Page images
PDF
EPUB

point au sacerdoce, s'ensuit-il rigoureusement qu'on regarde Péducation catholique comme inutile, et qu'on ne veut point laisser à la religion le soin de former la jeunesse ? Les défenseurs du ministère répondront qu'on n'interdit pas l'éducation aux ecclésiastiques, et que plusieurs sont employés dans l'instruction publique. Mais il n'est que trop vrai de dire que les familles chrétiennes seront extrêmement gênées et restreintes dans leur choix, et celles surtout qui avoient confié leurs enfans aux Jésuites se trouvent en ce moment dans un cruel embarras.

L'auteur dit que les édits de 1764 et de 1777 furent une calamité publique et préparèrent les grandes catastrophes; ces édits adoucirent plutôt qu'ils n'aggravèrent la position des Jésuites, déjà proscrits par des arrêts antérieurs qui avoient reçu leur exécution. Le mal étoit donc déjà fait, les collèges des Jésuites étoient fermés, et les parlemens s'étoient emparés de la direction de l'instruction publique.

On lit, page 17 du Mémoire: La religion catholique invite les hommes à fuir le monde et ses œuvres, à garder le célibat, à se vouer au culte de Dieu; la profession religieuse est recommandée par l'Evangile, par les apótres, par l'Eglise; c'est un état de perfection chrétienne. Si ce n'est un précepte de notre religion, c'est un conseil qu'elle nous donne; le catholique ne jouira donc pas du libre exercice de son culte, s'il ne peut se vouer à la vie religieuse. J'aurois mieux aimé que l'auteur se fût expliqué d'une manière moins générale; peut-on dire que la religion catholique invite les hommes au célibat, quand elle n'y appelle qu'un petit nombre en comparaison de la masse?".

Enfin j'ai encore une chicane à faire à M. Berryer; il dit, en parlaut de la déclaration prescrite par l'ordonnance, que rien de pareil ne s'étoit vu en France depuis qu'en présence de l'échafaud, la révolution vouloit faire jurer aux prétres la constitution civile du clergé. Il oublie que, depuis ce premier serment, on en a demandé bien d'autres dans le cours de larévolution le serment de liberté et d'égalité en 1792, la déclaration de soumission aux lois de la république en 1795, le serment de haine à la royauté en 1797, la promesse de fidélité à la constitution en 1799, etc.

On regrette que ces légères inexactitudes se soient glissées

dans un écrit plein d'excellentes choses, et qui a dû être revu, et par la commission spéciale et par le conseil de l'association où l'on compte beaucoup de noms honorables.

Depuis, l'association a fait paroître un nouveau Mémoire sous ce titre Les ordonnances du 16 juin 1828 considérées dans leurs rapports avec la Charte et l'ordre légal (1). On annonce que ce Mémoire a été envoyé d'une province éloignée, et on a lieu de croire que l'auteur est aussi un jurisconsulte qui s'est rendu familière par une longue étude la connoissance de notre législation. Il examine l'organisation de l'Université et les décrets impériaux de 1809 et de 1811, et les trouve en opposition avec la Charte et avec les libertés qu'elle a proclamées. Il montre l'empreinte du despotisme dans tout ce qu'a fait Buonaparte sur l'instruction publique, et soutient que, d'après l'article 355 de la constitution de l'an III, toute loi prohibitive de ce genre devoit cesser d'avoir son effet au bout d'un an. Par conséquent, dit-il, l'Université a cessé d'être légale en 1812. Toute cette discussion est neuve et curieuse.

L'auteur, arrivant ensuite plus directement aux ordonnances du 16 juin, recherche comment elles peuvent se concilier avec la législation antérieure. Peut-on appliquer aux congrégations religieuses les lois de la révolution? L'auteur trouve dans la première ordonnance du 16 juin un arrêt de condamnation par défaut, qui viole plusieurs articles de la Charte et d'autres du Code d'instruction criminelle. Les Jésuites sont protégés par l'ordonnance du 5 octobre 1814. Les dispositions de la seconde ordonnance sont aussi contraires à l'ordonnance de 1814, au droit des évêques et à l'intérêt de la religion. L'auteur suppose, en finissant, que les évêques parlent ainsi au pouvoir :

« Nous n'intervenons plus dans vos actes; nos lois fondamentales ne règlent plus vos tribunaux: renfermés dans le sanctuaire, sans immunités, sans privilèges, toutes nos forces sont la prière et la conviction; pourquoi voulez-vous intervenir dans nos doctrines?

» A quoi bon parler de ces libertés gallicanes qui régissoient des droits politiques? des biens temporels que nous ne possédons plus? Que sont ces libertés auprès de votre Charte et de vos Codes?

(1) In-8°. A Paris, chez Bricon, rue du Pot-de-Fer, et au bureau de ce journal.

N'avez-vous pas votre conseil d'Etat, vos cours d'assises contre nos mandemens et nos prédications? Que vous importe si les papes sont au-dessus des conciles ou des conciles au dessus des papes, lorsque papes et conciles ne font plus autorité pour vous, lorsque vous protégez les dissidens qu'ils réprouvent? L'inquisition de la foi, brisée dans nos mains, peut-elle revivre dans les vôtres? Laissez-nous, dans la paix de Dieu, remplir nos devoirs d'adorer, de prier et d'enseigner; respectez les paroles de notre divin maître Sicut misit me Pater, et ego mitto vos. Euntes ergo docete omnes gentes, et cessez de violenter notre conscience. »>

Telle est la substance de ce Mémoire; il est dit dans l'avertissement que c'est un chef-d'œuvre de bon sens, de logique et de connoissances positives en fait de jurisprudence. Chef-d'œuvre est beaucoup; mais il est vrai que cette brochure est un bon factum, et un examen judicieux de la législation sur les questions qui s'agitent en ce moment.

[ocr errors]

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Il a circulé différens bruits sur une réponse arri vée de Rome relativement au Mémoire des évêques, et lè Courrier français a donné à ce sujet une version tout-à-fait absurde. Le Pape n'a point improuvé les représentations des évêques, mais une lettre de M. le cardinal secrétaire d'Etat porte que S. S., sans porter une décision expresse sur le fond de l'affaire, estime que les évêques peuvent s'en rapporter à la piété connue du Roi. On dit que les prélats qui se trouvent à Paris se sont réunis pour délibérer sur cette dépêche, et que l'avis unanime a été d'y déférer. La conduite des évêques, dans cette circonstance, nous paroît digne de leur zèle et de leur sagesse. Ils réclament avec force pour la défense de leurs droits, et ils savent néanmoins se soumettre aux concessions qu'exigent la rigueur des temps et la voix de l'autorité. Par là ils prouvent assez qu'aucun esprit d'opposition n'a présidé à leurs démarches, et ils acquièrent de nouveaux droits à l'estime et à la reconnoissance des fidèles. Enfin, un, juste sujet de joie, c'est que les petits séminaires sont sauvés d'une destruction qui paroissoit im

minente, et qui eût été une calamité pour les diocèses et un sujet de triomphe pour les ennemis de la religion.

[ocr errors]

La retraite ecclésiastique ouvrira, à Paris, lundi prochain, dans le même local que les années précédentes. M. l'archevêque la présidera; M. l'abbé Berger, grandvicaire de Toulouse, prononcera le discours. La cérémonie de clôture aura lieu à Notre-Dame le samedi 4 octobre, à neuf heures du matin. Les fidèles sont invités à y assister.

La circulaire de M. de Vatimesnil sur la déclaration à signer par les membres de l'Université, y assujettissoit aussi les aumôniers des collèges. On assure que M. l'archevêque de Paris a défendu à ceux de son diocèse de faire la déclaration, attendu qu'étant chargés de fonctions purement spirituelles, ils n'avoient, sous ce rapport, d'ordre à recevoir que de l'autorité ecclésiastique. On ajoute que M. de Vatimesnil, qui n'avoit pas prévu cette difficulté, est revenu sur sa circulaire, et a déclaré qu'il n'avoit voulu parler que des ecclésiastiques qui, à leurs fonctions d'aumôniers en joignent d'autres dans l'enseignement. Ainsi les aumôniers seront tranquilles, c'est toujours quelque chose.

[ocr errors]

Nous avons inséré la semaine dernière, sans y rien ajouter, les réflexions de M. l'évêque de Chartres sur l'article du Moniteur du 4 septembre: nous ne devions rien mêler de nous à cet excellent morceau; mais on nous permettra sans doute de rendre compte de l'impression qu'il nous a faite. Nous ne doutons pas que les lecteurs n'aient été frappés comme nous de cette discussion si précise, si ferme, si concluante. Ils auront remarqué avec quelle vigueur le prélat signale le système arbitraire et absurde dont usent envers le clergé ceux qui vont chercher contre lui des rigueurs dans les législations de tous les temps, qui, non contens des entraves imaginées par la révolution et consacrées par le despotisme, vont au besoin fouiller dans les archives de l'ancien régime et dans les arrêts des parlemens, pour y trouver le fondement de quelque vexation nouvelle, rassemblant ainsi les choses les plus disparates, et se félicitant d'attaquer le clergé avec toutes ces armes réunies, et de l'écraser sous l'empire de la Charte avec cette foule de dispositions incohérentes. N'est-il pas évident que l'Eglise doit suc

comber à une combinaison si barbare? Accablée à la fois sous les lois les plus dures de l'ancien régime, sous les lois plus odieuses de la révolution, sous celles du despotisme, par quelle issue échappera-t-elle aux lacets dont on l'environne? Comment voulez-vous qu'elle échappe à l'oppression, quand on appelle contre elle les artifices de ses ennemis de tous les temps, et les rigueurs des gouvernemens les plus contraires? Qui pourroit résister à cette tactique monstrueuse? C'est ce que M. l'évêque de Chartres a fait trèsbien sentir. Sa discussion sur l'interprétation de la Charte n'est pas moins vigoureuse et moins décisive, et en général tout ce morceau est plein de nerf, et fait toucher au doigt l'injustice du système suivi à l'égard du clergé, et la foiblesse des raisons par lesquelles on l'appuie.

La retraite pastorale du diocèse de Meaux s'est ouverte le lundi 15 septembre, dans la chapelle du grand séminaire, par un discours de M. l'évêque, qui a développé tous les motifs qu'ont les pasteurs de redoubler de ferveur et de ranimer leur piété dans les jours mauvais où se trouve l'église de France. Le pieux prélat étoit toujours à la tête de tous les exercices; il donnoit tous les instans qui n'y étoient point consacrés, à encourager ses prêtres, à éclairer leurs doutes, à écouter leurs demandes. MM. les vicaires généraux offroient, comme à l'ordinaire, l'exemple de leur piété et de leur zèle à partager la sollicitude du prélat. C'étoit un spectacle des plus édifians de voir une centaine de pasteurs de tous les âges rivaliser de ferveur, de recueillement et d'attention. Le silence qui régnoit pendant tout le cours de la retraite, la sérénité et la paix qui s'imprimoient sur tant de fronts vénérables, rappeloient ces antiques réunions de solitaires qui retraçoient dans l'exil même l'image de l'éternelle patrie. M. l'abbé Villecourt a été encore chargé cette année-ci des instructions du matin, du soir et de la conférence. Il a suivi un autre plan que l'année dernière. Le discours du matin rouloit sur les défauts que doivent principalement éviter les ecclésiastiques, et sur l'édification et le zèle que les fidèles. attendent d'eux. Le soir, il a successivement représenté un bon et un mauvais prêtre mourant, subissant son arrêt, favorable ou terrible; entrant dans son éternité, heureuse ou malheureuse. La conférence avoit pour objet la pratique du sacrement de pénitence, les cas réservés et les peines ecclé

« PreviousContinue »