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MOYEN

DE RECONNAITRE L'EMPOISONNEMENT PAR L'ACIDE
HYDROCYANIQUE,

Par MM. PATON et DRANTY.

Les auteurs qui ont écrit sur la toxicologie regardent comme très-difficile de reconnaître l'empoisonnement par l'acide hydrocyanique.

ainsi

On a apporté, il y a quelque jours, à la pharmacie de Clères, un chien à qui ce poison si subtil a donné la mort. L'autopsie, faite vingt-quatre heures après, n'a montré aucune lésion organique. Le tube alimentaire, ainsi que les matières contenues dans l'estomac, exhalaient une odeur particulière qui cependant n'était pas exactement celle des amandes amères. Ces matières, que les substances onctueuses qui se trouvaient dans le tube digestif, ont été mises en contact avec de l'eau distillée: le liquide filtré, un instant après, a présenté une teinte légè rement jaunâtre; le papier de Tournesol a constaté ses propriétés acides; le nitrate d'argent dissous, a été précipitéen blanc, qui aussitôt a été passé au violet, effet dû aux matières animales. Nous avons mis quelques gouttes d'ammoniaque dans une partie du liquide, puis un soluté de sulfate de cuivre pur. Il s'est aussi formé un précipité, l'acide hydrochlorique a dissout l'oxide de cuivre et a laissé le cyanure en flocons blancs.

Les sels de fer ont indiqué d'une manière peu certaine la présence de l'acide hydrocyanique.

Pour nous convaincre que c'était à cet acide que nous

devions les précipités obtenus, nous avons soumis une autre portion du liquide non filtrée à la distillation, le produit à précipité en blanc le soluté de nitrate d'argent, et par la manière dont il s'est comporté avec les réactifs, il n'a pas permis de douter de la présence de ce poison.

Déjà, Monsieur, je me suis permis de vous adresser une lettre dont je désire l'insertion dans le journal de Chimie médicale. Si cet article valait la peine d'y être publié, nous serions bien récompensés de notre travail, qui se réduit à nous donner la certitude qu'en quelques minutes on peut, au moyen du sulfate de cuivre et de l'ammoniaque, constater la présence de l'acide cyanhydrique (prussique). (1).

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PROCÉDÉ

POUR ANALYSER LES MATIÈRes végétales empoisonnées PAR L'ACIDE ARSENIEUX,

Par M. DRANTY.

La grande difficulté d'obtenir la précipitation du sulfure d'arsenic, dans les liquides chargés de substances gélatineuses et albuminneuses, m'a conduit à tenter une expérience pour les débarrasser de ces principes immédiats afin d'en obtenir la précipitation instantanément.

Je commence par mettre les matières animales avec une

(1) Déjà, en 1826, notre collègue, M. Lassaigne, a démontré, par une suite d'expériences directes entreprises sur les animaux, qu'il était possible de constater chimiquement la présence de l'acide bydrocyanique dans les empoisonnemens par cet acide (voyez Revue médicale, juin 1824), et depuis, notre collègue, M. Chevalier, a fait la même obsertion dans un empoisonnement sur l'homme dans une affaire judiciaire. R.

petite quantité d'eau distillée, je chauffe jusqu'à l'ébullition, afin de dissoudre une plus grande quantité d'acide arsénieux; après avoir filtré, j'ajoute au liquide le quart de son poids d'alcool rectifié, qui s'empare de l'eau et précipite la gélatine: je filtre de nouveau et j'évapore jusqu'à réduction d'un tiers; dans cette opération, l'alcool s'évapore et le liquide ne contient plus que de l'acide arsénieux, des sels et quelques traces d'osmazone, dont la quantité n'est pas assez grande pour retarder la précipitation des réactifs; ensuite, je traite par l'acide hydrosulfurique, qui décompose l'acide arsénieux, d'où résulte de l'eau et du sulfure d'arsenic qui se précipitent instantanément.

NOTE

SUR L'ÉTAT DE LA PHARMACIE AUX ÉTATS-UNIS,

Par M. JULIA de Fontenelle.

Il est un fait bien reconnu, c'est que les États-Unis, depuis leur émancipation, ont marché avec l'Europe savante, et qu'ils ont doté les sciences, les arts et la littérature d'un grand nombre de productions pleines d'intérêt. La médecine seule y a vu naître, de 1812 à 1826, vingt établissemens propres à en activer les progrès; les journaux relatifs à l'art de guérir y sont très-nombreux. Malgré cela, une des trois branches de cet art, la pharmacie, qui a si fortement contribué au plus grand nombre de découvertes chimiques et qui a enrichi la médecine d'une foule de médicamens nouveaux, la pharmacie, dis-je, a été considérée, dans ces contrées, plutôt comme une industrie que comme une profession scientifique. Cependant, cette importante profession exige,

de ceux qui s'y consacrent', une étendue et une variété de connaissances, et de longues études pour les acquérir. Suivant la relation de don Ramon de la Sagra, professeur de botanique à la Havane, le premier établissement, pour hâter les progrès de la pharmacie et en étendre la théorie, n'a été créé qu'en 1822 à Philadelphie; ce n'est qu'en 1830 que NewYorck a imité cet exemple, et qu'il y a été établi, dans le même but, une école de pharmacie.

Pour obtenir leur diplôme, dans l'une ou l'autre de ces deux écoles, les élèves sont tenus d'y suivre le cours pendant deux ans et de prouver qu'ils ont travaillé pendant un an chez un pharmacien de la ville. Il est aisé de voir combien le peu de temps consacré à la pratique de cet art est insuffisant pour faire même un pharmacien médiocre. Dans les autres localités, aucune disposition légale ne règle l'exercice de la pharmacie ; chacun est libre d'y vendre toutes les espèces de drogues, même les poisons les plus violens. Malgré cela, les deux écoles dont nous venons de parler, et le Journal de Pharmacie, publié à Philadelphie, n'en ont pas moins contribué à hâter les progrès de la pharmacie dans les différens états de l'Union; sa prospérité réclame cependant une meilleure organisation. Il est aisé de voir à quels graves incon

véniens

peut donner lieu la vente des poisons par des mains inexpérimentées et sans aucune responsabilité légale. La France en a donné le premier exemple lors du procès de la marquise de Brinvilliers. L'on sait que son complice SainteCroix, mort subitement, laissa une cassette adressée à cette dame, contenant environ 76 livres de Deutochlorure de mercure en six paquets; 4 onces de sulfate de cuivre dans une autre, plus I once et demie d'opium, 3 onces d'antimoine, etc. Glazer, un des pharmaciens les plus distingués de cette époque, fut impliqué dans ce procès pour avoir fourni des.

drogues à Sainte-Croix et il eut bien de la peine à être renvoyé absous. C'està son occasion que, le 27 février 1677, fut rendu le fameux arrêt qui oblige les apothicaires et épiciers à prendre de grandes précautions à l'égard de toutes les drogues dont on peut faire un mauvais usage."Il leur était enjoint de ne les vendre qu'à des gens connus et établis, et d'inscrire leur nom sur un registre, avec l'indication de l'emploi auquel ils le destinaient. Les empoisonnemens étaient alors si fréquens, qu'après le supplice de la Voisin, le roi, voulant mettre un terine à ce fléau, créa, par son édit de juillet 1682, une chambre ardente pour juger les empoisonneurs et les devineresses.

Il paraît que c'est avec le sublimé corrosif que la marquise de Brinvilliers fit empoisonner son père, ses deux frères, etc.; au reste, l'inexpérience des médecins et des chimistes était alors telle, que, dans leur rapport sur les poisons trouvés dans la cassette que nous avons déjà signalée, ils disent: ce poison artificieux se dérobe aux recherches qu'on en veut faire; il est si déguisé, qu'on ne peut le reconnaitre; si subtil, qu'il trompe l'art et la capacité des médecins. Sur ce poison, les expériences sont fausses, les règles fautives, les aphorismes ridicules. Si l'on considère les essais toxicologiques, faits lors de ce procès avec ces mêmes poisons, on ne pourra s'empêcher d'y reconnaître l'enfance de l'art et les immenses services qui lui ont été rendus par notre honorable collègue M. Orfila.

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