus mé«< ritant que toi, j'aurais desiré d'habiter avec lui. » Celui-ci, enchanté, l'épousa. Il en eut un fils qu'on appela du nom de Clovis. Ce fut un grand prince et un redoutable guerrier.

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Après la mort de saint Artémius en Auvergne, Vénérande, un des sénateurs, fut créé évêque. Paulin nous apprend ce que fut ce pontife, en disant : «< Si « vous voyez les pieux pontifes du Seigneur, Exsu

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père à Toulouse, Simplicius à Vienne, Amande à «< Bordeaux, Diogénien à Albi, Dynamius à Angou« lême, Vénérande en Auvergne, Alithius à Cahors, «< ou Pégase à Périgueux, quels que soient les vices << du siècle, vous verrez assurément les plus dignes gardiens de la sainteté, de la foi et de la religion, » On dit que Vénérande mourut la veille même du jour de Noël. Le lendemain, une procession solennelle suivit ses obsèques. Après sa mort, il s'éleva parmi les citoyens une honteuse querelle au sujet de l'épiscopat; et comme les partis en désaccord voulaient chacun en élire un, il y avait parmi le peuple une division très-animée. Pendant que les évêques siégeaient un dimanche, une femme voilée et vouée à Dieu s'avança hardiment vers eux, et leur dit : « Écoutez-moi, pontifes du Seigneur ; sachez que les

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<< hommes que ces gens-là ont élus pour le sacerdoce << ne plaisent point à Dieu, car le Seigneur choisira <«< lui-même aujourd'hui son évêque. Ne soyez donc <«< pas en contestation, et ne troublez pas le peuple; << mais soyez un peu patiens, car le Seigneur vous «< conduit maintenant celui qui doit gouverner cette Église. » Tandis qu'ils s'étonnaient de ces paroles, arriva tout à coup un homme appelé Rustique, qui était un prêtre du diocèse même de la ville de Clermont; il avait déjà été désigné à cette femme dans une vision. L'ayant vu, elle dit : « Voilà celui qu'a choisi le Seigneur ; c'est là le pontife que le Seigneur vous a «< destiné : qu'il soit nommé évêque. » Le peuple, entendant ces paroles, mit un terme à toute querelle proclamant que c'était un bon et digne évêque; Rustique, placé sur le siége épiscopal, fut le septième qui l'occupa, à la satisfaction du peuple.

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Dans la ville de Tours, l'évêque Eustoche étant mort dans la dix-septième année de son pontificat, on nomma Perpétuus, qui fut le cinquième après saint Martin. Témoin des miracles continuels qui s'opéraient sur le tombeau du saint, et voyant qu'on n'y avait bâti qu'une très-petite chapelle, il la trouva indigne de tant de prodiges. L'ayant donc fait enlever, il fit construire la grande basilique qui subsiste encore aujourd'hui, et qui est à cinq cent cinquante pas de la ville. Elle a cent soixante pieds de long et soixante de large. Elle a en hauteur, jusqu'à la voûte, quarante-cinq pieds. Elle a trente-deux fenêtres du côté de l'autel et vingt dans la nef qui est ornée de quarante-une colonnes. Dans tout l'édifice, il y a cinquante-deux fenêtres, cent vingt colonnes, huit portes, trois du

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