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AU BUREAU DU CONSERVATEUR,

CHEZ LE NORMANT FILS, RUE DE SEINE, N. 8.

M. DCCC. XX.

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LE CONSERVATEUR.

AVIS.

Les Personnes dont la Souscription finit avec le tome cinquième (65o Livraison), et qui sont dans l'intention de souscrire pour le sixième volume, sont invitées à vouloir bien faire parvenir leur renouvellement de suite, si elles veulent éviter tout retard dans l'envoi de leurs Livraisons.

Les Souscripteurs des départemens sont aussi priés, pour prévenir toute erreur, d'écrire leurs noms et leurs adresses bien lisiblement, et surtout de ne pas oublier, comme cela est arrivé plusieurs fois, d'indiquer le lieu de poste par lequel ils sont servis. du commencement

On ne peut souscrire que

d'un volume.

Le prix du volume est de 14 fr. par la poste.

Les lettres et l'argent doivent être adressés, franc de port, à M. Le Normant, fils, rue de Seine, no 8, F. S. G.

DU PRINCIPE POLITIQUE.

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"Mais si le législateur, se trompant dans son objet, prend un principe différent de celui qui naît de la n nature des choses..... l'Etat ne cessera d'ètre agité jusqu'a ce qu'il soit détruit ou changé, et que l'invin cible nature ait repris son empire. J. J. RousSEAU, Contrat Social, Liv. I, Chap. 11.

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C'EST une erreur commune à ceux qui exercent le pouvoir que de n'en pas reconnoître les bornes, Ils ne calculent ordinairement que les résistances

personnelles, et ils imaginent que, lorsqu'ils les auront détruites, ils seront maîtres de choisir à leur gré leurs voies et leurs moyens. Le pouvoir a aussi son illusion, qui lui représente, au-delà d'une légère difficulté à vaincre, une plénitude de puissance qui n'aura plus de limites; et il ne cesse d'être séduit, quoiqu'il ne cesse d'être trompé.

Mais cette erreur est manifeste; les véritables résistances sont dans les choses, parce qu'elles sont toujours gouvernées par des antécédens positifs; et ces antécédens tracent une route étroite dont on ne peut s'écarter sans se perdre.

Pour que les choses n'offrissent par elles-mêmes aucunes résistances, il faudroit que les principes cessassent d'avoir leurs conséquences, les causes leurs effets, et que les affaires humaines fussent entièrement livrées au hasard.

Il n'en est pas ainsi; et au contraire les lois morales qui gouvernent la société des hommes sont aussi fixes, aussi absolues que celles qui régissent le monde physique: l'homme peut à son gré, et par le libre arbitre qui lui appartient, violer les unes et les autres; mais il est soumis à tous les maux qui sont les conséquences inévitables de ces violations. S'il méconnoît les lois de la nature, il peut porter dans ses veines du poison au lieu de nourriture; se brûler au feu qui devoit le réchauffer; rester écrasé sous le poids que, dans sa présomption, il avoit cru pouvoir soulever: de même, s'il refuse de reconnoître les lois immuables de l'ordre social, il détruit dans ses mains le pouvoir qu'il voudroit établir; il brise les liens de la société, au lieu de les raffermir, et, au lieu de fixer l'ordre, i répand le trouble et la confusion; enfin il est toujours victime de ses erreurs, parce qu'il ne sauroit échapper à la nécessité des conséquences; et c'est la nécessité des conséquences qu'on a trèsbien nommée en l'appelant la force des choses.

Cette force des choses, considérée dans les rapports politiques, est donc l'action continuelle qu'exerce sur toutes les conditions de l'Etat social le principe qui forme et régit chaque société. L'existence de ce principe ne sauroit être mise en doute, puisque nous le voyons agir sans cesse dans la société humaine, comme la vie dans chaque être particulier.

Je n'établis ici rien de nouveau; tous ceux qui ont voulu s'élever à quelque hauteur dans les considérations politiques ont été forcés de remonter à ce principe qui dirige et anime l'existence politique des Etats. Montesquieu commence son ouvrage par la définition du principe qui constitue les diverses formes de gouvernement (1). Longtemps avant lui, Machiavel avoit senti cette vérité, au point qu'avant de traiter les plus graves questions, il examine d'abord quels ont été généralement les principes de toute cité, et quel fut celui de la république romaine (2); et plus tard il établit' d'une manière admirable comment, pour assurer une longue existence à un Etat, il est nécessaire' de le ramener souvent à son principe (3).

Montesquieu, plus hardi que Machiavel, a osé exprimer par un seul mot chacun de ces principes; mais il a entrepris en cela peut-être plus qu'il n'est donné à la puissance des langues: aussi n'a-t-il trouvé que des expressions générales, telles que les mots d'honneur, de vertu, qu'il a pris dans leurs acceptions les plus vagues; les définitions qu'il en donne sont embarrassées, l'application qu'il en fait est plus ingénieuse que vraie (4). Machiavel se contente de les définir

(1) Esprit des Lois, liv. III, chap. 1er et suivans.

et

par

2) Discours sur la première décade de Tite-Live, livre Ier,‹ chap. 1er.

(3) Idem, livre III, chap. 1er.

(4) Tout se ressent, dans ce passage de Montesquieu, de la

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