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La nation veut être libre, elle approuvera toutes les mesures que vous aurez prises pour rallier les Français autour de la constitution et enflammer leur courage pour sa défense; elle applaudira aux démarches que vous aurez faites pour opérer enfin entre les deux pouvoirs une réunion non moins désirable, et que la patrie en danger demande à grands cris. Il tarde à tous les bons citoyens de contempler les représentants élus et héréditaires, les deux pouvoirs marchant à l'autel de la patrie ensemble et sur la même ligne heureux emblème de ce qu'ils devraient être dans l'exercice de leurs fonctions.

ment des deux chambres, soit par celui de la république, ou de tout autre manière.

« L'Assemblée, par un mouvement subit et spontané, s'est levée toute entière, et a décrété cette proposition au milieu des acclamations universelles. «Aussitôt les membres se sont rapprochés de toutes les parties de la salle, et, se donnant des témoignages réciproques de fraternité, ils ont dès cet Instant confondu tous leurs sentiments dans le seul amour de la patric.

«Un membre a demandé l'envoi du discours et du procès-verbal aux 83 départements et à l'armée. « Cette motion a été décrétée.

« Un autre membre a proposé que ce mouven ent d'union et de concorde fût signalé par une démarche qui annonçât à tout l'empire le vœu du corps législatif pour l'harmonie des deux pouvoirs, et il a demandé que, séance tenante, extrait du procèsverbal fût porté au roi par une députation de vingtquatre membres ayant à leur tête M Lamourette, qui a prononcé l'opinion dont le résultat a été si

Vous voyez que l'amour de la patrie doit faire seul les frais et l'éclat de cette nouvelle fédération. La France fit trop long-temps l'étonnement de l'Europe par son luxe et ses profusions; quelle ne soit citée désormais que pour ses vertus et l'heureuse harmonie des lois qu'elle s'est librement donnée. Le premier pacte fédératif de la nation française dut être digne de sa grandeur; il fut nécessaire alors de se signaler par une solennité mémorable; mais aujourd'hui ce ne sera qu'une fête de famille; l'éti-heureux. quette et le faste traînent souvent après eux la défiance et l'artifice; la franchise et la simplicité formeront le cortége imposant de la réunion fraternelle de deux pouvoirs établis sur les bases de la liberté et de l'égalité.

« Cette motion a été décrétée. »

M. le PRÉSIDENT: Les ennemis de l'égalité, de la liberté et de la constitution, savaient que la nation française serait invincible aussi long-temps qu'elle resterait unie, aussi long-temps qu'elle n'aurait qu'une Je vous propose le projet de décret suivant: même volonté, qu'un même sentiment, celui d'ètre L'Assemblée nationale, considérant que des gar-libre ou de disparaître de la surface du globe. Dèsdes nationales volontaires accourant de toutes les lors ils essayèrent de faire naître des divisions au parties de l'empire et devant être admises à la fémilieu d'elle; ils croyaient avoir réussi dans leurs dération qui doit avoir lieu au Champ-de-Mars le 14 projets perfides, puisque déjà de légères dissenjuillet prochain; que les représentants du peuple se proposant d'aller renouveler avec elles le serment du 14 janvier dernier, il ne serait pas juste de laisser à la charge de la commune de Paris les frais de cette fédération, et qu'il convient de les faire supporter par la nation entière ;

Considérant que, dans les circonstances où se trouve la nation française, tout lui fait une loi de la plus sévère économie, et que la simplicité convient surtout à une réunion franche et loyale, après avoir décrété l'argence, décrète ce qui suit:

Art. I. Les frais qui auront lieu pour la fédération le 14 juillet prochain, seront à la charge de la nation. II. Ces frais ne pourront excéder la somme de 25,000 liv.

III Cette somme sera remise par la trésorerie nationale à la disposition du ministre de l'intérieur. IV Le présent décret sera porté dans le jour à la sanction.

Conformément au décret reçu dans la séance du matin, les corps administratifs, judiciaires et municipaux de Paris sont introduits à la barre. (On applaudit.)

sions s'étaient fait sentir dans l'Assemblée des mandataires du peuple; ils en profitèrent habilement pour chercher à persuader à une partie d'entre eux qu'elle renfermait dans son sein des hommes dont les vues secrètes étaient de fonder la république sur les débris de la monarchie constitutionnelle, et d'autres hommes non moins coupables qui voulaient détruire l'unité législative par l'établissement des deux chambres. Une explication franche, une explication digne des représentants d'une grande nation, a prouvé aux uns et aux autres combien ces soupçons étaient peu fondés, et, reconnaissant alors qu'ils étaient tous également animés de l'amour de la patrie, du saint enthousiasme de la liberté et de l'inébranlable résolution de maintenir nos lois constitutionnelles dans toute leur pureté, ils se sont juré fraternité.

L'Assemblée nationale, voulant faire connaître à tout l'empire cet heureux rapprochement, a ordonné que le procès-verbal de cette séance serait envoyé aux 83 départements, elle a pensé que la nouvelle d'un événement qui assure l'harmonie entre les deux pouvoirs par la démarche franche et loyale du roi, ferait sentir à tous les citoyens l'utilité de s'unir pour sauver la patrie. Mais, Messieurs, cette union, si nécessaire pour combattre et vainUn de MM. les secrétaires fait lecture du procès-cre les despotes coalisés contre notre indépendance verbal du matin :

M. le PRESIDENT: Conformément au décret que l'Assemblée nationale a reçu ce matin, on va vous donner connaissance de son procès-verbal.

et ramener la tranquillité publique, ne peut se conserver que par l'observance la plus exacte des lois. L'Assemblée nationale a désiré, en conséquence, que les corps administratifs, municipaux et judiciaires que cette grande cité renferme dans son enceinte, vinssent recevoir, par l'organe de son pré

« Un membre à demandé la parole pour une motion d'ordre relative aux mesures de sûreté générale; il a observé que la plus instante et la plus efficace etait celle de l'union des membres du corps législatif, troublée par des méfiances et des préventions réciproques sur leurs opinions politi-sident, l'assurance de la volonté où elle est de faire liques.

«lla proposé, en conséquence, comme un moyen de faire cesser ces dissensions, de vouer, par une déclaration solennelle, à l'exécration publique, tous projets d'altérer la constitution, soit par l'établisse

succéder, par tous les moyens qui sont en son pouvoir, la toute-puissance de la loi au despotisme de l'anarchie. Vous vous empresserez sans doute, Messieurs, de répondre à ces vœux, en redoublant de zèle et d'activité dans l'exercice des

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On fait lecture d'une lettre du roi, ainsi conçue: Paris, ce 7 juillet, l'an 4 de la liberté. On vient de me remettre l'arrêté du département, qui suspend provisoirement le maire et le procureur de la commune de Paris. Cet arrêté portant sur des faits qui m'intéressent personnellement, le premier mouvement de mon cœur est de prier l'Assemblée nationale de statuer elle-même sur cet événement.

nement. S'il est un homme qui soit plus coupable et en même temps plus adroit et plus perfide que les Marat et les Royou, c'est l'infâme Mallet-Dupan. La constitution vous prescrit le devoir d'accuser devant la haute cour nationale pour tous les attentats à la sûreté générale de l'Etat. En est-il un plus grand? Est-il une calomnie plus propre à perpétuer les défiances et à fomenter l'anarchie, que celle d'un folliculaire qui annonce, comme un fait positif, que le corps législatif se dispose à décréter la loi agraire et à détruire la constitution? Non, vous ne pouvez, sans vous rendre coupables de forfaiture, ne pas poursuivre un délit aussi caractérisé.

M. LECOS Né à Genève, Mallei-Dupan s'est, depuis plusieurs années, établi en France. Il doit à cette nation généreuse les avantages dontil jouit. Je demande qu'il soit tenu d'opter entre les lois françaises et les lois genevoises.

» Signé LOUIS. Contre-signé JOLY. M. LASOURCE: Il n'est point de circonstance dans laquelle il soit permis de transiger avec les prinM. PAGANEL: J'appuie les propositions qui vous cipes. Il n'en est point qui puisse autoriser un pousont faites. Ce n'est pas le moment de calculer ce voir constitué à renvoyer à un autre les fonctions que vaut ce misérable libelliste; mais il faut sonpersonne qu'il doit remplir. C'était d'abord au roi à juger l'ar-ger au mal qu'il fait dans le royaume. Or, rêté du directoire. L'Assemblée ne peut prendre de n'ignore que ses écrits sont un signal de révolte et décision qu'après que le roi aura lui-même pronon- le ralliement des factions contre-révolutionnaires. cé. Pour maintenir dans sa force la constitution, M. BREARD: Je demande que le ministre de la juspour ne donner lieu à aucune interprétation dont tice soit tenu de nous rendre compte des mesures les conséquences pourraient devenir dangereuses, je qu'il a prises pour les poursuites à exercer contre demande, qu'attendu que le roi n'a pas prononcé tous les libellistes qui prêchent la désobéissance aux comme il devait le faire, l'Assemblée passe à l'or-lois et l'avilissement des pouvoirs constitués. dre du jour.

L'Assemblée passe à l'ordre du jour à l'unanimité.

La séance est levée à 10 heures.

SÉANCE DU DIMANCHE 8 JUILLET.

M. Cazès fait, au nom du comité' de division, la première lecture d'un projet de décret snr le placement des notaires des départements de la Drôme et de l'Isère.

M. BAZIRE: Le comité de surveillance est déjà chargé de vous faire un rapport sur cet objet. Il est dépositaire de plusieurs dénonciations du même genre. Je demande que celle-ci lui soit renvoyée.

M. CAREZ: J'appuie la proposition de M. Bazire et je dénoncerai les deux numéros précédents qui contiennent des faits beaucoup plus graves encore. Les propositions de MM. Bréard et Bazire sont adoptées.

M. Lecointre fait un rapport au nom du comité On lit une lettre de M. Servan, ex-ministre de la de surveillance, à la suite duquel il propose de dé-guerre, qui justifie sa conduite, relativement au marcréter d'accusation M. Parent, prêtre, comme pré- ché passé pour les fournitures des places de Huvenu de correspondance avec les émigrés, et de distri- ningue, Sarrelouis et Bedfort, en observant que la bution de libelles incendiaires et de brefs du pape. nécessité d'une grande célérité dans ces approviL'Assemblée renvoie cette accusation au pouvoir sionnements lui ont fait préférer un rabais certain exécutif, à la charge de rendre compte sous quin- de 150,000 livres, aux avantages incertains qui pouzaine des poursuites qu'il aura faites à cet égard. vaient résulter d'une seconde adjudication, et dont, d'ailleurs, le bénéfice eût été compensé par les indemnités qu'eût exigées la résiliation du premier marché.

M. MONESTIER: Je vous dénonce Mallet-Dupan. Il n'est aucun de vous, sans doute, qui n'ait été souvent révolté des horreurs que cet infâme libelliste publie périodiquement. Il me suffira de lire un paragraphe de son dernier numéro.

il

« L'Assemblée nationale, dit-il a décrété des indemnités pour ceux qui ont souffert de l'incendie des faubourgs de Courtray. Personne n'est dupe, néanmoins, de celle singerie d'humanité. » Quoi de plus insultant au corps législatif, et de plus propre à exciter l'irrévérence contre les lois, que cette atroce calomnie. Plus loin, parlant d'un autre décret, dit qu'il est le résultat de ce fanatisme d'égalité qui dirige toutes les opérations de l'Assemblée, et qui conduira bientôt à la loi agraire. Peut-on distiller la calomnie avec une affectation qui tienne plus à la révolte, et ne voit-on pas que ce journaliste est un agent soudoyé du système d'avilissement du corps législatif? Je demande qu'il soit mis en état d'accusation.

M. CHAMPION: Avant d'accuser des écrivains, il faut avoir des lois sur la liberté de la presse. Je demande l'ajournement de la proposition du préopi

|

Cette lettre est renvoyée au comité de l'examen des comptes.

On lit une lettre de M. Grangeneuve : il demande que l'Assemblée prononce incessamment sur les explications demandées par un juge de paix, pour la poursuite de l'affaire dans laquelle il a rendu plainte pour fait d'assassinat contre M. Jouneau, député à l'Assemblée nationale.

L'Assemblée décrète que le rapport sollicité par M. Grangeneuve lui sera fait mardi.

Sur la proposition de M. Duhem, l'Assemblée décrète que le pouvoir exécutif rendra compte des poursuites faites contre M. Jarry, relativement à l'incendie des faubourgs de Courtray.

Les pétitionnaires sont introduits.

Les administrateurs du département du. . . . annoncent que le refus de sanction au décret sur la déportation des prêtres perturbateurs, a jeté le trouble dans leur contrée, et que, les manœuvres du fanatisme devenant de jour en jour plus actives', un très-grand nombre de citoyens sollicitent, M. LECOINTRE-PUYRAVEAUX: Je m'oppose à l'ajour-nobstant le veto, l'exécution de cette mesure,

nant.

no

Cette adresse est renvoyée à la commission des douze.

Les citoyens de la section de Paris, dite du Roule, demandeni que le maire de Paris et le procureur de la commune soient incessamment et honorablement réintégrés dans leurs fonctions.

Des députations des sections de la halle aux blé et de la Croix-Rouge expriment le même væu.

La première apporte en même temps un don patriotique de 3,000 liv., et se plaint de l'inexécution de la loi qui prescrit le recensement des citoyens de la capitale. Elle demande que, dans ce moment de crise, tous les citoyens soient soumis, par un recensement très-prompt et dont ils indiquent les mesures, à l'œi! vigilant de la police. Que des hommes qui ne tiennent à rien, que des étrangers, se promenant de quartier en quartier, ne puissent plus éluder la loi, comme ils le font aujourd'hui, en se faisant inscrire dans différentes sections, sans avoir de domicile habituel dans aucunes d'elles, etc. Cette pétition est acceuillie par de nombreux applaudissements et renvoyée au comité de législation.

Le ministre de la guerre remet sur le bureau un message du roi, ainsi conçu:

Le désir que j'ai, M. le président, de saisir toutes les occasions d'augmenter la force publique, m'engage à proposer la levée d'une légion de bataves. J'ai pensé que cette mesure pourrait avoir de grands avantages, et j'ai chargé le ministre de la guerre de les développer à l'Assemblée.

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Signe Louis. Contre-signé LAJARD. »

que examine s'il n'y a pas lieu à exercer, à ce sujet, la responsabilité contre l'ex-ministre.

Je dois faire observer à l'Assemblée qu'il serait peut-être très-impolitique, dans un moment où la Hollande garde encore la neutralité, de former en France une légion batave.

L'Assemblée décrète le renvoi au comité proposé par M. Brissot.

Le ministre de la guerre ajoute qu'il vient d'écrire au maréchal Luckner pour lui demander de plus amples informations sur l'incendie des faubourgs de Courtray.

On lit une lettre du ministre de l'intérieur, qui annonce que le conseil du roi n'a pas encore pu s'occuper de l'arrêté du conseil général du département de Paris, portant suspension du maire et du procureur de la commune. Il annonce en même temps qu'ayant fourni lui-même au département plusieurs pièces officielles relatives à cette affaire, il a cru devoir se récuser et en remettre l'examen au ministre de la justice.

Sur la proposition de M. Charlier, l'Assemblée décide que le pouvoir exécutif lui rendra compte, dans la séance de demain, de sa détermination.

Un de MM. les secrétaires fait lecture d'une lettre du 5 juillet. Elle est ainsi conçue: du directoire du département de l'Ardèche, en date

>> Nos craintes sur les projets des ennemis de la révolution n'étaient que trop fondées, et aujourd'hui ces projets se réalisent. Un rassemblement armé avait commencé à se former à Saint-Sauveur, puis à Clusière. M. Seillan, décrété d'accusation, vient de se mettre ouvertement à la tête d'un parti contre-révolutionnaire. Il a fait une proclamation pour inviter les habitants à la révolte, et vient d'attaquer, à la tête de deux mille hommes, le château de Jalès. La faible garnison qui s'y trouve ne pourra lui résister long-temps. Le château de Rennes est aussi menacé. Depuis long-temps il se tenait des con ciliabules de prêtres, de ci-devant nobles, d'officiers chassés de leurs régiments, etc. Nous ne pouvons plus douter qu'un grand complot ne soit trané. Nous demandons des secours aux départements voisins; en même temps nous avons fait marcher le petit nombre de troupes que le nôtre renferme; nous avons aussi donné ordre de faire arrêter plusieurs personnes dénommées dans une lettre de M. Saillan, qui a été interceptée par la gendarmerie nationna'e.

Le ministre de la guerre : La nécessité instante d'augmenter nos forces a engagé l'Assemblée à décréter la formation de plusieurs nouveaux corps. C'est ici le moment, pour ne pas épuiser nos pro- | pres moyens, de faire une nouvelle levée aux dépens d'une puissance étrangère. La formation de ce corps étranger en troupes légères renforcera nos armées de ce genre de troupes, dont nous avons infiniment besoin. Nos ennemis en ont une prodigieuse quantité. Nous ne devons pas craindre d'en augmenter nos forces. Cette levée aura un avantage militaire et politique. Après la révolution d'Hollande, beaucoup d'officiers qui s'étaient dévoués à la défense de la liberté se réfugièrent en France pour éviter la persécution. Le gouvernement français recueillit ces victimes, leur assigna des garnisons, leur donna un traitement et leur Cette dernière inesure paraitra peut-être contre promit de les employer d'une manière avantageuse. les règles; mais nous serions coupables si, quand Cependant il ne remplit pas en entier ses engage- un grand complot se manifeste, nous ne nous emments. Ces officiers hollandais réfugiés vous firent pressions pas d'en saisir le fil. ( On applaudit. ) Quel une pétition à cet égard, au mois de décembre der-que soit le nombre et la force de nos ennemis, nier, après en avoir adressé plusieurs à l'Assemblée constituante. Ils sont au nombre de 100; leurs bras sont exercés à la défense de la liberté; les relations qu'ils ont dans la Flandre, leur langage, pourront nous rendre leurs services précieux, et leur faciliteront les moyens de se recruter. L'idée de la formation de cette légion est due à M. Dumouriez. Il forma un comité hollandais, et il 'hésita pas à faire à ce comité, sur les fonds affectés aux dépenses secrètes, une avance pour l'achat des armes et des uniformes, etc.

nous saurons mourir à notre poste. A cette adresse est jointe une lettre interceptée, adressée par M. Saillan, se disant lieutenant-general des armées des frères du roi, à MM. Debloue, Rivière et Lablache. Il ordonne au premier, au nom des princes, de se mettre à la tête des mécontents de son canton, pour aller attaquer, dans la nuit du 8 au 9 la ville de Puy,et annonce qu'il a concerté des mesures pour que, dans tout le Bas-Languedoc et les cantons des Cévennes, la contre-révolution soit faite dans le même jour. La volonté des princes M. BRISSOT: L'Assemblée nationale n'a peut- étant que les amis de la monarchie et de la religion être pas entendu, sans surprise, que M. Dumou-qui se trouvent dans l'intérieur du royaume, agissent riez a entrepris la levée d'un corps nouveau de au même moment où les armées formidables des troupes, sans en avertir l'Assemblée nationale. deux grandes puissances pourront commencer leurs J'ai vu au comité, où le compte de M. Dumouricz opérations. » est déposé, qu'il a employé 700,000 liv. pour cette entreprise. Je demande que le comité diplomati

Le secrétaire lit ensuite la proclamation adressée, par le lieutenant-général de l'armée des princes,

gouverneur du Bas-Languedoc et des Cévennes, aux habitants de ces contrées. Cette proclamation est un manifeste très-long et très-détaillé contre la constitution, contre les autorités constituées, contre les patriotes français, autrement dit les rebelles, contre les prêtes sermentés, etc. L'auteur annonce qu'il a déjà fait vérifier, par la noblesse du pays, les pleins pouvoirs qui lui ont été délégués par leurs altesses sérénissimes, Monsieur et Monseigneur le comte d'Artois, comme exerçant l'autorité royale pendant la captivité du roi leur frère. Pour exalter la confiance des fanatiques, il annonce qu'il a sous ses ordres 45,000 hommes dans les Cévennes et le Vivarais, et 25,000 dans le Bas-Languedoc.

La proposition de M. Lamarque est unanimement adoptée.

Une députation de la section de Paris, dite des Gravilliers, est introduite.

Il déclare que, d'après les intelligences qu'il entretient daus toutes les communes, il ne lui faut qu'une nuit pour s'emparer de la ville de Puy et de tout le pays environnant. Il ordonne aux ci-devant moines, ci-devant juges, ci-devant curés, de rentrer dans leurs fonctions; enjoint à tous les français, armés pour la religion et la monarchie, de regarder comme rebelles, et d'arrêter sans aucune réquisition, les membres de l'Assemblée nationale, des adminis-naire qui enlève aux citoyens les dépositaires de leur trations, des tribunaux; il leur recommande, surtout, de courir sus, et d'amener devant lui tous les clubistes, jacobins et feuillans; enfin, il ordonne à tous les receveurs de lui apporter le produit des contributions, observant que celles que les princes seront obligés de fournir, pour subvenir aux dépenses de la contre-révolution, n'excéderont pas les cotisations actuelles.

L'orateur de la députation: Législateurs, une famille éplorée vient vous redemander un père que des magistrats, par l'abus le plus coupable de leurs devoirs, viennent d'enlever à ses fonctions. Toute la capitale est en deuil, et ce deuil sera bientôt celui de tout l'empire. Veut-on connaître quels sont les crimes du maire de Paris, les voici: Plein de confiance dans la modération du peuple, il a su épargner le sang des citoyens; il a trompé la rage des conspirateurs; il a éteint, dans leurs mains sacriléges, le flambeau de la guerre civile. Ce vertueux citoyen est suspendu de ses fonctions, et deux jours avant il avait reçu une couronne de chêne de toutes les sections de Paris. Il n'est donc pas criminel, ou bien son crime est celui de tous les citoyens. Nous vous prions de nous rendre un ami, un magistrat fidèle, et de considérer que les circonstances que la malveillance a choisies pour cet acte de rigueur sont trop impérieuses pour permettre le moindre retard. Quel est donc ce département contre-révolutionconfiance? C'est celui qui, dans la journée du 18 juillet, l'année dernière, fit couler le sang des citoyens; qui, par sa fameuse adresse au roi, provoqua le veto, à l'ombre duquel les fanatiques exercent leurs coupables manoeuvres. Il sert ouvertement les projets sinistres et les complots désastreux d'une cour perfide (On applaudit.), et il est le premier anneau de celle chatue immense de conspirations, formées entre une partie des départements du royaume, contre le peuple, en faveur de la cour. Il est le complice des projets extravagants de ce général qui, ne pouvant devenir le héros de la liberté, a préféré se rendre le M. LAMARQUE: Quoique vous n'ayez entendu dans Don Quichote de la cour. (Applaudissements réitéles pièces qui viennent de vous être lues, que les rés.) Législateurs, le directoire de notre département a perdu, absolument perdu la confiance de la expressions du défire et de la fureur, nous ne devons pas néanmoins fermer les yeux sur ces tentatives capitale. (Les applaudissements continuent.) Nous venons vous le déclarer au nom de 30 mille citoyens. particulières : car qui vous répond qu'il n'y a pas Exercez contre cette administration coupable la haute un grand projet de concerté entre tous les mecon- police qui vous est déférée par la constitution. Le tents du royaume. Déjà vous avez décrété quelles peuple attend avec confiance votre décision; il est sont les mesures que l'on prendrait dans le cas où calme, parce qu'il sait que vous ne serez pas sourds la sûreté intérieure ou extérieure de l'Etat serait à menacée. Qui doute que ce soit ici le momennt de les appliquer? Je vous demande si, de toutes parts, la patrie ne se trouve pas dans le plus grand danger? Je vous demande si, arrivés au moment où nous sommes, les mesures ordinaires suffisent pour la sauver ?

L'Assemblée ordonne le renvoi de cette pièce à

la commission des douze.

Devons-nous nous fier absolument et aveuglément aux ministres? ( Un grand nombre de voix: Non, non, certes.) Est-il personne de vous qui ne se rappelle que depuis trois mois, soit pour les approvisionnements, soit sur le nombre des troupes soit sur les troubles intérieurs, vous avez été constamment et indignement trompés par les ministres? Constamment on a voulu vous faire regarder comme chimériques les rassemblements de ci-devant et de contre révolutionnaires, qui se fesaient dans la capitale et dans les principales villes du royaume, et cependant on ne peut plus douter que ces rassemblements ne soient très-réels. Le moment de prendre des mesures extraordinaires est donc arrivé. Sans accuser les ministres, sans les présumer coupables, il faut néanmoins prendre de grandes mesures de surveillance, et, le danger de la patrie étant connu, il faut appeler tous les citoyens à la défendre par eux-mêmes. Je fais la motion expresse que demain, après que vous aurez entendu le rapport des ministres sur la situation du royaume, vous ouvriez la discussion sur la question de savoir si Vous déclarerez que la patrie est en danger.

sa douleur et à ses sollicitations; il est calme, parce qu'il sait que ses ennemis sont furieux de lui voir tenir cette altitude tranquille et imposante; il est calme, parce qu'il est jaloux d'imiter son vertueux maire, et de suivre les conseils qu'il en a reçus.

Législateurs, il est encore un autre objet qui nous amène. Dites-nous enfin une vérité qu'il ne vous est plus possible de nous dissimuler; dites-nous clairement, parce que cela est, que la patrie est en danger; et, si les mesures ordinaires ne vous suffisent pas, indiquez à la nation souveraine les formes dans lesquelles il lui sera permis de faire connaitre sa voJonté suprême. Prononcez en même temps la permanence de nos sections, c'est le vœu de la capitale. Qu'à chaque instant du jour le citoyen puisse calmer ses inquiétudes. Lorsque le peuple pourra se réunir et s'instruire dans une assemblée légale, il sera toujours calme. (On applaudit. )

Nous déposons sur l'autel de la patrie, pour les frais de la guerre, une somme de 2,620 liv. en assignats, et de 238 liv. en argent.

M. MONTAULT: Les acclamations avec lesquelles l'Assemblée a entendu cette pétition, m'autorisent à en demander l'impression, et j'en fais la motion

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breuse portion des citoyens de cette ville, chercher dans votre sein des consolations, et vous demander Justice.

Pétion est suspendu de ses fonctions par un directoire contre-révolutionnaire.

Pétion, notre père, notre ami, est sous le coup d'une accusation, et pourquoi ? Pour n'avoir pas versé le sang dans la journée du 20 juin. . . . Pour n'avoir pas armé les citoyens contre les citoyens. Pour n'avoir pas changé en un jour de deuil l'anniversaire d'une des époques les plus mémorables de notre révolution.

Le corps municipal est venu hier déclarer dans cette enceinte que le crime de Pétion était le sien. Eh bien! il est aussi le nôtre; nous venons demander à partager le sort de notre vertueux maire; nous venons offrir de nouvelles victimes à ce directoire dont la conduite journalière sert si bien les projets des ennemis de notre révolution.

Qu'on nous charge aussi de fers: ils nous paraîfront plus légers, lorsque nous les partagerons avec Pétion.

Ce sont encore des députés ou d'autres citoyens qu'on accuse de coopérer à celle production probablement très-criminelle, et qui protestent entre nos mains, contre cette partie peu honorable de leur réputation littéraire.

De ce nombre est M. Navier. La calomnie, nous écrit-il, qui m'attribue l'Indicateur, est d'autant plus absurde, que mes principes sont très-différents de ceux dans lesquels il me paraît rédigé. Car je voue également à l'indignation publique et à la vengeance des lois ceux qui veulent renverser la constitution par le rétablissement de la noblesse et la division du corps législatif en chambre haute et chambre basse, et ceux qui veulent la renverser par l'insurrection et l'anarchie. Quel que soit l'auteur de l'Indicateur, je le signale comme animé d'une intention très-perfide, et comme un ennemi de la constitution, aussi dangereux que tant de journalistes prétendus patriotes. Partout où n'éclatera point une soumission sans bornes pour la loi et les autorités constituées parlant en son nom un respect inviolable pour les principes éternels de la morale et de la justice, une fidélité reli

Nous venons déposer dans le sein du corps légis-gieuse à la constitution, on est assuré de ne pas me latif l'adhésion la plus entière à la conduite tenue par le maire et le corps municipal, dans les journées antérieures et postérieures au 20 juin.

Nous déclarons solennellement que le maire, que le procureur de la commune et le corps municipal jouissent de toute notre confiance, et, nous osons le dire, de celle de tous les bons citoyens de la capitale. (On applaudit. ) Les persécutions qu'ils éprouvent en ce moment ne nous les rendent que plus chers; chacun de nous s'est imposé l'obligation d'être le défenseur de ses magistrats opprimés, et le dénonciateur de leurs persécuteurs.

Nous déclarons également que le directoire du département de Paris a perdu notre confiance, et nous vous demandons que, conformément à l'article VIII de la section II du chapitre IV de l'acte constitutionnel, vous leviez, dans le plus court délai, la suspension prononcée par le directoire contre le maire et le procureur de la commune, et que vous jugiez quelle est l'administration coupable, ou de la municipalité, qui a épargné le sang, ou du directoire, qui voulait le faire verser. (On applaudit.)

Ces adresses sont renvoyées à la commission des douze.

La séance est levée à 4 heures.

VARIÉTÉS.

Sur un journal intitulé l'Indicateur.

Nous ne connaissons point ce journal; mais il faut que ce soit un des plus scandaleux écrits de ce temps, ce qui est beaucoup dire; il faut aussi qu'on l'envoie dans tous les départements, sans trop s'inquiéter si les gens à qui on l'adresse ont l'humeur contre-révolutionnaire, ou sont disposés à l'avoir; il faut enfin qu'il se distribue gratis, comme dit Anacharsis Cloots, avec une profusion vraiment royale; nous en jugeons par les réclamations sans nombre que nous recevons à son sujet.

Ce sont des sociétés, des municipalités entières des particuliers riches, des citoyens qui ont marqué de quelque manière que ce soit dans la révolution, des maîtres de poste, en un mot des gens de toute espèce, à qui on l'envoie obstinément, quoiqu'ils s'obstinent à n'en point vouloir.

Ce sont des bons patriotes qui s'y trouvent grossièrement injuriés, tels que ce loyal Anacharsis, qui, depuis plus de dix ans, a adopté la France pour patrie; qui lui a fait tout récemment un don de 12,000 liv. et qui se voit travesti, par M. Baert, l'un des fabricants de cet Indicateur, en Quidam inconnu, nouvellement débarqué en France, pour déchirer ce bel empire. Aussi ce bon prussien Cloots nous a-t-il écrit à ce sujet avec quelque amertume, en même temps qu'à quelques autres journalistes, et nous n'avons pu imprimer sa lettre. M. l'indicateur Baert s'est faché de ce qu'il lui avait dit en la finissant: Si vous ne me connaissez pas, vous êtes un ignorant; et si vous me connaissez, vous êtes un imposteur.

reconnaître. Je m'honore également de la haine des anarchistes et de celle des aristocrates, et, sous le coûteau des uns, comme sous celui des autres, on m'entendra crier jusqu'à ce que j'expire: LIBERTÉ, ÉGALITÉ, CONSTITUTION.

Signe C. L. NAVIER, député du département de la Côte-d'Or à l'Assemblée nationale.

Que MM. les rédacteurs, souscripteurs ou lecteurs gratuits de l'Indicateur s'arrangent; que ceux qui y sont calomniés, et que l'on calomnie en le leur altribuant, prennent patience; mais qu'ils veuillent bien nous dispenser de reparler désormais de ce journal, dont nous connaissons fort bien le principal auteur, mais que, par cette raison même, nous ne sommes nullement tentés de connaître.

LIVRES NOUVEAUX.

Introduction à l'étude des langues, ou Leçons de grammaire générale à l'usage des enfants, par M. Cl. J. Barante. Prix: 20 s., broché. A Paris, chez M. Visse, libraire, rue St-Jacques, près celle des Mathurins, no 41.

-Matinées du roi de Prusse, écrites par lui-même. Prix: 12 s., même adresse.

SPECTACLES.

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. Demain, Castor et Pollux. THEATRE DE LA NATION. Le Conciliateur; la Nouveauté. THEATRE ITALIEN. La deuxième représentation de Tout pour l'amour ou Juliette et Roméo.

THEATRE FRANÇAIS, RUE DE RICHELIEU. Le Glorieux; la Famille extravagante.

THEATRE DE LA RUE FEYDEAU. Spectacle demandé, la Pazza d'amore.

THEATRE DE MADEMOISELLE MONTANSIER. La première représentation d'Arlequin muet, comédie en un acte ; les Epoux mécontents.

THEATRE DU MARAIS. La première représentation de l'Obstacle imprévu; le Cocher supposé

AMBIGU COMIQUE. La Fausse correspondance; Mazet ; les Oies de Philippe.

THEATRE DE MOLIÈRE. La première représentation de la Saint-Jean des Trépassés ou les Bâtards, parodie de la Mère coupable; les deux Chambres; la Sainte-Famille d Alger.

THEATRE DE LA rue de Louvois. Arétaphile, tragédie ; le Devin du Village.

En attendant la première représentation du Général Munick, drame.

THEATRE DU VAUDEVILLE Piron avec ses amis; Arlequin taquin; Nicaise.

Salon des Etrangers, rue Saint-Thomas-du-Louvre hôtel de Marigni, no 17.

Prix de l'argent, du 8 juillet après-midi. Pour avoir 100 1. en argent, il en coûte 169 1. en assignats. Un louis d'or coûte. 40 1. en assignats.

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