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B681

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LES PARLEMENTS

I

LE PARLEMENT DE 1815

Scribitur ad probandum et non ad narrandum.

Les érudits montrent une louable émulation à rassembler les matériaux de notre histoire contemporaine, dont tous les points obscurs ont été éclaircis. Il est temps de profiter du labeur des savants: Ecrire pour raconter et non pour prouver est une œuvre vaine au point de vue supérieur de l'enseignement des hommes, et si l'historien, à force d'impersonnalité, arrivait à être fidèle à son programme, il n'aurait enfanté qu'un dictionnaire.

Nous nous proposons donc, non p conter les faits et gestes des Parlement.

1019, de 1830, de 1848 et de 1870, que tout le mondeconnaît, mais de tirer de leurs actes les conclusions qui s'imposent à tout esprit impartial.

La moralité qui découle de cet écrit peut être d'ailleurs profitable à la monarchie et à la République, et s'applique tout aussi bien à la France qu'à tout autre pays. C'est une thèse qui s'adresse plus particulièrement aux conducteurs de peuples, aux hommes que la Providence a placés à la tête des nations, sous quelque titre qu'ils exercent leurs difficiles fonctions; ils apprendront par l'expérience que nous avons chèrement acquise et, s'ils ne le savent déjà, que, depuis l'origine des sociétés humaines, il n'a existé que deux manières de les gouverner:

Soit en mettant à leur tête un homme pris dans une même famille et plus ou moins contrôlé dans sa gestion, soit en se confiant à une aristocratie privilégiée.

Trouver un troisième mode de gouvernement est une prétention vaine : la classe moyenne, si instruite et si riche qu'on la suppose, n'est pas destinée à ce rôle souverain, car elle n'a et ne peut avoir d'éducation politique.

Puisque nous nous adressons à des lecteurs qui ne sont pas exclusivement Français, il peut être utile de les mettre au courant de certaines habitudes de notre langage. Ils doivent savoir, par exemple, que, chez nous, l'épithète de libéral s'applique indistinctement à l'opposant sous tous les régimes et non à l'homme qui aime la liberté.

Ils ont appris au collège que toutes les républiques sont des formes aristocratiques de gouvernement; aussi doivent-ils se rendre compte qu'une république française, conduite par un Parlement et non par un homme, est nécessairement partiale et bientôt violente, parce qu'elle froisse le sentiment très démocratique, c'est-à-dire très monarchique de ce pays, et que, ne pouvant se faire accepter, elle est réduite à s'imposer.

Nous disons qu'un Parlement est souverain quand les ministres, en qui se résume toute la puissance publique sont à la merci de ses votes et qu'il annule ainsi les prérogatives légitimes du chef de l'État.

C'est encore une nécessité d'expliquer au lecteur étranger la valeur exacte de ces mots : bourgeoisie ou classe moyenne, qui n'ont plus de sens précis, après l'abolition en France de

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