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préconçues, plus souvent encore détruites par une exploitation inhabile ou abusive.

Qui accuser dans ce cas ? la mine ou le mineur ? N'en est-il pas de même à la surface du sol ? Combien de terres auxquelles le cultivateur a trop demandé et qui ont fini par ne plus rendre ? N'est-ce pas là toujours la morale de la fable? Ce serait folie assurément que de s'imaginer, fût-ce en rêve, que toutes les mines ressemblent à celle que le comte de Valenciana possédait en Amérique et qui lui rapportait année commune de 2 à 6 millions, à la mine de Pabellon et de Veta Negra qui procura au comte de Fagoaga un bénéfice net de 20 millions en quelques mois, aux filons argentifères dont le comte de Régla tira 25 millions de produit net en une seule année (1). Mais, sans parler des mines de diamants et d'émeraudes du nouveau monde, du Koh-inoor et de ce rubis fameux que Runjeet-Singh estimait à 300 millions, de l'opale du financier d’Augny, de celle du sénateur Nonius évaluée environ 4 millions, du régent dont la valeur était triple (2), quelle justification plas complète apporter de l'exploitation des mines que les calculs de MM. de Humboldt, d’Adam Smith et de l'abbé Raynal, d'après lesquels le produit net des mines d'Amérique, au commencement de ce siècle, ne serait pas inférieur, année moyenne, à 212 millions ; que l'é

(1) V. de l'Or et de l'argent, par M. Narcès Otreschkoff, t. 1, p. 203 et suiv.

(2) V. du Diamant et des pierres précieuses, art. de M. Babinet, Revue des Deur-Mondes, 1. 9, p. 1071 et suiv.

valuation présentée par M. Michel Chevalier, qui estime la production totale de ce pays depuis sa découverte à 37 milliards 148 millions (1); que l'estimation de la richesse monétaire de l'Europe qui, pour une population de 250 millions d'habitants, est présumée de 10 milliards de francs, sur lesquels il faut compter 100 millions par an pour pertes et déchets de toute nature; que le tableau enfin de la production métallurgique des principaux pays de l'Europe présenté par M. Burat (2), tableau sur lequel l'Angleterre figure pour 440 millions, la Russie pour 135, la France pour 132, l'Autriche pour 67, le Zollverein pour 62, la Suède et la Norwege pour 54, la Belgique pour 40, les États sardes pour 14 ?. Par suite de la découverte de l'Australie et de la Californie, la production anduelle de l'or et de l'argent est montée de 220 à 913 millions. Un document récemment publié par le Board of Trade évalue à 4 milliard 25 mil

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(1) On estime que depuis la fin du xvre siècle il a été tiré au Mexique d'un Blon seul de Guanaxuato, dans la mine de Veta-Negra, environ 1,400 millions de francs. V. M. Dunoyer, Liberté du travail, t. 2, p. 123 et suiv. - La Revue britannique, t. 30, p. 13, évalue à 291 millions le produit total en métaux précieux que donnaient, avant 1810, loutes les mines du monde. V. eod., t. 2, p. 124. — D'après un article publié dans le Journ, des mines du 17 janv. 1856, p. 34, l'Amérique, depuis sa découverle jusqu'en 1848, aurait produit 129 millions de kilogrammes d'argent et 2,910,000 kilogrammes d'or. Les Annales du commerce extérieur pous apprennent que les mines de diamants de Bahia, au Brésil, donnaient lieu, en 1856, å un chiffre d'affaires qui excédait 100 millions; que le produit total des mines du Cbili, dans la même année, s'est élevé à 60,747,000 sr.; qu'enfin, pour les six mois écoulés du 5 janv, au 5 juill. 1858, les rendements aurisères de la Californie ont été de 150 millions.

(2) V. de la Géologie appliquée aux arts, par M. d'Orbigny, et Journ. des mines, 1854, p. 67 : comparez ces évaluations avec celles de M. Whitney, Metallic Wealth of the United States, p. 505.

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lions de francs la totalité de l'or exporté des deux colonies de Victoria et de la Nouvelle-Galles du Sud depuis le 29 mai 1851, date des premières expéditions, jusqu'au 31 décembre 1855, c'est-à-dire en quatre ans et environ sept mois (1). En dix ans, de 1848 à 1857, la France, l'Angleterre et les États-Unis ont, à eux seuls, frappé pour 6 milliards 60 millions de pièces, dont plus de 6 milliards en or (2),

Toutefois, de même que l'homme qui s'adonne ayx travaux de la terre en examine la nature et aménage ses semences suivant l'état du sol, les conditiops physiques du climat, les précédentes cultures, de même aussi «un mineur intelligent a à considérer, avant d'entreprendre l'exploitation d'une mine, yne extrême diversité d'objets : la puissance du gite, la difficulté de l'exploiter (3), la pature dy minerai, sa richesse , son degré de purelé, les frais à faire pour le ramener à l'état pur, la proximité ou l'éloignement des moyens nécessaires pour opérer cette transformation, la commodité plus ou moins grande des transports, l'état de la population environnante, le plus ou moins de facilité qu'il y aura de la plier aux travaux de l'exploitation (4).

(1) V. Ann. du commerce extérieur, livr. de févr. 1857, p. 8. (2) V. M. Levasseur, de la Question de l'or, p. 342.

(3) Les mineurs rencontrent parfois, sous des couches crayeuses épaisses de 130 à 150 mètres, de les rivières : Anzin est obligé de tirer de ses puits, chaque jour, 425,000 hectolitres d'eau.—V. Journ. les mines du 12 mars 1859, P. 147.

(1) V. de la Liberté du travail, par M. Ch. Dunoyer, t. 2, p. 132.

:

En France, les questions de redevances anciennement établies (1), le capital premier engagé pour obtenir la cession de telle ou telle exploitation déjà concédée ; au dehors, les conditions d'achat du terrain à exploiter sont également à examiner d'une manière sérieuse : il ne s'agit pas de faire comme les compagnies anglaises qui, il y a un quart de siècle, s'organisèrent pour exploiter les mines de l'Amérique méridionale, et qui, par esprit de rivalité, apportèrent une telle précipitation dans leur entreprise, que les capitaux et les machines arrivèrent sur les lieux avant qu'on sût bien précisément la situation des mines, avant qu'elles fussent acquises. Aussi durent-elles tout d'abord les payer fort au delà de leur valeur (2).

Le mineur devra surtout donner ses soins au développement des voies de communication (3) qui multiplieront ses débouchés : « La question des transports, écrivait en 1837 M. le comte Pillet-Will, se trouve liée d'une manière directe et immédiate aux progrès de l'agriculture, à l'accroissement de la population, à l'agrandissement des usines, aux bénéfices industriels, et enfin à l'accumulation des capitaux utiles, qui est à elle seule le symptôme le plus infaillible de la prospérité

(1) Les mides de la Loire placées, il est vrai, dans uno situation exceptionnelle, ont eu à supporter en redevances tréfoncières pour 1858 de charge de 2,418,462 fr., soit pour 1,800,000 tonnes 1 fr. 33 c. par tonne.

(2) V. M. Ch. Dunoyer, de la Liberté du travail, t. 2, p. 136.

(3) V. sur ce point les observations que nous avons présentées au Corps législatif dans la discussion du budget de 1860, et le discours de l’bonorable M. Schneider, vice-président de la Chambre (Monit. univ. du 26 mai 1859).

publique. » Il devra appeler de ses vœux et de ses efforts la création et le maintien des canaux (1), des routes (2), des chemins de fer (3); réclamer d'abord l'abaissement sensible des tarifs sur les voies de fer pour

les parcours inférieurs à 100 kilomètres, leur suppression sur certains autres courants de circulation (4), tels que les canaux appartenant à l'État; l'augmentation du tirant d'eau (5), l'établissement d'embranchements qui relient les baldes d'exploitation, soit aux lignes de fer, soit aux ports d'embarquement (6). Par

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(1) « Les chemins de fer, lit-on dans le Journ. des mines du 20 mars 1856, n'ont point ralenti l'activité des canaux ; on on peut voir un exemple dans le Nord, où les deux voies fonctionnent parallèlement. Jamais le fret par eau de Charleroi et de Mons sur Paris n'a été aussi élevé, malgré la concurrence. Les capaux au reste transportent les houilles dans des conditions plus favorables elles arrivent moins brisées, »

(2) La création des chemins de fer n'a rien ôté de l'intérêt qui s'attache à l'amélioration des routes impériales. La circulation s'est déplacée, il est vrai, mais, en abandonnant les routes parallèles aux chemins de fer, elle s'est reportée sur les routes perpendiculaires et en définitive elle n'a subi aucune modification sensible. Le circulation moyenne sur les routes impériales était, en 1852, de 244 colliers par jour et en 1857, de 246. - V. Rapp. à S. M. l'Empereur sur les voies de communication intérieure, Monit. univ. du 28 fév. 1860. - Il est résulté du recensement général du mouvement sur les routes impériales qu'en définitive il y a eu une augmentation sur l'ensemble de la circulation.

(3) V. relativement à l'achèvement du réseau des chemins de fer français une pote fort bien raisonnée, selon nous, de M. Ad. de Belleyme, notre collègue au Corps législatif. – Paris, 1860.

(4) V. dans le Progrès du Pas-de-Calais, no du 27 fév. 1857, one lettre de M. Degouve-Denuncques à M. le ministre des travaux publics, et dans le Journ, des mines du 6 fév. 1859 un art. de M. J. Burat.

(5) Les navires charbonniers anglais portent d'ordinaire 400 tonneaux, tandis que le cbargement de nos bateaux ne dépasse guère 200 tonnes.-V. sur ce point Libre échange, p. 81, et le rapport de M. F. Kublmann au Conseil général du département du Nord, en 1859.

(6) D'après M. Élias Regnault, dans le Pas-de-Calais, le charbon devait franchir par tonne 8, 12 et 16 kilomètres avant de pouvoir s'embarquer sur la

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