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MEDITATIONS

SUR LA I. EPISTRE

DE SAINT JEAN

APOSTRE ET EVANGÉLISTE.

SUITE DU CHAPITRE II.

Y. 17. Et mundus tranfit , & concupifcentia ejus. Qui autem facit voluntatem Dei, manet in æternum.

215 2007

Or le monde paffe, & fa concupifcence paffe avec lui; mais celui qui fait la volon té de Dieu, demeure é ternellement.

XXXVII MÉDITA

OICI une grande raison CHAF de nous détacher du mon- II.

de, & de nous confacrer au

ofervice de Dieu.

Comme nous voulons tous être

heureux, & qu'on ne peut l'être qu'en

jouiffant de ce qu'on aime; la plûTome VI.

A

.MED.

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3.

de la

CHAP. part des hommes fe portent avec ar II. deur à jouir des objets de la conçuMED. pifcence, c'est-à-dire, des plaifirs, des richeffes, des vaines connoiffances pompe & des dignités du fiécle, & des autres biens paffagers dont l'amour eft naturel aux enfans d'Adam. Mais faint Jean leur crie avec David: P.IV. O enfans des hommes, jufqu'à quand aurez-vous le cœur pefant & courbé vers la terre ? Pourquoi n'aimez-vous que la vanité, & ne cherchez-vous que le menfonge? Il leur repréfente que, puifqu'ils veulent être heureux ils doivent afpirer à un bonheur véritable, & le chercher où il eft: qu'ils font créés pour vivre éternellement & qu'ainfi ils ne peuvent être heureux, s'ils ne le font éternellement. Or que s'enfuit-il de-là, finon qu'il faut nous détacher du monde, dont a figure paffe, & nous attacher à Dieu, qui étant éternel, fait part à fes ferviteurs d'une éternité bienheu reuse?

1. Le monde paffe, & il passe trèsvite, puifqu'il finit pour chacun de nous à l'heure de notre mort qui ne fçauroit être fort éloignée. Avec le monde paffent tous les objets de la concupifcence. Que deviennent à l'heu

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MED XXXVII

re de la mort tous les plaifirs fen- CHAP fuels toutes les grandeurs humai- II. nes, toutes les richeffes périffables? De quelle utilité peut être alors l'eftime des hommes? O combien eft horrible la défolation d'une ame qui fe trouve tout d'un coup privée de tout ce qu'elle aimoit, féparée de tous fes appuis, de tous fes amufemens des perfonnes dont l'amitié faifoit l'objet de fa complaisance ; qui fe trouve feule devant Dieu feul chargée d'une multitude de péchés, dénuée de vertus & de mérites, accufée par les Démons & par le propre témoignage de fa confcience, fans défense, fans protecteur, fans reffource! Ah! comment peut-on par des fatisfactions qui ne durent qu'un moment facrifier fon éternité, & s'expofer à des fupplices qui ne finiront jamais? Comment une ame qui eft éternelle, peut-elle s'attacher au monde, qui n'eft qu'une figure qui paffe, & à des objets qui paffent avec le monde ?

Le monde paffe, & fa concupifcence paffe avec lui. Tous ces hommes qui compofent le monde corrompu, parce qu'ils aiment le monde. difparoiffent bientôt, & laiffent à

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CHAP d'autres les biens auxquels ils s'étoient II. attachés, comme s'ils euffent les pu MED. pofféder éternellement, & y trouver un bonheur folide. Que font devenus tous ces Princes, ces hommes riches & habiles ces guerriers, ces conquérans, qui ont rempli le monde du bruit de leurs exploits, ou d'admiration pour leur mérite, qui étoient ou révérés, ou enviés, ou aimés, ou redoutés ? Que font devenuës tant de perfonnes que nous avons connuës? Elles ont difparu de deffus la fcéne de ce monde, fans en emporter autre chofe que le mérite de leurs œuvres bonnes ou mauvaises; & là plûpart de celles qu'on loue, ou elles ne font plus, ou elles font tourmentées ; prefque toutes font oubliées, car une race paffe, il en vient une autre ; & les hommes attentifs à ce qui les occupe, ne fe fouviennent point de ce qui a précédé. Cependant nous y devrions voir une image de ce qui nous attend. Chacun de ceux qui meurent, nous dit que ce qui lui arrive aujourd'hui, nous peut arriver demain, & nous arrivera certainement dans peu de tems. Nous pafferons comme ceux qui ont été avant nous & le monde lui-même passera, ou

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