Page images
PDF
EPUB

vaux le 7. Août

1638.

que

fauf-conduits de l'Empereur quelque irréguliers qu'ils AN. 1639. fussent. Elle avoit pris fon parti fur la paix, & le Cardinal de Richelieu s'étoit déterminé à la faire, Dépêche du Roi pourvû qu'elle fe fit par un traité general de concert au Comte d'A- avec tous les Alliez. Mais on avoit remarqué, écrivoit-on au Comte d'Avaux, qu'à mesure qu'on fe relâchoit fur quelque point, les ennemis devenoient plus difficiles. Ce n'étoit pas encore là la veritable: raison. C'est la France ne vouloit pas accepter les fauf-conduits de l'Empereur avant que d'être affurée de ceux du Roi d'Espagne. Si elle l'avoit fait, la Maifon d'Autriche toujours attentive à profiter des occafions de détacher la Suede de la France, auroit incontinent preffé le congrès de Lubek & feroit peut. être venuë à bout de perfuader aux Suedois de le commencer avant celui de Cologne. De cette maniere les deux traitez ne fe feroient pas faits avec cette parfaite correfpondance que la France souhaitoit, & c'étoit fans doute dans cette vûë que le Roi d'Espagne refusoit fi opiniâtrement les fauf-conduits qu'on lui demandoit, fe flattant ou que les Suedois las d'attendre fi long-temps la décifion d'une affaire qui ne les regardoit pas, fe détermineroient à commencer leur traité indépendamment de la France, ou que la France pour ne pas fe feparer des Suedois abandonneroit les Provinces-Unies.

XXX.
Il la fait approu

En effet le Comte d'Avaux cut beaucoup de peine ver aux Suedois. à faire goûter aux Suedois les raisons qu'il avoit de refufer les temperamens qu'on propofoit. Il eut à combattre leurs défiances ordinaires, & les follicitations des Médiateurs qui preffoient d'autant plus le congrès de Lubek, qu'ils regardoient le traité de

Cologne comme une affaire tout-à-fait étrangere.

C'est ce que le Roi de Dannemark répondit affez AN. 1639. féchement à la Lettre qu'il lui écrivit, & à celle que 3. Decombre 1638. le Roi de France lui écrivit enfuite pour le prier de 11. Decembre ne pas preffer les Sucdois de commencer le traité de Lubek avant qu'on eût obtenu les fauf-conduits necessaires pour commencer celui de Cologne.

Mais comme les Suedois craignoient toujours avec affez de fondement que l'Empereur ne cherchât encore qu'à les amufer par de fauffes démonftrations de zele pour la paix, le Comte d'Avaux fe fervit habilement de cette crainte pour les faire entrer dans fes fentimens. Il leur repréfenta que la France étoit abfolument réfoluë de ne point traiter à Cologne, qu'elle n'eût obtenu les fauf-conduits qu'elle demandoit. Qu'elle ne pouvoit point avec bienséance accepter ceux que le Roi d'Efpagne offroit. Que fi les Suedois fe hâtoient de commencer le traité de Lubek avant que la France fût en état de commencer celui de Cologne, ils feroient perdre à la France, & perdroient eux-mêmes l'avantage qu'ils avoient efperé tirer du dernier traité d'alliance, en s'engageant à ne traiter que de concert. Que par une démarche fi contraire au traité, ils donneroient droit à la France de leur refufer les fecours qu'ils en recevoient. Que fi cependant l'Empereur ne témoignoit qu'un faux zele pour la paix, ils avoient d'autant plus à craindre étant abandonnez de la France, qu'ils n'ignoroient pas les difpofitions peu favorables où le Roi de Dannemark & le Roi de Pologne étoient à leur égard. Enfin qu'ils ne rifquoient rien à at

1638.

tendre, au lieu qu'ils s'expofoient à tout perdre par AN. 1639. une trop grande précipitation.

Pufendorf. 1. 11.

Ce raifonnement étoit folide, & les Suedois en fentirent toute la force. Mais les menaces indirectes que le Comte d'Avaux leur faifoit furent plus efficaces que l'équité & la raifon même. Les Suedois ne craignoient rien tant alors que d'être abandonnez de la France. Cette crainte les fit enfin confentir non-feulement à differer le congrès de Lubek, mais à fe joindre même aux François pour obliger l'Empereur & le Roi d'Espagne à accorder les fauf-conduits qu'on leur demandoit. Les Régens de Suede ordonnerent à Salvius de déclarer cette réfolution au Roi de Dannemark, & de retracter par là la promeffe qu'il avoit faite un peu trop legerement d'accepter les fauf-conduits dans la forme qu'on les offroit. Mortification que cet Ambaffadeur s'étoit attirée par la précipitation avec laquelle il agiffoit avec les Imperiaux. La Cour de France y avoit auffi contribué par les plaintes qu'elle avoit faites de ce Dépêche au Comte Miniftre à la Reine de Suede, & on écrivoit au Comte d'Avaux que le Roi en étoit fi mécontent qu'il demanderoit fon rappel en cas qu'il ne se moderât pas davantage.

Avaux le 14. Novembre 1638.

Il eft certain que cette réfolution de la Suede déconcertoit le deffein que la Maison d'Autriche avoit de divifer les Alliez, & la mettoit dans la neceffité ou d'accorder des fauf-conduits en bonne forme, ou d'avouer à la face de toute l'Europe qu'elle ne vouloit pas fincerement la paix, fans qu'elle pût fe plaindre que les Alliez fiffent des demandes injustes.

vaux le 7. Aonst

[ocr errors]

XXXI. Plufieurs Princes

duite de la France.

pacificatio Vest

phai.c.2.

Car le terme de non reconciliez qui faifoit la plus grande difficulté, étoit un terme inoüi & captieux AN. 1639. dont on avoit droit de demander la fuppreffion. Dépêche au Comte Sur tout le refte la France propofoit des accom- 1638. modemens raifonnables, & elle s'offroit même à donner à Ferdinand le titre d'Empereur, pourvû que le Roi d'Espagne confentît à donner le titre de Plenipotentiaires aux Députez des Provinces-Unies. Ces propofitions parurent fi équitables que le Roi de Fologne, la République de Venife, & le Grand Duc de Tofcane crurent devoir folliciter la Maifon approuvent la cond'Autriche de les accepter. Le Légat qui s'impatientoit extrémement à Cologne & qui commençoit à Adamus Adam s'appercevoir que l'Empereur & le Roi d'Efpagne ne lui donnoient que de fauffes efperances de la paix faifoit auffi de continuelles inftances, & fi le Roi de Dannemark n'y joignit pas les fiennes, ce n'eft pas qu'il ne reconnût l'injuftice des refus de Ferdinand & de Philippe, & qu'il ne fouhaitât de voir les Provinces-Unies declarées libres & fouveraines ; mais c'eft qu'il ne fouhaitoit pas moins que la Maison d'Autriche même, que la paix fe fit par des traitez particuliers, afin qu'elle fût moins avantageufe aux Alliez, fur-tout aux Suedois, & qu'il craignoit d'ailleurs que les Hollandois ne cruffent avoir plus d'obligation à la Suede qu'à lui du titre de Souverains, & qu'ils ne s'uniffent trop étroitement avec elle.

, Lettre du Card.

Ginetti auc.d'A

vaux le 17. No

vembre 1638.

XXXII.
La France pro-

La France proposa encore un nouveau temperament qui fembloit devoir lever toutes les difficultez. pofe un nouveau Elle confentit que le Roi d'Espagne ne donnât temperament. lui-même les fauf-conduits aux Hollandais, pourvû qu'il donnât à l'Empereur un plein-pouvoir, ou Dépêche du Roi au

pas

Baron de Chare

naté Ambassa

par

comme on l'appelloit, une toute-puiffance pour leur AN. 1639. expedier un fauf-conduit tel qu'il jugeroit à propos, & que Philippe fe contentât de promettre de ne consiewe en Hollande. trevenir en quoi que ce fût ni par lui ni fes Lieutenans aux fauf. conduits que l'Empereur auroit donnez à tous Ambaffadeurs & Députez de Princes ou de Républiques fans en défigner aucun. Si Philippe avoit été auffi difpofé à la paix qu'il affectoit de le paroître, il n'auroit certainement pas rejetté un accommodement fi raisonnable, & on peut dire la même chofe de Ferdinand par rapport au terme de non reconciliez ; mais ils efperoient laffer leurs ennemis par la longueur des négociations. Ils vouloient attendre que le traité d'alliance conclu pour trois ans entre la France & la Suede fût expiré, pour renouveller leurs intrigues. Ils fe flattoient enfin que le fuccès de leurs armes les mettroit bien-tôt en état de donner la loi.

XXXIII.

de nouveau une

treve.

J'ai déja dit que le Pape prévoïant que le traité Le pape propofe de paix traîneroit en longueur, avoit propofé aux deux partis de faire une treve pour laiffer enfin refpirer l'Europe après une guerre fi funeste, & dans l'efperance qu'on pourroit pendant la treve travailler plus efficacement à la paix. La France qui étoit maltreffe de plufieurs Places confiderables dans le païs ennemi avoit agréé la propofition, à condition qu'elle demeureroit en poffeffion de tout ce qu'elle occupoit. Mais cette négociation avoit échoué par des délais & des difficultez affectées par les deux partis. En 1638. le Pape en fit encore la propofition, & la France l'avoit acceptée avec la même facilité. Dans la neceffité de finir la guerre le Cardinal de

« PreviousContinue »